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CIEL


déifiée, près de la reine du ciel et à la droite du roi, jouissant par la claire vision et sans limites de l’unique beauté désirable. Oral., XVI, in laudem S. Theclse, P. G., t. cv, col. 332.

c) Église syrienne. — Par l’abondance et la variété de ses descriptions, par le tour de sentiment profondément religieux qui pénètre partout l’exposé de la doctrine, la littérature syriaque mérite, dans l’étude des questions eschatologiques, une attention particulière. Conséquemment à sa théorie du sommeil des âmes, Apbraate diffère l’entrée dans la gloire pour les élus jusqu’au jour de la résurrection et du jugement universel, où les bons seront définitivement séparés des méchants. Dem., viii, de resurrectione mortuorum, 22, dans Graffin, Patrologia syriaca, Paris, 1894, t. i, p. 402. Mais alors le ciel nous accueillera dans toute la magnificence de ses gloires. C’est le séjour de la lumière, de la vie et de la grâce. Pour vêtement, nous aurons l’éclat de cette splendeur ; pour nourriture, la divinité. L’air de ces régions sublimes sera infiniment doux et léger, comme il convient à des corps glorieusement ressuscites ; de lui-même il émettra des rayons éclatants, splendides et charmants à voir. Sur les arbres merveilleux plantés par le Seigneur, un éternel printemps sèmera les fleurs, épanouira les fruits, sous un feuillage à jamais verdoyant. Cette demeure glorieuse est immense, sans démarcations d’aucune sorte, et ses habitants distingueront tout aussi bien les lointains objets que les plus proches. Dem., xxii, De morte et novissimis lemporibus, 12, p. 10141015. Mais tout ce qu’on peut dire du ciel n’en suggérera jamais l’idée : il est mieux de l’appeler simplement l’habitation de Dieu, le siège de la vie, le lieu de toutes les perfections, la patrie des saints, la demeure de notre inconfusible espoir, n. 13, col. 1019.

Saint Ephrem recule aussi jusqu’à la résurrection l’admission des saints dans le royaume du Père. En attendant, les âmes sont au ciel, non point dans la partie suprême de la gloire, mais dans l’Eden, dans le paradis. In secundum adventum Dornini nostri Jesu Cltristi, dans les Opéra, Rome, 1732, t. i, p. 167 ; Carmina Nisibsena, carm. lxxiii, édit. Bickell, Leipzig, 186(5, p. 222223. Il est difficile toutefois de déterminer exactement ce qui différencie ce séjour paradisiaque du ciel de l’éternelle gloire, s’il est vrai, comme l’a soutenu Bickell, Carm, Nisib., prolegomena, p. 21, que la jouissance immédiate de la vue de Dieu soit impliquée par saint Éphrem dans sa conception du paradis. Il n’y a pas lieu de discuter ici les textes invoqués par Bickell à l’appui de son opinion et reproduits généralement par les théologiens pour disculper le saint docteur de toute déviation doctrinale dans la question concernant le délai de la vision béatifique. Voir Intuitive (Vision). Il suffit, au point de vue qui est le notre, que le ciel comprenne un jour le privilège souverain de la vision divine, ut aliquando obtingat tuo poliri aspectu. Necrosima, can. 65, dans Opéra, Rome, 1746, t. vi, p. 333. A la fin des temps, les justes seront introduits par le Christ auprès du Père. In secundum adventum Dumini nostri Jesu Christi, ibid., t. i, p. 171. Mais déjà ils sont avec le Christ dont la vue les réjouit, Xecrosima, can. 25, col. 273, mêlés aux chœurs des anges qui ont porté’leur âme « dans le royaume d’Kden », au séjour de la lumière, can. 35, 83, p. 239, 291, 357. Une ineffable chanté unit entre eux les saints. Ceux qui régnent déjà dans le ciel, viennent avec le Christ accueillir les nouveaux élus à leur entrée au paradis et les attendre, can. 10, p. 239 ; le père des croyants ouvre lui-même les portes du paradis. Can. 35, p. 291, trad. Bickell, Carm. Nisib., proleg., p. 25. Les âmes font l’ornement du ciel : comme autant de perles radieuses, elles sont enchâssées toutes dans la couronne de Jésus-Christ. Can. 7, p. 234. Itéjà les « ’lus jouissent de la félicité suprême ; ils recevront encore les illuminations de la céleste clarté. Can.

35, p. 225, 292 ; Parsenesis, xxxv, lxiii, p. 487, 532 ; In secundum adventum Uomini, t. I, p. 167-169.

Hagiographie.

L’Église primitive nous offre dans ses martyrs des témoins spécialement accrédités de sa croyance au ciel. La vénération avec laquelle étaient recueillies leurs dernières paroles et conservés leurs Actes ou Passions, trouve, en effet, sa parfaite et naturelle justification dans l’autorité que conféraient à leur témoignage la confession solennelle de leur foi et l’expression devant la mort de leur invincible espérance.

Les Actes du martyre de saint Polycarpe, écrits au lendemain de sa mort (23 février 155), nous montrent le saint vieillard, les yeux levés vers le ciel, àvaS)i’! /a ; eîç tov oùpavov, et priant le Dieu des anges de le recevoir au nombre de ses martyrs. Marlyrium Polycarpi, c. xiv, n. 1, Funk, Patres apostolici, Tuhingue, t. I, p. 298. Du ciel descend une voix qui l’encourage, çwv-ri ï o-jpavoO, c. IX, n. 1, ibid., p. 290. Nous voyons aussi que les martyrs de Smyrne s’animaient dans leurs tourments à cette même pensée des biens ineffables que leur réservait Dieu dans l’au-delà, c. il, n. 3, ibid., p. 284. La relation du martyre de saint Ignace est plus explicite encore. Par sa mort le saint voulait prendre en quelque sorte possession du ciel, <1> ; ovpxvo-j fjisv èttc-Xa ^ëâvetrOac. Acta martyrii, c. iv, n. 1, ibid., p. 158. Cf. Allard, Histoire des persécutions pendant les deux premiers siècles, Paris, 1885, t. i, p. 116, 179. Il prie saint Polycarpe de l’aider à vaincre les fauves, afin qu’il lui soit donné de quitter plus tôt ce monde et de paraître devant le visage du Christ, îva…È|xçavi(79ï) zu> npoffwTOo toO Xpio-ToO, c. ni, n. 2, ibid., p. 258. Sa hâte est grande d’aller vers son Seigneur, <77tou3y) npôç R-jpiov, c. IV, n. 2, ibid., p. 260 ; "va çôiirir) npb ; ov fiyaTtïiæv Ivjptov, c. v, n. 4, ibid., p. 260. Après’sa mort un chrétien le voit en songe aux côtés du Seigneur, rcapsarûTa T(ï> Kupùi), c. vii, n. 2, ibid., p. 264. En termes d’une haute fermeté, saint Justin manifeste son espérance d’aller recevoir au ciel la récompense de son martyre. On lui demande s’il s’imagine aller au ciel. « Ce n’est pas une imagination, répond-il ; je le sais et j’en suis convaincu. » 01y_ Û7rovoù>, àXX’èm’ara^ai xai UETiXrjpoçôpy ^ac. Acta martyrii Justini et sociorum, n. 5, dans Otto, Corpus apologctarum christianorum sscculi secundi, Iéna, 1879, t. n a, p. 276.

Les martyrs de Lyon expriment bien haut leur désir d’aller au plus tôt vers le Christ, ïttueuSov irpbç Xpioxov ; ils méritent de recevoir la couronne de l’immortalité, tôv ttjç àçÔapTi’a ; (TTsçavov. Epist. Ecclesiarum Vien~ nensis et Lugdunensis de. marlyrio S. Pothini episcopi, dans Eusèbe, H. E., t. V, c. I, P. G., t. xx, col. 409, 424. Blandine laisse éclater sa joie de pouvoir bientôt prendre part au repas nuptial, <iç eï ; vupçtxov ôsïirvov xexVf](iiv*i. Ibid., col. 429. Même assurance et mêmes espérances chez les martyrs de Scilli. Ciltinus, devant ses juges, invoque fièrement le Dieu qui est au ciel. Secunda reprend : « Et moi aussi je crois en mon Dieu et je veux être en lui, » et valu in i/isti esse. Acta proconsularia martyrum Scillitanarion, c. ii, ni, dans Buinart, Acta primorum martyrum selecla et sincera, Paris, 1689, p. 77-78. Speratus et ses autres compagnons rendent grâces à Dieu qui doit ce même jour les recevoir dans son ciel, gui dignatur nos hodie martyres accipere in ceelis, c. iii, ibid., p. 78. Sainte Félicité montre à ses fils le ciel où les attend le Christ avec les saints. Videle, filii, cmlum etsursum adspicite, ibi vos expectat Christuscum sanctis suis. Passio satirtæ Fclicilatis et septem filiorum ejus, c. ii, ibid., p. 21. Le rapporteur ajoute que les saints martyrs se sont envolés dans les cieux où ils sont devenus les amis du Christ. Ad præmia in ctelis percipiendaconvolarunt… Christi amici facti sunt m regno cœlorutn, c. iv, ibid., p. 23. L’idée en quelque sorte populaire du ciel est nettement exposée dans la célèbre vision de Satur.qui rappelle par