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BONAVENTURE (SAINT)


rubriques du bréviaire et ordonna d’exhorter dans les sermons les fidèles, m incompletorio, puisante campana, beatam Mariam alù/uibus vicibus salularent. Chronira XXIV generalium, dans Analecta franciscana, t. iii, p. 329. Wadding, ad an. 1263, n. 16, ajoute., ce qui nV<t pas certain, qu’entre autres t’êtes il institua celle de la Conception de ta sainte Vierge. Ce chapitre approuva la Légende de saint François et supprima les autres.

Peu de temps après (1264, 1267, 1270 ; cf. S. Bonaventurrv Opéra omnia, Quaracchi, t. x, p. 5, 6), Bonaventure institua à Rome l’insignis societas Régules recommenâatorum B. Marias Virginis (Arciconfratemità ih>l Gonfalone . Le 24 novembre 1265, Clément IV lui confia le siège archiépiscopal de York, mais l’humilité du saint lui fit décliner cet honneur. Il quitta Paris, alla se jeter aux pieds du pape, qui, touché par ses prières, accepta sa renonciation.

Bonaventure retourna en France, où il présida le chapitre général de Paris, en 1266, à la fête de la Pentecôte. Ce fut dans ce chapitre qu’il institua les discussions publiques pour les étudiants de l’ordre. Wadding, Annales minorum, ad an. 1266, n. 4. En 1268, il se retrouvait à Assise, où, l’année suivante, il célébra le chapitre général, dans lequel il ordonna de célébrer tous les samedis une messe solennelle en l’honneur de la très sainte Vierge.

Par son admirable activité, par sa prudence dans le gouvernement et son zèle à réformer les abus contraires à la règle, Bonaventure attira sur lui les regards des souverains pontifes. Alexandre IV et Urbain IV lui adressèrent plusieurs bulles et concédèrent de grandes laveurs à l’ordre. Clément IV n’eut pas moins d’estime et d’allection pour lui, et il le lui montra en lui réservant, comme nous l’avons dit déjà, le siège archiépiscopal de York. Grégoire X surtout eut en lui une confiance sans bornes. Ce pape, dont l’élection est attribuée à l’influence de saint Bonaventure sur les cardinaux réunis à Viterbe, l’emmena à Rome pour assister à son couronnement le 27 décembre 1272. Il lui demanda de désigner quatre frères mineurs, qu’il envoya en Orient, pour négocier l’union des grecs. Bonaventure choisit pour cette mission Jérôme d’Ascoli, Raymond Béranger, Bonagratia de Sancto Joanne in Persiceto et Bonaventure de Mugello.

Bientôt, cependant, Bonaventure quitta Rome pour présider le chapitre général de Pise en 1272, et il retourna à Paris, où il prêcha en présence des docteurs de l’université ses sublimes Collaliones (sermons) de Ilexæmeron, en 1273, après la fête de Pâques. Ces sermons furent interrompus le 3 juin 1273, lorsque Grégoire X créa Bonaventure cardinal et évêque d’Albano. Le pape, qui avait l’intention de se servir de ses talents au concile de Lyon, lui prescrivit d’accepter cette charge et exigea une soumission immédiate et aljsolue. Obéissant à ce précepte formel, Bonaventure prit le chemin de l’Italie, rejoignit le souverain pontife et l’accompagna à Lyon. Dans cette ville, Bonaventure réunit un chapitre général de son ordre et se démit de sa charge de ministre général, le 20 mai 1274, laissant comme successeur Jérôme d’Ascoli.

Dès lors, la part qu’il prit au concile employa tout son temps. Le souverain pontife, en effet, lui confia la direction des principales questions qui concernaient l’union des grecs avec L’Église romaine. Grâce à la science, l’habileté et la sainteté de Bonaventure, le concile obtint quelques résultats sur ce point important. Dans la IV session, tenue le 6 juillet, les grecs abjurèrent leur schisme et reconnurent la primauté du pontife romain.

Le lendemain, Bonaventure tomba malade et il toucha bientôt à son heure dernière. Il mourut la nuit du 14 au 15 juillet 1274, à l’âge de 53 ans. Il fui enseveli dans l’église des frères mineurs à Lyon, et ses funérailles furent honorées de la présence du pape et des I’ères du

concile. En 1434, son corps fut transféré dans l’église consacrée à saint François, et à cette occasion un bras fut transporté à Bagnorea. Le reste de son corps fut brûlé par les huguenots au mois de mai 1562, à l’exception de la tête, qui fut préservée, mais qui a été perdue au temps de la révolution française. Le 14 avril 1482, Sixte IV inscrivit le nom de Bonaventure au catalogue des saints, et le 14 mars 1587, Sixte V le mit au rang des docteurs de l’Eglise. Sa fête se célèbre le 14 juillet.

11. Ecrits. — L’activité littéraire de saint Bonaventure au milieu de ses grandes occupations pour le gouvernement de l’ordre est vraiment admirable. Les ouvrages qu’on lui a attribués sont très nombreux, et comme on les a toujours tenus en grande estime, ils ont été conservés dans plusieurs manuscrits, et imprimés assez souvent. Il serait hors de propos d’énumérer les éditions de ses écrits publiés séparément ou par groupes, elles se comptent par centaines. Nous nous contentons d’indiquer les éditions des œuvres complètes. La première fut celle qui a été imprimée en 1588-1599 à la typographie du Vatican sur l’ordre de Sixte V, 7 in-tol. Cette édition contient 94 ouvrages et a été reproduite en 1609 à Mayence et en 1678à Lyon. Une autre édition a été publiée à Venise, en 1751, 13 in-4°. Celle-ci contient dans le premier volume une Diatriba historicochronologico-critica, dans laquelle les éditeurs racontent la vie de saint Bonaventure et donnent leur opinion sur l’authenticité des ouvrages. Au reste, cette édition n’ajoute aux précédentes qu’une petite lettre. L’ordre des ouvrages cependant y est changé. L’édition est divisée en trois parties, contenant les ouvrages authentiques, douteux et apocryphes selon l’opinion des éditeurs. Cette édition, la plus imparfaite de toutes en raison de ses nombreuses erreurs et de ses lacunes, lut reproduite à Paris en 1861.

Jusqu’à cette dernière date, un travail fondamental de critique n’avait pas encore été exécuté. Plusieurs écrits étaient encore inédits et le texte même laissait à désirer. Jean-Hyacinthe Sbaralea, des frères mineurs conventuels, mort en 1763, avait, il est vrai, publié plusieurs ouvrages nouveaux dans son Siipplementinn ad scriptores trium ordinum S. Francisa, imprimé à Rome en 1806, et lienoit Bonelli de Cavallesio, des frères mineurs, avait rendu des services à la critique dans son Prodromus ad Opéra omnia S. lionavenlurx, Bassano, 1767 (dans lequel il traite de la vie, de la doctrine et des écrits de saint Bonaventure), comme aussi dans son Supplonentum Operuni omnium S. Bonaventuræ, 3 in-fol., Trente, 1772-1774 ; mais ces ouvrages étaient incomplets et inexacts.

C’est pour cette raison que le R me P. Bernardin a Portu Bomatino se proposa en 1871 de publier une nouvelle édition. Sur son ordre, le R. P. Fidèle de Fanna entreprit plusieurs voyages, visita à peu près toutes les grandes bibliothèques de l’Europe, étudia les manuscrits et recueillit les matériaux d’un travail critique. Ce travail fut exécuté après sa mort (2 août 1881) par le R. P. Ignace Jeiler et d’autres collaborateurs. Le premier volume parut à Quaracchi en 1882, et le onzième et dernier en 1902. Cette édition, « que les renvois, les scholia et diverses tables rendent îles plus commodes et des plus précieuses, » A. Pelzer, Revue néoscolasti* que, 1903, p. 98, a mérité l’éloge de Léon XIII dans une lettre du 13 décembre 1885 au R. P. général des frères mineurs. Elle a mérité aussi celui des savants. « Toutes les autres éditions totales ou partielles du docteur seraphique, dit Petzer, loi-, cit., se trouvent déclassées par une œuvre qui, au jugement des savants les plus compétents, tels que le P. Denifle et le D r Bâumker, constitue un modèle du genre et répond notamment à toutes les exigences de la critique. »

Pour la liste des écrits de saint Bonaventure, nous suivons cette édition et nous renvoyons aux volumes