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BENEDICTINS (TRAVAUX DES ;

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Les écrits de ces deux religieuses témoignent éloquemment de la vie intellectuelle qui régnait alors, même dans les monastères de femmes.

VIII. Aux xiiie et xive siècles. — 1° Les changements apportés dans les méthodes d’enseignement font que les écoles des monastères sont peu à peu complètement délaissées pour les universités où se font surtout remarquer les religieux des nouveaux ordres, franciscains, dominicains, carmes et augustins. La décadence des études monastiques, dont se plaignait déjà vivement Abélard, ne fait que s’accroître pendant les xiiie et XIVe siècles et est presque partout accompagnée d’un relâchement de la discipline. Les chapitres généraux de l’ordre de Cluny, les conciles comme celui de Vienne en 1311, les souverains pontifes comme Benoit XII, s’efforcent d’apporter un remède à ce double mal. Henri de Fautrières, abbé de Cluny, mort évêque de Saint-Flour en 1320, promulgue des règlements pour les jeunes religieux de son abbaye et des monastères qui en dépendent, recommandant l'étude de l'Écriture sainte, ainsi que de la logique et de la philosophie qui leur permettront de mieux comprendre le texte sacré et d’en tirer toutes les conséquences. Les plus illustres et les plus puissantes abbayes fondent près des universités des collèges où elles envoient leurs moines, étudier sous les maîtres les plus célèbres, leur recommandant de ne s’attacher aux sciences profanes qu’autant qu’il sera nécessaire pour l’intelligence des Livres saints et l'étude de la théologie. Plusieurs bénédictins enseignent dans ces universités et parmi eux Guy de Munois († 1313), professeur à Orléans, puis abbé de Saint-Germain d’Auxerre, et Erasme du Alont-Cassin, professeur à Naples.

2° En Angleterre les bénédictins ont à combattre les erreurs de Wiclef et parmi eux se font remarquer Simon Langham († 1376), abbé de Westminster, archevêque de Cantorbéry et cardinal, Ultred Bolton (1380), bénédictin de Durham, Jean Wellys (1388), de Ramsej, et Nicolas de Radcliff (1390), de Saint-Alban. Dans ce même pays Gautier Bederichwort (vers 1360) écrit des commentaires sur le livre des Sentences et Adam Eston († 1397), moine de Norvvich, puis cardinal, compose, outre de nombreux ouvrages sur l'Écriture sainte, divers traités théologiques qui n’ont pas été imprimés.

3° En Allemagne, Ëngelbert († 1331), moine d’Admont en Styrie, fut envoyé étudier à Padoue et devint ensuite abbé de son monastère. Il a laissé de nombreux écrits parmi lesquels nous mentionnons : De gratiis et virtutibus £. Marisa V. ; De rébus ad fidem spectantibus ; De gratia salvationis et justitia danmationis humanæ ; De libero arbitrio ; De providenlia Dei ; De statu defunctorum ; Utrum Deus adliuc incarnatus fuisset si primus Iwmo non fuisset lapsus. Nous ne devons pas passer sous silence sainte Gertrude (f'1342) et sainte Mechtilde qui ont laissé plusieurs livres où elles ont consigné les révélations dont elles ont été favorisées et qui semblent être à cette époque la plus haute expression des enseignements de la théologie mystique.

IX. Au xve siècle. — 1° Ce siècle fut une époque de renouvellement pour l’ordre monastique par l'établissement des congrégations bénédictines. En 1404, Othon, abbé de Castels, réforme son abbaye à laquelle s’associent plusieurs monastères de Souabe et de Bavière. Quelques années plus tard, Louis Barbo ayant été pourvu de l’abbaye de Sainte-Justine de Padoue, y établit une observance qui tut embrassée par beaucoup de monastères italiens ; ce fut l’origine de la congrégation du Mont-Cassin. En 1417, Jean de Meden commence à Bursleld, cette grande réforme des abbayes allemandes qui réunira plus de 140 monastères. Sous l’abbé Nicolas de Mazen (fl425), l’abbaye de Melk se réforma, entraînant à sa suite dix-sept monastères d’Autriche. En même temps que l’observance régulière se rétablit, les

études sont remises en honneur et les papes et les conciles encouragent tous les efforts tentés vers ce double but. Au concile de Bàle fut promulguée à nouveau la constitution de Benoit XII, et Martine de Senging (f vers 1485), abbé de Melk, y prononça un discours De reformalione status cœnobitici. On y remarqua en outre Henri de Guelpen (f vers 1430), abbé de Saint-Gilles de Nuremberg, Jean de Langdon († 1434), bénédictin de Cantorbéry, évêque de Rochester, qui pendant quelque temps avait été le supérieur des religieux envoyés pour étudier à l’université d’Oxford, et Boldewin qui, d’abbé de SaintMichel de Lunnehourg, était devenu archevêque de Brème.

2° Parmi les théologiens de cette époque dont les écrits ont été imprimés, nous mentionnerons André d’Escobar(vers 1437), Espagnol, évêque de différents sièges et pénitencier de l'Église romaine ; on lui attribue, avec divers ouvrages demeurés manuscrits, un livre intitulé : Melhodus con/itendi qui a été souvent réimprimé. Nicolas Tedeschi (1445), jurisconsulte célèbre, enseigna le droit à Sienne, à Parme, à Bologne, et fut nommé archevêque de Païenne. Il eut le malheur de suivre le parti de l’antipape Félix V qui le créa cardinal. Parmi ses ouvrages qui presque tous se rapportent au droit canon, on remarque un Tractatus de concilia Basilænsi et de ejus potestate ac papse. Jean Wischler ou de Spire († 1456), prieur de Melk, zélé pour l’observance régulière, publie un traité De studio lectionis regularis ejusque impedimentis. Bernard de Waging ou Baging († 1472), chanoine de Saint-Augustin, puis bénédictin et prieur de Tegernsee, est auteur des deux ouvrages suivants : Remediarius pusillanimium et scrupulosorum et De spiritualibus sentimentis et de perfections spirituali. A Jérôme de Werden (1475), prieur de Monsée, nous devons un opuscule De profectu religiosorum, et un bénédictin, originaire de Crémone, écrit cinq livres De veneralione sanctorum. Hilarion de Vérone (1464), moine de l’abbaye des Saints-Nazaire-et-Celse, traduit du grec en latin les Sancti Dorolliei doctrinm de vita recte instiluenda. Bernard de Plaisance († 1486), abbé de la congrégation de Sainte-Justine, publie divers traités : De contemptu mundi et assumenda religione et de institutione novitiorum ; Quomodo debeat religiosus in suo monasterio conversari et de modo orandi ; De resurrectione Christi. A la même congrégation appartiennent Luc Bernard de Brescia, qui lit imprimer en 1508 les homélies de saint Jean Chrysostome traduites du grec en latin, et le célèbre jurisconsulte Benoit de Castro Sangri ou Benoit de Sangri (1544), auteur d’un traité De consuris ecclesiaslicis et d’un livre De liœresibus et hseresiarcliis.

3° Jean Baulin († 1514), docteur en théologie, maître au collège de Navarre et moine de Cluny, commente Aristote et, outre de nombreux sermons, a laissé divers traités parmi lesquels : Doctrinale niortis ou Detriplici génère morlis et Collatio de pcrfecla religionis planlatione, incremento et instauratione. Charles Fernand (1517), avant d’embrasser la vie monastique, avait également professé à Paris. Il écrivit : De aninù tranquillitate ; Spéculum monasticæ disciplinée ; Confabulationes monasticæ ; De immaculata Virginis conceplione.Le bénédictin Jean de Marre (fl521), évêque de Condom, s’emploie par ses œuvres et ses écrits à réformer les monastères de l’Aquitaine. Il est auteur d’un Enchiridion sacerdotale, et avait en outre composé des traités De Trinitate et De psenitentia.

4 » En Allemagne, Trithème († 1516), abbé de Spanheim, est auteur d’un grand nombre d’ouvrages que Mabillon appelle piissima atque utilissima. Parmi eHx. nous mentionnerons seulement les suivants : De vita, moribus, et doctrina clericorum seu de vitse sacerdotalis institutione ; L. VIIl quæstionum de polemicis ad Maxiruilianum imperatorem ; Resolutiones dubiorum circa