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BENOIT XII


vicaire de son ordre en Arménie, de composer un mémoire apologétique, qui fut envoyé à la cour d’Avignon. Raynaldi, ibid., n. 70. t. vi, p. 279. De son côté, le catholicos s’occupa de réunir un concile, selon les désirs du pape. L’assemblée se tint en 1312, à Sis en Cilicie on Petite-Arménie, sous le roi Constantin qui, dans l’intervalle, avait succédé à Léon V. Etaient présents six archevêques, vingt-trois évêques, cinq docteurs ou vartapets, dix abbés et d’autres clercs, dont l’état nominatif est donné dans les Historiens arméniens des croisades, t. i, p. lxxi sq. Un mémoire fut rédigé, où tous les articles, sauf le cent quinzième, ont leur réponse. Longtemps inconnu, ce document a été publié par Martène, Veterum scriptorum… collectio amplissiriia, Paris, 1721 sq., t. vii, col. 310-413, puis inséré par Mansi dans deux ouvrages : Sanclorum conciliorum et decretorum de Labbe-Coleti, Supplementum, Lucques, 1749, t. iii, col. 446-536, et Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, Venise, 1782, t. xxv, col. 1185-1270.

II. Analyse du Lidellvs ad armenos transmissus.

— Dans ce long réquisitoire, beaucoup d’articles se répètent ou se compénètrent ; beaucoup aussi n’ont aucune portée doctrinale, relatifs qu’ils sont soit à des opinions particulières, soit à des faits ou à des usages susceptibles d’interprétation diverse. On peut même dire que, dans cette question, l’intérêt dogmatique s’attache moins au réquisitoire lui-même qu’à la réponse officielle des évêques arméniens au concile de Sis. Il suffira d’indiquer brièvement, en les ramenant à quelques groupes généraux, les accusations contenues dans le Libellus.

Trinité et attributs divins.

Jadis les Arméniens

ont enseigné que le Saint-Esprit procédait du Fils comme du Père ; mais ensuite un de leurs synodes (Manazkert, en 719) a rejeté ce dogme ; il n’y a plus maintenant que les Arméniens unis à le tenir, et il n’est pas exprimé dans leur symbole, a. 1, 2. Vers la fin du Libellus, deux propositions sont relevées qui, prises à la lettre, compromettaient la véracité divine, a. 113, 114.

Incarnation.

Le monophysitisme et le monothélisme

ont été soutenus dans le même synode et se soutiennent encore en Arménie, a. 3, 20, 21, 25, 26, 2830, 34, 35, 37, 73. A cette erreur se rattachent, directement et incidemment, diverses assertions relatives aux propriétés ou affections de la nature humaine en Jésus-Christ, a. 104, 111, 112. On a, de plus, avancé cette proposition singulière, que le Christ, avant de s’asseoir à la droite de son Père, aurait d’abord passé un jour avec chacun des neuf chœurs des anges, a. 33.

Ame humaine et anges.

Des Arméniens ont

enseigné ou admis le traducianisme et le préexistentianisme (art. Ame chez les Arméniens, t. i, col. 1020), a. 5, 22 ; l’insuffisance du libre arbitre à pécher sans l’instigation du diable, a. 43 ; puis toute sorte d’idées bizarres sur la chute des anges ou du premier homme, a. 16 ; et sur un prétendu déchainemeut des démons depuis l’an 1000, a. 32.

Péché originel.

Ce dogme fondamental est méconnu

en lui-même ou dans ses conséquences, soit en général, a. 4, 13, 18, 19, 61, 62, soit en particulier pour ce qui concerne les enfants nés de parents chrétiens, a. 6, 57.

Grâce et justification.

La grâce une fois perdue,

on ne peut pas la recouvrer au même degré, a. 41. La passion de Jésus-Christ, sans autre don divin, suffit pour la rémission des péchés, a. 42.

Eglise.

Les Arméniens prétendent posséder

seuls la véritable Église et le pouvoir de remettre les péchés ; ils rejettent l’Eglise latine comme la grecque, sous prétexte qu’elles mêlent de l’eau au vin dans le sacrifice de la messe, enseignent qu’il y a deux natures en Jésus-Christ et célèbrent la Noël le 25 décembre,

a. 32, 31, 36, 38. Par contre, il y a en Arménie trois catholici ou patriarches indépendants, qui professent une doctrine différente et laissent se propager impunément toute sorte d’erreurs, a. 37, 109, 110.

Primauté du pontife romain.

La plénitude de

la juridiction ecclésiastique n’est pas le privilège exclusif de l’évêque de Rome ; il n’a obtenu la primauté que par une décision du concile de Nicée, et il l’a perdue depuis celui de Chalcédoine, a. 84, 85, 96. On relève, en outre, dans le catholicos de la Petite-Arménie ou ses sujets des tendances et des procédés schismatiques, a. 78, 79, 87, 115-117.

Sacrements en général.

Les Arméniens ne

croient ni à la vertu sanctificatrice des sacrements, a. 42 ; ni à leur validité, quand ils sont conférés en dehors de leur Eglise ou même de leur catholicat, a. 38, 39 ; ils font dépendre cette validité de la foi ou de la sainteté du ministre, a. 68, 69.

Baptême et confirmation.

On rebaptise en Arménie

ceux qui viennent d’une autre Église, a. 36, 56, 60, 77, sous la fausse persuasion qu’il n’y a pas ailleurs de vrai baptême, a. 38, 56-58, 73, 76, 78. Pour administrer ce sacrement, les Arméniens se servent de formules qui diffèrent ; quelques-uns baptisent avec du lait ou du viii, a. 59, 67. Ils ne reconnaissent qu’aux évêques et aux prêtres le pouvoir de baptiser, a. 63. Ils n’ont point le sacrement de confirmation, ou les évêques n’en font aucun cas et donnent à tout prêtre le pouvoir de le conférer, a. 63-65.

10° Pénitence et extrême-onction. — Les Arméniens n’admettent pas qu’un des leurs puisse être absous par des Latins ou des Grecs ; on nie même parmi eux que le prêtre remette vraiment les péchés ; les formules dont ils font usage sont déprécatives ou incertaines, a. 40, 82. Ils restreignent le pouvoir d’absoudre conféré par Jésus-Christ à son Église, violent le secret sacramentel ou soustraient certains péchés à la loi de la confession, a. 48, 50-52, 53. Les abus en matière d’excommunication et de censures sont chose courante en Arménie, a. 51, 55. La confession secrète et spécifique y est rare, a. 82. On confond le pouvoir d’ordre et de juridiction, a. 84. L’extrême-onction est inconnue, et le viatique administré trop tard, a. 65, 83.

11° Eucharistie. — Avec leur faux synode de Manazkert, les Arméniens refusent de mêler un peu d’eau avec le vin à la sainte messe, considérant cette pratique, commune aux Latins et aux Grecs, comme diabolique clans son origine et subversive non seulement du sacrifice eucharistique, mais de la foi elle-même, a. 32, 31, 71, 73. Ils soutiennent que la consécration ne se fait point par les paroles du Christ : Hoc est corpus meum, etc., mais par la prière qui suit (c’est-à-dire l’épiclèse) ; d’ailleurs, rien de fixe ni d’uniforme dans leur manière de célébrer la messe, a. 06. Ils ne croient pas à la transsubstantiation, ou interprètent d’une façon superstitieuse les effets du sacrement, a. 67, 70. Ils attaquent l’élévation de l’hostie et, d’une façon générale, la célébration de la messe selon le rit romain, a. 75, 78.

12° Ordre. — Les Arméniens n’ont d’ordres sacrés que ceux d’acolyte, de diacre et de prêtre, a. 92. Les ordinations se font d’une manière insuffisante : pas de porrection des instruments, ni d’onction dans la consécration sacerdotale, ni de prélats assistants au sacre des évêques, a. 05, 94, 90. Pans la Petite-Arménie, un simple prêtre peut ordonner des diacres, mais on n’y reconnaît pour évêques que ceux sur la tête desquels le cafholicos a imposé la main et le bras de saint Grégoire l’Illuminateur, a. 95, 98. On permet aux diacres de se marier et, ce nonobstant, d’exercer les fonctions de leur ordre et d’être promus au sacerdoce, a. 93. I. es élections

patriarcales sont irrégulières, soit dans la Grande-Arménie où l’empereur païen des Tarlaivs donne l’institution au catholicos, soit dans la Petite où le roi choisit parmi