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BIEL


q. Il ; dist. XXXI, XXXIII ; 1. IV, dist. I, q. iv. Biel est un des plus ardents défenseurs de l’Immaculée Conception, il insiste fortement sur cette thèse ; il croit aussi que Marie n’a jamais péché. L. III, dist. 111, q. I, il.

6. Incarnation et rédemption.

Ici comme dans le traité de la Trinité, Biel déploie à son aise tout son talent de logicien ; mais il a le bon goût de ne pas poser ou de ne pas résoudre beaucoup de questions indiscrètes qui tourmentaient un grand nombre de théologiens de l'époque. Il n’ose décider si Dieu pourrait prendre la nature de n’importe quel être, op. cit., 1. 111, dist. I, q. n ; il ignore même, si, Adam ne pécbant pas, le Verbe se serait incarné. L. III, dist. II. Il ne croit pas d’ailleurs qu’on puisse démontrer, l’hypothèse de la chute une fois admise, la nécessité de l’incarnation et de la rédemption. L. III, dist. XX. Il pense que le mérite du Christ n’a en soi qu’une valeur limitée, mais que Dieu le tient pour infini. De même, il estime que Jésus devant à Dieu tous ses actes et n’ayant pas enduré des souffrances égales aux tourments de l’enfer, n’a pas offert une satisfaction qui fût rigoureusement suffisante, en stricte justice ; elle l’est en fait, ajoute-t-il, parce que Dieu l’accepte comme telle. L. III, dist. XIX ; 1. IV, dist. XVI, q. il.

7. Justification.

Mérité principalement par le Christ, le salut doit encore être mérité par l’homme, il exige sa coopération. Op. cit., 1. III, dist. XIX.

Le péché originel est remis par le baptême : puisque la faute consistait dans la privation de la rectitude de volonté que nous étions tenus de garder, Dieu, par le sacrement, commue cette obligation d’avoir la justice originelle en celle de posséder la grâce, et il nous la donne. L’homme mérite cette faveur, non pas en droit strict, de condigno, mais de par la libéralité de Dieu, de congruo, l’adulte par sa bonne volonté, l’enfant par les actes de celui qui administre le sacrement ou de ceux qui le demandent pour lui. Loc. cit., 1. II, dist. XXXII.

Quant au péché actuel, il est mortel ou véniel. L. IV, dist. XVI, q. V. Ce dernier, qui ne tait pas perdre la grâce est remis dès que l’homme ne s’y complaît plus et a expié la peine temporelle due à sa faute, lbid. Il en va autrement du péché mortel. Une fois qu’il l’a commis, l’homme est condamné à la mort éternelle, et c’est en cela que consiste l'état de péché, reatus culpæ. Etre justifié, c’est être relevé de cet arrêt et de nouveau destiné au ciel. L. IV, dist. XIV, q. i.

Dieu, qui a le droit de punir celui qui ne l’a pas mérité, pourrait pardonner sans exiger la pénitence, justifier sans donner la grâce, laisser la charité et le péché mortel coexister. L. IV, dist. IV, q. I, IV ; dist. XIV, q. I. Mais, en fait, il n’en est pas ainsi. D’abord le pécheur peut se préparer à la justification. Par les seules forces du libre arbitre, l’homme est capable d’accomplir des actes qui, sans être méritoires, sont moralement bons, d'éviter le péché mortel, de respecter la lettre des commandements. Qu’il fasse ce qui est en son pouvoir et alors il méritera, non pas de condigno, en rigueur de justice, mais de congruo, de par la libéralité divine, la première grâce. L. II, dist. XXVII, XXVIII. Dans une fine analyse qui fait pensera celle du concile de Trente, sess. VI, c. vi, liiel énumère les actes par lesquels le pécheur se dispose â la justification. L. IV, dist. IV, q. n. Il n’omet ni l’espérance, ni la crainte ; à ses yeux, cette dernière n est mauvaise que si le pécheur, tout en l'éprouvant, était disposé â commettre encore le mal, au cas où son acte devrait rester impuni. !.. III, dist. XXXV.

Pour la justification, une seule condition est â la fois nécessaire et suffisante, la détestation par le pécheur île toutes ses fautes mortelles, mais détestation motivée par l, i pensée que Dieu es) sa fin dernière. Cel acte n’est pas tant une disposition a la grâce que s, i réception : aussitôt qu’il est produit, l’homme n’est plus condamné

à la mort éternelle, la grâce est donnée. Et c’est pour ce motif que jamais nous n’aimons Dieu souverainement et pour lui-même sans posséder la charité. Au contraire, l’attrition ne peut pas justifier, même dans le sacrement de pénitence. L. IV, dist. XVI, q. i, n.

Ainsi, de congruo, en vertu de la libéralité de Dieu, l’homme mérite par sa bonne volonté la première grâce et par la contrition parfaite, la justification. De condigno, en rigueur de justice, celui qui a la charité mérite, par les actes libres et vertueux qu’il produit sous son influence, un accroissement de sainteté et le ciel. L. II, dist. XXVII.

Biel est d’avis que, pour savoir avec une certitude absolue s’il est en état de grâce, l’homme a besoin d’une révélation spéciale. L. II, dist. XXVII.

8. Foi.

La foi est la connaissance certaine des vérités religieuses que Dieu a révélées. La répétition de l’acte de croire produit la foi acquise ; la libéralité divine met gratuitement chez le juste la foi infuse ou surnaturelle. Seule, la révélation établit que cette dernière est nécessaire, elle a pour effet d’ajouter à la perlection de notre âme et de nos actes. Mais elle ne suffit pas. Vague tendance à croire, c’est par la foi acquise qu’elle est dirigée vers une vérité déterminée. La vertu infuse et la science peuvent donc coexister ; mais on ne saurait, en même temps, adhérer à une proposition par la foi acquise et l’accepter en vertu d’une démonstration. La tendance surnaturelle disparait seulement lorsque Dieu l’annihile, ce qu’il fait, non pas toutes les fois que nous péchons, mais quand, par une erreur coupable, nous rejetons volontairement une vérité révélée.

Il est une autre distinction sur laquelle Biel s'étend longuement : la foi est explicite ou implicite. Mais cette dernière, qui devait être, peu après, si violemment attaquée, n’est pas un simple blanc-seing accordé par le laïque au prêtre, pour le plus grand profit de la hiérarchie : d’abord, par définition, elle présuppose la foi explicite à plusieurs vérités, puis elle n’est pas seulement la vertu des simples, nul chrétien ne peut avoir la prétention de connaître dans leur teneur toutes les vérités révélées ; enfin, Biel énumère un grand nombre de dogmes que tout fidèle est tenu d’accepter. Op. cit., 1. III, dist. XXIII, XXIV, XXV.

9. Sacrements en général.

Les sacrements produisent la grâce, op. cit., 1. IV, dist. I, q. i ; car Dieu a librement décidé qu’il la donnera lorsqu’ils seront administrés. C’est en ce sens seulement qu’ils sont dits cause de la grâce. Au reste, ajoute Biel, ne pourrait-on pas affirmer que telle est toujours l’efficacité des causes secondes ; c’est Dieu qui produit, et immédiatement, leur effet, mais il a décidé de ne le faire qu’au moment où elles passent à l’acte. Ihid.

La grâce sacramentelle ne diffère pas de la grâce sanctifiante, mais elle a pour but la guérison du péché ou l’accroissement de la justice déjà reçue. Elle est accordée plus ou moins abondamment au gré de la volonté de Dieu et dans une mesure proportionnée aux saintes dispositions du sujet. L. IV, dist. II, q. i ; dist. IV. q. II, Quant au caractère sacramentel, son existence n’est pas démontrée avec évidence même par' la révélation, elle n’est que probable ; ce n’est pas par lui, mais par la volonté positive de Dieu que s’explique principalement l’impossibilité de réitérer le baptême, la confirmation et l’ordre. Au reste, tout ce qu’on dit du caractère est en grande partie arbitraire. L. IV, disl. VI, q. II,

10. Baptême. — liiel donne 1res exactement la doctrine traditionnelle. A noter seule ni ces deux affirmations : l.a miséricorde divine dispose de moyens que nous ignorons pour sauver le petit être qui meurl dans

le sein (le sa mère et â qui il est impossible d’accorder fi' sacrement. Op. cit., I. IV, dist. IV, q. il. Lorsque le

baptême conféré a l’enfant n’est pas valide, on peut croire pieusement que le souverain prêtre trouve le