Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

69£

BENOIT XII

696

manifestation solennelle de la justice divine ; pleine consommation de la gloire pour les élus ; pleine consommation du châtiment pour les réprouvés. Raynaldi, an. 1331, n. 43, t. v, p. 523.

Les arguments de Jean XXII et de ses partisans contenaient la plupart du temps des équivoques ou des suppositions arbitraires ; sauf une propension exagérée à voir partout dans ses adversaires des propositions hérétiques ou sentant l’hérésie, Occam les a parfaitement réfutés dans la seconde partie de son Dialogus. La controverse suscitée par Jean XXII n’en eut pas moins son côté profitable ; outre qu’une vérité importante fut définitivement fixée, il fallut donner aux preuves plus de précision et résoudre bon nombre d’objections. La croyance catholique sortit du débat plus nette, et en même temps mieux justifiée.

I. Sur la controverse au temps de Jean XXII.

1° Documents primitifs, signalés au cours de ce travail : les sermons de Jean XXII conservés à labibliotheque.de l’université de Cambridge ; les extraits des autres sermons que rapportent Nicolas le Mineur, Occam, Michet de Cezena, Baluze et l’archevêque de Trêves Baudoin, Bibliuth. Vatican., cod. 4009, fol. 180 sq. ; la précieuse collection de pièces et de renseignements réunis sous le titre de Documenta quæ lilem de visione beatifica illustrant, dans le Cliartularium universitatis Parisiensis, t. n a, n. 970987.

2° Chroniques contemporaines ou rapprochées des événements : J. Villani, op. cit. ; le continuateur de Guillaume de Nangis, op. cit. ; Henri de Rebdorf, Henri de Diessenhofen et Henri de Herford, op. cit. ; Gualv. de la Flamma, Opusculum de rébus gestis ab Azone, Lucliiuo et Johanne Vicecomitibus, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. XII, col. 1006, avec note de l’éditeur ; Les grandes chroniques de France, publiées par M. Paulin Paris, Paris, 1837, t. v, p. 347, 351 sq., 496 sq. ; Paul Lange, Chronicon Citizense, dans Pistorius, Rerum germanicarum scriptores, 3e édit. par Struvius, in-fol., Ratisbonne, 1726, t. i, p. 1207, 1210 ; Gobelin Persona, Cosmovrium, astas VI, c. lxxi, in-fol., Francfort, 1599, p. 246.

3° Études postérieures : les histoires ecclésiastiques de Raynaldi, de Bzovius et de H. de Sponde, aux années 1331, 1333 et 1334 ; Wadding, Annales minorum, an. 1331, n. 5, 1333, n. 10, in-fol., Lyon, 1636. t. m ; J. Palazzi, Gesta pontifteum romanorum, Venise, 1688, t. iii, p. 240 sq. ; Noël Alexandre, Hist. eccl., sœc. xiii, xiv, diss. XI, a. 2, in-fol., Lucques, 1734, p. 543 sq. ; Berthier, Histoire de l’Église gallicane, Paris, 1745, 1. XXXVIII, t. xiii, p. 190 sq. ; J.-B. Christophe, op. cit., t. il, p. 26 sq., 53 ; V. Verlaque, Jean XXI 1. Sa vie et ses œuvres d’après des documents inédits, c. VI, in-8° Paris, 1883, p. 158 sq. ; c. vii, p. 214 sq. Dans un esprit gallican qui exagère les choses, J. de Launoy, Epist., 1. I, epist. i, v ; 1. III, epist. I, v, vu ; 1. IV, epist. vi, Opéra omnia, Cologne, 1731, t. v a, p. 10 sq., 43 sq., 263, 268, 361, 366, 382 sq., 393, 536. L’objection tirée contre l’infaillibilité papale de la conduite de Jean XXII, et les réponses faites à cette objection ne rentrent pas dans l’objet du présent article.

II. Sun la constitution Benedictus Deuset la question dogmatique qui EN est l’objet. — 1° Traités composés sous Jean XXII à l’occasion de la controverse : Durand de Saint-Pourçain, Tractatus de animarum sanctarum postquam resolutæ sunt a corpore, Biblioth. Vatic, n. 4006, p. 285 ; Benoit XII, De statu animarum ante générale judicium, et Quxstioncs undecim ejusdemargumenti, ibid. ; Ulrich, théologien allemand, ouvrage en quatre livres sur la vision béatifique, et dédié à Jean XXII, ibid., n. 4005, p. 136 ; Jean Lutterell, chancelier d’Oxford, Epistola de visione faciali, Biblioth. de l’université de Cambridge, ms. Ii. m. 10, fol. 91’; Armand de Bellevue, maitre du sacré palais, Epistola de beatifica visione, ibid., fol. 95 ; Nicolas de Lyre, Tractatus de visione divins ; essentiæ ab animabus sanctis a corpore separatis, Biblioth. nation, de Paris, fonds latin, ms. 3359.

2* Théologiens postérieurs : Alphonse de Castro, Adversus omnes hsereses, 1. III, au mot Beatiludo, in-12, Lyon, 1555, p. 260 sq. ; Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, 1. V, annot. lxiv, clxix ; 1. VI, annot. cclxiv, cccxlv, in-fol., Lyon, 1575, p. 22, 63, 225, 254 ; Barthélémy de Médina, Expositio in I"° II’, q. iv, a. 5, in-fol., Venise, 1590, p. 56 sq. ; S. W., catholique romain, A vindication of the doctrine contained in Pope Benedict XII, his Bull, and in the gênerai Council of Florence, under Eugenius the IIH, concerning the state of departed soûls, in-8°, Paris, 1659 ; Bellarmin, Controv., t. ii, De sanctorum beatitu dine, 1. I, c. i sq. ; Suarez, De fine hominis, disp. XIII, Opéra omnia, édit. André, Paris, 1856, t. IV, p. 133 sq. ; Petau, De Deo, 1. VII, c. xiii sq. ; Coccius, Thésaurus catholicus, 1. VI, a. 2, in-fol., Cologne, 1619, t. i ; Tournely, De Deo, q. xiv, a.l ; Muratori, De paradiso, etc., Vérone, 1738, le principal ouvrage sur la question ; Billuart, Tractatus de ullimo fine, diss. II, a. 3, avec la Digressio historica, à la fin du traité ; Lafosse, De Deo, q. iv, a. 2, § 1, dans le Cursus theolugiw de Migne, t. vii, col. 178 sq. ; Perrone, Prxlectiones theologicæ, in-8°, Turin, 1866, t. v, De Deo creatore, part. III, c. VI, prop. IV, n. 702 sq. ; B. Jungmann, Tractatus de novissimis, c. i, a. 9, 2° édit., Ratisbonne, 1874 ; J. Bautz, Dur Himmel, in-8° Mayence, 1881 ; Die Hblle, ibid., 1882 ; J. Katschthaler, Theologia dogmatica catholica specialis, in-8% Ratisbonne, 1888, t. iv, sect. i ; F. Stentrup, Prælectiones dogmatiese de Verbo incarnato, part. II, th. cxlv, in-8°, Inspruck, 1889 ; H. Hurter, Theologiæ dogmatiese compendium, 8’édit., Inspruck, 1893, th. cclxviii, t. iii, p. 558 sq.

X. Le Bachelet.

III. BENOIT XII. Libellus de erroribus ad Armenos transmissus, Raynaldi, Annales, an. 1341, n.48 sq., Lucques, 1750, t. VI, p. 261-279 ; extraits dans Denzinger, Enchiridion, 9e édit., Wurzbourg, 1900, document CLV. Trois points seront touchés dans cette étude : I. Historique. II. Analyse du Libellas. III. Réponse faite par les Arméniens.

I. Historique du Libellus.

Au cours de son pontificat, Benoit XII fit preuve d’une sollicitude toute spéciale pour les chrétiens d’Arménie, cruellement éprouvés et menacés. Après la dévastation du pays par les Sarrasins, il écrivit en 1336 une lettre d’encouragement à la reine Constance et essaya de provoquer une croisade parmi les peuples riverains de la Méditerranée ; l’année suivante, il écrivit au roi Léon V pour le relever d’un serment injuste que le sultan de Babylone lui avait imposé’, le serment de cesser toute relation avec le pontife romain. Raynaldi, ann. 1336, n. 40 sq. ; ann. 1337 n. 24, t. vi, p. 78, 109. Mais son attention se portait en même temps sur l’état religieux de cette église. On a raconté, à l’article Arménie, t. i, col. 1901, 1931, les tendances diverses qui s’y maintenaient, la fondation des frères unis ou uniteurs par le vartapet Jean de Kerni et la vigoureuse campagne qu’ils menèrent non seulement contre la fraction schismatique de leurs coreligionnaires, mais contre des pratiques et des doctrines de l’Église arménienne. Dans une lettre à ses religieux, Jean de Kerni énumérait dix-neuf chefs d’erreurs. Galano, Conciliatio ecclesise armense cum romana ex ipsis armenorum patrum et doctorum testimoniis. Pars prima liistorialis, c. xxx, in-fol., Rome, 1690, p. 515 sq. L’un de ses disciples, Narsés Balientz, évêque d’Ourmia, dépassa de beaucoup son maitre dans ses attaques, qu’il porta et soutint personnellement à Rome. Vivement impressioné, Benoit XII fit une enquête juridique ; on interrogea sous la foi du serment des Arméniens et des Latins qui avaient vécu en Arménie, on examina soigneusement quelques livres d’un usage commun en ce pays. De là, toute une liste d’erreurs qui ne comprenait pas moins de cent dix-sept articles, souvent longs et complexes.

Quand deux ambassadeurs se présentèrent, en 1341, à la cour d’Avignon, pour solliciter des secours au nom de Léon V, le pape leur remit le Libellus de erroribus ; il y joignit une lettre où il déclarait au roi qu’il ne pouvait en conscience répondre à son appel, tant que ces erreurs régneraient dans son royaume. Les ambassadeurs reeurent également pour le calholicos ou patriarche d’Arménie, Mékitar Knertzi (1341-1355), un exemplaire du Libellus et une lettre où le pape demandait la réunion d’un concile national, pour condamner et extirper les fausses doctrines. Benoit XII écrivit enfin à quatre archevêques de la Grande et de la Petite-Arménie, en les excitant à s’employer activementau même dessein. Raynaldi, an. 1341, n. 45 sq., t. VI, p. 259 sq. Le roi fut très affecté des accusations portées contre son Église ; il chargea un religieux indigène, le franciscain Daniel,