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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/693

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VICTOHINUS AFKH. LA SAINTE TRINITÉ


a se orti, a se patentes ad vitam. Adv. Arium, t. I, c. xli, col. 1072 C. L’expression fera dresser l’oreille aux théologiens : qu’ils écoutent donc les précisions du philologue : » AÔTéyova enim cum sunt et aoTo8uvdc(i.a, elles ne subissent ni développement, ni diminution », col. 1139 C ; puis les réserves du théologien : « La puissance active du Verbe est dérivée du Père, mais elle se constitue elle-même en acte », col. 1020 C ; « elle se précipite vers son action », col. 1057 D ; voici enfin les explications du philosophe : « Comment les créatures subsistent-elles ? Vi sua sed maluris proeessionibus. En Dieu, les personnes sont parfaites dès l’origine, col. 1121 C-1122 AU. « Le Père vit pour lui et se comprend lui-même », col. 1125 A. « Le Fils mène sa propre activité, sibi exsistentem actum agente exstitit », col. 1136 A. Le Saint-Esprit appareils et exsistens est Deus de Deo, col. 1135 A ; « c’est l’Intelligence qui, se comprenant elle-même, se produit au dehors et se pose existante face au Père : foras se protulit atque exstitit Patri ». Col. 1135 A.

8. Que les distinctions hypostatiques nous paraissent excessives, cela tient surtout au sens étroit que Victorin donne aux mots generatio et natura. « Le Père s’est circonscrit, seipsum circumterminavit, non par nécessité de nature », c’est-à-dire d’une naissance en une forme délimitée, « mais par volonté de grandeur du Père », col. 1064 A ; en effet, « c’est par son action propre, actione a se sua, qu’il s’est engendré », c’est-à-dire déterminé lui-même. Col. 1066 B. « Le Fils a l’être, et par soi-même, a se, parce qu’il a aussi l’essence divine ». Col. 1066 C. « Le Saint-Esprit, enfin, si c’est lui qu’on doit voir dans la volonté de Dieu, a se se gênerons potentia Palris : car qu’est-ce qu’une volonté qui ne s’engendre pas elle-même ? » c’est-à-dire qui ne tire pas d’elle-même ses décisions ? Col. 1064 C. Cf. Benz, Victorin comme métaphysicien de la volonté, Stuttgart, 1945. Il a une telle crainte de mettre en Dieu le moindre devenir — car c’est le sens que les ariens donnaient au mot genitus dans leur Monarchie divine — qu’il préfère dire que chacune d’elles s’engendre elle-même, même le Père, col. 1066 B ; « elles se constituent » pour effacer entre elles toute différence dans la virtus exsistendi, dans le temps : tout au plus y a-t-il forlasse causa, et hoc alterum prius est. Col. 1114 B, 1029 D.

c) Réduction ù l’unité. — Ainsi un enseignement théologique qui passait à l’époque pour teinté de modalisme, col. 1074, doit être excusé par nous de trithéisme. C’est que tous les contemporains de Victorin et Victorin lui-même, entraient dans la Trinité par les personnes, et non, comme nous, par l’essence divine : or, ce concept, tombant sur les personnes, est un concept qui multiplie, et qui rend d’autant plus urgente la réduction à l’unité, enseignée par le mot ôjxooùaioç.

a. Méthodes classiques. — Victorin s’y est essayé, on peut dire, à chaque page de son livre, et selon toutes les formules pratiquées de son temps par les Pères grecs : réduction à l’unité d’essence, de nature ou de principe d’opération, de substance enfin, sans omettre la récapitulation ni la circuminsession. Voici ces cinq voies traditionnelles alignées dans son Credo théologique, t. I, c. xlvii, col. 1077 : 1. Unité d’escence : « Le cours d’eau qui, à sa source, est sans mouvement, se met à couler suivant son lit, tout en conservant sa qualité essentielle d’eau ; puis il arrose les terres environnantes sans subir aucune diminution, ad hoc quod est esse aquam. Il en est ainsi du Père, du Fils et du Saint-Esprit : le tout est un seul Dieu : totum autem unus Deus. » Col. 1077 B. Mais sur cette « essence absolument la même entre plusieurs individus du même genre », col. 1090 B, il ne partage pas les illusions platonisantes de Grégoire de Nysse,

de Basile et d’Hilaire, parce que, pour lui, aucun sujet ne réalise parfaitement son espèce : « Tous les deux lui sont subalternes : l’un est inférieur à l’autre, et celui-ci lui-même n’est pas parfait ». Col. 1057 B ; cf. col. 1090 C ; 1056 D. C’est le thème de sa discussion contre les partisans de l’ôpioioûaioç, col. 1072 B : il faut pourtant maintenir « un Père parfait et un Fils parfait ». — 2. Unité d’origine ou récapitulation : « Nous croyons encore que le Saint-Esprit tient tout originairement du Père, ex Deo Pâtre, parce que le Verbe lui a tout livré ce que le Christ tient immédiatement du Père, a Pâtre ». Col. 1077 B. Sur les nuances de cette affirmation, voir col. 1078 A, 1083 B, 1113 C.

— 3. Unité de nature opérative : « Le Père tout-puissant, existant et demeurant (en repos), agit aussi secundum actionem Filii, loc. cit., col. 1077 C. N’oublions pas cependant que, pour lui, ce sont « les vertus opératives qui distinguent les personnes ». Col. 1090 C, 1073 C. — 4. L’unité de substance : « Nous croyons enfin à l’unité dans la Trinité, pour cette dernière raison, qui s’exprime dans l’ôjjwoûaioç de Nicée, que les trois sont une seule réalité, un seul Dieu » ; on va voir tout de suite la manière toute personnelle à Victorin de comprendre ce mot. — 5. La circuminsession : « et parce que toujours et ensemble, semper et simul sont le Père, le Mis et le Saint-Esprit », loc. cit., col. 1077 B. D’une part donc, il enseigne un « Fils consubstantiatum cum Pâtre à la façon des Grecs », pense-t-il, et d’autre part, il préfère dire semper cum Pâtre substantialem, col. 1076 D.

Les trois premières méthodes de réduction lui suggérant plutôt des réserves, c’est aux deux dernières qu’il donne ses préférences, c’est-à-dire à l’explication du mot du concile de Nicée : ôu.ooûaioç.

b. Le consubslantiel. — <x) Le mot. — C’est bien ici étymologiquement la réduction à une substance divine unique ; et Victorin, au cours de son étude, inclinera de plus en plus vers cette affirmation catégorique. Mais, comme le mot subslantia ne désigne jamais chez lui la nature commune aux trois personnes, mais d’ordinaire la substantia Patris, il donne de 1’ôu.ooiictioç une double explication qui ne cadre jamais tout à fait avec celle de notre théologie occidentale, mais qui a l’avantage de s’harmoniser parfaitement avec celle de saint Athanase, De decretis, xix-xxiv ; Episl. ad Afros, 5, 6, et, somme toute, avec le contexte du Credo de Nicée : yswrfiév-ïOL ^ y - ""JÇ oùaîaç toù LTarpôç, cf. Socrate, H. E., i, viii. Et puis l’exégèse est donnée ici par un grammairien professionnel, qui savait aussi bien le grec que le latin. « Le préfixe ôu.o donne au mot qui l’accompagne tantôt le sens d’une même réalité » existant en plusieurs, « et tantôt la conjonction, l’union ensemble d’une chose avec une autre chose différente. Ainsi homonyme signifie un même nom pour plusieurs, mais ôu.orp6cpoi. signifie simul nulriti, rien de plus que la réunion de plusieurs compagnons, ôu, où, ensemble. Joint au mot oùaîa, cela donne ô^ooikhoç, et, selon le premier sens, ce mot veut dire, d’une même ousie, d’une même substance ; dans le second sens, cela signifie simplement, simul substantiale ». De homoousio, c. ii, col. 1139 A. « Ce mot se compose de deux racines : ensemble et substance ; et il s’oppose à tous les blasphèmes des ariens : si consubstantiel veut dire une seule substance, il interdit de dire que le Christ est sorti du néant ; est-il compris dans le sens de simul esse subslantiarum, cette simultanéité des substances, Dieu et le Verbe, est éternelle : ainsi ce mot empêche de dire : il fut un temps que le Fils n’était pas ». Adv. Arium, t. II, c. x, col. 1096 CD.

Les applications proposées font déjà soupçonner que le consubstantiel : substance unique, ou substances unies, n’évoque jamais pour Victorin l’essence