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BAANÈS, BAANITES — BABIN

arménienne, Baanès ne prit le nom d’aucun des disciples de saint Paul. Mais il se lit remarquer par ses débordements d’une immoralité révoltante, ce qui lui mérita le surnom de puTrapô ;, le sale, le cynique, qui lui est resté. Pierre de Sicile, Hist. manich., xxxi, P. G., t. civ, col. 1288. Sa doctrine n’a rien de personnel ; c’est intégralement celle de ses prédécesseurs. Dualiste à la manière de Marcion, il opposait le Dieu bon, roi du ciel, créateur des esprits, Père céleste adoré par ses partisans, au Dieu mauvais, créateur de la matière, adoré par les romains, c’est-à-dire par les catholiques. Docète, il prétendait que Jésus-Christ, envoyé par le Dieu bon pour délivrer l’âme engagée dans les liens de la matière, n’avait eu qu’une apparence de corps et n’avait pu souffrir réellement, ce qui était supprimer l’incarnation et déligurer la rédemption. En conséquence, Marie n’était pas la mère de Dieu, elle ne resta pas toujours vierge et ne fut même pas une sainte. En revanche Baanès poussa pratiquement aux extrêmes les conséquences immorales des principes gnostiques et manichéens de la secte. Il ne se contenta pas de prêcher l’immoralité, il la pratiqua ouvertement. Il faut, disait-il, mépriser la matière, siège du mal ; il faut soustraire la chair, siège de la concupiscence, à la tyrannie du Dieu mauvais ; il faut imiter Adam qui, le premier, sous l’impulsion du Dieu bon, secoua le joug ignominieux du Dieu mauvais. Libérer la chair, assouvir toutes ses convoitises, faire de la dépravation un acte religieux par mépris du Dieu mauvais et par amour du Dieu bon, tel était à ses yeux le but à poursuivre, l’idéal à réaliser. C’est avec raison que Pierre de Sicile le traite de maître de débauche, xaxtocç SiSâaxavoç, Hist. manich., loc. cit., et légitime ainsi le surnom de puTrapôç.

On comprend que Baanès pût recruter des disciples dans les bas-fonds de la société. Toutefois son manque de sens moral, la frénésie de ses débordements, son impudeur sans voiles paralysèrent sa propagande parmi ceux qui voulaient conserver quelque apparence de tenue. Aussi rencontra-t-ilune vive opposition dans le fils de Dryinos d’Annia, Sergius. Celui-ci, né à Tabias, était également paulicien et se donnait pour Tychique, disciple de saint Paul. C’était un autre soldat du diable, au dire de Pierre de Sicile. Hist. manich., xxxii, loc. cit. Sans renier le moins du monde les conséquences immorales de la doctrine paulicienne, il crut, pour mieux faciliter le recrutement de ses adeptes, devoir se parer de la peau de l’agneau et affecter des airs de décence et de piété. Il se posa donc en rival de Baanès et lui reprocha publiquement, par trois fois, le scandale de ses crimes. Baanès, au lieu de lui renvoyer ce reproche en y ajoutant celui d’hypocrisie, se contenta de le traiter d’ignare et de novateur. « Tu n’as connu, lui dit-il, aucun de nos maîtres ; quant à moi, je suis le disciple d’Épaphrodite, dont j’enseigne la doctrine. » Ce fut la scission dans la secte paulicienne ; les partisans de Baanès s’appelèrent baanites ; ceux de Sergius, sergiotes ; mais ceux-ci, attribuant la réprobation dont ils étaient l’objet aux scélératesses des baanites, résolurent de se débarrasser de leurs rivaux ; ils auraient même réussi à les exterminer sans l’intervention d’un compatriote de Sergius-Tychique, un certain Théodote, qui les rapatria. Pierre de Sicile, Hist. manich., XL, loc. cit., col. 1300. On ignore le lieu, la date et le genre de mort de Baanès. Tous ces pauliciens, favorisés d’abord par l’empereur Nicéphore, furent ensuite englobés dans les poursuites ordonnées par Michel le Bègue, 820-829, et se répandirent soit dans l’Arménie, soit dans le territoire déjà soumis aux Arabes. Il a été question plus haut de la mission confiée par l’empereur Basile à Pierre de Sicile. Après quoi on perd la trace de la secte ; ses germes ne disparurent pas, ils continuèrentà fermenter et à s’infiltrer à travers l’Europe et reparurent sous des coins nouveaux en Italie, au Languedoc et ailleurs.

Georges Hamartolos. Chronique, iv, 238, P. G., t. ex, col. 825 ; Pierre de Sicile. Histoire des manichéens, xxxi sq., P. G., t. civ, col. 1228 sq. ; Photius, Contra manichieos, iv, 21-23, P. G., t. eu, col. (11-70 ; Schmidt, Historia paulicianorum, Copenhague, 1820 ; DoUinger, Deitriige zur Sektengeschichte des Mittelalters, Munich, 1890, t. I.

G. Bareille.

BABENSTUBER Louis, bénédictin, né en 1660 à Teining, en Bavière, mort le 5 avril 1726 au monastère d’Ettal dans le diocèse de Munich où il avait fait profession en l’année 1682. Presque toute la vie de ce savant religieux fut consacrée à l’enseignement. De 1690 à 1693, il enseigna la philosophie au scolasticat de son ordre à Salzbourg, puis pendant deux ans la théologie au monastère de Schlehdorf. De 1695 à 1717, il professa successivement à l’université de Salzbourg les cours de philosophie, de théologie morale, de théologie scolastique et enfin d’Écriture sainte. Il remplit, en outre, les fonctions de vice-recteur et de pro-chancelier. Voici ses principaux ouvrages : Problemata et theoremata philosophica, in-4°, Salzbourg, 1689 ; Quæstiones philosophicæ, in-4°, Salzbourg, 1692 ; Regula morum seu dictamen conscientiæ, in-4°, Salzbourg, 1697 ; Tractatus de jure et justitia, in-4°, Salzbourg, 1699 ; Deus absconditus in sacramento altaris, in— 4°, Salzbourg, 1700 ; De statu parvulorum sine baptismo morientium, in-4°, Salzbourg, 1700 ; Sacræ deliciæ Marianæ, sive allocutiones historicæ de B. Maria V. ejusque cultoribus ad sodales Parthenios, in-12, Salzbourg, 1701 ; Philosophia Thomistica Salisburgensis, sive cursus philosophicus secundum doctrinam D. Thomæ Aquinatis doctoris angelici in celeberrima archiepiscopali universitate Salisburgensi, methodo et norma ibidem concinnatus, in-fol., Salzbourg, 1705 ; Principia, bonitas et malitia actuum humanorum, in-4°, Salzbourg, 1705 ; Deus trinus, in-4°, Salzbourg, 1705 ; Deus unus, in-4°, Salzbourg, 1706 ; Gratia divina, in-4°, Salzbourg, 1706 ; Vindiciarum prædeterminationis physicæ, pars prior et pars posterior, 2 in-4°, Salzbourg, 1707 ; Peccatum originale, in-4°, Salzbourg, 1709 ; De Verbo incarnato, in-4°, Salzbourg, 1709 ; Sacrosanctum missæ sacrificium, in-4°, Salzbourg, 1710 ; Quæstiones de matre Dei, in-4°, Salzbourg, 1712 ; Vindiciæ vindiciarum prædeterminationis physicæ, in-4°, Salzbourg, 1712 ; Vindiciæ vindicis, in-4°, Salzbourg, 1712 ; Ethica supernaturalis Salisburgensis, in-fol., Vienne, 1718 ; dans cet ouvrage connu encore sous le titre de Cursus moralis Salisburgensis, Babenstuber reproduit plusieurs de ses écrits précédemment mentionnés ; il y joint une dissertation Utrum anima Trajani precibus Gregorii Magni liberata fuerit ex inferno ; Dissertatio theologica in qua ostenditur differentia inter scholam D. Thomæ et Quesnelli ac Jansenii, in-4°, Vienne, 1720 ; Prolusiones academicæ, in-8°, Salzbourg, 1724.

Dom F. Egger, Idea ordinis hierarchico benedictini. l. I, part. III, diss. II, n. 18, 3 in-4°, Constance, 1715-1720 ; dom François, Bibliothèque générale de tous les écrivains de l’ordre de Saint-Benoit, 4 in-4°, Paris, 1777, t. i. p. 85 ; Ziegelbauer, Hist. rei literariæ ord. S. Benedicti, 4 in-4°, Vienne, 1754, t. ii, p. 283 ; t. iii, p. 444 ; t. iv, p. 118, 138, 182, etc. ; Kirchenlexikon, 2e édit, Fribourg-en-Brisgau, 1882, t. i, col. 1790-1797 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii, col. 968-969.

B. Heurtebize.


BABIN François, premier et principal rédacteur d’un cours théologique français très estimé et très répandu, intitulé : Conférences ecclésiastiques du diocèse d’Angers. On admire, dans les 18 volumes sortis de sa plume, les diverses faces d’un talent doctrinal supérieur : science exacte et profonde, logique rigoureuse, et, par-dessus tout, clarté d’exposition vraiment remarquable. Ces diverses qualités, fruit d’un long et brillant enseignement, attirèrent sur la publication naissante l’attention du clergé de France qui, à la mort de l’auteur, en demanda la continuation. La faculté de théo-