en Inquelle les deux premières se confondaient à l’origine. Mais tout va par trois : « Tout ce qu’il y a de plus général au monde et dans nos idées est soumis à une combinaison ternaire. » Démonstration, c. XV. Il y a donc dans toute société trois personnes distinctes, partout nommées d’ailleurs et comme distinctes, partout connues : le pouvoir, le ministre ou médiateur et le sujet. Or « cette formule : La cause est au moyen ce que le moyen est à l’effet, comprend tous les rapports » , et relativement à la société, ces termes, cause, moyen, eflet, se traduisent, pouvoir, ministre, sujet. Dès lors, « les rapports des êtres en société sont tous compris dans cette proposition : Le pouvoir est au ministre ce que le ministre est au sujet. » Législation primitive, 1. I, c. vi, ix. Raisonnant sur ces termes, il aboutit à ces conclusions : La société domestique n’a d’autres fondements que les fondements déterminés par l'Évangile. L’autorité du père de famille y est toute-puissante. Elle est incompatible avec le divorce. Du divorce. La société publique a sa forme la plus parfaite avec la monarchie royale ou absolue — celle de l’ancienne France — parce que « ce gouvernement est le plus naturel, qu’il ressemble le plus à la lamille, son élément ; les trois personnes y sont parfaitement distinctes (comme dans toute langue) et le pouvoir et le ministre sont héréditaires, propriétaires, inamovibles et par conséquent homogènes avec le pouvoir » . Démonstration, c. xv. Le pire des gouvernements est le démocratique : « Dans la démocratie, il y a confusion des personnes, ou plutôt il n’y en a qu’une, le peuple souverain ; et il n’y a ni hérédité, ni fixité, mais une mobilité perpétuelle, et c’est ce qui en fait le plus imparfait des gouvernements. » lbid. La vraie forme de la société religieuse est le catholicisme. Lui seul, avec sa croyance fondamentale en l’IIomme-Dieu, réalise la notion complète et par suite vraie du ministre universel, médiateur nécessaire entre Dieu pouvoir universel et l’homme. Évidemment la société religieuse sert de fondement aux deux autres et ainsi à la base de tout se trouve la croyance en l’Homme-Dieu : « Il y a oubli de Dieu et oppression de l’homme partout où il n’y a pas connaissance, adoration et culte de l’Homme-Dieu. Toute la science de la société, toute l’histoire de l’homme, toute religion, toute politique sont dans ce passage. » Législation primitive, 1. II, c. ii, a. 8 ; cf. Démonstration, Conclusion.
Tel est le système de Bonald. Il a pour point de départ un paradoxe ; il réduit la raison à n'être, pour ainsi dire, qu’une faculté d’interprétation ; il mêle souvent les données de la raison et les données de la foi ; enfin, il offre tous les éléments du traditionalisme. Mais si le traditionalisme a été condamné par Rome, le système de Ronald ne l’a jamais été directement.
Les Œuvres complètes de Bonald ont été publiées plusieurs fois. Les meilleures éditions sont : 15 in-8o, Paris, 1817 ; 18251826 ; 1843 ; 7 in-8o, Paris, 1857 ; 1875 ; et celle de Migne, plus complète, 3 in-4 Paris, 1859. Quérard, La France littéraire, t. ir, p. 201-215, adressé la liste complète des écrits de Bonald ; cf. Catalogue général des livres imjiriinex île la Bibliothèque nationale. Auteurs, Paris, 1903, t. xv, col. 468-481.
II. de Bonald, Nul ire sur M. le vicomte de Bonald, in-8o, Paris, 1841 ; V. de Bonald, De la vieet des écrits de M. le vicomte
de Bonald, Dé/ensr ilrs inutfiprs ji/nlus, >pli h/ urx île M. de Bo nald, in-8-, Avignon, 1844 ; - édit., ibid., 1853 ; Barbey d’Aurevilly, Les prophètes du passé, Paris, 1851 ; Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Paris, 1851, t. iv ; A. Nettement, Histoire delà littérature sous la Restauration, 1814-4830, Paris, 1858. t. i, p. 'i’i-7'i ; t. ii, p. 287-290 ; Notice biographique, et plusieurs Éloges, en t> te dei Œuvres complètes de 'I. de Bonald, Paris, 1859, t. i, p. v-l ; de Beaumont, Esprit de à/, de Bonald ou Itecueil méthodique de si s principales pensées, 3- édit., ln-16, Paris, 1870 ; E, Faguet, Politiques et moralistes au we siècle, Paris, 1891, t. i ; Henry Michel, L’idée de l'État, Paris, 1895, etc. V. ifi au I toute li i histoires de la Restauration et du traditionalisme ; Hurter, Nomenclator, t. iii, col. 894, 1005 ; Kirchenon, t. ii, col. 1011-1017. c. Constantin.
- BONALD (Victor de)##
3. BONALD (Victor de), publiciste français, né à
Monna, le 19 mai 1780, mort à Rodez, le 6 mars 1871.
Fils du vicomte de Ronald, il lit ses études à Heidelberg, sous la surveillance de son père. La Restauration
le lit recteur de l’Académie de Montpellier. Il a écrit
plusieurs ouvrages : 1o Les vrais principes opposés aux
erreurs dti xixe siccle ou Notices positives sur les points
fondamentaux de la philosophie, de la politique et de
la religion, in-8o, Avignon et Montpellier, 1833 ; 2o Moïse
et h’s géologues modernes ou Récit de la Genèse comparé aux théories naturelles des savants sur l’origine
de l’univers, la formation de la terre, etc., in-18, Avignon, 1835 ; trad. espagnole par F. Rielsa, in-18, Paris,
1836 ; 3o Obsenations adressées à M. Marcel de Serres
sur son ouvrage intitulé : De la cosmogonie, etc., in-8°.
Avignon, 1841 ; 4o Encore un mot sur Pascal, les jésuites et l’enseignement, in-12, Avignon, 1845. Il a écrit
aussi une apologie de son père sous ce titre : De la vie
et des écrits de M. le vicomte de Bonald, Défense des
principes philosophiques de M. de Bonald, in-8o, Avignon, 1844 ; 2e édit., in-12, ibid., 1853.
Hurter, Nomenclator, t. iii, col. 894, 1198.
C. Constantin.
- BONARDO Vincent##
BONARDO Vincent, né à Rome, entra dans l’ordre
des frères prêcheurs au couvent de la Minerve. Secrétaire de la S. C. de l’Index, 3 juin 1583 ; maître du sacré
palais, 1589 ; évêquede Gerace, en Calabre, 20 mars 1591,
mort le 11 mars 1601. — Discorso intorno all’origine,
antidata, virtù, benedizzione, e cérémonie che usa il
sommo pontefice in benedire gl' Agnus Dei, in-4o,
Rome, 1584 ; in-8o, 1621 ; 1700.
Quétif-Echard, Script, ord. præd., t. ii, p. 349 ; Catalanus, De magistro sacri palatii, Borne, 1751, p. 137 ; Id., De secrelario S. C. Indicis, Rome, 1751, p. 94.
P. Mandonnet.
- BONAVENTURE (Saint)##
1. BONAVENTURE (Saint), cardinal, évêque d’Albano, huitième ministre général des frères mineurs,
docteur de l'Église, appelé par la postérité doctor devotus et, à partir de Gerson, doctor seraphicus. — I. Vie.
IL Écrits. III. Doctrine.
I. Vie.
Ronaventure naquit en 1221 à Ragnorea. ville épiscopale de l’Italie centrale, dans le district de Viterbe. 11 était le (ils de Jean de Fidanza et de Marie Ritelli. Il reçut probablement au baptême le nom de Jean, qui lui est attribué dans plusieurs manuscrits. Les Grecs réunis au IIe concile de Lyon l’appelèrent Eutychius, Quelquefois on lui a donné le nom de Pierre, d’Eustache ou de Jacques, mais généralement il a été appelé Ronaventure (Bonaventura, Bona Ventura, Bona Adventui a, Bonafortuna, etc.).
Dans son enfance Ronaventure tomba dangereusement malade. Sa mère fit alors pour lui un vœu à saint François d’Assise, et par l’intercession et les mérites de ce saint il fut arraché à une mort imminente. Ronaventure lui-même fait mention de cette guérison dans la Legenda major S. Francisco, prolog., n. 3, dans laLegenda minor S. Francisci, de transitu mortis, lect. viii, et dans son troisième sermon sur saint François. Cf. S. Bonaventuræ Opéra, Quaracchi, 1882-1902, t. viii, p. 505, 579 ; t. ix, p. 583. Plusieurs écrivains ont pensé que cette guérison a eu lieu du vivant de saint François, qui à celle occasion aurait prononcé ces paroles : O buonaventura ! v, Oh ! l’heureux événement ' » Cette opinion cependant ne s’appuie sur aucun témoignage sérieux. Cf. Acta sanctorum, Vita s. Bonavenluræ, (annulent, prævius, ^ 3, n. 22 sq., julii t. m. p. 815.
On peut penser que la reconnaissance pour celle guérison inclina L’esprit et le cœur du jeune homme vers l’ordre de Saint-François ; mais ce fut surtout l’admirulion de la vie simple et merveilleuse du Séraphin d’Assise et de ses premiers disciples qui persuada à lîonaventure que leur ordre n'était pas une invention de la prudence des hommes, mais bien une œuvre de Dieu,