Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
457
458
BASILE (RÈGLE ET MOINES DE SAINT)


grande ; activité intellectuelle, activité artistique, activité apostolique. Il sorlit de leurs rangs des patriarches : Maximien, Eutychius, Jean le Jeûneur, Cyrus, Nicéphore, Méthode, Ignace, etc., pour le seul siège de Constantinople, et d’innombrables évêques. Même l'épiscopat finit par se recruter exclusivement dans les cloîtres du jour où le mariage se généralisa parmi le clergé séculier. C’est encore ce qui se passe de nos jours.

Les moines prirent une part très active aux discussions Ihéologiques qui agitèrent les églises d’Orient, monophysisme, monothélisme, afl’aire des trois chapitres, question des saintes images. S’il y eut parmi eux de nombreux hérétiques, ils surent donner à l’orthodoxie ses champions les plus intrépides ; par exemple, saint Jean Damascène, qui lutta avec tant d'énergie contre les iconoclastes, saint Maxime, le plus redoutable adversaire des monothélites, saint Théodore Studite, saint Etienne du mont Saint-Auxence, saint Sabbas, higoumène du Stoudion. La persécution iconoclaste fit parmi eux une légion de. martyrs.

Les moines furent en Orient les propagateurs de la foi au milieu des païens. Les peuples slaves qui habitaient par de la les frontières de l’Empire et surtout ceux qui les franchirent plus d’une fois, reçurent d’eux l'Évangile. Saint Cyrille et saint Méthode sont les plus connus de ces moines apôtres. Tous apportèrent aux nouveaux convertis, avec la liturgie grecque, la vie monastique, telle que la pratiquaient les basiliens. Les monastères devinrent nombreux et inlluents dans ces régions gagnées à la foi.

Les moines cultivèrent les lettres divines et humaines. Les défenseurs de l’orthodoxie, énumérés plus haut, furent, en même temps, les hommes les plus instruits de leur époque, des théologiens très estimés. Il y eut encore dans [es monastères des chroniqueurs, tels que Georges le Syncelle, son ami Théophane (f817) ; des hagiographes, dont la plume fut particulièrement féconde ; des poètes et des hynmographes, qui ont enrichi de leurs compositions la littérature liturgique. Les plus connus sont le saint abbé Maxime de Chrysopolis, saint Théodore Studite et saint Romanos. Beaucoup parmi eux cultivèrent les beaux-arts, particulièrement la peinture et la miniature. C’est resté une tradition chère aux grands monastères basiliens. La transcription des manuscrits était l’une des occupations les plus utiles des moines. Grâce au zèle qu’ils y mettaient, leurs principaux monastères finirent par posséder de riches bibliothèques, où les manuscrits étaient conservés avec un soin religieux. Même après des siècles, les bibliothèques monastiques de l’Orient rendent à l’activité intelligente et au savoir étendu des basiliens du passé un éclatant hommage. Les érudits modernes y ont fait de nombreuses découvertes et ils sont loin d’avoir épuisé les trésors qu’elles renferment. Les plus riches sont celles du Sinaï et du mont Athos.

Les progrès incessants de l’islamisme et l’affaissement de la vraie vie chrétienne qui suivit le schisme de Byzance amenèrent parmi les moines basiliens une irrémédiable d 'cadence. Dn grand nombre du monastères disparurent, d’autres subsistent encore, mais en dépit des moines plus ou moins nombreux qui les peuplent et d’une fidélité' rigide à certaines observances, ce ne sont plus que des ruines morales. Ces monastères tiennent cependant une place 1res importante dans la vie religieuse des Églises orientales. Les plus connus et les plus inlluents sont celui du mont Sinaï, celui de Saint-Sabbas en Palestine et le groupe des monastères du mont Athos. Les basiliens sont nombreux en Grèce et dans les lies de l’Archipel. Il n’y a plus de vie intellectuelle et apostolique dans ces monastères depuis qu’ils sonl devenus la proie du schisme. Voir Constantinople [Église de),

Les Églises qui ont suivi Constantinople dans son

schisme conservent une population monastique assez nombreuse. Les basiliens de Russie sont ceux qui méritent le plus de fixer l’attention. Voici la liste de leurs principaux monastères : Petchersky de Kiew, Saint-Serge de Troïtsa au nord de Moscou et Saint-Alexandre Newsld à l'étershourg, qui portent le nom de taures, et Potchaïef en Yolhynie ; ce sont les grands sanctuaires de la Russie. Il y a au-dessous d’eux un grand nombre de monastères de moindre importance. Ils tiennent une place considérable dans la constitution de l'Église orthodoxe. Voir Russie.

Dans le mouvement de retour à l’union avec Rome, qui faillit anéantir le schisme chez les Ruthènes, les moines eurent un grand rôle à jouer. Leurs monastères réformés par Buslri et saint Josaphat furent les instruments dont Rome se servit pour reprendre contact avec ces églises. Le partage de la Pologne et la politique des tsars a fait repasser au schisme la plupart des basiliens ruthènes. Ceux de la Galicie, soumis à l’empire d’Autriche, avec leurs confrères de la Hongrie, conservent encore leur fidélité au souverain pontife. Les premiers forment une congrégation, sous le vocable du Saint-Sauveur, avec 14 monastères ; les seconds en forment une autre, composée de 7 monastères. Léon XIII a fondé à Rome le collège grec-ru thène près de l'église des SaintsSerge et Baccbus et l’a donné aux basiliens.

Les grecs unis possèdent en Orient un certain nombre de monastères basiliens distribués en trois congrégations gouvernées par un abbé général : celle du Saint-Sauveur, fondée en 1715, avec 8 monastères, 21 hospices et 400 religieux ; celle d’Alep, avec 4 monastères et 2 hospices, et celle des valadites avec le même nombre de monastères et 3 hospices. Ces deux dernières sont répandues dans le Liban.

Les basiliens ont eu en Occident de nombreux monastères, surtout en Sicile et dans l’Italie méridionale. La fondation de la plupart d’entre eux remonte ati temps de la persécution iconoclaste et de la domination des princes normands. Toutefois, ces princes, après avoir accordé quelques privilèges aux moines grecs, ont cherché à les remplacer par des bénédictins. Le changement de leur conduite à l'égard des basiliens s’explique par leur attachement au saint-siège et au rite latin et aussi par leur antagonisme politique avec la cour de Byzance. Le monastère de Rossano, l’un des plus célèbres, conserva longtemps les meilleures traditions littéraires de Byzance, grâce surtout à saint Nil le jeune, son fondateur, à l’abbé saint Barthélémy et aux moines Paul et Néophytas. Celui de Saint-Nicolas d’Otrante n’est pas moins célèbre. Saint-Sauveur de Messine et Grotta l’errata, dans les États pontificaux, furent aussi illustres. Le retour éphémère des grecs à l’unité romaine donna quelque vie à ces monastères italiens au temps du concile de Florence. Ils bénéficièrent de l'émigration des Byzantins vers l’Occident après la prise de Constantinople. Aussi voit-on leur nom figurer avec une certaine dignité dans l’histoire de la Benaissance. Le cardinal Bessarion, abbé commendataire de Grotta Ferrata, et protecteur de tous les basiliens, ne négligea rien de ce qui pouvait stimuler leur vie intellectuelle et mettre à profit les trésors littéraires enfermés dans leurs bibliothèques.

Le relâchement fut profond dans ces monastères au xvie siècle. Pour y remédier, Grégoire XIII entreprit une réforme (1573). Les monastères italiens formaient les trois provinces de Sicile.de Calabre et de Rome. Ils suivaient la liturgie grecque avec des usages empruntés à la liturgie latine, telle la consécration du pain azyme. Quelques monastères obtinrent du souverain pontife de suivre intégralement la liturgie romaine. Il n’y avait plus que 22 abbayes en Sicile, 13 dans le royaume de Napleet quelques-unes dans les États pontificaux, à la fin du xvin c siècle. Files ont presque toutes disparu dans les