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aux franciscains de l’observance. L’église de l’abbaye prit même avec le temps la dénomination d’église de Saint-Jean de Montfort. Chronique de Chypre, p. 69 ; Corona quinta, p. 52 ; Description de toute Visle, p. 63. On possède les offices de plusieurs de ces saints allemands de Chypre, tels que celui de saint Thérapon, publié par Michel, archevêque de Chypre (qui ne figure pas dans la liste des archevêques), ’AxoXouôia toO àytcrj SspojxàpT’jpo ; 0spà7rovTo ; toù OaujxaToupYoO, Venise, 1801, et ceux d’Auxentios, Constantin, Kendéas et Anastase, publiés par Chrysanthe de Chypre, Venise, 1779. Sathas, p. 418-426 ; Acta sanctorum, t. v maii, p. 273.
On cite aussi dans la liste des saints cypriotes le légat Pierre Thomas, carme, dont la biographie, écrite par Philippe de Mézières, a paru dans les Acta sanctorum au 29 janvier. Il mourut à Famagouste le 6 janvier 1366 et fut enseveli dans l’église de son ordre. Strambaldi, p. 69 ; Mâcheras, p. 131 ; Acta sanctorum, t. m januarii, p. 605-638. Hugues de Fagiano porte le titre de bienheureux, Acta sanctorum, t. iv augusti, p. iii, et le dominicain Pierre de la Palu, dont le nom est mentionné par les bollandistes, t. m maii, p. lxixlxx, est vénéré aussi comme bienheureux dans l’ordre dominicain.
Ce nombre exigu de saints paraît justifier les reproches des mœurs relâchées du clergé latin qui reviennent souvent dans les documents officiels et dans les récits des chroniqueurs et des historiens de Chypre. Hackett, p. 510-520.
5° Le monachisme latin.
D’après Lusignan et l’archimandrite Cyprien, les premiers religieux latins qui s’établirent dans l’île partirent de Jérusalem à la suite de Guy de Lusignan. Chorograf/ia, p. 2>2. ; Toropfa, p. 86. Leur nombre s’accrut lorsque les Arabes s’emparèrent de Saint-Jean d’Acre, en 1291. On y trouve des maisons d’augustins, de bénédictins, de carmes, de chartreux, de cisterciens, de chanoines réguliers, de dominicains, de franciscains et de prémontrés. Ces couvents étaient presque tous concentrés dans la capitale. Seuls les prémontrés etles ordres mendiants possédaient des couvents en dehors de Nicosie. Les dominicains étaient établis à Nicosie, Famagouste, Limassol et Vavla ; les franciscains à Nicosie, Famagouste, Limassol et Paphos ; les carmes à Nicosie, Famagouste, Limassol, et près du village d’Apélémidia ; les augustins à Nicosie, Famagouste et Limassol ; les prémontrés à Nicosie et à Paphos. Lusignan, C/iorograf/ia, p. 32-33 ; Cyprien, p. 87-88.
Les premiers à résider dans l’Ile, s’il faut en croire Lusignan, furent les carmes émigrés de Jérusalem après la chute de la ville sainte au pouvoir des Sarrasins. Chorograf/ia, p. 32 ; Loredano, p. 19. C’est pourquoi ils eurent la préséance sur les autres ordres religieux fixés à Chypre. Hackett, p. 591. Ils possédaient la main droite de saint Luc, Rustron, p. 35 ; Histoire de Chypre, t. iii, p. 501, et à la fin du XV siècle, leur monaslére de Nicosie jouissait d’une rente annuelle de200ducats, tirée de deux villages. Le monastère s’appelait Sainte-Marie du Mont-Carmel, Amadi, p. 248 ; il est mentionné et décrit par le carme français Nicolas Le lluiri. Voyage à Jérusalem, Lyon, 1488.
I.es dominicains eurent à Chypre une grande influence et des richesses considérables. La fondation de leur couvent de Nicosie remonte à l’an 1226 ; la générosité d’la comtesse Alice Ibelin et du roi Henry I er leur fournit les moyens d’élever l’église des SainN-l’ierre-ell’aul, et un superlie monastère que les Vénitiens, pour défendre la ville, furent obligés de détruire de fond en comble en 1567. Deux écrivains dominicains, le 1’. Félix Fa lu i. Evagatorium in Terra/m Sanctam, t. iii, p. 234-235, et le I’. Etienne de Lusignan, Cfwrograffia, p. 15, décrivent la magnificence de ce beau couvent, dont l’église a été appelée le Saint-Denis de Chypre.
Hackett, p. 594. On y admirait les tombeaux de beaucoup de rois de la maison de Lusignan, Hugues II, Hugues IV, Pierre I er, Pierre II, Jacques I er, Janus et Jean II, Hélène Paléologue, que les dominicains s’étaient obstinés à enterrer dans leur église, bien qu’elle eût, avant sa mort, demandé d’être inhumée au monastère grec de Saint-Georges de Mancana. Un grand nombre de prélats et les représentants les plus illustres de la noblesse de Jérusalem, de la Syrie et de Chypre reposaient aussi à côté des tombes royales. Le monastère perdit en grande partie ses richesses, lorsque la reine Charlotte, dans sa lutte contre le prétendant au trône Jacques, son frère naturel, demanda aux dominicains de mettre à sa disposition leurs trésors. Chorograf/ia, p. 33. Ceux-ci les lui sacrifièrent de bon gré ; mais la reine Charlotte, évincée par son rival, ne put tenir la promesse qu’elle avait faite de doubler les rentes du monastère, aussitôt qu’elle aurait reconquis son trône. Le manque de ressources réduisit à 10 les religieux qui autrefois l’habitaient au nombre de 80. Chorograf/ia, p. 15. A la fin du xv° siècle, d’après la relation du P. Fabri, sa situation financière était désespérée. Evagatorium, t. iii, p. 235.
Les franciscains attribuent à saint François lui-même la fondation de la mission de Chypre. Il y aurait abordé en allant en Egypte, et ses fils l’auraient suivi en 1220. Marcellino’da Civezza, Sloriadclle missioni francescane, t. I, p. 57. Ils possédaient à Nicosie un couvent, dont la fondation remonte au xiiie siècle. Wadding, Annales minorum, t. v, p. 290. Ce couvent n’avait pas un grand nombre de sujets. Les franciscains y exerçaient surtout l’hospitalité à l’égard des pèlerins. Epilome annalinm minoriun, t. i, p. 814. Le P. Fabri, op. cit., t. iii, p. 235, nous en a laissé une description. Leur église était, comme celle des dominicains, un mausolée royal. On y avait déposé les restes mortels d’Isabelle, veuve d’Hugues III, de Jean de Coïmbre, prince d’Antioche, premier époux de la reine Charlotte de Lusignan. Strambaldi, p. 27 ; Mâcheras, p. 84. Nicosie avait aussi deux monastères do franciscaines, l’un dédié à sainte Claire d’Assise, Chorograf/ia, p. 61, connu chez les chroniqueurs ^recs sous le nom de tt, v àyiav « î’toTEivr ; /, et l’autre dans la localité de La Cava, à une lieue environ des murs de la ville. Lusignan, p. 19. Hackett, p. 600, suppose que le premier de ces monastères offrit un asile aux héroïques religieuses qui, à la prise de Saint-Jean d’Acre, se défigurèrent par d’horribles mutilations au visage, afin d’échapper aux outrages des Sarrasins.
Le monastère des cisterciens eut plusieurs dénominations : Sainte-Marie de Bcaulieu, Notre-Dame des Champs, et Saint-Jean-de-Montfort, Histoire de Chypre, t. iii, p. 651, cette dernière à cause d’une chapelle qui contenait les reliques du saint. Lusignan, Corona, p. 52. Après le départ descisterciens, sous le règne de Jacques II, le couvent fut cédé aux franciscains de l’observance. Lusignan, Chorograffia, p. 33. Au xiiie siècle, les cisterciennes avaient deux monastères, l’un dédié à sainte Marie-Madeleine ; l’autre, dont on ne sait pas le nom, avait été tonde pur la comtesse Alice Ibelin. Documents nouveaux, p. 343-344.
Les bénédictins avaient des couvents à Nicosie ou dans les alentours. Les documents mentionnent (eux de Sainte-Marie de Dragonaria, Documents nouveaux, p. 355 ; de Saint-Jean l’Evangéliste de Bibi, qui passèrent dans la suite aux mains des orthodoxes, Documents nouveaux, p. 356 ; de Stavrovouni, â l’endroit où, d’après l.i légende, sainte Hélène aurait bâti une église (le monastère appartenait à ses origines aux orthodoxes). IHstoire de Chypre, t. iii, p. 294, note 504 ; Lusignan, p, 33 ; Hackett, p. 604-605. Aux bénédictines appartenaient les monastères de Notre-Dame-de Sur (c’est ainsi que l’appel le Amadi, p. 28, 276), et de Sainte-Anne, Chorograf/ia, p. 15, détruit par les Vénitiens en 1507.