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BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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par des hérétiques, du moment qu’il a été conféré au nom du Christ. Epist. ad Victr., 8, P. L., t. xx, col. 475. Car, à cette date, après les décisions prises par les conciles du IVe siècle, l’absolue nécessité de la formule trinitaire dans la collation du baptême ne fait de doute pour personne. Le pape Pelage I er (555-560) répondant à une consultation de Gaudentius, évêque de Volterre, au sujet de bonosiens qui avaient été baptisés au nom du Christ seulement, déclare que c’est un précepte du Seigneur de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Jaffé, Regesta, 2e édit., Leipzig, 1885, t. I, p. 129 ; Duchesne, Églises séparées, Paris. 1896, p. 89-92.

IV. Mode de collation.

L’immersion.

Durant les premiers siècles, le baptême se conférait d’ordinaire par immersion ; c’est, du reste, le sens étymologique du verbe 3auT ! Îti), qui signifie plonger, immerger. La Didaché l’indique clairement, vii, 1 ; exceptionnellement, elle n’admet le baptême par une triple aspersion ou infusion que lorsqu’on ne peut pas pratiquer l’immersion, vu, 3, édit. Funk, p. 22. C’est ce qui explique cette manière de parler d’IIermas : « Quand nous descendons dans l’eau, » Mand., iv, 3 ; « il faut sortir de l’eau pour être sauvé ; on y descend mort et on remonte vivant, » Simil., ix, 16, Opéra Pair, apost., édit. Funk, t. i, p. 396, 532 ; et cette autre de Tertullien, : egressi de lavacro, De bapt., 7 ; Cum de Mo sanctissimo lavacro novi natalis ascenditis. De bapt., 20, P. L, t. i, col. 1206, 1224. Cf. Constit. apost., vii, 43, P. G., t. i, 1045 ; Ambroise, De myst., iii, 11, P. L., t. xvi, col. 392.

Or cette immersion se répétait trois fois. La Didaché l’insinue, Tertullien l’affirme : Aon semel sed ter ad singula nomina in personas singulas tinguimur. Adv. Prax., 26, P. L., t. il, col. 190 ; De cor. mil., 3, ibid., col. 79. De même S. Basile, De Spir. Sanct., xv, 35, P. G., t. xxxii, col. 132 ; S. Cyrille deJérusalem, Cat., xx, i, P. G., t.xxxiii, col. 1080. L’homme descend dans l’eau, dit Grégoire de Nysse, et y est plongé trois fois. Cat., 35, P. G., t. xlv, col. 85. On retrouve le même témoignage dans saint Cbrysostome. In Joa., homil. xxv, 2, P. G., t. lix, col. 151 ; In Colos., homil. vi, 4, P. G., t. lxii, col. 342. Cf. pseudo-Denys, De eccl. hier., il, 2, 7, P. G., t. iii, col. 396. L’auteur du De sacramentis note qu’on pose au catéchumène une triple interrogation et qu’à chaque réponse on le plonge dans l’eau. De sacr., II, vii, 20, P. L., t. xvi, col. 429. Cette triple immersion appartient, comme tant d’autres pratiques, à la coutume de l’Église conservée par la tradition. Et multa alia, dit saint Jérôme, quse per tradilionem in Ecclesia observantur, auctoritatem sibi scriptse legis usurpaverunt, velut in lavacro ter caput mergitare. Dial. cont. Lucif., 8, P. L., t. xxiii, col. 172. Était-ce là une règle imprescriptible ? Les Canons apostoliques prononcent la déposition contre l’évêque ou le prêtre qui ne pratiquerait qu’une seule immersion. Can. 50, P. L., t. lxvii, col. 148, ou can. 49, dans Hardouin, t. i, col. 21. Il n’est pas dit que, dans ce cas, le baptême fût considéré comme nul. L’usage de ne pratiquer qu’une seule immersion est d’origine hérétique. En Orient, c’est Eunomiusqui fut le premier à l’introduire, au rapport de Théodoret, Heeret. fab., IV, 3, P. G., t. lxxxiii, col. 420 ; Sozomène, H. E., vi, 26, P. G., t. lxvii, col. 1361. En Occident, vers la fin du VIe siècle, l’évêque de Braga dut exiger la triple immersion. Il prend à partie et déclare entachée de sabellianisme la coutume nouvelle que la haine de l’hérésie arienne avait introduite en Espagne. Dans sa réponse à l’évêque de Volterre, Pelage I" ne parle que secondairement de la triple immersion. S’il la mentionne, ce n’est pas pour la présenter comme étant de droit divin, il y voit seulement une correspondance de fait avec l’emploi de la formule trinitaire. Duchesne, Eglises séparées, p. 90-92. Léandre, évêque de Séville, trouve la même coutume d’une seule immersion et consulte Grégoire le Grand pour savoir s’il fallait tenir pour valide le baptême conféré de la sorte. Le pape répond que cette coutume ne met pas d’obstacle à la validité du sacrement : Nihil officit. Mais en même temps il donne la raison de la pratique romaine : Nos autem quod tertio mergimus triduanæ septilluræ sacramenta signamus, ut, d)< » > tertio infans ab aquis educitur, resurrectio triduani temporis exprimatur. Epist., 1. I, epist. xliii, P. L., t. lxxvii, col. 498. Plus tard le IVe concile de Tolède, , constatant la persistance, en Espagne, de la diversité des usages dans la collation du baptême, rappelle la consultation de Léandre, la réponse de Grégoire la Grand, et décide qu’il ne faut plus pratiquer qu’une seule immersion, à cause de l’hérésie arienne. Can. 6, Hardouin, Act. concil., t. iii, col. 581. C’est donc en Espagne que l’unité d’immersion prit pour la première fois un caractère officiel chez les catholiques. Si, chez les grecs, l’immersion était totale et le néophyte plongé tout entier dans l’eau de manière à disparaître complètement, en Occident, elle « n’est pas le bain pris par plongeon en pleine eau ou dans une piscine ; c’est à. peu près la douche prise au-dessus d’un large vase >/. Duchesne, Églises séparées, Paris, 1896, p. 91. Voir Baptême dans les monuments chrétiens. Le baptisé a les pieds immergés, mais la mersio, qui confère le baptême, consiste dans l’ablution de la tête par affusion de l’eau. Elle se répète trois fois, sans que le néophyte sorte de la piscine. C’est une tinctio. Ce mode de collation du baptême par immersion exigeait naturellement des récipients assez vastes, sur la forme desquels rien ne fut primitivement statué. On baptise, disait saint Justin, Apol., i, 61, P. G., t. vi, col. 420, là où l’on trouve l’eau nécessaire. C’était donc auprès d’une source, sur le bord d’une rivière, dans une citerne ou une piscine, partout où se rencontrait un endroit propice. A Borne, saint Pierre avait baptisé dans le Tibre, Tertullien, De bapt., 4, P. L., t. I, col. 1203 ; et pendant les trois premiers siècles on baptisa dans les catacombes à cause des persécutions. Mais, dès que la paix fut accordée à l’Église, on se mit en mesure d’avoir des locaux spéciaux pour conférer le baptême avec toute la solennité possible, et on construisit sub dio des édifices connus sous le nom de baptistères. Voir Baptistères.

Infusion ou aspersion.

Le baptême par immersion était le baptême ordinaire ; mais il n’était pas le seul pratiqué. Car, soit par défaut d’eau suffisante, comme on en trouve le premier témoignage dans la Didaché, vu, 3, édit. Funk, p. 22, soit à cause de maladie ou en cas de nécessité urgente, on se contentait du baptême par infusion ou par aspersion. Toutefois ce dernier mode de collation était considéré comme un pis aller, bien qu’il fut tenu pour valide et jamais on n’a pensé à le renouveler ; il en sera question plus bas au sujet des cliniques. Finalement, dans l’usage ecclésiastique latin, et longtemps après l’époque patristique, il devait remplacer le baptême par immersion. Le rite ainsi simplifié a toujours été regardé comme valide. Duchesne, Eglises séparées, p. 96.

V. Ministre.

Dans la collation solennelle.

Pendant les premiers siècles l’initiation chrétienne était entourée de la plus grande solennité. Elle comprenait trois rites essentiels par la collation des trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie. C’était donc à l’évêque que revenait le droit de présider, entouré de son presbyterium. Mais le plus souvent l’évêque se contentait de présider, laissant à ses prêtres le soin de procéder à l’administration du baptême ; après quoi il administrait lui-même le sacrement de confirmation et célébrait le saint sacrifice, pendant lequel il donnait la communion aux nouveaux baptisés. Saint Ignace d’Antioche dit qu’il n’est pas permis de baptiser sans l’évêque. Ad Smyrn., iii, 2, Opéra Pat. apost., édit. Funk, 1. 1, p. 240. Serait-ce que la présence de l’évêque fût requise pour la validité ? Le TestamentumD. N.J. C, édit. Bahmani,