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BENOIT XII

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désormais comme une sorte de lieu commun dans les discours dus orateurs ou sous la pi unit des hagiographes. Voir, par exemple : S. Cyrille d’Alexandrie, Expositio in Joannis evangelium, 1. XI, c. ix, xii, P. G., t. lxxiv, col. 531, 567 ; S. Pierre Chrysologue, Serm., xxii, i.xvi, cxix. cxxix, clxxiv, P. L., t. lii, col. 263, 388, 526, 555,."><)."> ; S. Isidore de Péluse, Epist., 1. II, epist. cli ; 1. V, epist. cccxcvi, P. G., t. lxxviii, col. CO’k 1564 ; la Vita S. Hilarii Arelat., c. xxin : sine dubio seternorum compas ef/icitur gaudiorum, P. L., t. L, col. 1243 sq. ; Primasius, Comment, in epist. ad Heb., i, 39 : nunc vero quiescunt in anima, in beatiludine regni ceelestis, ineflabili Lætitia pcrfruentes, P. L., t. lxviii, col. 774. L'Église latine consacre en quelque sorte cette doctrine par l’oraison liturgique de saint Grégoire : Deus, qui animée famuli tui Gregorii seterme beatitudinis præmia contulisti. Dans l'Église grecque, le Menologium, édité au Xe siècle sur l’ordre de l’empereur Basile Porphyrogénète, n’est qu’un écho fidèle des âges qui ont précédé, dans toutes ces phrases linales où l'état des âmes saintes au ciel est si glorieusement céléhré. Au 3 septembre : Beatum optatum<iue finem accepit, incorruptibilis titee coronam adeptus. Au 18 janvier : Ad Dominum migravit, vitam recipiens œlernam. Au 28 février : Ad Deum, quem amaverat, Isuta migravit, seternorum bonorum fruitionem recipiens. Au 6 juillet : Ad Deum, quem optaverat, migravit, paratum sibi regnnm accipiens. Au 10 juillet : Cvnsummati sunt, accipientes paratum sibi ante mundi constitutionem a Christo imniorlale regnum. Au 17 août : Victoria relata, victorise recipientes coronam, cælorum regnum sunt consecuti. P. G., t. cxvii, col. 28, 206. 332, 526, 534, 590. Cf. pseudo-Denys, De ecclesiastica Iticrarcltia, c. vii, 1, 2, P. G., t. iii, col. 55't sq. Toutes ces autorités forment, contre Jean XXII, un argument ad hominem péremptoire et, dans leur ensemble, unelorte preuve, sous forme implicite, de la croyance que ce pape hésitait à admettre. Petau, De Deo, 1. VII, c. xiii, n. 7.

c) Témoignages explicites. — J’entends par là les textes qui attribuent aux âmes vivant au ciel la vue de Dieu, soit en termes formels, soit en termes équivalents. Ou en rencontre, du IVe au IXe siècle, dans presque tous les grands docteurs de l’Occident et de l’Orient. Analysant dans son livre De bono mortis, c. xi, les diverses usinières dont l'âme est heureuse après cette vie, saint Ambroise signale particulièrement la vue de Dieu : Ergo quia justi liane remunerationem liabent, ut videant faciem Dei, et lumen illud qnod illuminât omnes hommes. P. L., t. xiv, col. 562. Tout l’ensemble du passage prouve qu’il s’agit bien des âmes justes avant la résurrection. Voir YAdmonilio, ibid., col. 535 sq. Du reste, les applications de cette doctrine ne manquent pas dans les œuvres du docteur milanais : l'âme de Valentinien vil à la clarté du jour éternel, illuminée qu’elle est par le soleil de justice, nunc lumen a sole justitise mutuata, clarum diem ducis ; Théodose est plongé dans de mystérieuses contemplations et comme perdu en Dieu, in intelligibili secreto totus intentus atque adhsercns Deo ; Ascholius, devenu citoyen de la céleste Jérusalem, en contemple I étendue immense, les richesses merveilleuses et l, i lumière qui, sans soleil, brille perpétuellement, lumen sine suie perpetuum : « Tous ces biens lui étaient connus depuis longtemps, mais il les voit mainii, ml face.i face, i I il - écrie : Ce dont on nous avait parlé, nous le voyons dans la demeure du Dieu des vertus, Ps, xi. vil 9. i De obitu Valentiniani, n. 64 ; De obi tu Theodosii, n. 29 ; Epist., xv, n. i, /'. L., t. xvi, col, 1378, 1394, 956. Parmi les biens ineffables du paradis que saint Éphrem décrit si souvent et si pompeusement, que désire-t-il avanl tout pour lui-même el |

ceux dont il fail l'éloge funèbre ? La vue béatifiante de JéSUS-Christ, lils du rui des cieux ; la jouissance de

cette illumination et de cette clarté céleste qui est l’apanage de l'éternelle félicité : lltic obsecro, E’di régis, tuo me beari aspectu jubeto… Tuum, Domine, famulum oeterna felicitate donatum, cælesti ctiam claritate illustra. Necrosima, can. ix, xxxv, Opéra syriace, t. iii, p. 237, 292. Que d’antres passages pourraient être invoqués dans les œuvres du grand docteur syrien ! Cf. Carmina Nisibena, édit. Bickell, in-8°, Leipzig, 1866, prolegom., p. 24 sq.

Non moins explicites sont les docteurs grecs de la même époque. Dans les éloges funèbres de son frère Césaire, de sa sa>ur Gorgonie, des saints Cyprien et Basile, Grégoire de Nazian/.e célèbre en termes magnifiques cette pure et pleine illumination de la souveraine Trinité, qui tout entière et sans voile se livre aux âmes bienheureuses, et les monde de toute la splendeur de la divinité. Orat., vii, n. 17, 21 ; viii, n. 23 ; xxiv, n. 19 ; xliii, n. 82, P. G., t. xxxv, col. 776, 782, 816, 1192 sq. ; t. xxxvi, col. 605. Saint Grégoire de Nysse console l’empereur Théodose de la perte de sa fille Pulchérie, en lui rappelant combien plus heureuse et plus glorieuse elle est au ciel : « Ses yeux se sont termes pour vous, mais ils se sont ouverts à la lumière éternelle… Oh ! qu’ils sont beaux ces yeux qui contemplent Dieu ! » Orat. in funere Pulc/ieriæ, P. G., t. xlvi, col. 870. Cf. Vita atque encomium S. Ephrsem, ibid., col. 848 sq. Saint Jean Chrysostome commente ainsi le mori lucrum de saint Paul : « Pourquoi ? parce qu’alors je connaîtrai mieux Jésus-Christ, et que je serai avec lui… Les justes, ici ou là-bas, sont avec le Boi ; mais là-bas, combien plus intimement et de plus près ! non plus à l’aide d’images, non plus par la foi, mais foc*, u face, comme dit l’Apôtre. » Homil., ni, in epist. ad P/iiL, n. 3, P. G., t. lxii, col. 202 sq. Il suffit de rapprocher plusieurs passages du grand orateur, pour comprendre qu’il s’agit de la vision intuitive, connaissance toute claire et toute parfaite, dont l’objet est Dieu lui-même. Homil., xxxiv, in epist. 1 ad Cor., n. 2 : visionem dicens clarissimani et perfectissimam cognitionem ; Homil., x, in epist. 11 ad Cor., n. 2 : prsesentiam ad Deum ; Homil., xxxii, in epist. ad Rom., n. 3 : quod Deum vicleat, P. G., t. lxi, col. 288, 469 ; t. lx, col. 679. Aussi, ce qui l’emporte incomparablement sur tout le reste au ciel, c’est la présence du divin Boi : « Ici-bas personne ne l’a vu. Mais ceux qui sont là-haut, le voient perpétuellement, dans la mesure de leurs forces ; ils le voient non pas seulement présent, mais rehaussant tous ceux qui l’entourent de l'éclat de sa propre gloire. » Homil. in B.Pkilogonium, n. 1 ; cf. Ad Theodorum lapsum, 1. I, n. 11, P. G., t. XLVin, col. 749 sq. ; cf. col. 292.

Saint Jérôme ne conçoit pas autrement le bonheur des âmes parties pour le ciel : « En compagnie de JésusChrist, dit-il de Bonose, il voit la gloire de Dieu, videt gloriam Dei. » Et de Léa : « Elle suit le Christ, en répétant : Tout ce dont nous avons entendu parler, nous l’avons vu dans la demeure de notre Dieu. » Epist., ni, n. 4 ; xxiii, n. 3, P. L., t. xxii, col. 334, 426. Cf. Comment, in epist. Il ad Cor., v, 6 sq., P. L., t. xxx, col. 784. Pour saint Augustin, on le sait déjà, la patrie céleste est au terme du pèlerinage terrestre : finiatur via, et eeniamus ad patriam ; le temps de la vision succède alors au temps de la loi : non potest videri tempore /idei, videbitur tempore speciei. Nuncenim per /idem ambulamus, tune per speciem. Dans cette vraie patrie, il nous montre tous les justes et les saints, qui jouissent du Verbe de Dieu sans avoir besoin de lecture ni de lettres, car ils voient tout en Dieu : Ibionmes justi et sancti, qui fruuntur Verbo Dei sine lectione, sine litteris ; quod enim nobis per paginas script uni est, pev fiieiem Dei tilt eeniitnt. In l’s.t i. n. 6, /'. L.,

t. xxwii, col, 1602, < >n trouvera de plus amples développements dans l’art iele Al GUSTIN, I. I. col. 2446. Saint

Grégoire le Grand ne se contente pas d’affirmer, comme