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BAPTÊME DANS L’ÉGLISE LATINE DEPUIS LE VHP SIÈCLE


catéchumènes pourront être entendus en confession sacramentaliter, mais le confesseur ne leur donnera l’absolution sous condition qu’après l’administration conditionnelle du baptême et une répétition sommaire de la confession précédente. Acta sanctse sedis, t. xxv, p.’iôi.

Baptême des enfants en général.

Tous les scolastiques

enseignent que les enfants peuvent et doivent être baptisés. Ils appuient leur enseignement sur l’Écriture, les Pères et la pratique constante de l’Église. Walafrid Strabon est peut-être le seul écrivain catholique, avec Vives, qui ait prétendu qu’on ne baptisait pas les enfants pendant les deux premiers siècles. De eccl. reb., c. xxvi, P. L., t. cxiv, col. 980. Voir Baptême chez les Pères pour la réfutation de cette opinion. Le pédobaptisme eut de nombreux adversaires chez les hérétiques du xie et du xiie siècle, vaudois, cathares, albigeois, et surtout pétrobrusiens, ainsi appelés du nom de Pierre de Bruys, leur chet. Mais il fut défendu avec succès par plusieurs écrivains, entre autres Egbert, abbé de Schaunang dans le diocèse de Trêves, Sernx., vu, P. L., t. cxcv, col. 41 sq., et surtout Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dans sa lettre ou traité contre les hérétiques pétrobrusiens. Ceux-ci, s’appuyant sur la parole de l’Écriture, Qui crediderit et baplizatus fuerit salvus erit, Marc, xvi, 16 soutenaient que la foi et le baptême étaient également nécessaires pour le salut, et que, par conséquent, il était inutile de baptiser les enfants qui sont incapables d’un acte de foi personnel. Tract, contra petrobrusianos, P. L., t. clxxix, col. 728-729. Le docte abbé, dans sa réponse, commence par montrer l’absurdité des conséquences qui découlent de cette thèse. Si l’on admet, dit-il, que le baptême des enfants est nul, ceux qui ont reçu le sacrement au premier âge ne sont pas devenus chrétiens, encore moins clercs, prêtres ou évêques. Or voilà trois cents ans, et même cinq cents, que cette pratique est universelle. Il s’ensuivrait que, depuis cette époque, il n’y a plus de chrétiens, plus de prêtres, plus d’évêques, c’est-à-dire plus d’Église, plus de salut. Pierre le Vénérable cite alors le témoignage des Pères latins, en s’excusant de ne pouvoir mentionner celui des Pères grecs, dont il ignore la langue. Puis abordant l’objection de ses adversaires, il montre que la parole de l’Écriture qu’ils invoquaient ne s’applique qu’aux adultes. Enfin, il prouve par l’Écriture que la foi de l’Église peut suppléer à l’absence de foi personnelle chez les enfants. Condamnés en Adam, sans aucune faute personnelle, il était juste qu ils fussent également sauvés en Jésus-Christ, sans l’usage de leur libre arbitre. P. L., t. clxxix, col. 730762. Au siècle précédent, les cathares gundulphiens avaient déjà soutenu la même thèse et présenté à peu prés les mêmes arguments que Pierre de Bruys et ses partisans. Ils furent combattus et réfutés au synode d’Arras (1025), par Gérard, évêque de Cambrai. Hefele, histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907 sq., t.iv, § 533. Au concile de Lombers, en 1165, on condamna les Bonshommes, qui n’admettaient pas le baptême des enfants, et on leur démontra par l’Écriture sa nécessité. Douais, Les albigeois, Taris, 1879, pièces justificatives, p. xix-xx. Plus tard, le IVe concile général de Latran( 1215) condamna indirectement cette erreur, en définissant que le baptême tam parvulis quam adullis… pro/icit ad salutem. Denzinger, Enchiridion, n. 357. En même temps, le pape Innocent III condamnait les vaudois qui jugeaient inutile le baptême des enfants et leur imposait une profession de foi approuvant le pédobaptisme. Approbamus crgo baplismum infantium, qui si <lefuncli fuerinl post baplismum, anlcquam peccalacomniittant, falemur cos salvari et credimus. Denzinger, n. 311, 370. Le concile œcuménique de Vienne (1311) enseigne la même doctrine et croit que le baptême est le remède parfait pour le salut aussi bien pour les en fants que pour les adultes. Ibid., n. 410. Les scolastiques du xiie siècle s’étendent peu sur ce point. Hugues de Saint-Victor se contente de faire remarquer que le baptême est conféré aux enfants par une sage disposition de l’Eglise, de peur qu’ils ne meurent avant d’avoir reçu l’unique moyen de salut ; d’ailleurs, ajoute-t-il, on ne peut être surpris que ceux-là soient réconciliés avec Dieu par la foi d’un autre qui ont été éloignés de Dieu par le péché d’un autre. De sacramentis, 1. II, part. VI, c. ix, P. L., t. clxxvi, col. 456. Boland Bandinelli, Die iSentenzen Rolands, édit. Gietl, p. 201-202, montre que le baptême est nécessaire aux enfants pour effacer le péché originel dont ils sont coupables, quoiqu’il laisse en eux le foyer de la concupiscence. Il n’exige pas en eux l’intention d’être baptisés. Ibid., p. 206. Les docteurs du xme siècle, spécialement saint Thomas, donnent la vraie raison théologique de cette doctrine en faisant remarquer que les enfants, non seulement peuvent recevoir utilement le baptême, puisqu’ils ont contracté le péché originel, mais qu’ils doivent le recevoir, pour participer à la renaissance spirituelle qui est nécessaire à tous pour être sauvés. Sum. theol., III a, q. lxvii, a. 9. Le docteur angélique montre ensuite les convenances de ce baptême : Regeneratio spiritualis, qu ; e fit per baptismum, est quodammodo similis nativitati carnali quantum ad hoc quod sicut pueri in maternis uteris constiluli non per seipsos nutrimentum accipiunt, sed ex nutrimento matris sustentantur, ita etiam pueri nondum habenles usum rationis, quasi in utero malris Ecclesise salutem suscipiunt. Ibid., ad l um. Les théologiens n’insistent pas davantage sur cette doctrine, jusqu’au xvie siècle. Mais après l’apparition de l’erreur anabaptiste et les décisions du concile de Trente, ils se virent obligés d’étudier la question de plus près, au double point de vue scripturaire et traditionnel. Bellarmin vengea la doctrine catholique dans ses Controverses, De bapt., c. vin-xi ; et d’autres théologiens, notamment Suarez, exposèrent la question avec beaucoup d’ampleur. De sacramentis, disp. XXV, sect. i. Notons seulement pour mémoire la singulière opinion de Durand, suivi de deux ou trois autres théologiens, d’après laquelle le baptême conféré à des enfants juifs ou infidèles malgré la volonté de leurs parents, serait invalide. Cette opinion est rejetée par tous les autres théologiens, et le pape Benoit XIV la réprouve expressément : Hscc opinio Durandi nunquam aut plausum aut existimalionem natta est, quod rêvera constat baplismum esse ratum ac validum, quotiescumque baptizantis voluntas cum forma et materia necessaria accédât. Décret du 28 février 1747. La volonté des parents n’a rien à faire à la validité ou à la "nullité du baptême des enfants. Quand le sacrement est conféré avec la matière, la forme et l’intention requises, il est nécessairement valide.

3° Peut-on baptiser licitement, avant l’âge de raison, les enfants des juifs et des in/idéles, malgré l’opposition de leurs parents ? — Pour bien comprendre l’état de la question, plusieurs distinctions sont nécessaires. Les théologiens admettent que le baptême est licite : 1. si l’enfant est en danger prochain de mort ; 2. si l’enfant a été abandonné par ses parents, ou s’il se trouve simplement soustrait à leur garde, sans aucun espoir de retour ; 3. si l’un ou l’autre des parents, soit le père, soit la mère, consent au baptême, et qu’il y ait espoir d’élever l’enfant dans la religion catholique. Le pape Benoit XIV a d’ailleurs rendu plusieurs décisions en ce sens, dans son décret du 28 février 1747. Voir Baptême des INFIDÈLES. Les théologiens sont encore unanimes à dire que le baptême est prohibé, quand il s’agit des enfants juifs ou infidèles dont les parents ne sont pas sujets d’un gouvernement chrétien. Theol. Wirceburg. , Paris, 1880, t. ix, p. 219. Il y a seulement, ou plutôt il y a eu jadis controverse sur la question de savoir si un prince chrétien avait le droit de faire bap-