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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/524

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257’VATICAN (CONC. DU). LES CONSÉQUENCES

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faite par le pape dans les termes suivants : Décréta et canones placuerunt omnibus patribus, duobus exceptis, nosque, sacro approbante concilio, illa et illos, ita ut lecla s unit deflnimus et apostolica auctoritale conflrmamus. Ces paroles furent accueillies par une immense acclamation qui de Yaula déborda dans la basilique et jusque sur le parvis. Le pape termina sur une brève allocution aux Pères, qui ne laissait pas de témoigner de quelque amertume de l’opposition faite par certains au dogme qu’il venait de proclamer. M.-P., t. lii, col. 1335, note 2, et 1336. Les deux évêques qui avaient voté non place ! vinrent immédiatement déclarer leur soumission et s’unirent au Te Deum qui termina la cérémonie. Au même moment un orage épouvantable secouait la coupole de Saint-Pierre. Comme au Sinaï, comme au Cénacle, le jour de la Pentecôte, c’était, disait-on, le Tout-Puissant qui manifestait sa présence 1

5. La fin du concile.

Le lendemain même de la proclamation (19 juillet), le gouvernement impérial de Paris notifiait à Berlin au gouvernement prussien la déclaration de guerre bien connue. Sans qu’il y ait eu de mesure officielle, les séances du concile s’interrompirent, car les évêques s’étaient très rapidement dispersés ; il ne restait guère à Rome que les Orientaux, les missionnaires et les évêques venus de très loin. Les trois dernières séances qui s’échelonnèrent du 23 août au 1 er septembre grouperont respectivement 136, 127 et 104 présents.

Pourtant, dès le 26 juillet, on avait distribué le projet Super apostolicis missionibus, et une nouvelle rédaction des deux projets De episcopis et De sede episcopali vacante ; ils ne seront pas discutés. La première séance après la proclamation du dogme (87e s., 13 août) ne s’occupa que de reformer la commission de la discipline, fort anémiée par les récents départs. Le 23 août, on essaya d’amorcer le débat sur la constitution De sede episcopali. Corrigée, cette constitution revint le 1 er septembre (89e s.). Ce jour-là on n’indiqua pas aux Pères quand aurait lieu la prochaine réunion. Une convocation leur serait adressée en temps utile. Il n’y en aura plus !

Les événements politiques se précipitaient. Profitant de l’écrasement de la France, l’Italie envahissait le territoire pontifical que nos troupes venaient d’évacuer. Le 17 septembre, Rome était investie, le 20 la brèche était faite à la Porta Pia, par où entrait le général Cadorna. Le 9 octobre, à la suite du plébiscite, Rome et les provinces romaines étaient annexées au royaume d’Italie. En dépit des assurances que donnait le gouvernement italien, Pie IX jugea impossible de continuer le travail conciliaire. Le 20 oc-I tobre, des Lettres apostoliques déclaraient que la célébration du concile était renvoyée sine die, que le concile était donc suspendu jusqu’à un temps plus opportun, que le Siège apostolique ferait connaître. M.-P., t. Lin, col. 155 sq. Depuis cette date, les choses en sont restées là. Il n’y a même pas lieu de s’arrêter aux projets chimériques que firent quelques évêques de demander la réunion du concile à Malines à l’hiver 1870-1871.


III. Après le concile. Les conséquences.

Le concile du Vatican a eu certainement pour conséquence un renforcement incontestable de l’autorité pontificale. Toutefois le dogme proclamé par lui a amené dans certains pays d’assez vives résistances.

I. RENFORCEMENT DE L’AUTORITE PONTIFICALE.

Élimination définitive du gallicanisme.

Par la promulgation du dogme de l’infaillibilité pontificale, Pie IX avait accompli une œuvre doctrinale de premier ordre. Devant les graves questions que les temps modernes avaient prisées, les maux profonds du siècle, les erreurs du naturalisme, de l’indifférentlsme et du latitudinarisme, cette œuvre répondait plus que jamais aux besoins de l’Église de concentrer sa doctrine, de fortifier l’autorité de son chef. Dès maintenant, la définition de l’infaillibilité donnait aux souverains pontifes les moyens de maintenir l’unité et la pureté de la foi contre toutes les oppositions que l’on pouvait soulever contré l’orthodoxie catholique. Elle coupait toutes les racines de l’erreur touchant l’enseignement de l’Église sur la foi et les mœurs avec une autorité tranchante comme un glaive. Elle supprimait notamment cet « appel au concile », qui, mot d’ordre de tous les mécontents contre Rome, avait parfois entretenu dans l’Église l’obéissance sous condition et la révolte à terme.

C’était l’élimination définitive du gallicanisme. Contre l’autorité pontificale en matière doctrinale ne peuvent plus être invoqués désormais les fameux quatre articles proclamés par l’assemblée du clergé de France en 1682. Étaient ainsi périmés les deux articles 2 et 4 dont voici la substance. « La plénitude du pouvoir apostolique est limitée par les décrets du concile de Constance sur la supériorité des conciles généraux. Le souverain pontife a la part principale dans la décision des choses de la foi, mais son jugement ne devient irréformable que par le consentement de l’Église. » La constitution Pastor œternus a effacé les limites opposées à la plénitude du pouvoir apostolique du pape. Elle a fait disparaître également l’intervention du consentement de l’Église pour que deviennent indéformables les décisions pontificales dans l’ordre de la foi et des mœurs. Voir l’article Gallicanisme. Voir encore F. Walter, Fontes juris ecclesiastici, 1862, p. 12 ; Coll. Lac, t. i, col. 831 ; Fleury, Institution au droit ecclésiastique, c. xxv ; A. Chéruel, Dictionnaire historique des Institutions de la France, t. II, art. Libertés de l’Église gallicane. Un fait significatif est à noter qui atteste le discrédit dans lequel venait de tomber la législation ancienne réglant les rapports entre Rome et la France. Contrairement à l’usage réglant la publicité des documents pontificaux en France, les décrets du concile du Vatican y furent notifiés sans que le gouvernement ait eu à en examiner la forme, sa conformité avec les lois, décrets et franchises de l’État. Il est vrai qu’à ce moment même les gouvernements successifs de la France avaient d’autres préoccupations. La promulgation du dogme de l’infaillibilité ne fut en réalité que l’acte de décès d’un gallicanisme moribond. Mais il n’y avait pas de gallicanisme qu’en France et en plusieurs États la promulgation des actes du Vatican n’ira pas sans difficulté.

La soumission de l’épiscopat. —

Quels qu’aient été les incidents regrettables qui, dans l’ardeur du combat, marquèrent certaines séances du Concile, l’autorité pontificale s’y trouva encore affermie par l’attitude des évêques minoritaires qui, n’ayant pas voulu voter la définition de l’infaillibilité ni la combattre de leur non placet, devaient, le vote une fois acquis, la considérer avant tout non comme une défaite personnelle mais comme « la victoire de la foi et de Dieu seul dans sa volonté sainte ». (Paroles de Mgr Dupanloup à son clergé). Une humble adhésion fut donc en général la réponse qu’ils apportèrent aux décrets du chef de l’Église. On trouvera dans le dernier volume de M.-P., t. un, col. 935-1062, les documents relatifs à ces adhésions.

1. En France.

C’est ainsi que dans la France épiscopale ces décrets obtiendront une soumission unanime. Mgr Dupanloup. qui avait été l’âme de l’opposition dans les délibérations conciliaires, publiera peu de jours après son retour à Orléans une lettre pastorale portant sa plus formelle adhésion iu décrets du concile du Vatican, adhésion qu’il renou