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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/987

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WALAFRID STKABON. ŒUVRES


taires sur la Glose, comme il y eut des commentaires sur les Sentences. "Voir — en tenant compte des travaux plus récents que nous venons de signaler — La renaissance du XIIe siècle, les écoles et l’enseignement, par G. Paré, A. Brunet, P. Tremblay, Ottawa, 1933, c. v, L’enseignement scripluraire : techniques et méthodes, p. 229. Ainsi se trouve écarté complètement le nom de Walafrid Strabus comme auteur de la Glossa ordinaria.

III. Œuvres. — 1° Œuvres scripturaires. — Une fois enlevée à Walafrid la Glossa ordinaria, il lui reste assez peu de choses : quelques commentaires, particulièrement des résumés des commentaires plus importants de Raban Maur, de petits ouvrages de caractère indéterminé que les éditeurs anciens qualifient d’homélies et c’est tout. Dom Bernard Pez découvrit dans la bibliothèque de Reichenau un commentaire sur les 76 premiers psaumes. Il ne jugea pas à propos de publier tout le manuscrit et fit entrer seulement le texte des vingt premiers au t. iv de son Thésaurus novissimus anecdotorum, Augsbourg, 17211729. Migne reproduit le texte de Pez, t. cxiv, col. 751-794. Ce commentaire assez abondant ne semble pas beaucoup se préoccuper du sens littéral. D’après Samuel Berger, op. cit., p. 134, le ms. découvert par Pez existe encore, partie à Karlsruhe, Aug. 192, partie à Saint-Gall, n. 313. Samuel Berger signale également un commentaire sur le Pentateuque, en partie résumé de Raban ; il est conservé à Saint-Gall dans le ms. 283 (ixe s.) ; de ce commentaire, seule la partie concernant le Lévitique a été publiée par Colvener parmi les œuvres de Raban Maur. Migne l’a reproduite à sa vraie place parmi les œuvres de Strabon ; une préface indique, en effet, nettement l’auteur et son but. P. L., t. cxiv, col. 795850. Ce commentaire sur le Lévitique ainsi que ceux des deux autres livres du Pentateuque ont été utilisés souvent à défaut de commentaires de Raban sur ces livres. Nous avons vu plus haut comment le ms. 69 de la bibliothèque de Tours donne, à la suite des commentaires de Raban sur la Genèse et l’Exode, le Lévitique de Strabus préfacé comme nous avons dit, puis du même Strabus un commentaire sur les Nombres, suivi du catalogue des stations du peuple de Dieu dans le désert, et enfin un commentaire sur le Deutéronome.

Les Homélies de Walafrid sont au nombre de deux. La première, une explication très allégorique de la généalogie selon saint Matthieu, est reproduite par Migne d’après Pez qui l’avait découverte, Thésaurus, t. n ; P. L., t. cxiv, col. 949 à 962 ; l’autre, sur la ruine de Jérusalem où le récit de Josèphe est largement mis à contribution, P. L., t. cxiv, col. 965974, a été découverte par Canisius et publiée par lui dans ses Lectiones antiquæ, édit. de 1725, t. il. Il n’y a pas de raison, semble-t-il, d’attribuer à Walafrid V Expositio in quatuor evangelia, réflexions assez décousues sur des phrases ou des mots tirés des quatre évangélistes que Migne donne à la suite de l’homélie sur la généalogie, col. 862.

De rébus ecclesiasticis.

Le titre exact et complet

est celui-ci : De ecclesiasticarum rerum exordiis et incrementis. Cet ouvrage, depuis Margarin de la Bigne, en 1575, figure dans les éditions de la Bibliotheca Patrum et Migne n’a fait que reproduire le texte du t. xv de l’édition de Lyon. Cet opuscule mérite, en effet, d’être conservé et d’être étudié. Les prétentions de l’auteur sont modestes, il les annonce dans sa préface : les ouvrages traitant de ces questions ne manquent pas, mais certains problèmes ont été sinon omis, du moins traités trop sommairement au gré d’un certain Reginbert pour qui il écrit ; il veut donc essayer de combler quelques lacunes et en particulier,

dans la mesure où les documents le permettent, indiquer les origines et le développement des choses et des usages. Le point de départ est donc concret : il faut expliquer les choses, c’est-à-dire les objets qui servent pour" le culte, à commencer par les églises, les rites, les cérémonies, les costumes. L’auteur en donne un éclaircissement sommaire, mais le plus souvent très pertinent ; et, ce qui est remarquable, il a le souci historique : de quand date telle manière de faire, et surtout de quel principe procède-t-elle ? Ainsi de l’ordre concret nous passons à la théologie, à propos, par exemple, du baptême des enfants, du sacrifice de la messe, de la querelle des images, etc. Dans un article des Recherches de sciences religieuses, octobre 1939 : Le développement du dogme d’après Walafrid Strabon, à propos du baptême des enfants, le P. de Ghellinck dit très bien ce qui fait pour nous l’intérêt de cet ouvrage : il laisse entrevoir « des vues originales et un fond de réflexion, on serait porté à dire de sens scientifique, qui le mettent fort en avance sur la plupart des auteurs de son époque ». Outre l’édition de Migne, il en existe deux autres, l’une dans les Mon. Germ. hist., Capiiularia regum Francorum, t. ii, p. 474-516 ; et une autre de A. Knoepler : Walafridi Strabonis liber de exordiis et incrementis quarumdam in observationibus ecclesiasticis rerum, Munich, 1899.

Hagiographies et biographies.

À vrai dire il ne

s’agit pas ici d’œuvres originales composées de première main, mais de remaniements ou d’éditions d’ouvrages plus anciens. Les deux livres de la Vita sancti Galli, fondateur et premier abbé du monastère qui porte son nom, furent rédigés sur un texte déjà existant, à la demande de Gozbert, abbé de Saint-Gall, entre 817 et 837. P. L., t. cxiv, col. 975-1030. La Vita sancti Othmari, abbé de Saint-Gall, mort en 759, se présente dans des conditions analogues. P. L., col. 1030-1042. Plusieurs autres Vies édifiantes sont rédigées en vers, nous les retrouverons. Notons cependant que la Vie de saint Gall, en vers, d’après le texte en prose, n’est pas de Walafrid, quoiqu’il ait manifesté le désir de la rédiger ; elle est l’œuvre d’un disciple. On doit à Walafrid l’édition de la Vita Ludovici par Thégan, chorévêque de Trêves, P. L., t. cvi, col. 405 ; Walafrid, qui a été lié d’amitié avec Thégan et partageait son admiration et sa compassion pour l’empereur Louis le Pieux, présente l’ouvrage dans une préface et le fait précéder d’une table des chapitres. Il revit également la Vita Caroli d’Éginhard et l’accompagna d’une notice sur Éginhard lui-même. Jaffé, Bibliotheca rerum german., t. iv, Berlin 1867 ; L. Halphen, Éginhard, Vie de Charlemagne, dans Les classiques de l’Histoire de France au Moyen Age, Paris, 1923.

4° Œuvres poétiques. — Walafrid écrivait en vers avec une extrême facilité et cela dès sa prime jeunesse. On se reportera à l’analyse détaillée faite par Ebert dans son Histoire générale de la littérature du Moyen Age en Occident, traduction Aymeric, Condamin, Paris, 1884, t. ii, p. 164 sq. Une bonne partie de ses vers se rapporte à la cour d’Aix-la-Chapelle et à ses principaux personnages : en premier lieu la famille impériale, Louis le Pieux et ses trois premiers fils, Lothaire, Louis et Pépin ; Judith et son fils Charles. Les vers de Walafrid témoignent d’une réelle sincérité dans l’admiration et la reconnaissance, d’un sentiment juste de l’idée impériale : Strabus resta toujours fidèle à ses bienfaiteurs et il eut à en souffrir. Autour de ces personnages principaux gravitent d’autres d’importance moindre, auxquels notre auteur adresse de petits poèmes sérieux ou plaisants, religieux ou profanes, parfois de simples jeux d’esprit. Parmi un très grand nombre de poésies sacrées, tra-