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BAPTÊME D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITE

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ancienne représentation du sujet de la chapelle a 2, le ministre porte le costume des prêtres d’alors, la tunique et le pallium, les simples fidèles n’ayant d’ordinaire que la tunique. Rôm. Quartalschrift, 1896, t. x, p. 3’t’t ; Wilpert, Mal. der Sakramentskapellen, p. 17, lit. 23. Il en est de même sur deux autres scènes baptismales, mentionnées par Wilpert, loc. cit., p. 19, et Rôm. Quartalschrift, 1900, t. x, p. 330, sur le marbre d’Aquilée (fig. 1), le sarcophage de Mas-d’Aire (la peinture de Sainte-Pudentienne) et si nous adoptons le sentiment de M. De Rossi, sur le verre du mont délia (riustizia. Dans le personnage nimbé de la pierre d’Aquilée, Mo’Wilpert, Epltemeris Salonilana, loc. cit., p. 40, voit le Christ ; mais le nom de Mirax donné au personnage nimbé sur le verre de Rome (et la peinture de Sainte-Pudentienne) exclut cette interprétation. D’après M. De Rossi, ce personnage est le ministre, tandis que l’autre personnage habillé différemment serait le parrain. Cette première preuve n’a donc pas une certitude absolue. Il en est autrement du sarcophage de Tolentino, précédemment mentionné : l’intervention du sacerdos Christi comme ministre du baptême y est clairement exprimée. Une inscription de Priscille, aujourd’hui au Latran (ix, n. 39), publiée, entre autres, par Marini, Atlie monum. de’frat. Arvali, t. i, p. 171, et Perret, Les catacombes, t. v, pi. 15, 9, dit qu’on a recours à l’Eglise pour faire baptiser un enfant sur le point de mourir : D. M. S. Il Florentius filio suo Aproniano fecit litulum bene merenti quixit (=qui vi.rit) |] annum et menses nove[m] dies quin || que cum soldu (= solide) amatus fuisset a mainre (= avia) sua et vidit lame morli consti[tu]tum esse petivit de aeclesia ut || fidelis de sec/do recessisset (= recederel).

Les parrains et marraines, dont parle déjà Tertullien, De bapt., 18, P. L., t. i, col. 1221, doivent aider le ministre et les baptisés, ainsi que l’indiquent les noms de sponsorcs, fideijussores, susceptores ou àvâ-So /ot, etc., qu’on leur donnait. Leur présence sur les monuments a été signalée plus haut.

IV. LE SUJET. —

Les enfants.

Le pédobaptisme ou baptême des enfants, que l’Église prescrit, est rejeté par certaines sectes religieuses. Les monuments lui semblent favorables. La petite taille du baptisé sur plusieurs des monuments mentionnés le prouve ; car il n’est pas possible de l’expliquer uniquement comme représentation plastique, en disant que les néophytes, même âgés, recevaient après le baptême la dénomination de infantes ou pueri au sens spirituel. S. Zenon de Vérone, 1. 1, tr. XXXVIII, P. L., t. xi, col. 483. Les inscriptions sont formelles au sujet du pédobaptisme. Sur un mu lnv, Wilpert, Ephem. Salon., p. 49, la petite Pro-CLINA n’a que six ans ; ailleurs, ibid., p. 53, l’enfant ASCLÉPIADOTE n’a qu’un an, Ivtautôvj ailleurs (musée du Latran, ix, n. 39), le baptisé n’a que deux ans, etc., etc.

Ces inscriptions parlent non seulement de néophytes morts peu après leur baptême ; elles parlent encore d’autres enfants appelés simplement fidèles (= baptisés), et rien n’indique que le baptême leur ait été conféré in periculo mortis. L’abbé Corblet, op. cit., t. i, p. 384, observe qu’en pratique « mie grande liberté régna à ce sujet avant que les canons de l’Église aient réglé ce point de discipline… En danger de mort, on baptisait toujours les nouveau-nés ; dans les autres cas, les ministres ne relu --.lient jamais de conférer les sacrements aux enfants, n’importe à quel âge… En général, on ne baptisait guère les enfants qu’âgés d’un an a quatre ans, et souvent même plus tard. Les inscriptions confirment ces données » ( ?).

Le baptême des adultes : n’a jamais présenté de difficultés, Un nombre considérable d’épitaphes mentionnent des néophytes de 20, 30, 40, 50 ans, et au delà. D’après l’inscription de son sarcophage, De Rossi, Inscr. christ., t. i, p. 80, le célèbre Junius Rassus meurt, en 359, néophyte, ncofitus Ut ad Deum, après avoir vécu annis XLYll, moi[sibus] 11. Suivant une habitude assez répandue dans l’Eglise, plusieurs ne recevaient le baptême que dans un âge avancé, quelquefois dans un état de maladie extrême. On les appelait clinici (xXîvr ;), couchés. Cette coutume abusive de la procrastinatio, toujours réprouvée par l’Église, expliquerait un certain nombre d’inscriptions de néophytes morts peu de temps après leur baptême. Voir Fabretti, Incript. aittiq… explicatio, Rome, 1699, p. 563, n. 39, p. 577, n. 70 ; Renier, lnscr. de l’Algérie, Paris, 1885, n. 4041.

— Certains marbres mentionnent le catéchuménat. Une inscription romaine De Rossi, Bullett., édit. iranç., 1883, p. 86, dit : KIT6 BIKTOP KATHXOYIVKNOC || AITOÙN €IKOCI rfAPO€NOC || AOYAOC TO KY PIOu eiHCO" ^ = (hic) jacet Victor catechumenus annorum viginti, virgo, servus domini Jesu C/iristi. Le tilre de servus Christi, que reçoit Victor, était généralement réservé aux vrais fidèles : c’est ce qui fait supposer à M. Marucchi, Di una pregevole ed médita iscrizione crisliana, Rome, 1883, p. 6, que Victor fut du nombre de ceux qu’une inscription de Milan appelle compétentes in Clirislo, « qui, préparés au baptême par l’instruction et la pratique de la vertu, attendaient d’un moment à l’autre la célébration du saint rite. » — Quant aux dispositions requises dans les adultes pour la réception du baptême, les monuments sont muets, à l’exception de l’inscription suivante (d’un baptistère) qui parle de la foi, De Rossi, lnscr. christ., t. ii, p. 240, 4 : Crede prius veniens, Christi te fonte renasci Sic poteris mundus régna videre Dci Tinctus in hoc sacra morlem non sentie ! unquam Semper enim vivit quem semel unda lavit.

V. LES EFFETS.

Le baptême n’est pas une simple cérémonie, mais un rite qui produit des effets surnaturels. Les monuments, tant épigraphiques qu’artistiques, le prouvent.

1° L’infusion de l’eau produit dans l’âme l’infusion de la grâce du Saint-Esprit, en particulier de la grâce sanctifiante. La colombe mystique sur la pierre d’Aquilée (lig.l)et le verre de Rome, etc., exprime bien cette idée. A cause de cela, le baptême est appelé -Kr-(r a^êpo-ro ; 0£airs<TCiv vooctu>v (fons immorlalis aquarum gratiæ divinitus manantium), dans l’inscription d’Autun, Wilpert, Fraclio panis, édit. franc., p. 62 ; yipi ; to0 9sg0, dans une épitaphe publiée (d’après Marini, Atlie mon. de’frai. Arvali, xx), par De Rossi, Bullett., édit. franc, 1869, p. 27 : ZCOCIMOC KAI €YN€IKH T00 IA€lû0 TëKNCO €YN€IKC0 KAAWC HIIOMÉNCO THN XAPIN TOY 0€OY… ; gratia, dans plusieurs inscriptions des catacombes qui mentionnent un Marcianus… qui gratiam accepit domini] n[ostri]… (en l’an 268 ou 279) ; un Postumius Euthenion fidelis qui G R ATI AU s l VCTA u consecutus est. De Rossi, Bullett., 1869, p. 27, etc. Une autro est plus expressive encore ; elle porte : Qui accepit sanctum spmiTUM. De Rossi, Bullett., 1892, p. 41. Très souvent le mot gratia est omis sur les inscriptions, et les expressions techniques accipere, percipere, consequi (sine addito), ainsi que les substantifs acceptio, perceptio, etc. (cf. Tertullien, lie bapt., iS, P. L., t. i, col. 1222), désignent la réception du baptême, De Rossi, loc. cit., p. 26-29 ; Nuovo bullett., 1900, t. VI, p. 73 ; Le Blant, Inscript, chrét., t. i, p. 115, etc., comme elles indiquaient chez les païens la réception du taurobolium ou criobolium, rite analogue au baptême, dont il (’tait peut-être une imitation. Tertullien, De bapt., 5, P. L., t. i, col. 1204 ; L205 ; Corblet, op. cit., t. i, p. 66. — La grâce (’claire, illumine cl fortifie l’âme. Une inscription citée par Muratori, Nov. thés, inscript., 1819, donne : Ici repose Acliillia NGO(pCOTICTOC… ; celle illuiiiiiialion n’est pas renseignement qui précède le baptême, puisque l’enfant n’a vé’ou