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BENEDICTINS (TRAVAUX DES)

GOG

m.iL r ne nous trouvons avec Alcuin, saint Benoit, abbé d’Aniane, puis de Cornelimunster. En 79't il avait pris part au concile de Francfort où il défendit la pureté de la foi contre Félix d’Urgel. Il fut l’inspirateur du synode d’Aix-la-Chapelle en 817 et fut regardé comme le restaurateur de la discipline monastique. Voir Benoit d’Aniane.

IV. Au IXe siècle. — 1° Tliéodemir (f vers 825), abbé de Psalmodi, défendit contre Claude de Turin le culte des images qui, quelques années plus tard, aura parmi ses défenseurs Walafrid Strabon, abbé de Beichenau, Dungdalle, moine de Saint-Denis, et Hincmar, archevêque de Reims. Bans le diocèse de ce dernier prélat, un moine de l’abbaye d’Orbais, Gottschalk, après avoir étudié les écrits de saint Augustin et de saint Fulgence, avait quitté son monastère pour aller répandre partout de funestes erreurs, enseignant une double prédestination, l’une à la béatitude, l’autre à la damnation. Ce nouvel hérétique fut condamné dans les conciles de Mayence en 818 et de Kierzy en 849 et soumis à une sévère pénitence. Il fut en outre combattu par les écrits de Raban Maur, ancien abbé de Fulde, devenu archevêque de Mayence, et d’Hincmar, archevêque de Reims. Malheureusement Scot Érigène se mêla à la controverse et, en voulant réfuter les doctrines du moine d’Orbais, tomba dans d’autres erreurs qui eurent parmi leurs principaux adversaires Loup, abbé de Ferrières, et Ratramne, moine de Corbie. Aussi ces derniers, ainsi que Rémy, archevêque de Lyon, se trouvant en contradiction avec diverses assertions d’Hincmar, furent-ils à tort considérés par plusieurs comme partisans de Gottschalk. Les erreurs de ce dernier, censurées par divers synodes, furent définitivement condamnées par le concile de Touzy en 860. Voir t. i, col. 2527-2530.

2° A la même époque le schisme de Photius menaçait de se répandre dans les Gaules et dans tout l’Occident, et le monastère de Corbie fournit deux des principaux défenseurs des droits et des coutumes de l'Église romaine dans la personne du moine Ratramne et dans Celle d’Odon qui, d’abbé de ce monastère, devint évéque de Beauvais (f881). Le premier de ces religieux que nous avons déjà eu l’occasion de mentionner écrivit à ce sujet quatre livres contre le’s Objecta Grœcorum. On lui doit en outre un ouvrage De prædestinatione, composé à l’occasion des controverses suscitées par les erreurs de Gottschalk, et un livre De nalivitate Christi. On lui attribue en outre un traité De corpore et sanguine Christi. Il se trouve souvent dans ces divers écrits en contradiction avec un religieux du même monastère, saint Paschase Radbert († 865), qui en devint abbé et se rendit célèbre par ses travaux théologiques : De corpore et sanguine Domini ; De par tu Virginis, ei De fide, spe et charitate libri III. Adrevald († 858), moine de Flcury-sur-Loire, écrivit également un traité De corpore et sanguine Domini, dirigé surtout contre Scot Érigène.

3° Dans les Gaules, Leidrade, archevêque de Lyon, puis moine de Saint-Médard de Soissons où il mourut en 816, publie sur le désir île Charlemagne un traité sur le baptême. Il rétablit les écoles de son église cathédrale et y met pour écolàtre le diacre Florus († 859) qui revêtit l’habit monastique à l’abbaye de Saint-Trond et prit une pari active aux querelles théologiques nées de l’hérésie de Gottschalk. Sinaragde, abbé' de Saint-Mihiel en Lorraine (819), est auteur de divers ouvrages bien connus au moyen âge sous les titres de Diadema monachorum et Via regia. Hilduin, abbé de Saint-Denis (+842), fait connaître les livres célèbres attribués à saint bciis l’Aréopagite. Un moine de ce monastère, Hincmar, devient en 845 archevêque de Reims. Il prend, ainsi que nous l’avons dit, la part la plus active aux luttes contre les erreurs de Gottschalk, On lui doit

divers ouvrages parmi lesquels des traités De preedetinatione ; Dr una et non Irma Deilate ; De cavendis

vitiis et virtutibus e.vcerccndis ; Exposiliones ad Carolum regem pro Ecclesise liberlalum defensione.

4° En Allemagne l'école monastique de Fulde brille d’un vif éclat sous la direction de Raban.Maur, écolàtre, puis abbé de ce monastère et archevêque de Mayence. Outre les écrits composés contre Gottschalk, ce prélat est auteur de commentaires sur un grand nombre de livres de l'Écriture sainte et a laissé divers traités parmi lesquels De laudibus S. Crucis ; De institutiune clericorum et cœremoniis Ecclesise ; De oblatione puerorum, et un Pénitentiel. Parmi les religieux qui fréquentèrent l'école de Fulde se lit remarquer Walafrid Strabon, mort en 849 abbé de Beichenau, auteur d’un ouvrage De ecclesiaslicarum rrruni exordiis et incrementis. Dans le même monastère avait étudié Loup Servat, écolàtre, puis abbé de Ferrières en Gàtinais, dont il ne nous reste, outre un certain nombre de lettres, que le De tribus quæstionibus, où il traite du libre arbitre, de la prédestination et de la rédemption de tous les hommes par le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il combat diverses assertions d’Hincmar, mais, comme nous l’avons dit, ne saurait être rangé parmi les partisans de Gottschalk. Parmi les moines de Ferrières qui vécurent à cette époque nous avons à mentionner Adon, archevêque de Vienne (-j-874), célèbre par le martyrologe qui porte son nom. Voir t. i, col. 401-102. Haymon, évêque d’Halberstadt († 853), fut moine de l’abbaye de Fulde. Outre des commentaires sur divers livres de la Bible et des homélies, il nous reste de cet auteur des traités De corpore et sanguine Domini ; De varietale librorum sivede amore cœlestis palriæ. Dans les mêmes régions, Éginhard, le fondateur de Seligenstadt (+844), composait un ouvrage De cruce adoranda, que nous ne connaissons que par l'éloge qu’en fait Loup de Ferrières, et Helfride, moine d’Hirsauge, au dire de Trithéme, m omni génère doctrinam ad plénum institue tus, écrivait divers traités parmi lesquels un livre Dr sacramento altaris, qui n’est pas parvenu jusqu'à nous.

5° En Angleterre, vers la fin du IX » siècle, les études se sont relevées dans les monastères sous l’impulsion de moines venus des Gaules et quelques auteurs voudraient même faire remonter jusqu'à eux les commencements de l’université d’Oxford. Parmi les religieux qui se distinguèrent alors en ce pas par leur science et leur piété, on peut nommer les moines Neotus, Jean, Grimbald et Asserius.

V. Au Xe siècle. — Les premières années du Xe siècle sont marquées par un fait important dans l’histoire monastique : la fondation de l’abbaye de Cluny par le saint abbé Bernon et Guillaume, duc d’Aquitaine. Cet illustre monastère va être pendant plusieurs siècles le plus solide rempart de l’orthodoxie romaine. Au B. Bernon, mort en 928, succéda dans la chaire abbatiale de Cluny, saint Odon († 949), auquel nous devons un abrégé des Morales de saint Grégoire le Grand et trois livres de conférences. Sous son impulsion bienlaisante, la réforme s’introduit dans un grand nombre de monastères bénédictins. Dans les Gaules, Rémi d’Auxerre (+ vers 908) s'était fait remarquer comme grammairien et comme théologien et en cette dernière qualité il composa, outre des homélies, un traité De dedicatione Ecclesiæ, et une Expositio île celebratione missæ. A la fin du siècle, Adson (+992), moine de Luxeuil et abbé de Montier-cnDer, écrit entre autres ouvrages un Libellas de Antichristo, généralement publié' parmi les œuvres d’Alcuin. Voir t. I, col. 463-464. En Allemagne, les écoles monastiques sont très florissantes et il nous faut mentionner celles de Saint-Gall, de Saint-Maximin de Trêves, de Saint-Matthias en la même ville, d’Echternach, de Corwey, et de Saint-Alban de Mayence, De l’abbaye de Lobbes sortit Rathier (+974) qui devint évêque de Vérone et lutta sans trêve pour la réforme de si. n clergé et la pureté de la doctrine, comme en témoignent ses écrits, .