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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/673

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VICTOH DE CAPOUE — VI CTO II DE CARTENNA


pas sûr et ces canons pouvaient fort bien figurer dans le manuscrit qu’il avait sous les yeux. En dernière analyse, Victor n’est pas l’auteur du Diatessaron latin qui est plus ancien que lui et tout son mérite a consisté, semble-t-il, à faire copier, sinon à reviser, en y ajoutant les chiffres des canons, un manuscrit qu’il avait retrouvé. M.-J. Lagrange, La critique rationnelle, Paris, 1935, p. 272-273.

En dehors de là, Victor est encore connu comme écrivain, mais c’est à peine s’il nous reste aujourd’hui des monuments de son activité littéraire, en dépit du soin avec lequel Pitra s’est ingénié à faire revivre sa mémoire.

1° Bède le Vénérable, De tempor. ratione, 51, P. L., t. xc, col. 502 ; cf. t. lxviii, col. 1097, cite deux phrases d’un ouvrage de Victor, De pascha ou De cyclo paschali, dirigé contre les calculs relatifs à la date de Pâques dans Victorius d’Aquitaine. Pitra a rassemblé dans le Spicilegium Solesmense, t. i, Paris, 1852, ]). 296-301, sous le titre Ex libello de cyclo paschali, dix-sept fragments cités par divers auteurs du Moyen Age sous le nom de Victor et il a ajouté à cela quelques compléments dans les Analecta sacra, t. v a, Paris, 1888, p. 164. La plupart de ces fragments sont relatifs à l’immolation de l’agneau pascal et aux textes de l’Ancien Testament qui s’en occupent ; par suite leur appartenance à un ouvrage sur le cycle pascal est au moins douteuse, à supposer même qu’ils soient sortis de la plume de Victor, ce qui est loin d’être assuré. — 2° Sous le titre E libello Reliculo seu de arca Noe, Pitra a publié, d’après le ms. Paris. 838, xe siècle, six fragments dont les trois premiers expliquent la signification symbolique des mesures de l’arche de Noé, tandis que les trois derniers parlent de tout autre chose que de l’arche. Spicilegium Solesmense, t. i, p. 287-289. Quelques compléments aux fragments 2 et 3 sont apportés par les Analecta sacra et classica, t. v a, Paris, 1888, p. 163. — 3° Pitra signale encore, Spicilegium Solesmense, t. i, prolegom., p. lui, un écrit, Capitula de resurrectione Domini, qui devait traiter de l’accord entre les différents récits évangéliques de la résurrection. — 4° D’après G. Morin, Rev. benéd., t. vii, 1890, p. 416, Victor pourrait être l’auteur d’une lettre adressée à un évêque du nom de Constantius, et conservée dans le Paris. 9451 (ixe siècle), lettre qui pourrait avoir servi de préface à un lectionnaire composé par Victor lui-même. Cf. E. Ranke, Dus kirchliche Perikopensijstem, Berlin, 1847, p. 260. Sur l’utilisation de ce travail par Smaragde de Saint-Mihiel, P. L., t. en, col. 1122, cf. "A. Souter, dans Journal of theol. Stud., t. ix, 1908, p. 584.

— 5° Enfin, Pitra a publié, Spicilegium Solesmense, t. i, p. 265-277, des Scholia veterum Patrum a Victore episcopo Capuee collecta, d’après le Paris. 838 (xe siècle) ; quelques compléments figurent dans Analecta sacra, t. va, p. 163-165. Au lieu de a Victore, il vaudrait mieux, comme le fait remarquer Bardenhewer, avoir mise Victore, car il s’agit d’extraits patristiques que des auteurs postérieurs prétendent avoir trouvé dans les œuvres de Victor. Les Pères cités sont exclusivement des grecs : Polycarpe de Smyrne, Origène, Basile, Diodore de Tarse, Sévérien de Gabala, verba seniorum. À saint Polycarpe sont attribuées deux citations ; cinq autres extraits du même auteur, trouvés semblablement comme des citations faites par Victor, avaient déjà été publiés en 1596 par Feuardent ; cf. P. L., t. lxviii, col. 539 ; les sept extraits sont reproduits dans P. L., t. v, col. 1025-1028 et dans Funk-Diekamp, Patres apostolici, t. ii, Tubingue, 1913, p. 397-401, cf. p. lxxx-lxxxii. L’authenticité de tous ces fragments est des plus contestables. On ne saurait admettre en particulier celle des fragments de saint Polycarpe ; alors que saint Irénée

lui-même ne possédait de l’évêque de Smyrne, son maître, que la lettre aux Philippiens, comment d’autres lettres de ce vieil évêque auraient-elles pu tomber entre les mains de Victor de Capoue ? D’après Jean le Diacre, les extraits cités par Pitra proviendraient d’un Liber responsorum ; d’après la chaîne sur les évangélistes utilisée par Feuardent, ils seraient tirés d’une Responsio capitulorum. Nous ignorons ce que pouvait être ce Liber responsorum de Victor. Saint Bonaventure, dans son Commentaire sur saint Jean, cite parfois un certain Victor dans lequel on croit reconnaître l’évêque de Capoue : celui-ci avait-il expliqué le quatrième évangile ? Cf..S’. Bonaventurse opéra omnia, t. vi, Quaracchi, 1893, p. 246, n. 7.

Somme toute, nous ne savons pas grand’chose de l’activité intellectuelle de Victor de Capoue. Il faut lui laisser la préface du cod. Fuldensis et la révision de ce manuscrit ; cf. Codex Fuldensis. Novum Testamentum latine interprète Hieronymo ex manuscriplo Victoris Capuani edidit, prolegomenis introduxit, commentariis adornavit E. Ranke, Marbourg et Leipzig, 1868. En dehors de là, tout est incertain dans les œuvres qu’on lui attribue. Il est sûr qu’il s’est intéressé à l’Écriture sainte : l’a-t-il commentée, même partiellement ? a-t-il connu et utilisé les exégètes grecs ? autant de questions actuellement insolubles.

G. Bardy.


VICTOR DE CARTENNA, évêque et écrivain africain du ve siècle. — Nous n’avons pas d’autres renseignements sur ce personnage que ceux fournis par Gennade, De vir. illustr., 77. Nous ne connaissons donc rien de sa vie, sinon qu’il faut la placer sous le règne de Genséric (428-477), et la date de sa mort nous reste ignorée. Selon Gennade, Victor aurait écrit les ouvrages suivants :

1. Un long traité en un livre Contre les ariens ( Adversus Arianos), qu’il dédia au roi Genséric. L’historien avait trouvé, dans la préface du livre, ce renseignement. L’ouvrage semble définitivement perdu.

— 2. Un livre sur la pénitence publique, dans lequel il donnait une règle de vie aux pénitents, en s’appuyant sur l’autorité des Écritures. Parmi les apocryphes de saint Ambroise figure un De pœnitentia, P. L., t. xvii, col. 971-1004, dont l’auteur déclare lui-même porter le nom de Victor. Sans doute, dans deux des manuscrits connus de cet ouvrage, la composition est attribuée à Victor de Tunnunum, connu par ailleurs comme l’auteur d’une Chronique ; et quelques critiques font confiance à ce témoignage. Mais on peut croire que les copistes se sont trompés en identifiant un Victor qu’ils ne connaissaient pas autrement à l’auteur de la Chronique, et il y a beaucoup de chances pour que ce dernier n’ait jamais écrit sur la pénitence. D’autre part, le contenu du livre du pseudo-Ambroise correspond assez exactement avec ce que nous apprend Gennade sur l’ouvrage de l’évêque de Cartenna. Il est donc assez vraisemblable de voir en lui l’auteur de ce livre qui, écrit dans une langue brillante, mériterait d’être étudié à nouveau. — 3. Un petit livre adressé à un certain Basile pour le consoler de la mort de son fils. Gennade ajoute que cet ouvrage donne une instruction achevée sur l’espérance de la résurrection. Parmi les apocryphes de saint Basile de Césarée, nous possédons un traité rédigé en latin, intitulé De consolatione in adversis, P. G., t. xxxi, col. 1687-1704, qui n’a rien de commun avec l’évêque de Césarée, et qui, sans aucun doute, est une œuvre originale latine. On s’est demandé si l’attribution de ce livre à saint Basile n’était pas le résultat d’une confusion et si les copistes n’avaient pas pris le nom du destinataire pour celui de l’auteur. Dans ce cas, on pourrait être tenté de voir dans le De consolatione du