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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/559

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CHYPRE (ÉGLISE DE)


nombre des saints et des martyrs des premiers siècles du christianisme les noms de plusieurs Cypriotes. Jean Marc, appelé le Juste à cause de ses vertus, Delehaye, Synaxarium Ecclesiee Conslanlinopolilanse, Bruxelles, 1902, p. 761, mourut évêque d’Apollonias en Bithynie, Minei Tcliely na russkom iazykie, Moscou, 1902, t. il, p. 630, après avoir subi le martyre, d’après quelques ménologes grecs, trùv Xt’Ôocç xpE[j.a(r6s ! î. Delehaye, p. 753. Ariston, évêque de Chvpre, disciple de Notre-Seigneur, d’après Eusèbe, H. E., ni, 39, P. G., t. xx, col. 297, mourut martyr à Salamine. Acta sanctorum, t. ni februarii, p. 283. Héraclidès, premier évêque de Tamassos. aurait reçu la consécration épiscopale des mains de l’apôtre saint Paul. Sa résidence aurait été le premier évêché et le centre du christianisme cypriote. Il construisit des églises, opéra beaucoup de miracles, et ressuscita plusieurs morts. Il subit le martyre à Salamine. Acta sanctorum, t. v septembris, p. 467-468 ; Lequien, Oriens christianus, t. il, col. 1059 ; Hackett, p. 377-378. Aristoboulos, frère de saint Barnabe, est mis au nombre des soixante-dix disciples de Notre-Seigneur. Il aurait suivi saint Paul dans ses pérégrinations et, consacré évêque de la Bretagne (Bpsxavvîa = Angleterre), il y aurait enduré de nombreuses souffrances. Acta sanctorum, t. ii martii, p. 374-376 ; Maltzev, Menologion der ortliodox-kalholischen Kirche des Morgent andes, Berlin, 1901, t. ii, p. 69. Mnason, disciple de saint Paul, et mentionné Act., xxi, 16, aurait été aussi un des soixante-dix disciples de Notre-Seigneur, et serait mort martyr de la foi. Acta sanctorum, t. ni julii, p. 248-249 ; Hackett, p. 379-380. Epaphras, disciple de saint Paul et compagnon de sa captivité, Col., v, 12 ; Philem., 23, est dit évêque à ! Acta Argivorum (’ASptaxoç), ville nommée Ardrince par les Latins, Edriargi par les Grecs, selon Lusignan, op. cit., p. 23. Mais, selon d’autres documents, il fut évêque de Colosses, ou de Colophone en Lydie, ou de Paphos. Acta sanctorum, t. iv julii, p. 581-582 ; Delehaye, p. 290, 787 ; Hackett, p. 376-377. Tychicos aurait été consacré, par Héraclidès, évêque de Neapolis dans l’île de Chypre. Acta sanctorum, t. m aprilis, p. 613. Philagrius, disciple de saint Pierre et évêque de Soli, serait mort martyr. Acta sanctorum, t. il februarii, p. 277 ; Delehaye, p. 451. Lazare, d’après une tradition, serait devenu évêque de Kitium, où l’on montre encore aujourd’hui son tombeau. En 890, l’empereur Léon le Sage trouva ses reliques à Kitium et les emporta à Constantinople. Delehaye, p. 146-148 ; Gédéon, B-jÇavrtvbv êopToXo’yiov, IUpioScxôv du syllogue grec de Constantinople, 1896, t. xxvi, p. 273. Tite, disciple de saint Paul, né à Paphos, aurait été martyrisé dans sa ville natale. Lusignan, p. 24. Sergius Paulus, le proconsul romain converti par saint Paul, serait mort évêque de Narbonne d’après une tradition. Acta sanctorum, t. III martii, p. 371. Nicanor de, Chypre, un des sept premiers diacres de Jérusalem, aurait subi le martyre. Acta sanctorum, t. i januarii, p. 601. Cf. Raccolta di cinque discorsi, inlilolatiCorone, p. 11, 53. La liste des premiers saints cypriotes a été dressée par Lusignan, p. 23-29, et par Hackett, p. 370-472 ; Strambaldi, Chronique, p. 11-17 ; Mâcheras, Chronique de Chypre, édit< Sathas, llibliotheca græca medii œvi, p. 67-72.

Les premiers adversaires du christianisme à Chypre furent les Juifs, assez puissants dans l’île. Cet obstacle disparut, lorsque les Juifs (115) se révoltèrent contre la domination romaine, et essayèrent de se venger du mépris et des persécutions des liomains. La révolte éclata en Egypte, en Mésopotamie, dans la Cyrénaique. Les Juifs de Chypre y prirent part et, sous la conduite d’Artémon, massacrèrent 240000 de leurs concitoyens. Les Romains ne tardèrent pas à étouffer l’insurrection. Eusèbe, H. E., iv, 2, 0, P. G., t. xx, col. 304-307, 310816 ; Cyprien, op. cit., p. 95 ; Sakellarios, t. i, p. 389390. Les légions romaines tuèrent les Juifs cypriotes. Un

défendit, sous peine de mort, aux Juifs étrangers d’aborder dans l’île.

De nouveaux prédicateurs vinrent des côtes de la Syrie à Chypre. Les chrétientés éprouvées se réorganisèrent, et beaucoup de Cypriotes confirmèrent la foi dans leur sang. Chypre donna à l’Église des confesseurs et des martyrs. Mais les renseignements sur l’histoire politique et religieuse de l’île au IIe et au iiie siècle sont rares. Ce n’est qu’au ive siècle que recommence l’histoire de l’Église. Un chroniqueur du xiv c -xve siècle, Léonce Mâcheras, dont l’ouvrage est rédigé sur d’anciennes chroniques et des documents d’archives, Krumbacher, Geschich te der byzantinischen Litteratur, p. 900, raconte la visite de sainte Hélène en 327 à l’île éprouvée par une longue et désastreuse sécheresse. La plupart des habitants s’étaient enfuis d’un pays où depuis de longues années l’herbe ne poussait plus. Hélène descendit au village de Marion, et pleurant sur le sort de l’île frappée de la malédiction de Dieu, bâtit des églises à Vassilopotami et Togni et leur laissa des fragments de la vraie croix.’EçTJyr^t ; tyjî yXuxeia ; y_([>pxç KÛTtpou ; Sathas, MEo-aiwviy.r, (316).io6^xy ;, t. il, p. 55-56 ; Amadi, Chronique, p. 78-79 ; Philippes, p. 8-9 ; Strambaldi, Chronique, p. 2-3. Deux évêques de Chypre, Cyrille de Paphos et Gélase de Salamine, assistèrent au concile de Nicée (325). Ils ont signé les décrets du concile. Mansi, Concil., t. ii, col. 696. Spiridion, le fameux évêque et thaumaturge de Trimithus, Rufin, P. L., t. xxr, col. 471-472 ; Lusignan, Racculla, p. 47 ; Chorograffta, p. 24, prit part aux débats du concile, bien que son nom ne figure pas dans la liste des souscripteurs. Au ive siècle, le personnage le plus important de l’Église de Chypre est sans conteste saint Épiphane, archevêquo de Salamine (Constantia). Il fut mêlé aux grands événements religieux de son époque. Il prit à cœur la tâche de purger l’île de Chypre des hérésies qui la ravageaient. Plusieurs sectes y avaient des adhérents. Les valentiniens y étaient nombreux, et plusieurs fois leur évêque Aétios engagea des disputes avec saint Épiphane. Les sabelliens, les nicolaïtes, les basilidiens, les carpocratiens et d’autres hérétiques y avaient des représentants. Saint Épiphane les combattit avec ardeur, et eut même recours à l’empereur Théodose I er pour obtenir l’aide du pouvoir civil. Il dut assister au IIe concile général (381), avec quatre autres évêques cypriotes, Jules de Paphos, Théopompos de Trimythus, Tychon de Tamassos, et Mnémonios de Kitium. Son nom ne figure pas, il est vrai, dans la liste des signatures, mais cette omission n’est pas une preuve de son absence. Épiphane lutta particulièrement contre l’origénisme. Il réunit à Salamine un synode (399 ou 401), qui condamna les ouvrages d’Origène. Hefele, Conciliengeschichte, t. il, p. 77 ; Mansi, t. iii, col. 1019-1021 ; Sozomène, H. E., viii, 14, P. G., t. i.xvii, col. 1552 ; Socrate, H. E., vi, ibid., col. 693.

Les luttes pour l’autonomie ecclésiastique.


L’histoire de l’autocéphalie de l’Église cypriote n’offre que des ténèbres, au dire de Hackett, p. 13. Au point de vue administratif, Chypre faisait partie du diocèse civil d’Orient, divisé en 15 provinces. Notitia dignitatum, édit. Seeck, Berlin, 1896, p. 5-6. La métropole du diocèse était Antioche, et le gouverneur de Chypre dépendait du préfet de cette ville, comte d’Orient. Le clergé d’Antioche voulut tirer profit de la dépendance administrative de Chypre, et soumettre l’Ile à sa juridiction immédiate. Mais les Cypriotes, s’appuyant sur leurs traditions locales, ne cédèrent pas aux prétentions d’Antioche. Le patriarche Alexandre I (413-418) écrivit au pape Innocent [’(401-417), pour se plaindre des Cypriotes, qui, pendant les troubles suscités par les ariens dans le patriarcat d’Antioche, et durant le schisme d’Eustathe, s. Épiphane, Adv. hmr., P. G., t. xi. ii, col. 456-457, s’étaient soustraits à la juridiction du siège patriarcal. Il leur reprochait d’avoir xiolé les