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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/141

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CANON DES LIVRES SAINTS


présidé par lui en 256, un évêque cita un passage de la IIe lettre de saint Jeun dans la question du baptême des hérétiques. P. L., t. iii, col. 1072. L’Épitre de saint Jude est citée dans un traité contre Novatien, composé vraisemblablement par un évêque d’Afrique, contemporain de saint Cyprien. Opéra, édit. Hartel, Vienne, 1881, t. iii, p. 67. Commodien, Instr., ii, 6, 4 ; Carm. apol., 316, 331, édit. Dombart, Vienne, 1887, p. 67, 135, 137, cite l’Épitre aux Hébreux, l’Épître de saint Jacques, que ne connaissait pas saint Cyprien. Novatien, De Trinil., xvi, P. L., t. iii, col. 917, fait allusion à l’Épitre aux Hébreux. Le canon de Cheltenham, publié par Mommsen, mentionne les trois Épitres de saint Jean et les deux de saint Pierre. Les mots : una sola, ajoutés à la suite de ces deux mentions, ne sont pas nécessairement des restrictions, et M. Duchesne, Bulletin critique, 15 mars 1886, p. 117, a proposé de les compléter ainsi : [Jacubi una sola ; [Judée] una sola. Voir Preuschen, Analecta, p. 139. Saint Optât de Milève ne cite pas non plus l’Épitre aux Hébreux. Elle restait donc étrangère à l’Église d’Afrique. L’Ambrosiaster, In II Tim., I, P. L., t. xvii, col. 485, et Pelage, In Rom., P. L., t. xxx, col. 667, la citent comme Écriture, ainsi que saint Hilaire de Poitiers, De Trinit., iv, 11, P. L., t. x, col. 104 ; Lucifer de Cagliari, De non conv. cum hseret., 10, édit. Hartel, Vienne, 1886, p. 20, 22 ; le prêtre Faustin, De Trinit., 2, P. L., t. xiii, col. 61 ; saint Ambroise, De fuga ssec, 16, P. L., t. xiv, col. 577, etc. Lucifer, op. cit., 15, ibid., p. 33, et saint Ambroise, In Luc, vi, 43, P. L., t. xv, col. 1679, citent aussi l’Epitre de saint Jude. Saint IliJaire, De Trinit., I, 17 ; iv, 8, P. L., t. x, col. 38, 101, cite la II » Épitre de saint Pierre et la lettre de saint Jacques. Philastrius, Ilœr., 88, P. L., t. xii, col. 1199, mentionne parmi les Livres saints treize Épitres de saint Paul seulement et les sept Épitres catholiques ; il omet l’Épitre aux Hébreux et l’Apocalypse, mais il signale les hérésies qui rejettent l’Évangile de saint Jean et l’Apocalypse, ou l’Épître de saint Paul aux Hébreux. User., 60, 89, col. 1174, 1206. Rufin, Exposit. symb., 37, P. L., t. xxi, col. 374, copie saint Atbanase et a un canon complet. Saint Jérôme, Epist. ad Paulin., 8, P. L., t. xxii, col. 5’t8, énumère tous les livres du Nouveau Testament. Il connaît et rapporte la diversité des opinions relativement à l’Épître aux Hébreux. De viris, 5, 59, P. L.. t. xxiii, col. 617, 069 ; Epist., cxxix, ad Dardan., 3, /’. L., t. xxii, col. 1103. Il la reçoit sur l’autorité des anciens, bien que les Latins ne la reçoivent pas, comme il reçoit l’Apocalypse malgré les doutes des Grecs. Tract, de Ps. 1 ; de Ps. rxi.ix, dans Morin, Anecdota Muredsolana, t. m ii, p. 5-6, 314. Parfois cependant, à cause de l’usage latin, saint Jérôme fait des restrictions à son sujet. InEzech., xxviii, 11, P. L., t. xxv, col. 272 ; In Zacli., viii, 1, ibid., col. H(15 ; In Epist. ad Eph., il, 15, P. L., t. xxvi, col. 475. Mais si saint Jérôme n’a pas d’hésitation relativement à l’Épître aux Hébreux et à l’Apocalypse, il est moins ferme à propos des autres deutérocanoniques. Il sait que la IIe lettre de saint Pierre est contestée par le plus grand nombre, De viris, 1, P. L., t. xxiii, col. 608 ; mais il explique la diversité de stjle par le recours à divers secrétaires. Epist., cxx, ad Hedibiam, P. L., t. xxii, col. 1002. Pour l’Épître de saint Jacques, elle aurait été écrite par un autre et aurait ensuite acquis peu à peu de l’autorité. De viris, 2, P. L., t. xxiii, col. 609. L’Épilre de Jude est rejetée par le plus grand nombre, quoiqu’elle ait, elle aussi, acquis peu à peu de l’autorité el qu’elle soit comptic pari li les saintes Écritures. Ibid., 4, col. 613-615. Les deux dernières Épitres de Jean sont attribuées à Jean l’Ancien ; beaucoup peu « ni qu’elles

nt pas de l’apôtre, mais du prêtre Jean. Ibid., 9,

18, col. 623, 637. Saint Jérô accepte cependant pour

son propre compte tous les deutérocanoniqui

Nouveau Testament, il rejette les apocryphes et permet la lecture publique du Pasteur, de l’r.pitre de Barnabe, de l’Epître de saint Clément en vue de l’édification. Cf. L. Sanders, Études sur saint Jérôme, Bruxelles et Paris, 1903, p. 217-267, 271-282 ; P. Gaucher, Saint Jérôme et l’inspiration des deutérocanoniques, dans la Science catholique, février 1904, p. 193-210.

Désormais, le canon du Nouveau Testament était définitivement fixé en Occident. A Rome, le pape Damase publiait, en 382, un décret reproduit plus tard par le pape Gélase et comprenant tous les livres du Nouveau Testament. Selon la leçon de quelques manuscrits, il y resterait, à propos des Épitres de saint Jean, un indice des doutes anciens ; les deux dernières étaient attribuées au prêtre Jean. Labbe, Concil., t. iv, col. 1261. Mais d’autres manuscrits, reproduisant le remaniement fait par saint Gélase, ne contiennent plus cette distinction et disent : Johannis apostoli epistolæ III, Preuschen, Analecta, p. 149, comme plus tard Innocent Ier dans sa lettre à Exupère de Toulouse. P. L., t. xx, col. 501. En Afrique, saint Augustin, De doct. christ., Il, 12, P. L., t. xxxiv, col. 40, dresse un canon complet. L’évêque d’Hippone n’ignorait pas cependant les doutes antérieurs sur l’Epître aux Hébreux, De peccat. mer. et remiss., i, 27, P. L., t. xliv, col. 137 ; Enchiridion, 8, P. L., t. xl, col. 225, et lui-même, à partir de 409, jusqu’à sa mort, il ne la cite plus comme l’œuvre de saint Paul._ O. Rottmanner, Saint Augustin sur l’atiteur de l’Epître aux Hébreux, dans la Revue bénédictine, juillet 1901, p. 257-261. Il semble craindreaussi que les pélagiens ne lui contestent l’Apocalypse. Serni., ccxcix, P. L., t. xxxviii, col. 1376. Il repousse les apocryphes. D’ailleurs, le concile d’Hippone en 393 avait promulgué un canon complet qui a été renouvelé à Carthage en 397 et en 419. Mansi, t. iii, col. 924, 891 ; t. iv, col. 430. Voir t. i, col. 2341-2344. En Espagne et dans la Gaule, le canon était identique.

L’usage liturgique et ecclésiastique l’emporta donc définitivement sur les doutes qui avaient surgi au ni » siècle à la suite de la comparaison des traditions divergentes des Eglises. QuoiqueCosmasIndicopleusIes, Topog. christ., xii, P. G., t. lxxxviii, col. 373, omette encore, vers 510, l’Apocalypse et les sept Épîtres catholiques, quoique le patriarche Nicéphore, /’. G., t. c, col. 1056, range encore au i c siècle, l’Apocalypse parmi les antilégomènes, l’Eglise grecque, à partir du vr siècle, accepte ces écrits autrefois contestés. Cf. Léonce de Byzance, De sertis, ii, P. G., t. lxxxvi, col. 1200 ; S. Jean Damascène, De orthodoxa fide, IV, 17, P. G., t. xciv, col. 1180 ; Synopse dite de saint Atbanase, P. G., t. xxviii, col. 289-293 ; Nicéphore Calliste, II. E., n, 45, P. G., t. cxi.v, col. 880-885. Dès la fin du iv siècle, le canon du Nouveau Testament ne subit plus la moindre variation dans l’Église latine, et on rencontre seulement de loin en loin, au cours du moyen âge, quelque mention des anciens doutes sur les deutérocanoniques. Cf. Loisy, Histoire du canon du N. T., p. 208233. Aussi le pape Eugène IV, en 1441, promulgua, dans son décret aux jacobites, un canon identique à celui du canon de Damase, et le concile de Trente définit officiellement, en 1546, la canonicité de tous les livres du Nouveau Testament sans distinction.

, 1. l’ns, Bibliotheca sacra sive diatribes de librorum A". T. canone, in-12, Amsterdam, 1710 ; J..innés, New and full me-Un, il n/ settling the canonical authority of the N. T., 3 in-8o, Londres, 1726M727 ; Oxford, 1798, 1827 ; E. il. n. Stosch, Commentatio in itica de librorum N. T. canone, in-8

Francfort. I7.".. r > ; KIrchhofer, Quellensammlung zur Gescliichte des neutestamentlichen Kanons bis auf Hier ony mus, ln-8*, Zurich, 1844 ; H. W. J. Thiersch, Versuch iw fieretellung des historischenStandpunktsfùrdie Kritikderneutestamentlichen Schriften, Erlangen, 1846 ; C. A. Credner, Geschichte des neu* teatamentlichen Kanon, édit. Volkmar, ln-8*, Berlin, 1860 ; ’U. F. Westcott, A gênerai surveu of the hiatory of the canon