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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/927

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VOLONTÉ. KN JESUS-CHRIST


IV. Applications a l’ame séparée.

L’âme séparée doit être assimilée, quant à la connaissance et au vouloir, aux esprits purs. Mais cette assimilation ne saurait être étendue à son activité sur les êtres matériels.

La volonté des âmes séparées.

La mort place l’âme dans l’état de terme. Voir ici Mort, t. x, col. 2492. Tout comme l’esprit pur, l’âme séparée connaît, non par abstraction, mais par intuition. Ce caractère intuitif de la connaissance dans l’au-delà explique l’immobilité psychologique des âmes séparées quant au choix de leur fin dernière. Si, dans cette vie terrestre, il est possible de modifier nos choix relativement à la fin dernière elle-même, c’est que notre âme ne saisit cette fin que par l’intermédiaire des connaissances sensibles qu’elle acquiert par le corps et qui sont essentiellement mouvantes et changeantes. Mais l’âme séparée, comme l’esprit pur, en se connaissant directement soi-même, s’attache irrévocablement au bien, vrai ou apparent, qu’elle aura choisi librement comme bien souverain : son acte de volonté sur cet objet ne peut plus se modifier. On ne saurait donc admettre, du moins comme loi providentielle ordinaire, « une prétendue illumination spéciale que les âmes recevraient de Dieu au moment de leur séparation du corps, grâce à laquelle elles se convertiraient intimement et parfaitement au Créateur et seraient ainsi justifiées et sauvées ». Note de VOsservatore romano, 6 mars 1936, au sujet de la mise à l’Index d’un ouvrage enseignant ex professo cette théorie. Normalement, à l’heure de la mort, le choix est fait : les élus ont choisi Dieu, leur âme demeurera donc irrévocablement fixée en cet amour ; les damnés, de préférence à Dieu, ont choisi leur propre moi : à l’heure de la séparation de l’âme et du corps, leur volonté est et reste fixée dans ce choix égoïste. Voir Mort, col. 2494 ; Ami du clergé, 1932, p. 130-140 ; 1933, p. 756-761, et la note reproduite de YOsseri’atore, 1936, p. 369.

A cet immobilité psychologique s’ajoute, en raison de l’éviternité qui mesure le choix de la fin dernière, l’immobilité physique. La volonté du damné, immuablement fixée dans le choix égoïste ne dispose pas d’un second instant pour se reprendre : « La peine des damnés, dit saint Thomas, ne serait pas éternelle s’il y avait possibilité de tourner leur volonté vers le bien : il serait inique de punir éternellement là où il y aurait bonne volonté. » Cont. Gent., t. IV, c. xcm. En passant du purgatoire au paradis, la volonté de l’âme séparée reste immuablement fixée dans le bien ; mais à la durée de l’éviternité se substitue celle de l’éternité participée.

L’activité des âmes séparées.

L’état normal exige que l’âme soit unie au corps pour agir sur les choses extérieures. Dans l’état de séparation, cette action lui devient impossible. L’esprit, on l’a vii, ne peut être quelque part que par son action. Or l’âme séparée du corps n’a plus son instrument naturel pour atteindre les divers lieux ou objets matériels ; elle ne peut donc agir ni en ces lieux ni sur ces objets. Sa présence en enfer, au purgatoire, au paradis ne peut s’expliquer que parce que cette âme est intellectuellement déterminée à connaître uniquement les choses et les êtres qui sont dits constituer le lieu que lui assigne la justice divine. Voir Purgatoire, t. xiii, col. 1313.

Ne pouvant agir sur les corps, les âmes séparées, à la différence des esprits purs, sont incapables par elles-mêmes d’une manifestation sensible qui les mette en relation avec les vivants. On ne peut cependant a priori nier la possibilité de telles manifestations. Les âmes glorifiées doivent vraisemblablement posséder, en raison de leur gloire même, la faculté de se manifester comme les anges. Mais ni les âmes du

purgatoire, ni les âmes de l’enfer n’ont naturellement ce pouvoir. Dieu seul peut, transitoirement et pour des motifs dignes de sa sagesse, le leur communiquer. Voir Purgatoire, col. 1313-1314.

Sur la volonté des anges et les questions connexes ici abordées, on consultera saint Thomas, Surn. Iheol., I*, q. lix-lx, Li-i.ni, lxii, a. 1-2, 7-10 ; lxiii, a. 1-2, 5-7 ; lxiv, a. 2 ; cvi-cvii ; cx-cxi ; cxiv ; Sum. cont. Gent., t. I, c. Lxvii-Lxviii ; In W<° Sent., dist. IV, VII-VIII ; De malo, q. xvi, a. 2-6, 9-12 ; De potentia, q. vi, a. 4-10 ; les commentateurs de la Somme, mais très spécialement les Salmanticenses, Jean de Saint-Thomas, Gonet et Billuart, dans leurs traités De angelis ; Suarez, De anyelis, 1. III-IV, VI-VIII.

Parmi les traités modernes, C. Mazzella, De Deo créante, n. 249 sq. ; Chr. Pesch.De Deo créante et élevante, n.356 sq. ; F. Pignatoro, De Deo creatore, thèse ix sq. ; Van Noort, De Deo creatore, n. 100 sq., et surtout L. Janssens, De Deo creatore et de angelis, en suivant les questions sus-indiquées de la Somme théologique.

Th. Pègues, Commentaire littéral de la Somme théologique, t. "III, p. 181 sq. ; t. v, p. 341 sq. ; card. Lépicier, Le monde invisible, Paris, 1931 ; card. Billot, De novissimis, p. 12-19 ; ibid., La Providence de Dieu…, dans les Études, 20 août 1923, et une série de consultations dans l’Ami du clergé, 1922, p. 293-296, 714-717 ; 1925, p. 71-72, 437-444 ; 1927, p. 450 ; 1931, p. 250, 396 ; 1932, p. 130-140 ; 552 ; 1933, p. 378, 756-761 ; 1934, p. 104 ; 1936, p. 436, 476 ; 1937, p. 362, 553. On confrontera également les positions prises d’une part par le P..1. de Blic, Saint Thomas et l’intellectualisme moral à propos de la peccabilité de l’ange, dans Mélanges de science religieuse, Lille, 1944, p. 241-280, et d’autre part par le P. H. de Lubac, Surnaturel, Paris, 1946, 2e partie, Esprit et liberté dans la tradition théologique, p. 187-321. Le P. de Lubac admet une tradition théologique concernant la peccabilité de l’ange dans l’ordre naturel. Voir, du P. de Blic, différentes notes : Peccabilité du pur esprit et surnaturel, dans Mélanges…, 1946, p. 162 ; Quelques vieux textes sur la notion d’ordre surnaturel, éd., p. 359-362.

A. Michel.


III. VOLONTÉ EN JÉSUS-CHRIST.

Une étude sur la volonté en Jésus-Christ n’est plus à faire ici : on la trouve, en effet, aux articles : Constantinople (IIIe concile de), Monothélisme, Théandrique (Opération) et surtout Jésus-Christ. Ce travail de présentation consistera donc uniquement à coordonner les textes de ces articles.
I. Existence en Jésus-Christ de deux volontés, divine et humaine ; leur harmonie.
II. Perfections de la volonté humaine (col. 3385).
III. Rôle de la volonté humaine du Christ dans l’économie de la rédemption, ibid.
IV. Conclusion, ibid.

I. Les deux volontés en Jésus-Christ.

L’existence de deux volontés en Jésus-Christ.

1. Fondement scripturaire.

Dans l’Évangile, voir Jésus-Christ, t. viii, on voit en Jésus une volonté humaine distincte de la volonté divine, un vouloir humain distinct du vouloir divin, col. 1160 ; on admire l’énergie de cette volonté, col. 1161, l’amour qu’elle manifeste envers Dieu le Père et envers les hommes, col. 1161-1162, particulièrement à l’égard des disciples de Jésus et de sa famille, col. 1163-1164.

2. Définition du dogme des deux volontés dans le Christ.

a) Occasion de cette définition : le monothélisme et ses différentes espèces, t. x, col. 2307. —

b) Étapes historiques de l’hérésie, ibid., col. 2316, avec les références indiquées à Constantinople (IIIe concile de), t. iii, col. 1259-1266 ; Honorius, t. vii, col. 93-132 ; Martin I", t. x, col. 182-194 ; Maxime de Chrysopolis (Saint), ibid., col. 1923, et, depuis la publication de l’article sur le monothélisme, Sergius, t. xiv, col. 1923 et Sophrone de Jérusalem, ibid., col. 2379-2383. — c) Condamnation du monothélisme. Voir t. x, col. 2321, et t. iii, col. 12661273 (texte et commentaire du décret du IIIe concile de Constantinople).

Harmonie des deux volontés.

1. La doctrine.