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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/694

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VICTORINIS AFER, LA SAINTE TRINITE


divine prsecisive sumpta ; c’est, comme on l’a vu plus haut, ou bien la personne du Père dans sa primauté, ou bien les trois personnes coélernelles et coexistantes : c’est donc encore la récapitulation ou la circuminsession des Grecs, mais exprimés en langage victorien.

(3) Substance unique. — Trois exemples suffiront : , pe p er e, en tant que Père, ne peut être dans le Fils ; ni le Fils dans le Père. Mais, parce que la vertu de la substance (du Père) est au Fils, donc in altero, pour cela même, alterum in altero unum redditur, etiam subsislentibus singulis : ils sont un désormais parce que c’est la même réalité qu’on voit et qu’on nomme dans chacun d’eux. » Adv. Arium, t. II, c, xi, col. 1097 A ; cf. col. 1096 B ; pareillement pour la troisième personne, col. 1098 C. En résumé, ce que Victorin entend par la consubstantialité, c’est l’unité des trois dans la substance du Père : « ex una subslantia tria, ô|J.ooua(.a ergo tria. Du Christ le Saint-Esprit, comme le Christ de Dieu le Père : et ideirco unum tria ». L. I, c.xii, col. 1046 D.

y) Substances unies. -- C’est la circuminsession, mais toujours dans la substance féconde du Père : « Dans le sein du Père, in |i.r, Tpa substantif, chaque personne existe avec l’autre par la substance et la divinité, par une contenance et une connaissance réciproques. Tous existant (personnellement) dans les autres, ils sont consubstantiels, ayant une seule et même substance par une divine amitié. » Adv. Arium, t. I, c. xv et xvi, col. 1050 AC. « C’est une circulation et une participation réciproques de la vie divine, qui fait que chacun d’eux est les trois. » F. I, c i.x, col. 1085 D. Sous ce rapport, la nature divine est comme « une sphère parfaite où tout part du Père et lui revient, formée de trois cercles concentriques sans intervalle, où Dieu existe partout. » Loc. cit., col. 1086 A. Plus précisément, « le Père est plénitude, nXqpoy.x, et le Fils est capacité, ytôpr ( p.a : recevant et cherchant et comprenant tout son Père, il est personnellement, lui aussi, totus ex loto ». Adv. Arium. I. IV, col. 1133 C. « De Celui qui est l’Etre, il sort pour contempler l’Etre ; mais parce que tout mouvement en Dieu est substantiel, la distinction me ainsi entre les personnes, se tourne immédiatement en identité. » F. I, c. lvii, col. 1084 A.

Théorie philosophique.

On s’est heurté, au

cours des précédents exposés dogmatiques, même dans les plus simplifiés, à certaines données métaphysiques, qui veulent être beaucoup plus que des analogies. Ce sont, pour notre philosophe, des explications, sinon plus authentiques, du moins plus profondes que le donné révélé, lequel ne dénonce les personnes divines que < par leurs qualités : Père, Tout-Puissant, etc…, 1 ils, Sauveur, Christ », I. II, e. x, iol 1096 1’» ; elles lui paraissent même plus adéquates que le prologue de saint Jean, et que les déclarations les plus expresses de saint Paul. Car, il est très bien de due : Dieu et le. Verbe, Dieu et la Vertu de Dieu et ^.i Sagesse ; mais nous dirons, nous, que tout cela est la substance même de Dieu parce qu’il faut confesser que l’Être (I la Vie et l’Intelligence sont cette essence divine. Mais si nous disons que le Père est l’Être, et le I ils la Vie, quelle distinction alors mettrons-nous entre la Vie et l’Être, tant dans le l’ère que dans le I ils.’(.elle qu’on met entre la substance et sa deler

initiation spécifique, sa forme et son mouvement, la

puissanir il l’action… Adv. Arium. I. I. e. xi.i, ("I 1072 C. Voilà tout l’essentiel de la théorie.

La théorie en question serait-elle doue objet de foi ? Non, niais ce sont des considérations qui viennent a

notre pensée quand elle se porte, et se meut autoui du Verbe de Mien. De gêner. Verbt, c xviii, coi.

1030 A. Elle laisse sa place à la foi, /or. rit., col. 1030 C ; mais elle s’accorde si bien avec le mystère qu’il est

nécessaire de l’admettre », comme une introduction au dogme, col. 1033 B. Ainsi, plus tard et pour longtemps, la théorie psychologique de saint Augustin servira de préface au traité de la Trinité. Pourquoi ne s’est-il pas trouvé, dans les milieux catholiques platonisants du Moyen Age, quelque puissant esprit pour faire un sort semblable, avec les réserves qui s’imposent, à la théorie trinitaire de cet autre Africain ?


Dans la dernière de ses œuvres où il reprend sa démonstration en raccourci, Ad PhiL, ii, 6, col. 1207, l’auteur marque bien les quatre étapes de sa pensée, avec les références à l’appui de chaque thèse. On y distingue : une thèse métaphysique sur l’essence, la vie et l’intelligence de Dieu, d’après les platoniciens, cf. De gêner. Verbi, c. xxviii ; une thèse scripturaire « exposée tout au long en d’autres livres », V Adversus Arium, qui ne veut être qu’une application au Dieu chrétien de ces trois notions a priori, 1. III et IV, et leur appropriation aux trois personnes divines, t. I, c. i-xlvii ; une thèse proprement théologique, t. I, c. xlviii-lx, et maintes fois reprise au cours de V Adversus Arium et des Commentaires, qui cherche à préciser comment ces mêmes notions : esse, vivere et intclligere, suffisent à rendre compte de la distinction et de la consubstantialité des trois personnes.

1. Présuppose philosophique.

Ici surtout, l’auteur a bien conscience de construire du neuf, et même de l’inattendu. Col. 1115 B. C’est que, inconsciemment, sans doute, il plotinise Platon en faisant de l’Idée un esprit vivant à l’intérieur de Dieu, et qu’il christianise Plotin en faisant de ses trois hypostases, non seulement des noms, mais des existences réelles. Col. 1082 B. Toutes ces notions d’Etre, de Vie, d’Intelligence : ôvtôttjç, ^wÔTrjç, verjotç, etc…. étaient pourtant connues dans les cercles platoniciens ; dans leur ensemble ; « Platon les avait dénommées « les idées », les espèces primitives de toutes les’espèces telles qu’elles existent. Dieu, dis-jc, a procréé d’abord ces existences et substances universelles. » Col. 1116 C. Telle est, du moins, l’interprétation que l’on donnait du Timée dans le néoplatonisme ; Victorin cite làdessus Timée, 37, col. 1116 (..

Mais, pour lui, c’était son maître Plotin qui avait mis de l’ordre et de la lumière dans ce monde intelligible transcendant. N’est-ce pas lui qu’il cite à l’appui de sa théorie sur la Trinité ? Col. 1 122 A, cf. col. 1078 H. Mais Plotin avait été plus loin ; et, dans un langage imagé : « Qu’on s’imagine, dit-il, un centre, autour de ce centre, un cercle lumineux qui en rayonne ; puis autour de ce cercle, un second cercle lumineux aussi, mais lumière de lumière ; ensuite, au-delà el en dehors de ces deux cercles, un autre cercle qui n’est plus un cercle de lumière… faute d’une lumière qui lui soi ! propre. » Enn., IV, iii, 17. Le foyer de lumière représente Dieu, le premier cercle émané de lui était le NoÛÇ, et le.second, en relation avec le monde sensible, était l’Ame universelle. I.a première pensée de Victorin fut de prendre celle trilogie telle quelle pour repré Senter la Trinité chrétienne ; et il y a gardé quelques attaches, par exemple, quand il dit que le l’ère et le Verbe sont comme deux sphères concentriques, col. 108." » CD ; que le Verbe est d’abord i Esprit su prême et Sagesse parfaile. loc. Cit., et qu’à ce litre l’Esprit précède le I ils. Col. 1083 D-1084 C. 1.1 pour tant, il B’aperçoil que la doctrine chrétienne mel le Fils avant l’Bjspril Saint, donc la Vie ou Ame univei selle avant le V/jç plotinlen. Loc. cit.. col. 1084 l>.

Victorin doit donc chercher dans sa philosophie néoplatonicienne une systématisation qui autorise

l’inversion des facteurs, (.’est ainsi qu’il est amené a considérer de plus près, dans le De rri/rcssii anima