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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/54

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CALVINISME — CALVINISTES

voyéfl extraordinaire ! et plénipotentiaires de la providence pour le redreaæment de i Église de Dii u. S’il en est ainsi, comment Dieu n’a-t-il pas donné exactement le même mandat à I un et ! Pourquoi, par

exemple, envoyés pour détruire li erreurs du papisme relativement à la transsubstantiation, ont-tK émis deux s>- !.iii("^ aussi opposés l’un à l’autre que ions u-u x à la doctrine de II glise romaine ? D’ailleurs, quel novateur plus audacieux que ses prédécesseurs ne se croira pas affranchi à son tour des règles de la mission pastorale, pensant qu’il est lui aussi suscité de Dieu avec mi spéciale pour redresser l’Église ? Luther et Calvin s’a|>pliquent le bénéfice de 1 art. 31 : de que ! droit le refuser à Carlstadt, à Zwingle, à Mûnzer, etc.’.'

Ainsi l’art. 4 crée ï’illuminisme ; l’art. 27 crée l’individualisme religieux et ruine la notion d’Église ; l’art. 31 crée, ou du moins autorise, le fanatisme sincère ou l’ambition audacieuse qui se diront investis d’une mission extraordinaire.

Calvin ne peut manquer de le voir et cependant il exige à l’égard de son Église la même adhésion et la même obéissance que l’Église catholique exige de ses fidèles. On a peine à croire ce qu’il écrit à ce sujet : « C’est une chose horrible à lire ce qu’écrivent Isaïe, Jérémie, Joël, Habacuc, et les autres, du désordre qui étoit en l’Église de Jérusalem… Néanmoins les prophètes ne forgeoient point de nouvelle Église pour eux et ne dressoient pas des autels nouveaux pour faire leurs sacriiices à part, mais, quels que fussent les hommes, pour ce qu’ils réputoient que Dieu avoit mis là sa parole, au milieu des méchants ils adoroient Dieu d’un cœur pur et élevoient pures leurs mains au ciel. Il n’y avoit autre chose qui les induit à demeurer en l’Eglise au milieu des méchants que l’affection qu’ils avoient de garder unité. Or si les saints prophètes ont fait conscience de s’aliéner de l’Eglise à cause des grands péchés qui y régnoient, et non point d’un seul homme, mais quasi de tout un peuple, c’est une trop grande outrecuidance à nous de nous oser séparer de la communion de l’Église dès que la vie de quelqu’un ne satisfait pas à notre jugement… Pourtant (par conséquent) que ces deux points nous soient résolus que celui qui de son bon gré abandonne la communion externe d’une Eglise en laquelle la parole de Dieu est prèchée et ses sacrements sont administrés n’a nulle excuse ; secondement que les vices des autres, encore qu’ils soient en grand nombre, ne nous empêchent pas que nous ne puissions là faire profession de notre chrétienté, usant des sacrements de Notre-Seigneur en commun avec eux, d’autant qu’une bonne conscience n’est point blessée par l’indignité des autres, fût-ce même du pasteur. » Inst. chrét., t. IV, c. i, n. 18, 19.

Nous ne saurions mieux terminer que sur cette page, où il n’y a pas un mot que Calvin ne put s’appliquer à lui-même pour se condamner, lui et tous les novateurs qui prenant pour point de départ la nécessité d’une réforme dans l’Église catholique, se séparaient d’elle et renversaient à la fois sa discipline et son dogme.

On trouvera la bibliographie complète de cette question dans les t. LVHl-LDt c 1 1 —i Opéra CaMni du Corpus refortnatorwn, p. 542, Catalogua systematicus, n. 374-496 : Scripta qux CaMni doctritiam exponunt. Les principales œuvres de Calvin ont été indiquées dans le présent article et dans le précédent. Les exposés de la doctrine calviniste faits par des catholiques sont ici marqués d’une’.’Bossuet, Histoire des variations, L ix. XI, t. w ; l’iuqurt. Dictionnaire des hérésies, nouv. édit. par de Perrodll, 1846 ; "Mœbler, l.n symbolique ou Exposition des a dog matiques entre les catholiques et tes protestants, d’après leurs confessions de foi publiques ! et Défense dis in symbolique, t..i.i Lâchât, 3 in-8-, Taris, 1862-1858 ; Cas-, Geschichte dsr protsst. Dogmatik, Berlin, 1854 ; Bchwelter, Geschichte der protest. Centraldogmen… Innerhalb der reform. Kirche, Zurich, I ! <>i-1K50 ; Kxstiin, Calvin’s Tnstitutio nach Fort » vnd Inhalt, etc., dans les Thcolvg— Stuà uiul Hnt., 1868 ;

hte der protest. Theol. m

II. Ethik

mdL — Les I nantit— de dis-. I oltz, La pet s. tus d’après Ca

ilvin sur V Écriture sainte, Tari-, 1Ineté de Dieu dans l’Institution de Calvin,

, 18<J8, etc.

A. Baddrillart.


CALVINISTES, disciples de Calvin. On a exposé dans l’article sur Calvin la naissance et les premiers développements du calvinisme en France et puis sa diffusion du vivant de Calvin. Il y eut des calvinistes dans presque toute l’Europe. En Suisse, ils l’emportèrent assez rapidement sur les zwingliens. Bullinger, l’héritier de Zwingle, s’unit ou plutôt se soumit à Calvin par le Consensus Tigurensis de 1549, qui adoptait les sentiments de Calvin sur la cène, comme le Consensus Genevensis proclama cinq ans plus tard sa doctrine de la prédestination. La Deuxième confession de foi helvétique, composée deux ans après la mort de Calvin, en 1566, mais dans son pur esprit, est, de tous les actes de ce genre, celui qui obtint dans les pays réformés le plus d’autorité et le plus grand nombre d’adhérents. Bossuet l’appelle « la grande et la solennelle ». Histoire des variations, l. XV. n. 15.

En France, la confession de foi de 1559 fut complétée par celle de La Rochelle en 1571. Les progrès du calvinisme furent arrêtés par la Ligue et la conversion d’Henri IV. L’Édit de Nantes fixa pour près d’un siècle leur état religieux (1598-1685). Pour un épisode du calvinisme français, voir Camisards, col. 1435-1443.

Les protestants des Pays-Bas, par la Confession belgique de 1562 et par l’appel de trente pasteurs calvinistes en 1566, se rallièrent à la doctrine de Calvin ; ce fut elle encore qui l’emporta dans les célèbres synodes de Dordrecht de 1574 et de 1618. Le calvinisme fut en Hollande religion d’État. Les catholiques demeurèrent une minorité importante.

Dans la Grande-Bretagne. l’Angleterre, sous Édouard VI, tenta une conciliation entre les doctrines de Luther et celles de Calvin : sous Élisabeth, une partie seulement du dogme calviniste passa dans les 39 articles ; l’organisation épiscopalienne fut entièrement opposée à l’organisation voulue par Calvin ; celle-ci fut adoptée par les presbytériens. En Écosse. John Knox prêcha un calvinisme outré ; la Confession écossaise de 1560 est conforme aux doctrines calvinistes. Malgré toutes les tentatives de l’Angleterre, l’Écosse devait rester foncièrement presbytérienne.

De la Grande-Bretagne, le calvinisme passa dans l’Amérique du Nord, où il se modifia au contact des autres sectes.

On compta de nombreux calvinistes en Pologne, en Bohême, en Moravie, en Hongrie. La Confession hongroise, œuvre du synode de Czengar, adopta la doctrine de Calvin sur la prédestination et sur la cène, et le synode de Tarczal (1563) se rallia à la Confession de Bèze. En Transylvanie, les populations slaves adoptèrent de préférence le calvinisme.

En Allemagne, le calvinisme fit des conquêtes sur le luthéranisme. Brème passa au calvinisme en 1562 L’électeur palatin Frédéric III embrassa le calvinisme (1562), proscrit ensuite par son successeur Louis VI (1576-1583), puis rétabli par Frédéric IV ou plutôt par son tuteur Jean-Casimir. Cette confession pénétra par la suite dans les pays d’Anhalt (1595), de Hesse-Cassel (1604), du Brandebourg électoral (1613) et dus plusieurs autres États.

Indépendamment de ces conquêtes proprement dites, le calvinisme exerça son influence sur les doctrines des autres confessions. Le Crypto-calvinisme (voir ce mot) ou calvinisme caché divisa les luthériens de 1552 à 1574.