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CÊRINTHE

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i piphane, Umr., xv.m, I. I. G., t. mi. col. 377. D’autre part, la théorie gnoslique qui voitdani la matière une Bource de péché, ou t* > i j t an moins une d dation de l’esprit, un abaissement de l’idée, avec laquelle Dieu ne saurait enlrei en contæl immédiat heurte > uni » hoppement, i incarnation du

, n„ elon la doctrine chrétienne. Aussi, poursauvegarder ce principe de l impossibilité de I union de Dieu avec un corps matériel et pour le concilier en n temps avec les récits évangéliques qui parlent de la naissance et de la mort de Jésus-Christ, la gnose ini tcilr le docétisme. Et, sur ce point. Cérinthe est tributaire de la gnose. Voici son système.

1 » Création. — Cérinthe prend pour point de dépari l’existence de deux principes. Il ne les appelle pas, comme on le fera peu après lui, le principe du Lien et le principe du mal, mais, sous l’influence de i J li ilon, il les désigne sous le nom de principe actif et de principe passif. Dien étant le premier et la matière le second. Il attribue l’existence du momie à un être supérieur au monde et distinct de lui, mais qui ne saurait être Dieu lui-même, aussi éloigné que possible du premier principe, tout en participant a sa nature, et aussi rapproché que possible de la matière, tout en s’en distinguant ; faclum esse mundum a virtute quadam vaUie separata et distante ab ea principaliter i/nx est super universa. S.Irénée, Cont. hær., loc. cit. ; Philosophoumena, VII, v, 33, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 388. Quel est ce démiurge ? On le nommera plus tard le Dieu de la Bible, le Jéhovah des juifs. Cérinthe ne va pas si loin : il n’admet pas l’identification de Jéhovah et du démiurge, comme nous l’apprennent saint Irénée, Cont. hser., i, 26, 1, P. G., t. vii, col. 681 ; le pseudo-Tertullien, Prsescript., 48, P. L., t. il, col. 67 ; saint Augustin, User., 8, P. I-, t. xlii, col. 27 ; le PrsedesHnatus, S. P. L., t. Lin, col. 590. Ce n’est pas Jéhovah, ce sont les anges qui ont formé le monde, qui ont donné la Loi et inspiré les prophètes. S. Épiphane, Hser., xxviii, 1. P. < t. su, col. 377. Si le Dieu de la Bible est qualiiié d’ange par le pseudo-Tertullien, loc. cit., c’est sans doute à titre de chef des Suvàfj.ei{ et des ay-fs/oi, dont Théodoret dit qu’ils ont organisé le monde dans ses détails. Hseret. fab., ii, 3, P. G., t. i.xxxiii, col. 389. Les sources ne nous font pas connaître la manière dont Cérinthe expliquait l’origine et l’existence de ces anges démiurges ; elles ne disent pas davantage le motif de l’ignorance où ils étaient de l’existence du Dieu suprême, Philosophoumena, VIII, v, : « , p. 388, si cette ignorance était la suite d’une faute ou la simple conséquence de l’éloignement, où ils se trouvaient du premier principe, double explication qui trouvera sa place dans les systèmes gnostiques ultérieurs.

Christologie.

Cérinthe n’ignorant ni la répugnance des gnostiques à mettre Dieu en contact avec la matière ni l’horreur du judaïsme populaire à concevoir que le Messie put souffrir et mourir, a une christologie docète. Mais son docétisme n’est pas celui que combat saint Ignace dans ses Lettres, d’après lequel les phénomènes relatifs à la naissance, à la vie et a la mort de Jésus-Christ n’étaient que des apparences sans réalité : ce n’est pas davantage le docétisme de Basilide qui substitue Simon de Cjrène a Jésus au moment de la

crucifixion, ni celui de Valentin qui prête a.lesus un

corps visible et capable de souffrir, maCe im matérielle, qui n’a fait que passer par le corps de la Vierge sans lui rien emprunter. Cérinthe distingue dans le Sauveur deux personnages, .lésus et le Christ ; il accorde que.lesus, né de Joseph et de Marie comme le reste des hommes. Philosophoumena, VIII, v. : ’. :. p, 388 ; Pseudo-Tertullien, Prsescript., 18, P. /… t. ii, col. t17. a souffert, qu’il est mort et qu’il est ressuscité, s. [renée, Cont. hær., î. 26, I, P. (.’., t. vu. col. 684 ; Philosophoumena, VII, v, 33, p. 389, ou, comme le d

saint Augustin, Hier., 8. p. L.. xxii, col. 27. >-t i t. ni du Prædeitinatm, 8, ! ’L., t. lui, col. 590, qu il doit ressusciter ; ma’""

homme remarquable pai ]’1 " loiophoumena, loc. cil, p 388, qui, au moment < !

|, ., |, |eme.. : tonne de Colomb’-, le ChlM ell voyé par la Puissance suprême et a appris de lui 1

vélalion de Dieu inconnu. S. D’hier., )

I, P. (’.., t. vu. col. » >M. Philosophoumena, v, 33, p. 389. Mais cet bote étranger, qui est impassible et ne peut ni souffrir ni mourir, il ne le conserve pas jusqu mort ; au moment de la passion, en effet, le Christ abandonne Jésus et remonte au ciel ; J’ul a

souffrir età mourir. Philosophoumena, loc. cit., p Saint Épiphane manque ici de netteté ; la distinction caractéristique, si bien marquée par l’auteur des Phi houmena, lui échappe. D’abord il appelle le C Kvevuvcc-riov ; puis tantôt il dit que c’est le Christ qui est né de Joseph et de Marie, Hser., x.wni. 1. P t. mi, col. 377 ; tantôt qu ibid., col. 380 ;

tantôt il affirme que c’est Jésus qui meurt et ressuie Christ étant spirituel et impassible, ui., col. I tantôt que c’est le Christ qui meurt et ressuscitera à la résurrection générale. I61d., 6, col. ainsi que

Cérinthe essaya la conciliation impossible du dof chrétien de la rédemption avec ses vues juives teiues. D’autres que lui tenteront cette même concilialion avec un égal insuccès ; au fond, c’est le christianisme qui est sacrilié.

Eschatologie.

Cérinthe admettait la fin du monde ; on ignore comment il l’expliquait. Mais entre la fin du monde et l’inauguration du règne de Dieu avec les élus dans le ciel, il plaçait un règne de mille ans que les hommes devaient passer dans les délices nuptiales et les sacrifices les plus joyeux. Ce chiliai il l’avait puisé à des sources juives, peut-être même dans le livre d llénoch ; on sait que ce fut une erreur partagée par certains Pères de l’Église et que le millénarisme ne disparut que peu à peu. Et l’on s’explique pourquoi ni saint Irénée ni l’auteur des Pliilosopl.oumena ne songent à le reprocher à Cérinthe. C’est peut-être Cérinthe qui acclimata l’erreur millénaire dans celle partie de l’Asie, où allaient paraître Papias d’Hiérapolis et les illuminés phrygiens ; en tout i l’enseigna, comme le lui reprochent C.aius, Eus H. K., III, 28, P. G., t. xx, col. 273. et comme le notent saint Augustin, Ihvr., 8, P. L., t. XI il. col. 50 Théodoret, Useret. fab., ii, 3. P. G., t. lxxxiii, col. D’autre part. Cérinthe. en enseignant la résurrection de .lesus et la résurrection future des hommes, que les gnostiques devaient écarter, semble avoir voulu maintenir le dogme chrétien du svmbole, la <risxb ;. oxaffiç ; mais on ne voit pas quel rôle il réservait au corps après la résurrection, ni à quel titre il l’appelait à jouir des bienfaits du chiliasme.

III. Disciples.

Tout en distinguant Dieu du Jéhovah de la Bible et du législateur des Hébreux, Cérinthe n’en retenait pas moins comme une obligation la fidélité à la loi et la pratique de la circoncision et du - bat ; il se rattachait au.judaïsme légal. S. Epiphane, Hser., xxviii. 2. P. G., t. xi.i. col. B 5. Au| -tin, Hser., 8, P. L., t. xin. col. 27 ; PrsedesHnatus, S, l’.l… t. lui, col. 590 ; s. Jérôme, Epist., exii, 13, P. L t. xxti. col. 9514. Philastrius prétend qu’il fut condamné par les apéties et chassé de l’Église, //av., 60, P. L., t. xii, col. 1152 ; l’auteur du Prudestinatus pr qu’il fut anathematisé par saint Paul en Galatie, que c’est de lui et de ses disciples qu’il est question dîna l’Épttreaux Galates, 8, P. L., t. lui, col. 590 ; mais ce n’est la qu’une interprétation, motivée sans doute par le lae nit Epiphane.

Cérinthe eut îles disciples parmi les judalsants et les judéo-chrétiens ; on les appelait cérinlhiens ou mérin-