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BAPTÊME D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE


4 » Les canons préparés à Bologne sur la réforme des abus. — Lorsqu’on discutait les canons adoptés dans la VII » session, des théologiens et des évêques avaient demandé qu’on réformât les abus commis dans la collation des sacrements. Le concile, après sa translation à Bologne, voulut donner satisfaction à ce désir. Quelques membres furent désignés pour rechercher les fautes commises dans l’administration des sacrements. Le 20 juillet 1547, ils firent connaître les abus à condamner et les réformes à proposer. Le 28, l’archevêque de Matera donna lecture de leurs conclusions en assemblée générale. Le 30 août, les prélats canonistes examinèrent les abus signalés. Puis le cardinal légat del Monte rédigea des canons pour les censurer : le baptême ne devait être conféré que dans les églises ; l’exception admise par le concile de Vienne en faveur des enfants de princes était maintenue, mais au profit des grands princes seulement. C’est dans les églises paroissiales qu’il faut administrer le sacrement, à moins que l'évêque ne juge à propos de permettre qu’on le confère ailleurs. On ne devra admettre qu’un seul parrain et il faut exclure les personnes notoirement infâmes. Ces canons furent examinés d’abord par les prélats juristes, puis par tous les membres du concile. L’examen fut terminé le 5 octobre. Restait à arrêter le texte définitif des conseils que l’assemblée se proposait de donner aux ministres des sacrements. On demanda que des registres d’actes de baptême fussent tenus ; les évêques béniront chaque année les saintes huiles, les curés emploieront du saint chrême de l’année. Les vases des saintes huiles seront propres, mis sous clefs ; les fonts seront fermés. Les curés apprendront aux fidèles qu’en cas d’urgence, ils doivent donner le baptême et leur apprendront à le conférer. Lorsque le sacrement devra être administré à la maison, il le sera de préférence par un prêtre, puis par un diacre, un sous-diacre, un clerc, un homme. On ne rebaptisera pas, même sous condition, tous ceux qui auront reçu le sacrement hors de l'église. On ne conférera le baptême aux adultes qu’après leur avoir fait le catéchisme pendant vingt jours et si on est assuré de la pureté de leur intention. La collation du baptême ne sera pas l’occasion de festins mondains ni de danses. Le ministre sera en état de grâce à jeun s’il est possible, et récitera pieusement les prières.

Le concile ne promulgua ni ces conseils, ni les canons. Néanmoins, il n’avait pas travaillé en pure perte. La plupart de ces prescriptions se trouvent dans le catéchisme romain et le rituel et les évêques les firent entrer dans la pratique.

5° Baptême et pénitence (XIVe session). — Le 15 octobre 1551, les Pères réunis en congrégation générale entendirent la lecture des articles sur la pénitence et l’extrême-onction que les légats jugeaient erronés. La première affirmation était celle-ci : « La pénitence n’est pas un véritable sacrement institué par le Christ pour li réconciliation de ceux qui sont tombés après le baptême : elle n’est pas appelée à bon droit, par les Pères, une seconde planche de salut, mais le baptême est vraiment le sacrement de pénitence. » Les théologiens furent d’avis que cet article était condamnable, la plupart le jugeaient hérétique dans toutes ses parties, quelques-uns seulement ne voulaient voir qu’une témérité dans le rejet du mot traditionnel : la pénitence est la seconde planche de salut. On fit observer, ce qui avait déjà été dit et redit dans les débats antérieurs à la VIIe session, qu’en un certain sens on pouvait dire : le baptême est une pénitence ; on ne devait donc condamner cette proposition, qu’au sens où l’entendaient les hérétiques. Ambroise Slorck remarqua aussi que les protestants disaient : la pénitence, c’est le baptême, et non pas le baptême est la pénitence.

Dans les congrégations générales, tous les Pères admirent que la pénitence diffère du baptême, beaucoup prou vèrent cette thèse. Quelques réserves furent faites sur la nécessité ou la possibilité de déclarer hérésie le refus de donner à la pénitence le titre de seconde planche de salut. Il fut convenu que cette expression serait déclarée légitime, en des termes qui donneraient satisfaction à tout le monde. Des prélats furent désignés pour la rédaction du décret et des canons.

Le chapitre I er du décret, intitulé : De l’institution et du sacrement de pénitence, était à peu près semblable à celui qui fut adopté. On disait en termes exprès que la pénitence qui a toujours été nécessaire, c’est la vertu de ce nom. On lisait ces mots, qui n’ont pas été maintenus : Avant le baptême, cette pénitence, pour être fructueuse, doit être unie au désir de ce sacrement. En revanche, la phrase : Porro nec ante… n’existait pas. Un deuxième chapitre était spécialement consacré à montrer comment le baptême diffère de la pénitence. La locution traditionnelle : le baptême porte de l’Eglise, n'était pas employée. La pénitence n'était pas appelée un baptême pénible, mais on lui donnait le titre de planche nouvelle offerte aux naufragés. Au chapitre vin sur la nécessité de la satislaction et sur ses fruits, on lisait que les deux sacrements institués par le Christ pour la réconciliation ne produisaient pas les mêmes effets : principe d’une vie nouvelle, le baptême remet si bien la faute que toute peine éternelle et temporelle n’existe plus ; instituée à la manière d’un remède, la pénitence accorde à tous pardon de la faute et condonation des châtiments éternels, mais elle n’obtient la rémission des peines temporelles que dans une mesure proportionnée aux dispositions du sujet. Le canon 2e était celui qui fut adopté. Il fut soumis, ainsi que les autres, à l’approbation des Pères dans les congrégations générales du 20 et du 21 : quelques membres proposèrent de remplacer recte par apte, d’autres demandèrent que le texte fût retouché, certains auraient voulu que l’on mit : la pénitence, c’est le sacrement de baptême. Le décret fut examiné dans les congrégations générales du 23 et du 24 : malheureusement, les Acta ne nous renseignent que très sommairement sur les desiderata exprimés par les Pères. Le texte définitivement approuvé à la session XIVe fut le suivant :

C. i. Si ea in regeneratis

omnibus gratitudo erga Deum

esset ut justitiam in baptismo

ipsius beneficio et gratia susceptam constanter tuerentur,

non fuisset opus aliud ab ipso

baptismo sacramentum ad

peccatoi-um remissionem esse

institutum. Quoniam autem

Deus, dives in misericordia, cognovit figmentum nostrum,

illis etiam vitae remedium contulit qui se postea in peccati

servitutem et dœmonis pote statem tradidissent…

Fuit quidem prcnitentia uni versis hominibus qui se mor tali aliquopeccatoinquinassent, quovis tempore ad gratiam et

justitiam assequendam neces saria, illis ctiam qui baptismi sacramento ablui petivissent

ut, perversitate abjecta et

emendata, tantam Dei offensio nem cum peccati odio et pio

animi dolore detestarentur…

lit princeps apostolorum Pe trus peccatoribus baptismo initiandls peenltentiam commen dana dlcebat : Psenitentiam

agite i : t baptizetur unusquisque ventru m. Porro nec ante

adventum Christi prcnitentia

erat sacramentum, nec est

C. i. Si la reconnaissance

envers Dieu de tous les bap tisés était assez vive pour les faire persévérer constamment

dans la justice qu’ils ont reçue par sa grâce et son bienfait, il n’aurait pas été nécessaire

qu’un sacrement différent du

baptême fût institué pour la

rémission des péchés. Mais

parce que Dieu, riche en mi séricorde, savait de quelle argile nous sommes pétris, il a pré senté un remède à ceux qui

après le baptême s’abandon neraient à la servitude du péché et au pouvoir du démon…

Toujours la pénitence a été

nécessaire à tous ceux qui se

sont souillés par un péché

mortel, pour leur permettre de

recouvrer la grâce et la justice. Elle l’a toujours été, même

pour ceux qui demandent à

être purifiés par le sacrement

du baptême, afin que, ayant

rejeté et corrigé leur perver sité, animés de haine contre le péché et pieusement affligés,

ils détestent la très grande

offense qu’ils ont faite à Dieu… Et le prince des apôtres, Pierre, <lisa : l aux p : -heurs qu il allait baptiser, leur recommandant la

pénitence : Faites pénitence et que chacun de vous soit bap-