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BASILE (SAINT)


sible à toutes les intelligences. L'étude n’a fait que lui préparer un trésor toujours ouvert, où l’inspiration puise, sans compter, pour les besoins du jour. Pour ce mérite de facilité à la fois brillante et usuelle, son condisciple Grégoire lui-même ne peut lui rire comparé. L’imagination est peut-être plus vive chez Grégoire, mais elle se complaît en elle-même, et celui qui parle, entraîné à la poursuite ou de l’expression qu’il a rencontrée, ou de l’idée qu’il entrevoit, oublie parfois et laisse en chemin celui qui l'écoute. La parole est encore un ornement pour Grégoire ; pour Basile, elle n’est qu’une arme, dont la poignée, si bien ciselée qu’elle soit, ne sert qu'à enfoncer la pointe plus avant. Il y a du rhéteur souvent, et toujours du poète chez Grégoire. L’orateur seul respire chez Basile. » Ibid., t. v, p. 90.

Fénelon avait exprimé les mêmes pensées d’une manière plus simple et encore plus forte : après avoir rapproché saint Jean Chrysostome et saint Grégoire, et dit de ce dernier qu’il est « plus concis et plus poétique, mais un peu moins appliqué à la persuasion » , il ajoute de saint Basile : « Celui-ci est grave, sententieux, austère même dans la diction. Il avait profondément médité tout le détail de l'Évangile ; il connaissait à tond les maladies de l’homme, et c’est un grand maître pour le régime des âmes. » Dialogues sur l'éloquence, ni.

Mgr Batiffo) fait observer que Basile est le seul des Pères à qui les Grecs aient donné le surnom de « grand » . Peut-être, ajoute-t-il, « faut-il voir là le bénéfice que Basile a tiré de l’exceptionnelle maîtrise de son style. Photius, cod., 141, 143, 191, P. G., t. ciii, col. 420, 421, 033, le range parmi les écrivains de premier rang pour l’ordre et la netteté des pensées, pour la pureté et la propriété du langage, pour l'élégance et le naturel ; Basile est pour lui l'écrivain classique. Les critiques modernes, moins sensibles à ces qualités de forme, se plaisent à admirer en lui l'équilibre de dons variés -de spéculation, d'érudition, de rhétorique et de gouvernement. » Anciennes littératures chrétiennes : la litléralure grecque, 1897, p. 286.

Ecrits exégé tiques.

L'œuvre exégétique de saint

Basile comprend neuf homélies sur VHexameron, P. G., t. xxix, col. 3-208, et treize homélies sur les Psaumes. Ibid., col. 209-494. Il va sans dire que le rnot « exégèse » n’a pas ici le sens moderne de critique des textes, mais celui de commentaire religieux.

Les homélies sur VHexameron, ou création du monde en six jours, Gen., i, 1-26, furent prononcées par Basile, encore simple prêtre, pendant une semaine de carême, où presque tous les jours il prêcha deux fois : pour une cause que l’on ignore, il s’arrêta après avoir décrit l'œuvre du cinquième jour, et ne fit point le discours sur la création de l’homme, que saint Grégoire de Nsse composa plus tard, afin de compléter l’ouvrage de son frère. Dans cette série de discours, saint Basile s’attache surtout à l’aire le tableau de la création, en développant et en expliquant le texte de la Genèse. Il prend celui-ci à la lettre, et s'élève même en passant, llonul., iii, contre l’abus des explications allégoriques de la sainte Écriture. Il rattache à son sujet d’excellentes Ici uns de philosophie populaire : soit que, Hontil., i, il oppose l’immutabilité de la parole divine aux systèmes contradictoires des philosophes, qui se détruisent les uns les autres ; soit que, Hom.il., il, il s’attaque aux sophistes qui soutenaient l'éternité de la matière, et aux hérésies gnostique ou manichéenne qui personnifiaient le principe marnais pour l’opposer à Dieu ; soit encore que, Honni., vi, il signale la puérilité et le danger de l’astrologie, el défende contre elle la liberté el la responsabilité humaines ; soit enfin que, par l’observation des animaux, il établisse la théorie des causes finales et des lia rinoi lies providentielles, Il l 'm il.. Ml, viii, ix, ou montre dans l’infaillibilité de leur ins tinct une image obscure de la loi naturelle et de la conscience morale, également exemptes d’erreur. Homil., IX. C’est ainsi que, de connaissances scientifiques fort imparfaites, comme étaient celles de son temps, Basile fait sortir le spiritualisme chrétien le plus élevé et le plus délicat. L'éloquence de ces discours est à la lois familière et brillante ; on y retrouve, dit M. Villemain, « le génie grec, presque dans sa beauté native, doucement animé d’une teinte orientale, plus abondant et moins attique, mais toujours harmonieux et pur. » Tabl.de l'éloquence chré t. au ive siècle, 1849, p. 114. Saint Ambroise a fait des homélies sur VHexameron le plus bel éloge, en les imitant. P. L., t. xiv, col. 123-294. Cruice, Essai critique sur VHexameron de S.Basile, Paris, 1844.

Les homélies sur les Psaumes sont probablement, elles aussi, antérieures à l'épiscopat de Basile. Treize seulement sont considérées comme authentiques : celles qui se rapportent aux Ps. i, vii, xiv, xxviii, xxix, xxxii, XXXIII, xliv, xlv, xlviii, lix, lxi, cxiv. Ce n’est probablement qu’une partie de son commentaire du Psautier. On en posséderait quelques autres débris, si les fragments publiés en 1888 par le cardinal Pitra, Analecta sacra, t. i, p. 76-103, sont authentiques. Dans les discours que nous possédons, Basile commente, verset par verset, le texte d’un psaume. Il en tire surtout des applications morales, et le fait quelquefois avec une grande hardiesse. C’est une série de prédications populaires, en partie improvisées, comme le commentaire de l’Hexameron.

On compte encore, parmi les ouvrages attribués à saint Basile, un commentaire fort étendu des seize premiers chapitres d’Isaïe. P. G., t. xxx, col. 118-666. Mais son authenticité est contestée. Saint Jérôme ne le cite pas, De viris illustribus, 116, parmi les ouvrages de saint Basile. Tillemont, Mémoires pour servir ù l’histoire ecclésiastique des six premiers sii’des, a. 137 et note 85e sur saint Basile, t. IX, p. 292, 683, le croit authentique. Certains détails de ce traité font croire qu’il lut écrit dans la seconde moitié du IVe siècle, et probablement par un Cappadocien.

Ecrits ascétiques.

L’ensemble des écrits ascétiques attribués à saint Basile, P. G., t. xxx, comprend :

une sorte de préface générale sur la vie chrétienne, col. 620-625 ; un discours sur la renonciation au monde, col. 625-648 ; un discours sur la vie ascétique, col. 018652 ; un discours sur le jugement de Dieu, col. 653-676 ; un discours sur la foi, col. 676-692 ; un recueil de 80 préceptes de morale, T, 81y.â, col. 692-869 ; deux autres Xôyoi àtrxïîuty.ot, col. 869-888 ; un recueil de 55 règles monastiques, opoi xarà irXxTo ;  ;, col. 889-1052 ; un recueil de 313 règles monastiques, Spot xar' èmTonr ( v, col. 10521305 ; une sorte de pénitentiel monastique, èittTtixt’a. col. 1305-1320 ; un recueil de constitutions monastiques, àaxr)Tiîta ôtaxâlsi ;, col. 1321-1328.

Il s’en taut que tout soit authentique. Certaines pièces sont de bon aloi, comme les àmtiTixàt BiaTaÇeiç, mais n’appartiennent pas à Basile. D’autres sont manifestement apocryphes, comme l'êniTiuia. Photius a possédé, cod. 144, 191, P. G., t. ciii, col. 421, 433. un 'Actxyitix’ov de Basile, en deux livres : le I" contenant le discours sur le jugement de Dieu, uepi xpin-axo ; fc)eo’j, et le discours sur la foi, Trepi iriarea) ;  ; le IIe contenant les r, 01xi, les Spot xatà nXâ-ro ; et les opot xacr' èiuToir^v. Beaucoup de critiques y reconnaissent le recueil des vrais écrits ascétiques du saint docteur. Il est certain qu’il composa un '.W/.t ; t'.-/Ôv ; saint Jérôme le dit des 392. De viris illustribus, llli. Ilulin donne de ce lait, en 397, une autre attestation, en adaptant librement, sous le titre commun de Régula sancti Basilii episcopiCappadociæ ml monachos, /'. /-., t. xxi, col. 183-554, les Spot x^Ta K).etTO( i’l les opot xat' l7trrou, YJv. Il ne semble pas que contre celle tradition puisse prévaloir le passage de Sozomènè, écrivant, au v siècle, que « plusieurs