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BIEN (LE)


rai ? Sum. theol. I » , q. v. a. i. Quel est le principe qu constitue formellement la bonté des êtres créés comme tels ? Ihiii., a. 5. - L « guesiion. — a. Étymologiquement,

et par transcription latine de l'étymologie grecque jcaXôv, de xaXeïv, appeler, donnée par Le pseudo-Denys, Dediv. nom., c. iv, n. 7, dicitur foowwwi a boare quod est vocare ut comment ator S. Maodnvusdic.il in Hb. de div. nom. S. Thomas, in/VSewt., 1. I, dist. VIII, q. I, a. 3, obj. 2°.

— b. De fait le bien renferme une sorte d’appel, puisqu’il est, d’après Aristote, ce que tout désire. — c. Ce que tout désire a raison de fin. Le bien est donc constitué Ibrmellement parla raison de tin. — d. C’est comme cause Gnale qu’il a pour propriété de se répandre, selon l’adage : bonum diffusivum sui. C’est un attrait qui se dill use. — e. Dans l’ordre génétique, le bien met en bran le les causes efficientes productrices des formes ou causes formelles. — /'. Dans l’ordre statique, au contraire, la bonté d’un être présuppose développées la cause formelle et la cause efficiente, dont elle parachève la perfection. — g. Le bien diffère du beau en ce que celui-ci émeut dans l’ordre de la connaissance, le bien dans l’ordre de l’appétition. — 2e question, — a. Le bien dans les êtres créés est constitué par la mesure, l’espèce et l’ordre (modus, species et ordo, S. Augustin, De natura boni, c. ni ; mensura, numerus, pondus. Sap., xi, 21). — b. Cette notion du bien ne concerne pas Dieu, sinon en tant qu’il est l’auteur de ces trois éléments : elle ne di finit donc pas comme la première la raison du bien identique à L'être. — c. La mesure désigne l’heureuse harmonie des causes qui ont engendré les êtres bons ; l’espèce, leurs principes spécificateurs, qui sont, selon Aristote étages comme des nombres (VIII Melaph., lect. ni) ; l’ordre désigne la tendance à agir d’une manière et pour une fin déterminées, qui pèse au sein de l'être comme un poids. — d. Ces trois principes ne sont pas la raison première du bien : ils en participent, puisqu’ils sont des manières d'être de l'être : ils ne sont pas le bien, n'étant que bons, mais ils sont les conditions formelles de tout bien créé.

C. Les espèces du bien en soi. — 1° Textes. — Sum. theol., I a, q. v, a. U ; Ia-IIæ , q. xcvni, a. I ; In IV Sent., 1. II, dist. XXI, q. i, a. 3 ; In I » m Ethic., lect. v.

Sources.

I Ethic, c. VI, n. 2 ; Cicéron, De officiis,

1. II, c. ni ; Rhetorisces, 1. II ; S. Ambroise, De officiis, 1. II, c. ix ; S. Augustin, Lib. i.xxxui qusest., q. xxx ; le pseudo-Denys, De div. nom., c. îv.

Solutions.

1. Les espèces du bien en soi peuvent

être déterminées par analogie avec les espèces du bien humain, qui sont le bien honnête, le bien utile et le bien délectable. — "2. Cette analogie est légitime, puisque toute action causale est fondée sur une raison analogique correspondante. — 3. Au bien honnête correspond le bien par soi ; au bien utile, le bien dérivé du premier ; au bien délectable correspond le bien par soi, considéré non plus absolument, mais dans sa possession par l’appétit qui se repose en lui. — 4. Cette division appartient au bien en tant que tel ; en tant qu'être, le bien suit les divisions prédicamentales. — 5. Cette division n’est pas univoque, mais analogique, de l’analogie de proportionnalité (voir Analogue), qui implique une répartition inégale et hiérarchisée de la forme commune.

II. LE B1E E v DIEU. — A. Dieu est-il bon ? — 1° Textes.

Sum. theol., I', q. vi, a. 1 ; q. xiii, a. 11, ad 2° 1 " ; Cont. Gent., 1. I, c. xxxvii, xxxix ; XII Metaph., lect. vu. — Question spéciale de l’appropriation de la bonté au Saint-Esprit : Sum. theol., L a, q. xlv, a. 6, ad2um ; In IV Sent., 1. I, dist. XXXIV, q. ii, a. 1.

Sources.

Sainte Ecriture, passim, spécialement

Lament., ni, 25 ; Aristote, XI Metaph. ; I Ethic. ; pseudoDenys, De divin, nom., c. iv (et les textes cités comme sources ci-dessous, col. 838).

Solutions.

I. Être bon convient principalement

[prœcipue) à Dieu. — 2. Kn effet, la bonté est identique à

Pappétibilité. Or tonte cause efficiente est un objet d’appétition pour les effets qu’elle produit. Car ce que l’on désire c’est sa perfection, et d’où les etl’ets tirent-ils leur perlection sinon de la cause qui les produit ? Donc Dieu, première cause de tous les êtres, est le premier désirable et le premier bien. A noter dans ce raisonnement le rôle de l’idée de perfection comme raison tonnelle de l’appétibilité et conséquemment de la bonté.

— 3. La bonté est appropriée au Saint-Esprit, qui procède par mode de volonté, le bien étant le terme et l’objet de l’acte volontaire.

B. Dieu souverain bien (summum bonum). — 1° Textes… — Sum. theol., I » , q. VI, a. 2 ; Cont. gent., I. I, c. xli ; In IV Sent., 1. I, dist. XIX, q. v, a. 2, ad 3° m.

Sources.

Écriture sainte, passim, spécialement

Mat th., xix, 17 ; Luc, xviii, 19 ; Aristote, I Ethic, c. i, n. 1 ; III Metaph., texte 3 ; S. Augustin, De Trinitate, 1. I, c. n ; 1. VIII, c. ni.

Solutions.

Dieu est le souverain Bien en tant

que sa bonté est le principe de toutes les perfections désirables. — 2. L’expression : souverain a donc un sens relatif, mais qui suppose dans L'être auquel elle s’applique un absolu. — 3. Cet absolu consiste dans l’excellence incommunicable de tout ce qui appartient à la première cause, laquelle n’est pas univoque, mais équivoque, c’est-à-dire en dehors et au-dessus des séries des effets.

C. Dieu seul Bien par essence. — 1° Textes. — Sum. theol., K q. VI, a. 3 ; Cont. Cent., 1. I, c. xxxviii ; 1. III, c. xvii, xx ; Quæst. disp. de veritate, q. xxi, a. 1, ad 1°'", a. 5 (capital) ; Compendium theolog., c. cix ; In hb. Dijon, de div. nom., c. iv, lect. î ; In Buelium de Itebdomadibus, lect. iii, iv.

Sources.

Écriture sainte, passim, spécialement

Marc, x, 18 ; Luc, xviii, 19 ; Aristote, IV Metaph., c. n ; S. Augustin, De Trinitate, 1. VIII, c. ii, ni ; De doct. christ., I. I, c. XXXI i ; pseudo-Denys, De div. nom., c. iv ; Boèce, De hebdomad. (capital) ; Liber de causis, prop. 20, 22.

Solutions.

A noter que l’art. 5 de la q. xxi De

veritate élabore la conciliation des trois solutions de saint Augustin, de Boèce et du Liber de causis, que l’on trouve ensuite synthétisées dans la doctrine de la Somme théologique, I a, q. vi, a. 3, sans renvoi aux sources. — 1. La perfection d’un être est la raison formelle qui le rend désirable et bon, puisqu’on ne désire une chose que pour se perfectionner à l’aide de ce qu’elle possède.

— 2. La perfection d’un être est constituée par trois éléments : a) par un élément substantiel, qui la constitue comme être ; b) par des accidents, qui sont nécessaires pour qu’il se développe dans l’ordre opératif (qualités, facultés, vertus, etc.) ; c) par l’obtention des réalités extérieures, qui sont les buts de son activité. — 3. Dieu seul a ces trois éléments de perlection de par son essence : les créatures ne les ont que par participation de Dieu. — 4. Dieu seul d’abord possède par essence la perfection substantielle, parce qu’en lui seul l’existence est absolument identique à l’essence, et c’est ce genre de perfection que semble avoir eue en vue l’auteur du Livre des causes, lorsqu’il a dit que « seule la divine bonté était une bonté pure » — donc sans aucun mélange de puissance (essence) et d’acte (existence). — 5. En Dieu seul il n’y a pas de perfections accidentelles ; ses attributs, puissance, sagesse, etc., sont son essence même ; il a donc par essence les perfections qui chez nous se surajoutent à l’essence et sont dues par conséquent à l’entrée en jeu de causes distinctes de notre essence. Et c’est ce que siint Augustin semble aoir

voulu dire au I. Yll ! De Trinitate, c. ni, lorsqu’il énonce que Dieu est bon par essence, tandis que nous le sommes par participation. - 6. Dieu n’est ordonné à aucune tin ultérieure ; il est lui-même la fin de toutes

choses et par son essence la raison même de la bonté.