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BONAVENTURE (SAINT)


qui les contiennent. Nous omettons 108 écrits qui lui ont été attribués à tort. Sur leur authenticité voir t. x, p. 20-30.

I. ouvrages théo-logiques.

1° Commentant in quatuor libros Sententiarum Pétri Lombardi, t. i-iv. — Cet ouvrage, dont l’authenticité n’est nullement douteuse, a été composé lorsque Bonaventure enseignait à Paris, en 1248. Peut-être cependant l’avait-il déjà commencé en 1215. Cf. t. I, p. lvi ; t. x, p. 44. La date à laquelle il a été terminé est inconnue. Cependant il n’y a pas à douter que le saint docteur l’acheva avant son élévation au généralat, 1257.

i. Division et objet. — Bonaventure a suivi la division de Pierre Lombard. Il partage le 1 er livre en quatre parties principales. La I re traite de frui et uti (dist. 1, II) ; la II e, de la connaissance de Dieu (dist. III— VII) ; la III e, des propriétés et des conditions essentielles de la Trinité et de l’unité (dist. VIH-XXXIV) ; la IV e, de la science, de la puissance et de la volonté de Dieu. Dans le IIe livre, à propos de la création et de la chute des anges et des hommes, il discute plusieurs questions de la grâce, de la conscience et des péchés. Dans le III e, il s’occupe de l’union des natures en Jésus (dist. I-XI), de la manière selon laquelle Jésus s’est conformé à nos infirmités (dist. XII-XVIII). de la manière par laquelle il nous a sauvés de la mort (dist. XIX-XXII), et il ajoute une quatrième partie sur les vertus (dist. XXIII-XL), qui a surtout mérité les éloges des théologiens. A la fin de ce livre il discute longuement la question de la causalité des sacrements qu’il avait déjà exposée dans le IVe livre. Hsec positio in quarto Ubro diffusius est explicata, t. iii, p. 895. Ce fait nous autorise à supposer que Bonaventure n’a pas trouvé sur cette question une solution qui l’ait satisfait de tous points. Nous observons ici qu’on aurait tort de croire, avec quelques auteurs, que Bonaventure considère les sacrements seulement comme conditions sine qua non de la production de la grâce et qu’il ne leur accorde aucune causalité. Tout en excluant la causalité physique quoad factum, il défend la causalité morale. Cf. Dominique Facin de Bieno, Dissertatio de studio Bonaventuriano, Quaracchi, 1902, p. 36-57. Le IVe livre, probablement écrit avant le IIIe et peut-être même le premier de tous, contient le traité des sacrements, et à partir de la dist. XLIII jusqu’à la dist. L, le traité des fins dernières. Dans ce livre, le moins parfait, Bonaventure suit plus servilement Alexandre de Halès que dans les autres. De là l’imperfection de ses opinions sur l’institution des sacrements et sur l’efficacité du sacrement de la pénitence. Cf. t. x, p. 9.

2. Méthode.

Bonaventure propose dans son commentaire le texte du maître (textus magistri). Puis il expose la division du texte (divisio textus) et les questions à traiter (tractatio qusestionum). Après cela, il divise sa doctrine en articles, subdivisés en questions. La dernière question de chaque distinction est toujours suivie de quelques doutes sur le texte de Pierre Lombard (dubia circa litteram magistri). Dans chaque question Bonaventure indique les preuves de sa doctrine (fundamenta) qui précèdent ou suivent les arguments de l’opinion contraire (argumenta in opposi/um) ; il propose sa conclusion et fait suivre la solution des difficultés (solutio oppositorum).

3. Valeur.

Parmi les ouvrages scolastiques de Bonaventure, le commentaire sur les livres des Sentences occupe la première place. Tout ce que le saint a écrit plus tard se rapporte en grande partie à ce commentaire comme à sa source principale et à son solide fondement. C’est dans ce commentaire qu’il a expliqué les questions philosophiques et théologiques agitées de son temps, avec tant d’abondance et de profondeur que les écrivains postérieurs n’ont qu’une voix pour louer et exalter cette œuvre magistrale. Plusieurs l’ont affirmé :

ce travail d’un jeune homme de 27 ans pâlit à peine devant la splendide et gigantesque Somme théologiqae de saint Thomas, qui est l’œuvre de toute une vie.

Il est vrai, on trouve dans ce commentaire quelques opinions qui n’ont plus cours aujourd’hui ; mais ces opinions ne sont pas singulières. Elles étaient communes à cette époque.

Bonaventure, comme il le professe lui-même, In IV Sent., 1. II, prreloc, a suivi généralement son maître Alexandre de Halès. Cependant il ne le reproduit pas avic servilité ; sadoctrine est plus complète, plusclaire, plus exacte ; il surpasse son maître tant par le style que par la sublimité des idées. On a prétendu parfois que Bonaventure avait copié quelques questions des œuvres d’Alexandre de Halès. Est-il vrai qu’on puisse l’accuser de plagiat ? Certainement non. La Summa de virtutibus, qu’on a attribuée autrefois à Alexandre, a pu donner occasion à l’erreur. Si cet ouvrage était authentique, Bonaventure aurait copié à peu près tout le traité des vertus théologiques dans le IIIe livre des Sentences. Mais la Summa de virtutibus n’est pas d’Alexandre, elle est d’un auteur postérieur qui a utilisé des ouvrages de saint Bonaventure. Cf. t. i, col. 774.

Cependant dans l’ouvrage authentique d’Alexandre c’est-à-dire dans la Somme théologique, on trouve des passages qui ont une conformité parfaite avec les œuvres de Bonaventure. Par exemple la question sur la connaissance de Dieu est reproduite, à part quelques variantes, dans laSomm-e d’Alexandre, part. II, q. xcir, m. il, a. 4, et dans le commentaire de Bonaventure. In IV Sent., 1. II, dist., XXIII, a. 2, q. m. Même pour ces questions, nous n’hésitons pas à affirmer qu’elles ont été interpolées dans la Somme d’Alexandre. C’est un fait constaté que cette Somme a été complétée par Guillaume de Méliton et d’autres frères mineurs. Cf. t. i, col. 775. Nous croyons cependant que dans l’article Alexandre de Halès. loc. cit., M. Vacant est inexact, lorsqu’il affirme que les dernières éditions de cette Somme, celles de 1575 et de 1622, « reproduisent le travail d’Alexandre tel qu’il est sorti de ses mains. » Tout en admettant qu’on n’a pas réimprimé intégralement dans ces éditions le complément rédigé par Guillaume de Méliton, nous pouvons soutenir que quelques parties y ont été reproduites. Il existe, en effet, une interpolation certaine dans la Somme d’Alexandre, édit. de 1575, part. IV, q. xxx, xxxi. Ces questions sur la pauvreté sont copiées littéralement d’un écrit authentique de Bonaventure, De perfectione evangelica, q. ii, a. 1, 2. Dans ces passages, Bonaventure réfute les accusations du traité De periculis novissimorum temporum de Guillaume de Saint-Amour, publié en 1255. Cette réfutation ne peut pas assurément être attribuée à Alexandre, mort en 1245. Cf. S. Bonaventurse Opéra, t. v, p. au. Cet exemple d’une interpolation démontrée nous autorise à en admettre d’autres. En lisant la question sur la connaissance de Dieu, on remarque facilement que le style et surtout la conclusion plus longue sont de Bonaventure et non d’Alexandre qui régulièrement expose les conclusions en peu de mots. Nous espérons que la nouvelle édition critique de la Somme d’Alexandre que préparent les Pères du collège de Saint-Bonaventure à Quaracchi, apportera des lumières nouvelles sur l’authenticité de ses écrits.

Plusieurs auteurs ont expliqué les commentaires de saint Bonaventure sur les Sentences. On en trouve la nomenclature dans S. Bonaventurse. Opéra omnia, t. i, p. lxiv-lxxiii. Pour les 28 éditions de cet ouvrage, voir aussi loc. cit., p. lxxiii sq.

2° Questiones disputâtes, t. v, p. 1-198. — Cet ouvrage contient septquestions De scientiaChristi, t. v, p. 1-43 ; huit De mysterio Trinitatis, p. 44-115 ; et quatre De perfectione evangelica, à savoir sur l’humilité, la pauvreté, la continence et l’obéissance, p. 117-198.