Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/666

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2861
2862
VICE — VICTOR I er


vice ne peut, dans le même individu, coexister avec la vertu à laquelle il est contraire ».

3. Distinction des vices.

Des remarques précédentes, il suit qu’une seule et même vertu peut avoir des vices qui lui sont, en divers sens, opposés. La distinction spécifique des vices leur vient donc moins de leur opposition aux vertus que de leur objet propre. Et saint Thomas d’ajouter que, s’il fallait les distinguer par leur opposition aux vertus, cela reviendrait au même, puisque les vertus se distinguent, elles aussi, par leur objet. Q. lxxii, a. 1, ad 2um. L’exposé de la doctrine à ce sujet a été fait à Péché, col. 159 sq. Nous retiendrons, dans l’application, les deux points de vue : objet formel et opposition aux vertus.

Décroissance et disparition des vices.

La décroissance et la disparition des habitudes vicieuses sont soumises aux lois psychologiques qui régissent les habitua acquis. Voir Vertu, col. 2776. Ici, cependant, une aggravation de la difficulté d’une guérison radicale provient des accoutumances d’ordre sensible et physiologique qui rendent plus difficile la lutte contre la tyrannie des habitudes vicieuses. On se reportera à l’article Passions, t. xi, où la psychologie des péchés d’habitude est étudiée en détail par comparaison avec les péchés de passion, col. 2227. La passion est plus facile à dompter que le vice, col. 2229. Sur la responsabilité morale des habitudinaires, voir Passions, col. 2225, et Habitudinaires, t. vi, col. 2019 sq.

II. Applications.

Les vices capitaux.

Voir Capital (Péché), t. ii, col. 1688. Le péché capital est appelé vice, s’il s’agit d’une inclination positive vers une fin déterminée, aimée de manière coupable et vers les actes provenant habituellement de cette inclination. Col. 1689. Le vice « capital » est donc un habitua constitué dans l’âme par une affection à une fin spéciale, cause de tout un groupe de péchés habituellement commis. On se reportera à l’article cité pour les différentes énumérations des péchés ou vices capitaux et la justification de l’énumération désormais acceptée. Cf. S. Thomas, P-II 31, q. lxxxiv, a. 4. Ces vices capitaux se distinguent entre eux d’après leur objet formel. On ne saurait donc les cataloguer d’après leur opposition aux vertus cardinales : L’origine des vertus, dit saint Thomas, ne s’explique pas comme celle des vices, car les vertus sont causées par la subordination du désir à la raison, voire même BU bien impérissable qui est Dieu, tandis que les vices naissent de l’appétit du bien périssable. Il n’est donc pas nécessaire que les principaux vices s’opposent aux principales vertus. » Loc. cit., ad l" m. Malgré cela, il y a analogie entre la question des péchés capitaux et celle des vertus cardinales. Les vertus cardinales constituent les points saillants de notre conduite morale ; les sept péchés capitaux apparaissent comme les points saillants autour desquels se groupent tous nos désordres.

Voir : Orgueil, t. xi. col. 1410 ; Avarice, t. i, col. 2623 ; Luxure, t. ix, col. 1339 ; Envie, t. v, col. 131 ; Gourmandise, t. vi, col. 1520 ; Colère, t. iii, col. 355 ; Paresse qugritia et acedia), t. xi, COl, 2023.

Les vires considérés dans leur opposition aux vertus. Dans la IP-II", saint Thomas a préféré étudier les vices par rapport aux vertus auxquelles ils sont contraires. Selon les principes émis plus haut, plusieurs vices peuvent, sous des aspects différents, l’opposer a une même vertu. Ce qui fait que le nombre des vices peut être fort considérable. On s’est contenté, dans ce Dictionnaire, d’indiquer les vices les plus saillants et les plus fréquents.

Vices opposés à la foi : SUPERSTITION, t. XIV, col. 2763 ; Infidélité, t. vii, col. 1930 ; Hérésie, t. vi, col. 2208. —

Opposés à l’espérance, Désespoir, t. iv, col. 620 ; Présomption, t. xiii, col. 131.

— Opposés à la charité : Haine (de Dieu et du prochain), t. vi, col. 2032 ; Egoïsme, t. iv, col. 2224.

Les vices opposés à la prudence ont été exposés à Prudence, t. xiii, col. 1066 ; à la force, voir Force, t. vi, col. 538 ; à la tempérance, voir Tempérance, t. xv, col. 98.

L’injustice, sous ses diverses formes, a été étudiée à Justice, t. viii, col. 2009.

On trouvera, dans le Dictionnaire de ta Bible, t. v, col. 2413-2415, les indications scripturaires relatives à l’existence des vices et aux différentes énumérations qu’en ont faites certains textes, principalement du Nouveau Testament. La théologie du vice, à peine entrevue avant le xiiie siècle, est simplement esquissée par saint Thomas, dans la Somme théologique, I a -II*, q. lxxi-lxxxix, à propos du péché. Voir aussi De malo, q. iv-xv, où tout le détail des vices est rattaché aux sept capitaux.

On consultera les commentateurs de la Somme, spécialement aux questions lxxi, lxxiii et lxxiv. Voir Suarez, Tract, de vitiis et peccatis, dans Opcra omnia (édit. Vives), t. iv ; Salmanticenses, Corsas théologiens, tract. XIII, De vitiis et peccatis, édit. Palmé, t. vii-vm ; Billuart, Somma S. Thomæ, tract. De peccatis, Paris, 1895, t. IV ; E. Janvier, Exposition de la morale catholique, t. v, Le vice et le péché, Paris, 1907 ; Th. Pègues, Commentaire français littéral de la Somme théologique de S. Thomas d’Aquin, t. viii, Les vertus et les vices, Toulouse, 1913 ; R. Bernard, Le péché (Somme théoloqique, édit. de la Revue des jeunes), Paris, 1930, 2 vol. (surtout le t. i).

A. Michel.


VICTOR I" (Saint), pape de 186 à 197 environ.

— Les dates consulaires fournies sur la durée de son pontificat par le catalogue libérien peuvent être retenues, et coïncident à peu près avec les données d’Eusèbe, H. E., V, xxviii. Ainsi Victor a-t-il occupé le siège apostolique aux dernières années de Commode († 192) et au début du règne de Septime Sévère. Bien que Commode ait été un monstre, la situation des chrétiens sous son règne ne fut pas défavorable. Dans sa narration du curriculum vitæ de Calliste, Hippolyte raconte comment l’empereur, sur l’intervention de Marcia, sa maîtresse, fit élargir les chrétiens condamnés aux travaux forcés en Sardaigne et dont la liste fut communiquée aux autorités par le pape Victor. Elench. ( Philosophoumena), t. IX, c. xii. Au témoignage de Tertullien, les premiers temps du règne de Septime Sévère ne furent pas, eux non plus, mauvais pour les chrétiens. Ad Scapulam, 4. S’il y eut un revirement, ce ne fut qu’aux premières années du iii c siècle. On ne voit donc pas sur quoi se fonde le Liber pontificulis pour faire du pape Victor un martyr.

Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, le pontificat de ce pape, qui est assez bien connu, vit un développement de ce droit de regard universel de l’Eglise romaine sur l’ensemble des Eglises, dont l’intervention de saint Clément dans l’alTaire de Corinthe avait été une première affirmation. C’est à propos de la question pascale que l’on voit Victor se préoccuper de ramener au conformisme romain les communautés qui suivaient d’autres usages. Le Liber pontificulis a gardé le souvenir de cette action, mais très déformé ; les discussions sur la date de Pâques dont il fait état sont celles du début du vr 1 siècle. L’affaire a été étudiée avec tout le détail nécessaire h l’art. PAQUES, t. xi. col. 1948-1051. Disons seulement ici que les apologistes de la primauté romaine ont vu dans l’ensemble de l’incident, quoi qu’il en soit de la façon dont il fut amené et conclu, une « épiphanic de la papauté ».

Il n’est pas impossible non plus que. Victor soit cet lie de Rome dont parle Tertullien dans le prologue de V Advenus Prazean, et qui, sollicité par les