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BROWNISTES — BRUCOLAQUE


Angleterre, les brownistes se réfugièrent en grande parlie en Hollande, où ils ne lardèrent pas à se diviser et à former deux groupes : les Séparatistes, sous la direction de Smith, et les Indépendants, sous celle de Robinson. Des groupes de ces Indépendants fondèrent les colonies de la Nouvelle-Angleterre, afin d’y appliquer strictement leurs principes sur i Église qui, dans sa totalité, n’était que la somme des communautés particulières.

Encyclopédie, britannica, 9’édit., in-4°, Edimbourg, 1876, t. IV, p. 392-303.

V. F.RMONI.

    1. BRUCOLAQUE##


BRUCOLAQUE. Dans les superstitions populaires des Grecs et des Slaves, fantôme malfaisant qu’on se figure sortant la nuit du tombeau. — 1. Nom. II. Qui devient brucolaque. III. Moyen d’échapper à son inlluence. IV. Origine de cette croyance.

I. Nom.

Ce nom revêt une foule de formes. A coté de p piꝟ. 67 axa ; et de fip-jxôXaxa :, qui sont les plus fréquentes, on trouve [30ypxdXaxaç, ppo-jxd>, axaç, (30vpxo-j-Xaxaç, ou encore ptrjXxdXaxaç, pou6pd>.a/.a ;, poupodXaxaç, Po-jp60j).axaç, (îopêoXaxaç, poupëdXaxaç, po-jpëo-JXaxaî, et même fipo-jxdXxxo ;, (îoupxoXâxc, (ISpo/.dXaxo. Le verbe qui en dérive et qui signifie devenir brucolaque, comporte lui aussi plusieurs orthographes. Les plus usitées sont les suivantes : po-jpxoXaxiâc>>, (îp’jxoXaxiâïo), (30up-SoXa I. ; âÇa>, ppoxoXaxiâSto, etc. Du reste, il n’y a pas que ce seul mot à exprimer l’être imaginaire en question. On le désigne ici par xaTa/avâ ;, l’exterminateur, le glouton ; là par irapxwixévo ;, le ventru ; ailleurs par àv « txa80(j.evoç(=âvaxa8^[ievoç), lerevenant ; en d’autres endroits par xaraixôtç, le chevricr, sans parler des expressions plus rares de cpâvraxac, Xà ; xTacr(j.a ou Xâ[17taarpo, àvâppa/o, ctoi/sio, etc. Les savants se sont donné beaucoup de peine pour îournir du mot brucolaque une étymologie acceptable. La plupart le font venir du nom slave désignant le loup-garou. On ne peut, en eflet, s’empêcher de reconnaître entre ce dernier nom et le terme qui nous occupe une grande analogie. Le loupgarou s’appelle en slavon vlkodtak, en Slovène volkodlak et vukodlak, en bulgare vrkola’k, vrlak, frkula’k, vrakalôk, en serbe vukodlak, en bohémien vlkodlak, en polonais vilkoljak, vilkoljek, en albanais vourvoljak, en roumain vârcolac, valcolac, en turc vourcolak, etc. Dans ce composé, la première partie dérive du slavon vluku, « loup, » et la seconde d’un terme aujourd’hui perdu, mais qui se retrouve en serbe sous la forme dlak et en ancien bohémien sous la forme tlak, et qui signifie poil. Brucolaque signifierait donc étymologiquement loup à poils. Ilàtons-nous pourtant d’ajouter qu’il y a entre le loup-garou et le brucolaque une différence essentielle. Tandis que le premier de ces termes désigne un homme vivant qui revêt la forme du loup pour mieux nuire à ses semblables, le second ne désigne qu’un homme déjà mort qui sort la nuit de son tombeau. A rendre le mot brucolaque par un terme qui lui corresponde en réalité, c’est par vampire qu’il faut le traduire. Encore ce dernier mot dépasse-t-il le sens du premier. Le vampire est un être malfaisant qui suce le sang des vivants pendant leur sommeil ; le brucolaque est souvent cela, mais souvent aussi c’est un simple revenant, au moins dans la croyance populaire des Grecs, dont le cadavre est momentanément vivifié par une âme d’emprunt qui n’est autre que le diable. Aussi les Grecs, qui ne veulent rien devoir aux étrangers, pas même un simple article du vocabulaire, rattachent-ils de préférence le nom qui nous occupe à deux vieux mots classiques, différents de forme, mais de même sens, ceux de lvopu.oXûxv] et de PpixsXo ;  ; le premier aurait produit la forme (30pêdXaxa ; et ses congénères, le second celle de PptxdXaxa ;. Cette étymologie, déjà proposée par Coray dans son édition d’Héliodore, t. ii, p. 5, 119, et dans ses "AiaxTa, t. ii, p. 81 ; t. v, p. 31,

vient d’être reprise et vigoureusement défendue par N. G. Politis, MeXÉtat TCp’t toO piou xai t% yt.uxrarn toO é)Xr|V.xoO XaoO, Athènes, 1901, t. iii, p. 261. Je dois d’ailleurs ajouter qu’elle a beaucoup moins de vraisemblance que la première.

IL Qui devient rrucolaque. — Si l’origine du mot est douteuse, la croyance qu’il rappelle n’est que trop cerlaine, et il est bon d’y insister dans ce dictionnaire. Pourquoi, après sa mort, devient-on brucolaque ? Les motifs, hélas ! ne manquent pas. — 1° Un homme a-t-il commis durant sa vie de gros péchés, est-il mort surtout avant d’avoir été relevé d’une excommunication encourue, la terre ne saurait le garder dans son sein, suivant ces fréquentes imprécations populaires : Nà [aï|v tov Ss/t/j v) yï|, Tb x ci >f a va tov SjspâtfYj, et il tombe fatalement dans le vampirisme. Un sort analogue attend quiconque cohabite avec sa marraine ou a été conçu à l’origine en un jour de grande fête, le jour de l’Annonciation en particulier. De telles conceptions vouent d’avance au vampirisme les créatures qui en sont l’objet ; on les appelle, d’un terme flétrissant, Ta ytoupto-TTtâa-jj. axa, c’est-à-dire zh. ÉopT07uoco-jj.aTa ; elles expient d’ailleurs par une mort précoce le crime des parents. Il faut ranger dans la même catégorie les victimes de l’avortementet les morts sans baptême, ceux qui meurent d’une blessure ou qui se noient, et, en général, tous ceux qu’une mort violente arrache à la vie ou qui s’en vont de ce monde maudits par leurs parents, ou pardessus le cadavre desquels un animal, un chat surtout, ou un homme aurait sauté. Ceux qui n’appartiennent pas à l’Église orthodoxe, les Latins et les Turcs par exemple, sont beaucoup plus sujets que les bons orthodoxes à cette triste destinée. Le contraire eût été bien surprenant. Certains de ces préjugés ne datent pas d’hier ; ils sont déjà combattus par saint Jean Chrysostome dans deux de ses discours, d’où personne jusqu’ici ne s’est avisé de les tirer. Dans sa Concio il de Lazaro, P. G., t. xlviii, col. 983, le saint docteur s’exprime ainsi : IIoXXo’c tcov àçEXso-Tspojv vo ; jiÇou<71 xàç ^ux™ ? Tt *> v fîtaia) OavaTw TeX.E-jrâvTdJv 8ai(j.ovaç ycv£<j6aiEt ailleurs, In Malth., homil. xxviii, 2, P. G., t. lvii, col. 353, le même Père se sert d’une formule beaucoup plus générale : Ti Shoots Ôs xai toi ; Taçotç èfJ.çiXo-/(opoû<riv ; ’OX.éOpiov 8<Sy|xa toi ; ttoXXoïç EvOstvai povXd[i£vot, oîov ou al <]/ u X aV’T ^ v àTreXôdvTwv Sat^ovs ? Y’V0VTa’- Ces oa£fj.oveç en qui passent les âmes de certains morts ne sont pas autre chose que les (JpvxôXaxE ; du folk lore moderne.

2 » Ce n’est pas seulement par son genre de vie ou de mort, mais encore par certains signes extérieurs que se trahit le brucolaque. Voici un cadavre qui ne se décompose pas et dont la peau fortement tendue et horriblement tuméfiée prend la forme d’un tambour, il n’y a pas de doute : c’est à un brucolaque que l’on a affaire. Aussi, parmi les châtiments dont on menace les excommuniés, ne manque-t-on jamais, aujourd’hui encore, de mentionner celui-là par cette formule protocolaire : 6 toioOto ; eï ?j… T’j^itavcaïoi ; xai y.e.za. ÔâvaTov aXufoç ; en d’autres termes, qu’il soit brucolaque, car c’est bien à -ce genre de châtiment posthume que font allusion les expressions susdites ou d’autres semblables, sans lesquelles on ne conçoit pas dans le monde orthodoxe de véritable excommunication.

3° Ne point subir les effets de la décomposition et rester gonflé comme un tambour fortement tendu, voilà une condition indispensable pour devenir brucolaque ; mais cela ne suffit pas. Il faut encore que sous l’action d’un mauvais démon le cadavre ainsi tuméfié sorte du tombeau et aille sucer le sang des animaux ou des hommes, puis les étouffer dans leur sommeil. C’est aux personnes qui lui étaient le plus chères de son vivant, aux membres de sa propre famille, qu’il s’attaque de préférence. Plus d’un proverbe populaire mentionne