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BOSNIE-HERZEGOVINE
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la Bosna, de la Drina et de la Narcnta. Rambaud, op. cit., p. 461-462.
2o L’Église romaine en Bosnie.
L’influence romaine
succéda en Bosnie à l’inlluence byzantine et s’y maintint durant plusieurs siècles. Vu XII siècle le pays était presque entièrement catholique. Les dissensions religieuses y éclatèrent à la suite du conllit soulevé par l’interdiction de la liturgie slave. Deux conciles de Spalato (925, 1059) se prononcèrent contre l’emploi du slavon dans les ofliees divins. Farlati, op. cit., t. iii, p. 97 ; Markovic, t. ii, p. 155-156 ; Gfrôrer, Bgzantinische Ge, s hichten, Graz, 1873, 1. ii, p. 181. Les Serbes conçurent alors une grande animosité contre l’Église romaine, et penchèrent du côté du schisme grec. Les catholiques de Bosnie, soumis d’abord à la juridiction des métropolites d’Antivari, P. h., t. cxlvi, col. 1 3-2 î ; Farlati, op. cit., t. vii, p. 14-15, en 1067, et de Spalato, Farlati, op. cit., t. iii, p. 223, passèrent ensuite sous la dépendance de la métropole de Raguse, Lequien, Oriens christianus, t. I, p. 277-278 ; Balan, Délie relazioni fra la Cliiesa cattolica e gli Slavi, Rome, 1880, et en 1047 ou 1265 ils acceptèrent la primauté de l’archevêque de Colocsa en Hongrie. Eubel, Hierarchia catholica medii œvi, Munster, 1898, p. 146 ; Farlati, t. VI, p. 82, 98-99. Au commencement du XIII siècle la Bosnie n’avait qu’un seul évèché latin, fondé probablement dans la première moitié du XIIe siècle. Goloubinski, Histoire des Églises orthodoxes bulgare, serbe et roumaine (en russe), Moscou, 1871, p. 573 ; Jukic, Zem.ljopis i pavjestnika Bosne, Agram, 1851, p. 31, 36 ; Racki, Bogomili i Patareni Bad, etc., t. vii, p. 126. On possède, en effet, depuis 1141 jusqu’en 1463 une liste ininterrompue d’évêques bosniaques de rite latin. Farlati, t. IV, p. 43 ; Markovic, t. ii, p. 434-435. Ces évêques n’avaient pas de résidence fixe : ils émigraient de ville en ville, selon les circonstances plus ou moins favorables à l’exercice de leur ministère. En 1203, Jean de Casamaris, légat du pape en Rosnie, écrivait à Innocent III (1198-1216) qu’un seul évêque ne suffisait pas pour toute la contrée (in regno Bani Culini de Bosna non est nisi unus episcopatus), et que pour le bien de la religion il fallait procéder à l’érection de trois ou quatre évêchés. Theiner, Vetera monumenta slavorum meridionalium, Rome, 1803, t. i, p. 20. Il ne semble pas que cette proposition ait été agréée par Innocent III : il y a cependant une lettre de Grégoire IX (1227-1241) par laquelle l’évêque de Palestrina (Préneste), légat du saint-siège en Bosnie, reçoit l’ordre de consacrer pour cette province deux ou trois évêques. Theiner, Monumenta historiam Hungariæ spectantia, Rome, 1859, p. 1 13. Le débordement du bogomilisme en Bosnie-Herzégovine créa sans doute des obstacles sérieux à la réalisation des vœux du souverain pontife.
Quant à l’Herzégovine, Zachlumie, Zay_Xoû[j.(ov -/ô>pa… a710 ô’pouç o’jtm xaXoupiévou y).Ojp.o>, P. G., t. CXIII, col. 300-301, un synode de Spaïato (928) affirme qu’elle était soumise à la juridiction de l’évêque de Stagno (Ston) en Dalmatie. Farlati, t. vi, p. 325 ; Bulic, Bullettino di archeologiae storia dalmata, Spalato, 1901, p. 89. Au xe siècle, les chroniqueurs de Raguse citent aussi un évéque de Trébinje. Farlati, t. vi, p. 289 ; Markovic, p. 314-315. Le canton de Trébinje (Tepgouvia, P. G., t. gxiii, col. 300-301) formait l’angle sud-est de l’Herzégovine actuelle. D’autres documents pontificaux des xi° et xii, ; siècles mentionnent les êvéchés de Trébinje et de Zachlumie. Jaffé, Regesta pontificumromanorum, Leipzig, 1888, a. S042, 4628, 0802, 6863 ; Farlati, t. vi-vn. Goloubinski n’est donc pas dans le vrai, lorsqu’il affirme, p. 586, que l’Herzégovine n’eut pas de sièges épiscopaux ayant son union avec la Bosnie (137t>). Des évoques de Trébinje, bien qu’en petit nombre, paraissent aussi dans 1rs documents des xirr et xiv° siècles. Farlati, t. VI, p. 286-294.
Au xiiie siècle la Bosnie-Herzégovine fut évangéliséo
par les missionnaires latins. Ugrin de Colocza sous Honorais III (1216-1227) y appela les frères prêcheurs. Ralan, p. 99. Ceux-ci travaillèrent activement à établir dans cette contrée l’inlluence romaine, et fournirent des évêques admirables par leur zèle et par leurs vertus, Jean de Wildeshausen, Ponsa, André Roland. Eubel, p. 146. Aux dominicains succédèrent dans leur pénible mission les franciscains. Stefan Dragutin, nommé par LadislaslV de Hongrie, grand-duc de Bosnie, demandait àXicolas IV (1288-1292) des missionnaires sachant la langue du pays. Theiner, Vetera monumenta slavorum meridionalium, 1. 1, p. 378 ; Wadding, Annales minorum, t. v, p. 200-261 ; Farlati, op. cit., t. iv, p. 55. Le pape lui envoya des religieux franciscains. P. Marcellino da Civezza, Storia universelle délie missioni francescane, Rome, 1858, t. ii, p. 428-434. Selon Thoemmel, Beschreibung des Vilajet Bosnien, Vienne, 1867, il y en avait déjà en 1260. Les nouveaux apôtres s’y trouvèrent bientôt aux prises avec l’hérésie des bogomiles : pendant des siècles ils luttèrent avec un héroïsme sans égal pour le triomphe de l’Église romaine et leur nom est lié d’une manière indissoluble à l’histoire de la Bosnie. Kharousine, p. 45. Selon la belle expression d’Eugène IV (1431-1447), ils devinrent le boulevard de la maison du Seigneur et les propagateurs de la foi orthodoxe : Se murum fæienles pro domo Domini et orthodoxse propagalione /idei. Theiner, t. i, p. 395.
Le catholicisme bosniaque prit un vif essor, lorsque Innocent IV ( 1243-1254) eut permis l’emploi de la liturgie slave. Cet essor ne fit que s’accroître quand les franciscains inaugurèrent leur apostolat. Ils négociaient avec les bans ; ils prêchaient la croisade contre les hérétiques ; ils remplissaient les fonctions d’inquisiteurs en Bosnie, Moldavie, Valachie, Bulgarie, Rascie, Slavonie, Theiner, op. cit., t. i, p. 395 ; ils déracinaient les abus et réformaient les mœurs qui s’étaient très relâchées au contact avec les bogomiles. Theiner, t. i, p. 327. Dans cette mission ardue et semée de dangers se distingua au xiv° siècle le P. Fabiano de Racchia qui, quinze années durant, exerça en Rosnie un apostolat laborieux. P. Marcellino da Civezza, op. cit., t. iii, p. 500-561. Plus tard, le général des franciscains, Gérard Oddoni, sur l’invitation du roi de Hongrie, se rendit lui-même en Rosnie avec de nombreux religieux et y établi ! des missions florissantes. Wadding. t. vii, p. 231. Le succès répondit à leurs efforts. En 1402, 50 000 dissidents rentrèrent dans le giron de l’Église catholique. Lucci, Ragioni storiche, etc., Naples, 1740, p. 189 ; Wadding, t. ix, p. 256.
La plupart des bans de Bosnie furent entachés de bogomilisme. Il y en eut cependant qui firent profession de foi catholique et entretinrent des relations cordiales avec le saint-siège. On cite au nombre de ces derniers Stefan Dabicha (1391-1395), Stefan Thomas Ostojic (liil1461) et Stefan Thomasévic (1461-1463). Ces deux derniers en particulier combattirent vigoureusement le bogomilisme. Mais l’hérésie était vivace, et le pays, affaibli par les dissensions religieuses, tomba au pouvoir de l’islam. Mahomet II s’en empara, et commit des cruautés atroces. Cent mille personnes furent traînées en esclavage ; trente mille enfants grossirent les rangs des janissaires, et Thomasévic péril, dit-on, de la main même du vainqueur : Mahometes ipse, humano sanguine insatiabilis, sua manu, ut fertur, Stephatium jugulavit. Acta Bosne, etc., dans les Monumenta slavorum meridionalium, Agram, 1892, t. xxiii, p. 255 ; Zinkeisen, Geschichte des Osmanischen Reiches in Europa, Gotha, 1854, t. i, p. 11, 150 ; Mittheilungen, Sarajevo, t. ii, p. 332-333.
A la suite de l’invasion turque, le nombre des catholiques diminua considérablement. Quelques-uns abjurèrent leur foi ; d’autres émigrèrent ; d’autres continuèrent à vivre dans leur pays ravagé, el les franciscains, inébranlables à leur poste de combat, les prirent