Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
607
608
BÉNÉDICTINS (TRAVAUX T>ES)


ses sermons et ses lettres. En Italie, Gezon (vers 950), abbé de Saint-Marcien île Tortone, écrit un traité De corpore et sanguine Boni : ni.

VI. Au XIe suxi.E.— ! " I) : ms le cours de ce siècle, l’ordre de Saint-Benoit se divise en plusieurs branches. Saint Romuald fonde les camaldules auxquels s’unissent les abbayes gouvernées par saint Pierre Damien, évêque d’Ostie et docteur de l’Église ; saint Jean Gualbert établit Vallombreuse ; saint Etienne de Muret, Grandmont ; Robert d’Arbrissel, Fontevrault, et saint Robert de Molesmes inaugure la rélorme de Citeaux qu’illustrera saint Bernard. Nous laisserons de côté ces diverses familles du grand ordre bénédictin, nous attachant à la branche principale qui est celle de ceux qu’on a appelé les moines noirs et dont Cluny est à cette époque la plus puissante abbaye. La réforme inaugurée dans ce monastère se répand dans toute la chrétienté sous l’inlluence de ses grands abbés saint Mayeul, saint Odilon et saint Hugues. C’est dans cet ordre de Cluny que les papes, conseillés par le cardinal Hildebrand, moine de Sainte-Marie de l’Aventin avant de ceindre lui-même la tiare pontificale, trouveront leur plus ferme appui dans la lutte contre les investitures et les désordes d’un clergé simoniaque et concubinaire.

2° L’ordre bénédictin revendique à juste titre comme lui appartenant plusieurs papes qui illustrèrent l’Église au xi c siècle : Silvestre II, Léon IX, Etienne X, Grégoire VII, Victor III et Urbain IL Tous luttent pour le maintien de la discipline et le respect des lois de l’Église. Les décrets promulgués dans de nombreux conciles réunis par leurs soins, leur volumineuse correspondance sont les meilleurs témoins de leur zèle pour la pureté de la doctrine. A Silvestre II, célèbre avant son pontificat sous le nom de Gerbert, moine de Saint-Gérault d’Aurillac, abbé de Bobbio, archevêque de Reims, qui n’ignorait aucune des sciences de son temps, nous devons un traité De corpore et sanguine Domini.

3° Nombreux sont ceux qui à cette époque écrivent sur la sainte eucharistie pour réfuter les erreurs répandues à cette époque et en particulier l’hérésie de Bérenger, archidiacre d’Angers. Durand († 1088), abbé de Troarn en Normandie, Lanfranc († 1089), prieur du Bec, puis archevêque de Cantorbery, écrivent des traités De corpore et sanguine Domini, et ce dernier, au concile de Tours en 1055, amena l’hérétique à abjurer ses erreurs. Un autre religieux du Bec, Ascelin, confond Bérenger à la conférence de Briosne et lui adresse une lettre où il affirme la doctrine catholique sur la présence réelle de Notre-Seigneur dans la sainte eucharistie. Voir t. i, col. 2036. Guitmond (1088), moine de la Croix-Saint-Leuffroy et évêque d’Aversa, compose une Confessio de sancta Trinitate et Christi humanitate corporisque ac sanguinis Domini nostri veritate, et un livre De corpore et sanguine Domini. Un moine d’un monastère inconnu traite le même sujet dans une Epistola de veritate corporis et sanguinis Christi. Le B. Wolphelme († 1091), abbé de Brauweiler, écrit une lettre sur le même sujet et publie des règlements sur l’utilité de la lecture et de la méditation des saintes Écritures. L’ouvrage intitulé De multiplici Berengarii damnatione est également l’œuvre d’un religieux de l’ordre de Saint-Benoit. Albéric († 1088), moine du Mont-Cassin et cardinal, combat les erreurs de Bérenger et de Pierre de Bruys dans un traité De realilate corporis Christi. Il écrivit en outre un livre De virginitate B. Mariée Virginis. Mais aucun de ces traités ne nous est parvenu.

4° Dans l’œuvre de la réforme des mœurs du clergé, dans la lutte contre la simonie, dans la querelle des investitures, les papes trouvent dans l’ordre monastique leurs coopérateurs les plus fidèles, leurs conseillers les plus dévoués comme Hugues (y 1109) de Cluny, Richard († 1121), abbé de Saint-Victor de Marseille, et les évoques sortis des cloîtres bénédictins. Un prieur de l’abbaye de

Nonantule, nommé Placide (vers 1070), écrivit un livre De honore Ecclesiæ, contre les investitures. Un moine du Mont-Cassin, Brunon d’Asti († 1123), nommé par saint Grégoire VII évéquede Segni, se montre l’intrépide défenseur des droits de l’Église. A Rome, il combat les erreurs contre la sainte eucharistie et parmi ses écrits on remarque des traités De incarnatione Domiyù et ejus sepullura ; De sacrificio azymo ; De sacramentis Ecclesiæ, mysteriis algue ecclesiasticis ritibus ; Cur corrupitur Ecclesiæ status, et des lettres à Pascal II, où il reproche assez, vivement à ce pape les concessions accordées aux exigences de Henri V. Humbert († 1063), moine de Moyen-Moutier, cardinal-évêque de Sainte-Rufine et bibliothécaire de la sainte Eglise romaine, est envoyé par Léon IX à Constantinople pour combattre les prétentions schismatiques des Grecs qu’il réfute en plusieurs ouvrages ; il écrit en outre trois livres contre les simoniaques. Anselme (fl086), évêque de Lucques, défend par ses actes et ses écrits le pape légitime contre l’antipape Guibert.

5° Parmi les autres bénédictins remarquables par leur doctrine et dont les ouvrages sont parvenus jusqu’à nous, nous avons à cette époque : en Allemagne, Hériger († 1007), abbé de Lobbes, auteur d’une lettre De diversitate quæ inler Dionysium et Bedam occurrit ; il avait lui aussi composé un traité De corpore et sanguine Domini, qui n’a pas été publié. Burchard (1025), moine de Lobbes, puis évêque de Worms, a laissé un Pénilentiel. A Bernon († 1048), moine de Fleury et de Prum, puis abbé de Reichenau, nous devons quelques petits traités qui intéressent surtout la liturgie, comme le suivant : Libeltus de quibusdam rébus ad missee sacrificium pertinentibus ; de plus il combat les erreurs de Cassien dans une lettre adressée à un nommé Frédéric très versé dans les questions théologiques. Othlon (f vers 1052), moine deTegernsee, de Saint-Emmeran de Ratisbonne, de Fulde où il exerce les fonctions d’écolâtre, compose un dialogue De tribus quæstionibus, id est de divinse pletatis agnilione, judiciorumqve divinorum neenon de varia bene agendi facultate, une lettre De permissionis bonorum et malorum causis et un Libellus metricus de doclrina christiana ; auteur ascétique, il écrit divers ouvrages De cursu spirituali ; De admonitione clericorum et laicorum.

6° A la fin du x° siècle, à la demande de saint Oswald, religieux de Fleury-sur-Loire devenu évêque de Worcester, un moine de ce monastère, saint Abbon, qui en devait être abbé, se rendit en Angleterre pour y remplir les fonctions d’écolâtre, et plus tard le B. Lanfranc († 1089), d’abbé du Bec devenu archevêque de Cantorbery, n’eut rien de plus à cœur que d’établir dans son diocèse des écoles semblables à celles où lui-même avait enseigné avant son épiscopat.

Lanfranc eut pour successeur sur le siège de Cantorbery son disciple Anselme qui, né à Aoste en 1033 ou 1031, avait, en 1060, revêtu l’habit monastique à l’abbaye du Bec dont il ne tardait pas à devenir prieur, puis abbé. En 1093, Guillaume le Roux le choisissait pour archevêque de Cantorbery. Anselme ne tarda pas à entrer en lutte contre les prétentions sacrilèges du roi d’Angleterre, et sous ce prince et sous son successeur, Henri Beauclerc, il ne cessa de combattre pour les libertés de l’Église. Deux lois il dut abandonner son siège et venir chercher un reluge à Rome. Il mourut à Cantorbery, h’21 avril 1109. Saint Anselme a laissé de nombreux écrits théologiques, comme le Monologium, le Proslogium, le Cur Deus homo dans lesquels, ne s’appuyant plus uniquement sur l’Ecriture sainte et la tradition, il applique la raison avec toutes ses ressources à la méditation des vérités de la toi. Aussi est-il regardé à bon droit comme le Père de la théologie scolastique. Dans le Proslogium auquel il avait d’abord donné ce titre significatif Fides quærens intellectum, se trouve le célè-