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BAPTÊME D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ

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qu’un an et trois mois. Au baptistère de Priscille, sur la via Salaria, on lisait, Nuov. bullett., 1901, t. vii, p. 82, et M. Ilim, Damasi epigrammata, Leipzig, 1893, p. 76 : Sumite perpétuant sancto de gurgite vitam || Cursus liic est fidei, mors ubi sola périt || Roborat hic animos divino fonte lavacrum || Et dum membra nxadent, mens SOLIDATUR aquis. Une inscription du baptistère de Tipasa, en Afrique, dit : Si quis ut vivat quserit addiscere semper || Hic lavetur aqua et videat c.ELEsriA dona. Mélanges d’hist. et d’arch., 1894, p. 290 sq.

2° Le péché ne pouvant exister avec la grâce sanctifiante, le baptême en donne la rémission. En plusieurs représentations du baptême, comme à la chapelle grecque, à la chapelle des sacrements a 3, etc., on remarque la scène du paralytique guéri et emportant son lit. Qu’il s’agisse du paralytique de Capharnaum, Matth., IX, 1-8, à qui cette rémission est accordée directement, ou de celui de Bethsaïde, la guérison de la paralysie symbolise la guérison spirituelle produite par le baptême, en raison du lien étroit qui rattache cette scène aux autres scènes baptismales juxtaposées. Wilpert, Principienfragen der christ. Arch., 1889, p. 34. Moïse frappant le rocher symbolise le même effet du baptême, qui est indiqué d’une manière bien palpable « lorsque cette scène se trouve en regard de la chute du premier homme » , comme sur le sarcophage de Mas-d’Aire, ou sur un arcosole de la catacombe des Saints-Pierre-et-Marcellin. Armellini, Antichi cimiteri, Rome, 1893, p. 337-338. Les inscriptions confirment la croyance en un baptisma in remissionem peccatorum. Saint Damase ( ?) parlant des martyrs grecs enterrés à Saint-Calliste, dit : …post hune (= Hippolytum), Adrias sacro mundatus in amne. De Rossi, Inscr. christ., t. il, p. 67, n. 26. Une inscription du Ve siècle, d’un baptistère inconnu, aujourd’hui au Latran, porte : Corporis et cordis maculas vitale [lavacrum] purgat et omne simul abluit und[a malum]. De Rossi, op. cit., t. ii, p. 147, n. 10, 10 a. — La rémission du péché a pour conséquence la pureté de l’àme, symbolisée par les habits blancs, 1s., i, 18, que portent les néophytes jusqu’au dimanche in albis et qui sont quelquefois mentionnés dans les inscriptions, par les expressions in albis decessit, albas suas ad sepulcrum deposuit, etc. De Rossi, Bullett., édit. franc., 1869, p. 26 ; 1876, p. 19 ; Le Blant, Inscr. chrét., t. i, p. 478.

3° Le baptême donne une vie nouvelle, une seconde naissance : le baptisé meurt au vieil homme et renaît à une vie nouvelle, surnaturelle. C’est ce qui est indiqué dans le rite de la submersion et de l’émersion. De là, dans les monuments, cette nudité absolue dont parlent aussi les écrivains ecclésiastiques, nudité propre à faire ressortir le dépouillement du vieil homme. La scène si ancienne du pécheur qui retire le poisson de l’eau du rocher mystique ((ig. 2) n’est que la « traduction graphique » de la célèbre parole de Tertullien, De bapt., 1, P. L., t. i, col. 1198 : Nos pisciculi secundum IX0YN nostrum Jesum Christum in aqua nascimur nec aliter quant in aqua permanendo suivi sumus. C’est le grand poisson, l’IXOYC ZCONTGJN, comme l’appelle une inscription du iie siècle, au musée Kircher, Wilpert, Principienfragen, pl. I, n. 3, qui, dans l’eau baptismale communique cette vie en « y consacrant les poissons » , comme dit Sévérien de Gabala (f vers 408). L’inscription d’Autun appelle les chrétiens « race céleste du divin poisson » , t’yôuo ; ovpavio’j 6sïov yâvo ;, et elle met cette filiation en relation avec le baptême. D’après saint Augustin, Confess., 1. VIII, c. ii, n. 4, P. L., t. xxxii, col. 750, et plusieurs inscriptions, Le Blant, op. cit., t. I, p. 476 ; De Rossi, Inscr. christ., t. I, p. 43 (la dernière date de l’an 338), les nouveaux baptisés étaient appelés pueri, infantes, quel que fût leur âfje, parce qu’ils venaient de naître à la vie de la grâce. |

Faut-il voir une application de cette allégorie dans le baptême du Christ, quand il « est figuré d’une taille enfantine, malgré le texte positif de saint Luc, iii, 23 » ? Le Blant, Sarc. d’Arles, p. 27. — Par cette naissance nouvelle, le baptisé devient encore le fils adoptif de Dieu. De nombreuses inscriptions appellent les nouveaux baptisés néophytes, c’est-à-dire nouvelles plantes, ou nouveaux plants en Jésus et son Esprit-Saint. Cf. Rom., xi, 17. Un marbre funéraire de Sainte-Cyriaque, aujourd’hui au musée du Latran, VIII, 4, reproduit par Marucchi, op. cit., 1. 1, p. 183, porte : Aequiti in % Deo innofito (sic = neofito) bene merenti qui vixit || an. xxvi, m. v, d. mi, dec. (decessit) m non. aug.

4° Le baptême imprime dans l’âme un sceau, qui est nommé allégoriquement, signum, sigillum, signaculum Christi, Trinitatis, fidei, parce qu’il imprime « la marque du souverain domaine que le Seigneur prend sur notre âme et qu’il est le caractère qui distingue les soldats du Christ » . Ce sigillum est mentionné dans la célèbre inscription d’Abercius certainement antérieure à l’an 216. Voir t. I, col. 62. Parlant de Rome, cet évêque dit : Xabv S’elôov èxsï).afmpàv a-çpayeîoav s/ovra. G. de Sanctis, Die Grabschrift des Aberkios, dans Zeitsehrift fur kath. Théologie, 1897, t. xxi, p. 673 sq. Le sigillum est encore regardé comme un effet de la confirmation qui était conférée en même temps que le baptême. Voir Épigraphie chrétienne.

5° Par le baptême on entre dans l’Église. De païen et d’infidèle on devient christianus et fidelis. Sur la différence entre ces deux dénominations, voir S. Augustin, In Joa., tr. XLIV, 2, P. L., t. xxxv, col. 1714. Cette vérité est attestée par une inscription de Catane, aujourd’hui au Louvre. De Rossi, Bullett., édit. franc., 1868, pi. VI, 1, p. 74. Elle est antérieure à la mort de Constantin et porte : Nil^e Florentines… quse pridie nouas martias ante lucern pagana nata… mense oclavo decinw et vicesima secunda die complelis fidelis facta… supervixit horis qualtuor… Ce titre de fidelis est mentionné sur de nombreuses inscriptions. Le page Alexamenos le revendique : pour toute réponse à l’insulte faite à sa foi au moyen du crucifix blasphématoire tracé dans une chambre du Palatin, voir t. i, col. 2014, il signe dans la chambre voisine : Alexamenos fidelis. On se vantait d’être chrétien et de descendre de parents chrétiens, mo-tb ; êx hkttùv, etc., Perret, op. cit., t. v, pi. 21, n. 34, comme on disait consul ex consulibus. — Chrétien et fidèle, le baptisé est reçu membre de la communauté des frères, de VEcclesia fratrum comme l’appelle une inscription d’Afrique, antérieure à Constantin, Renier, op. cit., n. 4025 ; De Rossi, Bullett., 1864, p. 27’; il peut dire avec celui qui l’a fait graver : Salvete fratres puro corde et simpliciEuelpius vos [salutat] satos sancto spiritu. — Le baptisé est admis à recevoir les autres sacrements de l’Église, en particulier, la confirmation, l’eucharistie. Ces deux sacrements présupposent le baptême. Nous n’osons affirmer que l’expression de cette vérité soit formelle dans les monuments. Mais la série des peintures correspond de lait à la suite logique des idées représentées dans les cycles de la chapelle grecque, des chapelles des sacrements, dans l’inscription d’Autun, etc.

6° Enfin le baptême confère un droit au ciel ; quiconque meurt immédiatement après l’avoir reçu est bienheureux. Dès le IIe siècle, l’art chrétien donne comme pendant à une scène réelle ou symbolique du baptême (avec ou sans l’eucharistie) la résurrection de Lazare, figure de notre propre résurrection, ou bien une représentation symbolique du ciel et de ses joies, par exemple, à la chapelle des sacrements, à la crypte délie peccorelle, sur les sarcophages de la Gayolle, de Mas-d’Aire et sur celui de Junius Bassus, etc. La même idée est exprimée par la présence du paon dans les baptistères. Le texte et le dessin du marbre d’Aquilée disent que la bap-