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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/107

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BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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nel, parce que ce péché a sa source dans la volonté d’Adam et que tout homme possède la même nature qu’Adam ; c’est l’acte conscient de la volonté libre qui constitue le péché actuel ; niais, dans le péché originel, à défaut d’un acte libre de la part de l’enfant, il y a une participation à la volonté d’Adam : non absurde etiam vocatur voluntarium, quia ex prima hominis mala voluntate, faclum est quodam modo hxreditariwni. lirlr., i, 13, n. 5, col. 60’t. En dépit de ces chicanes, saint Augustin a pu dire aux pélagiens : j’ai toujours cru ce que je crois aujourd’hui, à savoir que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi le péché, dans lequel tous ont péché, est passé à tous les hommes. Conlr. Julian., VI, 12, 39, /’. L., t. xliv, col. 813.

Il fallait ensuite détruire cette distinction plus subtile que fondée entre la vie éternelle et la royaume des cieux. Les pélagiens prétendaient, en effet, que le baptême, inutile pour effacer une faute qui n’existait pas à leurs yeux, donnait cependant à l’enfant le droit d’entrer dans le royaume des cieux ; sans le baptême, l’enfant restait assuré de son salut et de la vie éternelle ; de telle sorte que, dans ces conditions, le sacrement de la régénération n’avait plus qu’une valeur relative. Point de distinction, répond saint Augustin : Salut, vie éternelle, royaume des cieux, sont autant d’expressions synonymes. Le texte de saint Jean : Nisi quis renatus fuerit ex aqua, etc., explique la nécessité absolue du baptême. La question n’est pas de savoir s’il faut baptiser les enfants, mais pourquoi il faut les baptiser. Nous disons que les enfants ne peuvent obtenir le salut et la vie éternelle que par le baptême. Serm., ccxciv, 2, 3, P. L., t. xxxviii, col. 1316, 1317. Du reste, observait-il par un argument ad hominem, même dans l’hypothèse pélagienne, l’existence du péché originel reste prouvée ; car la privation du royaume des cieux n’est autre chose qu’une peine, qui suppose nécessairement une faute. De pecc. merit., i, 30, 58, P. L., t. xliv, col. 152 ; Cont. Julian., iii, 3, 9, ibid., col. 706 ; VI, 10, 32, col. 840.

Saint Augustin crut devoir tirer un argument du sort des enfants morts sans baptême. Après avoir pensé tout d’abord qu’il y a un moyen terme entre la vertu et le péché, entre la récompense et le châtiment, De lib. arbil., ni, 23, 66, P. L., t. xxxii, col. 1303, il change complètement d’avis. Pelage, qui refusait aux enfants morts sans baptême l’entrée du royaume du ciel, tout en leur accordant le salut et la vie éternelle, disait : Quo non eant scio ; quo eant nescio. Augustin, De pecc. merit., i, 28, 55, P. L., t. xliv, col. 140. Mais déjà, sur cette question du sort des enfants morts sans baptême, saint Augustin avait pris position dans son De Genesi ad lilteram, x, 11, 19, P. L., t. xxxiv, col. 416. Il affirme que ces enfants sont damnés et il répète cette affirmation dans son De peccatorum rneritis, i, 28, n. 55 ; iii, 3, n. 6 ; 4, n. 7, P. L., t. xliv, col. 140, 188, 189. Car, au jugement dernier, il sait qu’il n’y aura que deux groupes et n’aperçoit pas de place intermédiaire pour ces enfants. Quiconque, dit-il, ne sera pas à droite sera nécessairement à gauche ; par suite quiconque ne sera pas dans le royaume des cieux sera dans le feu éternel. Serm., ccxciv, 3, P. L., t. xxxviii, col. 1337. Et prenant son hypothèse pour l’expression de la vérité, il s’en sert pour prouver l’existence du péché originel. Si donc, dit-il, les enfants non baptisés vont en enfer, c’est qu’ils ne sont pas innocents. Toute peine suppose une faute. Les enfants morts s ; iih bapté sont punis ; ils sont donc coupables ; ils ont l’âme souillée du péché originel. De pecc. merit., I, 24, 34, /’. /.., t. xliv, col. 129.

Les rites du baptême fournissent à saint Augustin une autre preuve de l’existence du péché originel dans l’âme de, enfants. Quelle est, demande-t-il, la raison des insufflations et des exorcismes ? n’est-ce pas celle de chasser le démon ? Exorciser les enfants, c’est reconnaître implicitement qu’ils sont sous la domination du diable. Un Dieu juste ne peut laisser des êtres innocenls sous ce joug, c’est qu’ils sont coupables. (Juiconque voudrait nier que les petits enfants sont soustraits par le baptême à la puissance des ténèbres, c’est-à-dire à la puissance du diable et de ses anges, serait convaincu d’erreur par les sacrements de l’Église, qu’aucune nouveauté hérétique ne peut supprimer, ni changer… C’est à bon droit, et non par erreur, que la puissance diabolique est exorcisée dans les petits enfants. Ils renoncent au démon, non par leur cœur et par leur bouche, mais par le cœur et la bouche de ceux qui les portent, afin que, délivrés de la puissance des ténèbres, ils soient transférés dans le royaume de leur Seigneur. Qu’est-ce donc qui les tient enchaînés au pouvoir du diable ? Qu’est-ce sinon le péché ?… Or les petits enfants n’ont commis aucun péché personnel pendant leur vie. Reste donc le péché originel. De nupl., i, 22, P. L., t. xliv, col. 127. Saint Augustin a donc raison d’insister sur la présence dans l’enfant du péché originel et sur la nécessité du baptême à cause de ce même péché. Epist., clvii, 3, 11, P. L., t. xxxiii, col. 678 ; De Gènes, ad litt., x, 14, 25, P. L., t. xxxiv, col. 419 : Serm., cxv, 4, P. L., t. xxxviii, col. 657 ; De pecc. merit., i, 17, 22, P. L., t. xliv, col. 121. Il a raison de déclarer souillée la naissance d’un fils d’Adam et de réclamer la régénération dans le Christ. Serm., ccxciv, 14, P. L., t. xxxviii, col. 1344 ; De pecc. merit., i, 16, 21, P. L., t. xliv, col. 120. Il a raison de marquer la relation étroite qui lie le sacrement de baptême à l’effacement du péché originel : Baptizantur ut justi sint et in eis originalis œgriludo sanetur. De pecc. merit., i, 19, 24, ibid., col. 122. Et ce ne sont pas seulement les conciles de Milève et de Carthage qui l’approuvent en 416 et 417, c’est encore Innocent I er qui lui écrit : « Enseigner que les enfants peuvent obtenir la vie éternelle sans le baptême est une folie. » Epist., Clxxxii, 5, P. L., t. xxxiii, col. 758-772, 785. Finalement, dans sa réponse à Julien, il reprend avec plus de force et de précision encore tous ses arguments, voir en particulier Cont. Julian., vi, 5, 11 ; 19, 59, P. L., t. xliv, col. 829, 858, et il consacre tout le second livre à relever les témoignages de saint Irénée, de saint Cyprien, de Reticius, d’Olympius, de saint Ililaire, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Basile, de saint Chrysostome, de saint Ambroise et de saint Jérôme ; il y joint ceux des évoques du concile deDiospolis : c’est l’Orient et l’Occident fournissant la preuve de tradition du péché originel.

Quant à la question de savoir s’il fallait baptiser un enfant renfermé dans le sein maternel, elle fut résolue négativement par saint Augustin ; car avant de renaître, disait-il, il faut naître. Epist. ad Dardan., clxxxvii, c. x r 32, 33, P. L., t. xxxiii, col. 844, 845 ; De peccat. merit. r n, 27, n. 43, P. L., t. xliv, col. 177.

VII. Symbolisme et figures.

En parlant du baptême, de sa nature et de ses effets, les Pères se sont complus à relever les figures du sacrement qu’ils reconnaissaient dans l’Ancien Testament, figuratif du Nouveau. Ces figures concernent principalement la matière et le mode de collation du sacrement.

Figures relatives à la matière.

Plusieurs Pères ont fait ressortir les raisons de convenance du choix de l’eau comme matière du baptême ; ils les ont trouvées dans les propriétés naturelles de cet élément et dans les heureux effets que Dieu a produits par son moyen dans l’ancienne alliance, et ils ont célébré les v louanges » de l’eau. Théophile d’Antioche, Ad Autol., ii, 16, P. (.’., t. vi, col. 1077, voit dans les animaux, produits par les eaux au cinquième jour de la création et bénis par Dieu, l’image des hommes qui obtiennent la rémission de leurs péchés, 81à (iôaro ; xai Xo’jtpoO TTaXffYeveafac. Tertullien, De l>n}>t., 3, P. /.., t. I, col. 1202, se demande pourquoi l’eau a mérité d’élre prise comme la matière nécessaire du baptême. II en don ne plusieurs raisons.