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VATICAN (CONC. DU). VOTE DÉFINITIF

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prés définitif. Il n’y avait plus qu’à la soumettre au vote final de l’assemblée.

4. Le vote définitif de la constitution faStdr.eter-NVS. — Ce fut le 13 juillet (85e s.) qu’il fut procédé à ce vote par appel nominal. Liste des votants et suffrage de chacun dans M.-P.. t. lii, col. 1243-1253. Sur 601 présents, 451 Pères votèrent placet, 88 non placet, 62 placet juxta modum, ces derniers devant, d’après le règlement, exprimer par écrit la condition qu’ils mettaient à un sufirage favorable. C’était à la commission à examiner ces amendements et à voir’s’il était possible, par des aménagements au texte, de rallier ces hésitants.

Le vote du 13 juillet montrait en somme, en face d’une majorité compacte, un quart des Pères qui n’acceptaient pas complètement les décisions de cette majorité. On était donc bien loin de cette fameuse unanimité morale, qui n’était sans doute pas une condition pour la validité des décisions conciliaires, mais dont il était à tous égards bien souhaitable que l’on se rapprochât. Devant l’opinion publique, qui serait tôt ou tard mise au courant, il était bien regrettable que l’épiscopat apparût aussi divisé sur une question que l’on avait si bruyamment présentée comme de capitale importance. La qualité de bon nombre des opposants, le fait qu’ils étaient les chefs de diocèses considérables ajoutait encore à cette fâcheuse impression. On y comptait trois cardinaux (Mathieu de Besançon, Schwarzenberg de Prague, Rauscher de Vienne), deux patriarches orientaux, de nombreux archevêques (Paris, Lyon, Milan, Munich, Bamberg, Olmiitz, Léopol, Halifax, Saint-Louis, etc.), de très nombreux évêques de grand renom (parmi les Français : Orléans, Metz, Nancy, Marseille, Dijon, La Rochelle ; parmi les Allemands : Mayence, Brestau, Augsbourg, Rottenbourg, Osnabriick, etc.). N’eut-il pas été préférable de faire, dans les définitions présentées, les aménagements nécessaires, qui auraient finalement rallié la grande masse des opposants ?


C’est ce que pensa Mgr Darboy, qui, après s’être vainement adressé au cardinal Bilio, provoqua une démarche auprès du pape lui-même d’une délégation dont il prit la tête et qui comprenait les archevêques de Lyon (Mgr Ginoulhiac), de Munich (Mgr Scherr), les évêques de Mayence (Mgr Ketteler), de Dijon (Mgr Rivet), de Gran (Mgr Simor). Pie IX évita de donner une réponse et réclama une demande par écrit. Cette audience avait eu lieu le 15 juillet. Le 16, de très grand matin, Mgr Darboy rédigeait cette requête : suppression au canon terminal du c. m de la phrase aut eum habere tantum potiores partes, non vero totam plenitudinem hujus supremæ potestatis ; insertion au c. iv, parmi les conditions de l’infaillibilité pontificale d’une phrase impliquant une certaine participation de l’épiscopat à ces définitions en ajoutant, par exemple, après les mots munere fungens des phrases comme celles-ci : testimonio Ecclesiarum innixus ; ou encore : et mediis, quæ semper in Ecclesia catholica usurpata fuerunt, adhibitis ; ou encore non exclusis episcopis. Moyennant quoi et moyennant aussi la suppression dans le c. m des mots quæ vere episcopalis est, l’archevêque pouvait assurer le pape que la plupart de ceux qui avaient voté non placet à la 85e séance, émettraient un placet à la session publique. Texte dans M.-P., t. lii, col. 1322. Mais Pie IX était bien résolu à ne pas intervenir personnellement et à laisser le concile maître de ses actes.

Or, ce même jour, samedi 16 juillet, dans la 86e séance, les deux rapporteurs de la commission écartaient les diverses propositions faites par ceux qui avaient voté placet juxta modum ; bien plus, ils demandaient l’addition des mots qui, dans la rédac tion actuelle, terminent le c. îv. Romani pontificis definitiones ex sese esse irreformabiles, disait simplement l’ancien texte. Le nouveau ajoutait : non autem ex consensu Ecclesise. Cette addition, sur laquelle on vota simplement par assis et levé, fut acceptée a longe majori patrum parte. Ibid., col. 1318. C’est selon ces modifications que le texte définitif serait établi et distribué aux Pères avant la session solennelle qui fut fixée au lundi 18 juillet.

Qu’allait faire la minorité, dont on n’avait pas écouté les observations finales ? Coup sur coup, au sortir de la séance du samedi, Mgr Dupanloup écrivit deux lettres au pape ; dans la première il s’en remettait à la sagesse du saint père pour écarter les additions faites et introduire les modifications demandées par Mgr Darboy. Puis, se ravisant, il suggérait la procédure suivante : La session publique aurait lieu ; les suffrages seraient recueillis, après quoi le pape déclarerait que « vu les circonstances, de son propre mouvement et après y avoir mûrement réfléchi devant Dieu, il croyait meilleur, par prudence et modération apostolique, de surseoir présentement à la confirmation du vote conciliaire et à la conclusion définitive et d’attendre pour cela un temps plus propice et un plus grand calme des esprits ». Ibid., col. 1321 et 1323.

Mais ces manœuvres de la dernière heure, qui trouvent d’ailleurs leur explication partielle dans le désarroi que venaient de causer dans les esprits les nouvelles sur une déclaration de guerre possible de la France à la Prusse, ne pouvaient plus rien empêcher. L’idée se fit jour, parmi les membres de la minorité, qu’il fallait quitter Rome sur-le-champ. Le geste était licite, puisqu’à la fin de la séance du 16 juillet le président au nom du pape avait donné aux conciliaires une permission générale de quitter la ville, à condition de prévenir le secrétaire du concile et de ne pas prolonger leur absence au delà de la Saint-Martin. Ibid., col. 1319 C. Il pouvait être interprété ad libitum comme une protestation contre les procédés de la majorité ou au contraire comme un acte de déférence à l’endroit du saint père. Voulant soutenir jusqu’au bout l’opinion à laquelle leur conscience les contraignait, les membres de la minorité ne se résignaient cependant pas à émettre un non placet dans la session publique, en présence même du pape. C’est ce qu’expliqua à Pie IX une lettre fort digne signée 8e cinquante-cinq évêques en tête desquels figuraient les archevêques de Prague, Besançon, Gran, Paris, Lyon, Kolocza, Munich, Olmùtz, Milan et Saint-Louis. Ibid., col. 1325. D’autres prélats s’expliquèrent de façon analogue dans des lettres adressées aux présidents de l’assemblée. Un bon nombre des protestataires quittèrent Rome le soir même.

Cette conduite valut d’assez vifs reproches à la minorité que l’on accusa d’avoir manqué de fermeté jusqu’au bout dans ses convictions persistantes et publiquement manifestées. Si ce fut une grande faute, comme devait le déclarer Mgr Huynald (Kalocza et Bacs) à Mgr Dupanloup, elle eut du moins cet heureux effet d’assurer, par l’absence volontaire et le départ de Rome des opposants, cette unanimité morale dont on avait tant parlé.

Le 18 juillet, dans la 4e et dernière session publique du concile, présidée par Pie IX en personne, lecture était faite devant 535 Pères présents du texte définitif de la constitution Pastor seternus. Le vote qui suivit cette lecture avec appel nominal et scrutin public réunit 533 placet et 2 non placet, ces derniers suffrages émis par Mgr Rlccio, évêque de Cajuzzo (Deux-Siciles ) et Mgr Fitzgerald, évêque de Little Rock. Confirmation de ce vote pour ainsi dire unanime fut