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BASILE DE SOISSOXS — BASILIDE


sainte tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, 8 in-8°, Paris, 1689-1096.

Bernard de Bologne, Sucra bibliotheca script, ord. capucein. , Venise, 1747 ; Hurter, Nomenclator, t. il, col. 430. Edouard d’Alençon.

    1. BASILIDE##


BASILIDE. — I. Sources. II. Vie. III. Système. IV. Critique. V. Secte bàsilidienne.

I. Sources.

Basilide est l’un des principaux chefs de la gnose au IIe siècle. Bien que connu et réfuté par les écrivains ecclésiastiques, ses contemporains ou ses successeurs, sa vie et son système restent enveloppés de mystère. Jusqu’au milieu du xixe siècle, saint Irénée et Clément d’Alexandrie étaient les seules sources. L’évêque de Lyon qui, d’abord, n’avait eu en vue que de réfuter les erreurs de Valentin, dut se préoccuper de rechercher quels furent les maîtres et les prédécesseurs du célèbre gnostique égyptien, et c’est ainsi qu’il fut amené à parler de Basilide. Il en parle à plusieurs reprises, mais toujours d’une manière fragmentaire, incomplète, sans ordre, empruntant ses renseignements soit au Syntagnia de saint Justin, soit à l’ouvrage d’Agrippa Castor. Saint Épiphane, à sa suite, donne plus de détails et a plus d’ordre, sans exposer, toutefois, l’ensemble du système basilidien. Clément d’Alexandrie, le mieux place de tous les Pères pour connaître à fond la doctrine de Basilide, puisqu’il enseignait dans un milieu où elle était répandue et pratiquée, et qu’il avait entre les mains les œuvres de Basilide et de son fils Isidore, dont il cite des extraits, est précieux à consulter, mais est loin d’égaler saint Irénée. Car, au lieu d’entreprendre une réfutation générale, ce n’est qu’accidentellement, selon les nécessités du moment et le sujet de ses leçons, qu’il parle de Basilide, prenant à partie quelques points de sa psychologie et de sa morale et fournissant, çà et là, sur les mœurs et les fêtes des basilidiens des détails qu’on ne trouve pas ailleurs. Après la découverte et la publication des Philosophumena, on eut des renseignements nouveaux sur la métaphysique de Basilide ; on crut même qu’il s’agissait d’un système dû à ses disciples ; mais, en rapprochant ce texte de celui de saint Irénée et de Clément d’Alexandrie, on vit que c’était bien le système du maître, avec cette différence que l’auteur des Philosophumena semble avoir pris à tâche de combler les lacunes de l’ouvrage de saint Irénée. Or, malgré l’appoint des Philosophumena, l’ensemble du système de Basilide nous échappe encore ; bien des points restent obscurs, des parties manquent. De tous les systèmes gnostiques, celui de Basilide est le plus compliqué et parait le fruit d’une imagination puissante qui se joue des symboles, s’entoure de formules impénétrables et se perd dans une métaphysique abstraite. La logique, cependant, n’en est pas totalement absente. On y découvre quelques principes, toujours les mêmes et d’application uniforme, qui aident à combler, dans la mesure du possible, certaines lacunes, et à donner une idée moins imparfaite de la gnose bàsilidienne, sans réussir toutefois à la reconstituer dans son intégrité, ni surtout à concilier ses contradictions. En attendant que de nouvelles découvertes lassent la lumière complète sur l’œuvre de Basilide. voici, dans l’état actuel de la science, ce que l’on en peut dire.

II. Vie.

Ni le lieu ni la date de la naissance et de la mort de Basilide ne nous sont connus. Ce que l’on peut simplement affirmer, c’est qu’il est né vers la lin du Ie siècle, , |i, ’i| ;, , -.(, . lYlève de Ménandre à Antioche, qu’il a eu pour condisciple Satornilusou Saturnin, qu’il passa en Egypte, parcourut les nomes de Prosopis, il Albribis et de Sais et se fixa à Alexandrie. Épiphane, User., xxiv, 1, /’. < ;., t. xi.i, col. 308 ; Irénée, Cont. hser., I, xiv, 1, /’. < :., t. vii, col. 07k Eusèbe l’appelle Alexandrin. II. /-’., iv, 7, /’. < ;., i. xx, col. 316. C’est à Alexandrie que, san^ abandonner complètement l’enseignement de Bes prédécesseurs Ménandre et Simon de

Citton, mais emporté par une fureur poétique, comme dit Épiphane, Hser., xxiv, 2, P. G., t. xli, col. 309, il chercha à faire une œuvre nouvelle, en compliquant et en développant outre mesure ce qu’il avait appris, ut altius aliquid et verisimilius invertisse videatur, dit Irénée, Cont. hær., I, xxiv, 1, P. G., t. vii, col. 675. Cf. Épiphane, Hser., xxiv, 1, P. G., t. xli, col. 309 ; Eusèbe, H. E., iv, 7, P. G., t. xx, col. 316. Dans la liste des hérétiques, il est toujours placé avant Valentin. Il vécut sous les empereurs Hadrien et Antonin, et pendant le pontilicat d’Hygin, jusque vers 140. Clément d’Alexandrie, Strom., vii, 17, P. G., t. ix, col. 548, notes 47, 49, 52, col. 517-552 ; Eusèbe, H. E., iv, 7, P. G., t. xx, col. 317 ; De Basilide, de Massuet, n. 112-114, dans P. G., t. vii, col. 33-135. Il a donc été en pleine activité intellectuelle dans la première moitié du iie siècle. Très attentif au mouvement religieux de son époque et en particulier au christianisme, il a vu l’importance que la tradition avait aux yeux des catholiques, et il en appela à la tradition, prétendant suivre fidèlement l’enseignement de saint Mathias, et avoir eu pour maître « n certain Glaucias, interprète de saint Pierre. Clément d’Alexandrie, Strom., vii, 17, P. G., t. ix, col. 519. Voulant, comme tant d’autres, jouer un rôle prépondérant et créer une religion nouvelle purement gnostique, parce que tout était à la gnose, il rêva d’emprunter au christianisme quelques-unes de ses données et de les adapter à son système. Il connaissait les saintes Écritures et, bien qu’il rejetât l’Ancien Testament, il ne manquait pas de s’en servir, tout en le défigurant et en lui prêtant un sens particulier, pour étayer ses théories et tromper la foi des simples. Peut-être même composat-il des livres apocryphes ; il attribuait les prophéties aux anges créateurs, et la Loi au dieu des Juifs. Irénée, Cont. hser., I, xxiv, 5, P. G., t. vii, col. 678. Quant à lui, au dire de son fils Isidore, il avait composé une prophétie de Cham ; il vantait et exploitait celles de Barcoph ou Barcabbas et de Parchor. Clément d’Alexandrie, Strom., VI, 6, P. G., t. ix, col. 276. Il connaissait également le Nouveau Testament ; il écrivit même vingt-quatre livres de commentaires sous le titre de è !  ; » )Yï|mà cîc tô eyaYYéXtov. Clément d’Alexandrie, Strom., iv, 17, P. G., t. viii, col. 1289. Eusèbe, qui les appelle $tâlix, ne spécifie pas s’il avait pris pour texte les Évangiles canoniques ou son propre Évangile ; car il en avait composé un, tô xocrâ BaaiÀetâou eùayiéXiov, dont parlent Origène, In Luc., homil. I, P. G., t. XIII, col. 1803 ; saint Ambroise, In Luc., i, 2, P. L., t. xv, col. 1533 ; saint Jérôme, In Mall/i., prol., P. L., t. xxvi, col. 17. Clément d’Alexandrie cite un assez long passage tiré du livre XXIIIe de ces commentaires. Strom., iv, 12, P. G., t. viii, col. 1289 sq. ; l’auteur de la Disputatio Arc/ielai cum Manete en cite deux, tirés du XIIIe, sous le titre de Traité. Disput., LV, P. G., t. IX, col. 1524. Parmi les Epitres, il fit un choix, n’en admettant que quelques-unes, rejetant en particulier celles aux Hébreux, à Tite et à Timothée. S. Jérôme, In TU., prol., P. L., t. xxvi, col. 555.

Son enseignement ne passa pas inaperçu ; car il fut pris à partie et combattu par les écrivains chrétiens de l’époque. Eusèbe nous apprend, en effet, qu’Agrippa Castor avait compose contre lui un ouvrage où il dévoilait ses erreurs et les réfutait solidement. H. E., iv, 7, P. G., t. xx, col. 317. Saint Justin, qui connaît Basilide, Dial., 35, P. G., t. vi, col. rc>2. dut le ranger dans son Syntagma parmi les hérétiques qu’il signalait à la réprobation des Églises comme falsificateurs de la foi. Ces ouvrages sont, malheureusement, perdus ; à leur

défaut, ceux de saint [renée, de Clément d’Alexandrie

et les Philosophumena suffisent pour nous montrer ce que le système de Basilide avait de contraire à l’Écriture, à la tradition, à la foi, à la morale et à la saine philosophie.