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BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES)

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bre argument de l’existence de Dieu auquel saint Anselme a donné son nom. Lorsqu’il fut connu, un moine de.Marmoutier, nommé Gaunilon, souleva des objections dans un écrit intitulé : Liber pro insipiente, auquel il répondit par un Liber apologeticus. Voir t. I, col. 1327 sq. Saint Anselme eut pour biographe Kadmer († 1124), religieux bénédictin, puis évêque de Saint-André, auteur de divers ouvrages : De excellentia B. Mariée Virginis ; De quatuor virtutibus quae fuerunt in B. Maria ; De bealitudine cselestis patriæ ; De sancti Anselmi virtutibus. A l’école du Bec et sous la direction de saint Anselme se forma Guibert (-J-1124), moine de Saint-Germer de Flaix et abbé de Notre-Dame de Nogent dans l’ancien diocèse de Laon. Il écrivit contre les juifs un traité de l’incarnation ; nous lui devons en outre une lettre De bucella Judse tradita et de veritate Dominici corporis ; quatre livres De sanctis et de pignoribus sanctorum ; ayant à discuter sur l’authenticité de certaines reliques de Notre-Seigneur, il est amené à y prouver contre Dérenger la réalité du corps du Christ dans l’eucharistie ; et divers opuscules De laude sanctse Marise et De virginitate. Arnoul († 1124), moine de Saint-Lucien de Beauvais, puis de Cantorbéry, abbé de Peterborough et évêque de Bochester, avait également étudié à l’abbaye du Bec ; on lui doit une Epistola de incestis covjugiis, et des Responsiones ad varias Lamberli qusestiones de sacramento eucharislise. Gilbert Crispin (f H 14), religieux du Bec, puis abbé de Westminster, a composé une Disputatio judsei cum clirisliano. Hugues de Boves ou d’Amiens († 1161), moine de Cluny, prieur de SaintPancrace de Lœwes et abbé de Beading, puis archevêque de Bouen, a laissé divers écrits parmi lesquels Dialogorum seu qusestionum tlieologicaram libri Vil ; De Ecclesia et ejus ministris libri III contre les hérétiques de son temps et un traité De jide catholica et oratione dominica.

VIL Au xii c siècle. — 1° A l’occasion des luttes de saint Anselme pour la défense de la liberté de l’Église un moine de Fleury-sur-Loire, Hugues († 1124), écrit un livre De regia potestate et sacerdotali dignitate qu’il adresse à Henri Beauclerc, roi d’Angleterre, et dans lequel il recherche avec plus de naïveté que de bonheur les moyens d’accorder les droits de l’Église avec les prétentions du monarque. A la même époque Geoffroy (-J-1132), abbé de la Trinité de Vendôme, aidait de tout son pouvoir les souverains pontifes dans leurs luttes contre les investitures et le pape Urbain II le nommait cardinal du titre de Sainte-Prisque. Outre des lettres fort importantes et un livre De corpore et sanguine Domini, Geoffroy de Vendôme composa divers traités De ordinalione episcoporuni et de investitura laicorum ; De simonia et investitura laicorum ; De possessionum ecclesiaslicarum investitura quod regibus concedatur ; Qualité)’dispensaliones in Ecclesia fieri debeant.

2° Après avoir eu pour maîtres les chefs de deux écoles rivales, Boscelin et Guillaume de Champeaux, Abélard enseigna en diverses villes et en 1113 fut mis à la tête de la grande école de Notre-Dame de Paris. Fier de ses succès, il soutenait les opinions les plus téméraires et s’abandonnait sans retenue à toute l’ardeur de .ses passions. Ayant eu à subir des épreuves et des humiliations de toute nature, Abélard alla demander l’habit religieux au monastère de Saint-Denis. Il continua à y enseigner ainsi qu’à Saint-Ayoul de Provins, et en combattant les erreurs de Boscelin fit revivre le sabellianisme. Son opuscule Dr Unitate et Trinitate fut c mdamné au concile de Soissons. Après un séjour forcé à l’abbaye de Saint Médard, il revinl à Saint-Denis où il nia l’origine aréopagitique du patron de son monastère. Il si’retira ensuite dans uni’solitude appelée le Paraclet, puis à Saint-Gildas de llhuys dont les moines l’avaient élu abbé. Il reprit ensuite son enseignement,

ajoutant de nouvelles erreurs aux anciennes. Après sa condamnation par le concile de Sens et le pape Innocent II, il passa à Cluny où il fut accueilli charitablement par Pierre le Vénérable qui, par la douceur, l’amena à reconnaître sincèrement ses erreurs. Il mourut au prieuré de Saint-.Marcel de Chalon le 12 avril 1142. Ses principales œuvres théologiques, outre le traité De Unitate et Trinitate mentionné plus haut, sont : T/teologia ebristiana ; Introductio ad theologiam ; E]>ilonie theologiæ christianm. Voir Abélard, t. i, col. 36 sq. Un des plus redoutables adversaires d’Abélard fut, avec saint Bernard, Guillaume, abbé de Saint-Thierry, qui renonça à sa dignité pour suivre la règle cistercienne. On a de lui entre autres écrits : Disputatio adversus Petnun Abselardum ; Disputatio ad versus dogmata Pétri Abxlardi, et un traité De sacramento altaris. Un autre bénédictin, Abaudus, écrivit contre Abélard une dissertation De fractione panis, mais ne sut pas se tenir à l’abri de toute erreur. Pierre le Vénérable (-J-1156), abbé de Cluny, qui eut une grande influence sur Abélard pendant les dernières années de sa vie, est auteur de divers traités contre les juifs, contre les disciples de Pierre de Bruys et contre les mahométans. Bernard de Morlas (1 130), moine clunisien, a composé un livre De Verbi incarnalione, et un traité De contemplu mundi. A la même époque un chanoine de Liège, Alger (-{-vers 1131), avait embrassé la vie monastique à l’abbaye de Cluny, et parmi ses divers écrits on remarque trois livres De sacramento corporis et sanguinis Domini contre les erreurs de Bérenger et des traités De misericordia et justitia ; De gratia et libero arbiirio ; De sacrificio missse. Arnaud (1156), moine de Marmoutier, puis abbé de Bonneval, est auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels un traité De donis Spiritus Sancti ; De cardinalibus operibus Christi. Dans les écrits de Pierre de Celles († 1183), abbé de Saint-Bemi de Beims et évêque de Chartres, nous trouvons des opuscules De disciplina claustrali et De conscientia.

3° A l’abbaye d’Afflinghem, l’abbé Francion (fll35) compose un traité De gratia seu de beneficentia Dei, et à Saint-Martin de Tournay l’abbé Hermann, qui résigna sa dignité en 1137, a laissé un livre De incarnalione Domini. Le pieux et savant Bupert ({’1135), abbé de Deutz, près de Cologne, avait été moine et écolàtre de SaintLaurent de Liège. Il commenta presque toute l’Écriture sainte, où il s’appliqua à reconnaître l’œuvre des trois personnes de la sainte Trinité. Aussi donnat-il à une partie de son travail le titre : De Trinitate et operibus ejus. Celui, dit-il, qui ne connaît pas l’Écriture, ne connaît pas le Christ : sa foi n’a pas de base solide et la moindre erreur le renverse. Notons parmi les autres écrits de Bupert : De glori/icatione Trinitutis et processione Spiritus Sancti ; De Victoria Verbi Dei, De voluntate Dei ; De omnipotentia divina ; Dr meditatione morlis ; De gloria et honore Filii honiinis ; Dialogus inter christianum et judseum, et un ouvrage se rapportant surtout à la liturgie : De divinis officiis per anni circulum. Berengosus (vers 1112), abbé de Saint-Maximin de Trêves, compose un traite 1 De mysterio ligni Dominici et de luce visibiliac invisibili per quam antiqui Patres meruerunt illustrari, et trois livres De inventione sanctiv crucis. Pothon, abbé de Prum, a laissé cinq livres De statu il.mtus Dei, qui selon quelques auteurs doivent (’Ire attribués à un autre bénédictin du même nom, Pothon († 1 152), moine de l’itivening. D’Eckberl (fll85), abbé de Saint-Florin de Schonan, nous avons douze sermons contre l’hérésie

des cathares et un petit traité Dr laude.s’, crucis. 11

é’iait le frère de sainte Elisabeth (-j- 1 165), abbesse de

Schônau, Célèbre par ses visions. A la même époque

vivait sainte Hildegarde († 1 1 70). abbesse de Bingen, dont les ouvrages excitaient l’admiration de saint Bernard.