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BASILE (SAINT)


disent que I’Aux^twii [3 : g>.o ; attribué à Bnsile de Cappadoce est d’Eustathe de Sébaste » . H. E., iii, 14, P. G., t. lxvii, col. 1080. Moins encore peut-on arguer (cf. Batitfol, Anciennes littératures chrétiennes : la littérature grecque, p. 255) contre l’existence de règles composées par saint Basile, d’un mot d’une de ses lettres, où il renvoie un futur moine « aux maximes des saints Pères et à leurs expositions écrites » ; d’autant plus qu’il ajoute qu’il faut lui proposer ensuite tout ce qui peut lui apprendre l’ascétisme, montrant ainsi que d’autres enseignements ne sont pas exclus. Epist., xxiii, P. G., t. xxxii, col. 295. On doit aller plus loin, et ajouter le témoignage direct de saint Grégoire de Nazianze ; dans une lettre à Basile, il lui rappelle qu’alors qu’ils habitaient ensemble l’ermitage du Pont, ils travaillèrent en commun à composer « des règles écrites et des canons » , Spot ; Ypairtoîç xoù xavôa-tv, Episl., VI, P. G., t. XXXVI, col. 30 ; dans son panégyrique de saint Basile, il dit que celui-ci, prêtre à Césarée, « donna de vive voix et par écrit des règles monastiques, » vo[xo(ko- : ai [xovao-Twv, é’yYpaçoi te xai aypacpot, Orat., XLIII, 30, P. G., t. XXXVI, col. 542. Il est difficile de ne pas voir dans ces passages une allusion aux deux recueils de règles rédigés par Basile.

Le premier (’jpoc xarà 7t)iroç, régulée fusius tractatœ) est, comme le rappelle le prologue, du temps où Basile résidait « dans un endroit silencieux, à l’écart des bruits du monde » , c’est-à-dire dans la retraite. Il se compose de cinquante-cinq règles, ou plutôt d’un résumé de cinquante-cinq entretiens sur les questions les plus importantes de la vie religieuse. Le second (à’poi xoct’Ittitohv, régulée brevius tractatœ) contient trois cent treize règles, beaucoup moins étendues, roulant à peu près sur les mêmes pensées que le premier, mais entrant davantage dans les détails ; il reçut apparemment sa forme définitive dans le temps auquel saint Grégoire attribue les règles parlées et écrites données par saint Basile aux moines, c’est-à-dire pendant qu’il exerçait les fonctions sacerdotales à Césarée. Il faut remarquer que l’un et l’autre recueil ne sont que le développement des idées exprimées par saint Basile, dans une lettre où il décrit à son ami Grégoire la vie menée par lui dans le Pont avec les premiers compagnons de sa retraite. Epist., il, P. G., t. xxxii, col. 223233.

Ces règles (surtout les premières, o’poixaTàirXàro ;, où la pensée de Basile se répand dans toute sa plénitude) donnent la forme de la vie monastique telle qu’elle se propagea vers cette époque en Cappadoce et de là dans toute l’Asie romaine. Basile ne recommande pas l’existence isolée de l’anachorète, qu’il considère comme périlleuse ; il ne cherche pas à reproduire les grandes colonies religieuses, de plusieurs centaines d’individus, qu’il a observées en Egypte ; il préconise les couvents de dimension médiocre, de population peu nombreuse, où chacun puisse connaître son supérieur et être connu de lui. Le travail manuel y sera obligatoire, mais coupé de prières communes, revenant à heures fixes : outre celles du matin (laudes) et de minuit (nocturne), cinq fois au moins dans la journée, à tierce, à sexte, à midi, à none, au crépuscule (vêpres), au commencement de la nuit (compiles ; cf. Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1898, p. 466), les moines devront se réunir pour louer Dieu. Des règles d’une extrême prudence sont posées pour les cas, fréquents dans la société antique, où des hommes mariés demandent à être reçus dans le monastère, où des esclaves y cherchent un asile, où des parents y présentent leurs enfants. Basile semble aussi imposer aux moines de se dépouiller de leurs biens avant d’embrasser la vie religieuse.

Cependant, si détaillées qu’elles soient, les règles de saint Basile, par leur forme même d’entretiens, de questions et de réponses, n’ont point la précision d’un code.

Elles posent surtout des principes. « La règle basilienne frappe surtout par sa discrétion et sa sagesse. Elle laisse aux supérieurs le soin de déterminer les mille détails de la vie locale, individuelle et journalière… En évitant de condenser toute la pratique de la vie religieuse dans un certain nombre de formules inflexibles, qui ne peuvent prévoir tous les cas et qu’il est toujours facile d’éluder, le prudent législateur s’approche doucement du moine, s’empare de lui, et l’enlace si bien à travers toutes les vicissitudes de son existence et les changements de son caractère, qu il finit par le mettre et le maintenir tout entier sous le joug divin… A cause de cette discrétion, la règle basilienne s’applique aux femmes tout aussi bien qu’aux hommes. Les règles grandes et courtes s’occupent des relations qui peuvent exister entre les uns et les autres. Quelques-unes des petites sont faites uniquement pour les religieuses. » J.-M. Besse, Les moines d’Occident antérieurs au concile de Chalcédoine, 1900, p. 90-91.

Écrits dogmatiques.

Saint Grégoire de Nazianze,

dans son panégyrique de saint Basile, Orat., XLin, 67, P. G., t. xxxvi, col. 687, dit que l’illustre docteur composa « des livres pour réfuter ceux des hérétiques » . Il cite celui qu’il écrivit sur le Saint-Esprit, et renvoie d’un mot à « ses autres traités, » xai ; à’XXxi ; l^fifrae.aii, sans donner sur eux d’explications. Nous possédons un seul de ceux-ci, les livres contre Eunome. Saint Augustin, Contra Julianum, i, 16, P. L., t. xliv, col. 650, attribue à saint Basile un ouvrage Contre les manichéens, qui ne nous est point parvenu.

L’écrit contre Eunome, ’AvaxpeTrxf/.b ; xoù’Atzo).oyrTixoû xoù Suo-o-eêoOç’Euvo ; a ; ou, P. G., t. xxix, col. 497-773, est antérieur à l’épiscopat de Basile. Celui-ci en parle dans une lettre au sophiste Léontius, Epist., xx, P. G., t. xxxii, col. 286, écrite en 364. De cet ouvrage, les trois premiers livres seulement, sur cinq, sont de saint Basile. Les deux derniers ont été, sans preuves, attribués à Apollinaire. Cf. Voisin, L’apollinarisnie, 1901.

Dans le I er livre, Basile réfute la thèse principale contenue dans YApologeticus de l’hérésiarque (reproduit P. G., t. xxx, col. 837-868), qui faisait consister dans le xô àyévvirjTov sïva : l’essence de la divinité, la réservant ainsi au Père seul, et la refusant aux deux autres personnes de la Sainte Trinité. Le IJe livre démontre que le Fils, bien qu’étant « né » , a la même substance et la même divinité que le Père. Le IIIe livre défend contre l’hérésiarque la divinité du Saint-Esprit.

Eunome répondit à l’ouvrage de Basile, dans une’ATToXoycaç aTToXoYta, aujourd’hui perdue. Philostorge, H. E., viii, 12, P. G., t. lxv, col. 565, raconte à ce sujet une fable : Basile, ayant lu ce livre, et se sentant incapable d’y répondre, serait mort de désespoir. Photius, cod. 138, P. G., t. ciii, col. 416 sq., nous apprend au contraire qu’Eunome, après avoir employé de longues années à la composition de sa réponse, renonça à la publier du vivant de Basile. Ce que l’on peut dire, c’est que Basile s’occupa souvent des thèses d’Eunome. Le fond de la doctrine de celui-ci était l’absolu rationalisme. Il affirmait que la raison humaine peut connaître parfaitement l’essence divine, et c’est ainsi qu’ayant déclaré qu’en « l’innascibilité » consistait cette essence, il en tirait des conclusions contraires à la divinité du Fils et du Saint-Esprit. On n’est pas sûr que la lettre xvi, P. G., t. xxxii, col. 279-281, attribuée par les bénédictins au règne de Julien l’Apostat, par conséquent antérieure aux livres contre Eunome, soit de saint Basile. Certains critiques y voient un fragment du 1. V de saint Grégoire de Nysse contre le même hérésiarque. L’auteur, quel qu’il soit, réfute ainsi les prétentions rationalistes de celui-ci : Comment l’homme connaîtrait-il la nature incompréhensible de Dieu, quand il ne connaît pas même celle de la fourmi ? Mais, en 375, c’est-à-dire vers la fin de la vie de Basile, nous voyons I’évêque de Ce-