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BERGIER

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II. Ecrits.

Les principaux sont : Les éléments primitifs des langues, découverts par la comparaison des racines de l’hébreu avec celles du grec, du latin et du français, Besançon, 1764. — 2° L’origine des dieux du paganisme et le sens des fables découvert par une explication, suivie des poésies d’Hésiode, 2 in-12, Paris, 1767, 1774. Dans son explication de la mythologie païenne, Bergier suit presque exclusivement la méthode allégorique. — 3° Le déisme réfuté par lui-même ou examen des principes d’incrédulité répandus dans les divers ouvrages deJ.-J. Rousseau, en forme de lettres, 2 in-12, Paris, 1765, plusieurs fois réédité avant 1772 ; ouvrage particulièrement dirigé contre l’Emile de J.-J. Rousseau. — 4° La certitude des preuves du christianisme ou réfutation de l’Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, Paris, 1767, trois fois réédité cette même année, inséré dans les Démonstrations évangéliques de Migne, t. xi, col. 11-199. —5° Voltaire jugeant la Certitude des preuves du christianisme digne de ses attaques, publia contre elle un pamphlet intitulé : Conseils raisonnables, Bergier lui opposa sa Réponse aux Conseils raisonnables, Paris, 1771, également reproduite dans les Démonstrations évangéliques, t. xi, col. 199-234. — 6° Apologie de la religion chrétienne, 2 in-12, 1769, réfutation du Christianisme dévoilé, œuvre de d’Holbach. — 7° Comme continuation de l’Apologie de la religion chrétienne, Bergier publia sa Réfutation des principaux articles du dictionnaire philosophique. — 8° Les grands hommes vengés ou examendes jugements portés par M. de V… et par quelques autres philosophes sur plusieurs hommes célèbres, par ordre alphabétique, 2 in-12, Paris, 1769. — 9° Examendu matérialisme ou réfutation du. Système de la nature, 2 in-12, Paris, 1771. — 10° Traité historique et dogmatique de la vraie religion, avec la réfutation des erreurs qui lui ont été opposées dans les différents siècles, 12 in-12, Paris, 1780 ; 8 in-8°, 1820. — 11° Dictionnaire théologique, faisant partie de Y Encyclopédie, 3 in-4°, Paris, 1788, plusieurs fois réédité en 8 in-8°, Besançon, 1838, avec des notes ajoutées par l’abbé (depuis cardinal) Gousset et avec un neuvième volume contenant un Plan de la théologie, œuvre postbume de Bergier, et d’autres fragments inédits ; Lille, 1852, édition augmentée d’un grand nombre d’articles nouveaux et d’additions au texte de Bergier ; 4 in-4°, Paris, 1859, avec des annotations et des articles de l’abbé Pierrot ; 12 vol., Paris, 1875, édition appropriée au mouvement intellectuel du siècle par l’abbé Lenoir. On a reproché à Bergier cette collaboration indirecte à V Encyclopédie, qui devait inévitablement favoriser la dillusion d’une œuvre en elle-même très dangereuse. Il est cependant certain que Bergier ne prit cette détermination que sur les instances de ses amis et le conseil très pressant de l’archevêque de Paris et qu’il ne se laissa guider que par la noble ambition de servir efficacement la cause de la religion. Sa collaboration promise ne devait d’abord être qu’une simple revision d’articles défectueux. Mais le correcteur se vit bientôt contraint de substituer des articles presque entièrement nouveaux. On s’est également persuadé que la collaboration à Y Encyclopédie avait entraîné Bergier à une condescendance excessive visà-vis de certaines erreurs ou de certains préjugés communément accrédités. Qu’il y ait dans le Dictionnaire theologique des lacunes doctrinales, c’est un tait incontestable ; mais on ne prouve point que ces lacunes proviennent d’une condescendance consciente et réflécbie ni que cette condescendance procède certainement de la collaboration à Y Encyclopédie. D’ailleurs la doctrine du Dictionnaire ne présente point de divergence notable avec celle des autres ouvrages de Bergier. — 12° Discours sur le mariage des protestants, in-8°, Paris, 1787. — 13° De la source de l’autorité, in-12, 1789, sans nom d’auteur, dissertation d’actualité au

début même de l’Assemblée constituante. — 14° Observations sur le divorce, ouvrage posthume, in-8°, réponse à un écrit distribué à l’Assemblée constituante en faveur du divorce. — 15° Quelques ouvrages posthumes : Tableau de la miséricorde divine, imprimé à Besançon, en 1821 ; Examen du système de Rayle sur l’origine du mal ; Remarque sur cette question, si la foi est contraire à la raison ; Plan de la théologie, ouvrages imprimés à Besançon, en 1831. Un volume de Sermons a été publié à Paris, en 1852.

III. Doctrine et méthode du Dictionnaire théologique.

Cet ouvrage, d’ailleurs fidèle résumé de tous les ouvrages de Bergier, mérite un examen spécial au point de vue de la doctrine et de la méthode.

Au point de vue doctrinal, le Dictionnaire théologique n’est point à l’abri de tout reproche. Il suffira de signaler ici les lacunes principales. —

1. La notion du surnaturel de la grâce n’est point nettement donnée. Nulle part il n’est dit clairement que la fin de l’ordre surnaturel est la vision intuitive de l’essence divine, rendue accessible à l’intelligence humaine par une sorle de puissance absolument supérieure à toutes les forces créées et créables, et à laquelle la grâce surnaturelle prépare et dispose en cette vie. On déclare seulement que le salut éternel est le bonheur du ciel, t. vii, p. 261, art. Salut, et que la béatitude que nous espérons est surnaturelle, soit parce que Dieu aurait pu d’abord destiner l’homme à un bonheur moins parfait, soit parce que nous en étions déchus par le péché d’Adam, et que le pouvoir, les moyens et l’espérance d’y parvenir, nous ont été rendus par la rédemption. Le secours de la grâce actuelle que Dieu nous donne pour faire des bonnes œuvres est surnaturel dans ces trois sens, t. vii, p. 454, art. Surnaturel. De même au mot Grâce, t. iii, p. 385, il est dit : « Comme depuis le péché d’Adam, l’entendement de l’homme est obscurci par l’ignorance et sa volonté affaiblie par la concupiscence, on soutient que, pour faire le bien surnaturel, il a besoin non seulement que Dieu éclaire son esprit par une illumination soudaine, mais encore que Dieu excile sa volonté par une motion indélibérée. C’est dans ces deux choses que l’on fait consister la grâce actuelle. » De ces imprécisions théologiques sur la notion du surnaturel de la grâce, l’on peut rapprocher une définition quelque peu équivoque de la religion naturelle : « Faut-il bannir du langage théologique le nom de religion naturelle ? Non sans doute, mais il faut en fixer le sens et en écarter l’abus. On peut très bien appeler ainsi la religion primitive que Dieu a prescrite à notre premier père et aux patriarches ses descendants, puisqu’elle était très conforme à la nature de Dieu et à la nature de l’homme ; dans les circonstances où l’humanité se trouvait pour lors. Mais elle était surnaturelle dans un autre sens, puisqu’elle était révélée, et sans cette révé^ lation les hommes n’auraient pas été capables de l’inventer. » Art. Religion naturelle, t. vii, p. 128.

2. En défendant la thèse de la nécessité morale de la révélation pour une connaissance pratiquement suffisante des vérités religieuses simplement naturelles, Bergier ne met pas assez en lumière ce que l’Église a nettement enseigné à rencontre du fidéisme et du traditionalisme, art. Ame, t. i, p. 91 ; art. Religion naturelle, t. vii, p. 128 ; art. Sauvage, t. vii, p. 313. Cependant à l’article Raison, t. vii, p. 80, on rencontre ce léger correctif : « Autre chose est de dire que la raison humaine une lois éclairée par la révélation est capable de sentir et de prouver la vérité des dogmes primitifs professés par les patriarches, et autre chose de soutenir que la raison toute seule, sans aucun secours étranger, peut les découvrir. » Aussi Bergier professe peu d’estime pour la philosophie chrétienne ou scolastique. Elle ne trouve point place à l’article Philosophe, philosophie, si sous le nom de scolastique attribué à la