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BRYENNIOS

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connaît toutes les subtilités de la dialectique. Dans un siècle de décadence littéraire, son style garde un parfum de simplicité antique et d’atticisme plein de naturel. Les théologiens de l’Occident ne lui étaient pas inconnus. Il avait lu saint Thomas d’Aquin, dont les œuvres étaient déjà traduites en grec au xiue -xive siècle. Krumbacher, Geschichte der byzantinisc/ien Litteratur, p. 99 ; Opéra, t. i, p. 414-415. Lorsqu’il discute avec les latins, Bryennios reste fidèle à la méthode de ses devanciers. Il recourt parfois aux arguments métaphysiques, mais il puise presque toujours ses preuves dans l’Écriture sainte tt dans les Pères. Le raisonnement théologique n’a à ses yeux qu’une valeur très secondaire. Bien qu’ayant vécu longtemps dans un milieu latin, il reste grec au sens strict du mot. Il ne jugea l’Occident digne que de ses invectives et de ses anathèmes.

II. Écrits.

Les œuvres de Joseph Bryennios, avant d’être publiées, étaient connues des érudits. Etienne Gerlach les mentionne dans le Turco-Grxcia de Crusius, Bâle, 1584, p. 489. Allatius en donne des extraits dans plusieurs de ses ouvrages : De libris ecclesiaslicis Grœcorum ; De Ecclesiæ occidentalis alque orienlalis perpétua consensione ; Joannes Henricus Hottingerus fraudis et imposluræ manifestas conviclus ; De utriusque Ecclesise occidentalis alque orientalis perpétua in dogmate de purgatorio consensione. Papadopoli Cornnène le cite dans ses Prænotiones mystagogiege. Mais Eugène Bulgaris a eu le mérite de tirer de l’oubli les écrits de Joseph Bryennios. En 1768 il fit paraître à Leipzig en deux volumes les travaux les plus importants du célèbre polémiste byzantin. Voici le titre prolixe de cette publication : Tcooricp p.ova-/oû xoû Bpvevvîou, xà eùpsôÉvxa àÇttoTEi toO û’] ; r)Xoxâxo’j xai eCio-EêEGrâxou Ttpûrjv TifejAÔvo ; Mo).608).a-/ : a ; xupc’ou Tpriyopto-j’AV.E^âvSpou Fxtxa posëéSac, 81’È7tiLi.EXe ; aî E’jyeviov ctaxévou xoû BovXyâpea ) ; ï)6v) xb itpcoxov xutcoiç èxSoOÉvxa.’Ev Aee^ia tïjç SaSjovîaç, èv ty ; TvTtoypacpi’a xoO BpEïxxoTrtp, Ëxei aij/^. Le troisième volume, édité en 1784, contient des suppléments et porte un titre plus prolixe encore : ’Iaxrrçip [A0VÏ-/0Û xov Bpuevviou xà 7tapaXE17tô|iEva ic$’oî ; y.où xoO ao : poxàxou àpyiïxiGv.oizov NoëoypoSiâ ; ©eoipâvou ; toO TIpoxÔ7toë[xç laxopia Ttepi tvjç Staçopâç xîjç uep’i x ?, ç Ly.nopE’Jo-Eco ; toû àyt’ou rivE’jLj.ax>.>< ; èx xî|ç Aaxtviov ça>vr|ç è5e>-Xv )vta6eT(Ta xai en xoO aoqotv.zo-j àp^teTriaxÔTiou Ttpfôrjv XXaërjvc’o’J xs xai Xspaiovo ; xupcVj E’jyeviov toû BouXyàpsco ; ’AvixpiGi ; Ttepi Nixr) ; pôpou xoû BXejiHjSou. "IISy) Ttptoxov x’JTtot ; èxSôŒtira ÈTtejj.E).Etx xe xai SaTtâvï) ©coiià MavSaxâuou iaxpoû ht. TtôXew ; Kaaropiaç. Mentionnons seulement les écrits théologiques de Bryennios.

1°’0|j.t>, i’ai Siacpopai p7|0e : aat Èv KcovaravxcvouTro’Xet âîti t ?|Ç paTt/.eia ; MavcvjY|X xoO IlaXatoXôyou xoO cTocpioxâ-Toy xai xt| ; Traxptapyjaç Tioa-vîq) xoO àyttoxàxou xai o’ixouttevixoO Ilaxpiâp’/o’j. Opéra, t. i, p. 1-406. C’est un recueil de 21 discours théologiques sur la sainte Trinité, ÛTtkp x ?|ç àyia ; tq ÛTrepÔlcvj TpiaSo ;. L’auteur dut les prononcer entre 1420 et 1423. Ces discours, qui sont l’œuvre la plus importante de Bryennios, sont logiquement coordonnés et forment des chapitres détachés d’un traité complet de théologie trinitaire. Les trois premiers exposent le dogme chrétien ; les autres se rapportent au Filioque, et tendent à réfuter l’enseignement latin. Chaque discours se termine par des exhortations morales. Toutes les citations patristiques ne sont pas exactes. Dans le cinquième discours, Bryennios blâme vivement l’introduction de la dialectique dans le domaine de la théologie. A son avis, « ceux qui soumettent les dogmes de la foi aux chaînes du syllogisme dépouillent de son auréole divine cette même foi qu’ils voudraient défendre : ils nous obligent à ne plus croire à Dieu, mais à l’homme. Aristote et sa philosophie n’ont rien de commun avec les vérités révélées par le Christ. » Opéra, t. i, p. 84. Quand il traite du Filioque, il explique en quatre discours le sens du mot procession,

qui, attribué au Saint-Esprit, n’indiquerait qu’une mission temporaire ou une distribution de grâces surnaturelles, tï|v Tipbî rinâç yopyjyia ;. Il définit en six autres discours les termes d’hypostase et de substance, et il insiste sur l’impuissance de la langue latine à exprimer en des termes précis les relations entre les personnes divines, Sià a-xevoxrjxa. Opéra, t. I, p. 98. Il examine enlin les textes de l’Écriture sainte et des Pères ayant trait au Filioque ; il explique en quel sens il faut entendre la formule a Pâtre per Filium, Opéra, t. i, p. 198, et il répond aux objections de ses adversaires.

2° AtâXeiJK A’Ttepi xfjç xoO âytov IlvêÛLiato ; àV-Trops-jasa) ; [/.exà xoO Xaxtvdçpovo ; Ma^tjjiou xriç xâ£ea> ; xcov Krjpijxcov. FÉyovE ôè Ttepi xr, v Ttep : tpr, |j.ov Kp^xïjv, ett’àxpocicTEl Ttâc7rj ; xïjî Èxeï MrjxpoTtôXeco ;. Ibid., p. 407-424. En 11306, Maxime Chrysoverghes, dominicain, se rendit à Crète, et répandit au milieu des orthodoxes son discours sur la procession du Saint-Esprit. P. G., t. cliv, col. 1217-1230. Bryennios y répondit dans une conférence publique tenue à Candie. Cette conférence est le premier dialogue sur la procession du Saint-Esprit. Bryennios s’attache à démontrer que l’enseignement latin détruit l’unité du principe générateur et spirateur dans la très sainte Trinité. Si le Saint-Esprit procède du Père et du Fils il y a en même temps deux principes, ôvo xà a’.xia TtpôoioTta, et deux personnes qui procèdent, Sùo xà aixiaxâ. Dans ce dialogue Bryennios reproche à saint Thomas d’Aquin d’avoir commis beaucoup d’erreurs au sujet des grecs dans la Somme théologique et dans l’opuscule Contra errores græcorum.

3° AcâXeÇtç B’Ttepi xîjç xoO àyt’ou IIveuLtaxo ; èy-Ttopeûa-etoç jxexà xcôv èx’Pojjjly] ; Ttpéaêecov, eTti èvtôcret xcôv’ExxXrjcricôv, ôrjôcv acpixotiivcov, xai Xaërçv aùOiç â’XXrjv Çrjtoûvxcov Xaëeïv Ttap’ïijxtôv. Ibid., p. 424-442. Ce deuxième dialogue est une conférence tenue à Constantinople en 1423 avec les légats du pape Martin V. Pichler, Geschichte der kirchliclien Trennung, etc., Munich, 1864, t. i, p. 384.

4° AiâXE^t ; T’TCcpi xï| ; xoù âyi’ou Ilve-jjjiaxoç Èx7topEJ(7£co ; [xôxà xàiv èv K(jûvaxavTivo7côXec Aaxivoçpdvcov, côv xà ôvôtj.axa où yÉypa7txai, a> ; êtù ÇiLvxiov xa’c Suvapiévtûv l<p’oîç çpovoOde jj.exaêaXÉ(jOai. Ibid., p. 413-468.

5° Aôyo ; qup.ëo’jX£’jxtxô ; Ttspi xî|ç Ivcôueto ; xcôv ÈxxXt)aitôv, ttjç LiEXexa)p.svr|i ; yEvÉcrÔai xax’èxe^vo-j xatpoû. Ibid., p. 469-500. Ce discours fut tenu en présence de l’empereur en 1419. Bryennios y parle des prétendus bienfaits de l’union et déclare que la première condition pour la réaliser est de ne point altérer la doctrine orthodoxe. Il revient sur la question du Filioque et condamne les azymes. A son avis, l’union est quelque chose de pire que le premier schisme : c’est une séparation, uneabscission, une tromperie, une condescendance manifeste, une corde de pendu, une marche vers l’abîme, un renoncement à la liberté, un aveu d’esclavage, un mépris des Pères, en un mot, rien de bon. Opéra, t. 1, p. 481.

6° MeXéxY| 71spi t ?, ç xtiv KuTcpitov irpôç xf, v ôpOéooijov ÈxxXr|<n’av (XEXExr^EtTTi ; ivcôuetoî. Opéra, t. il, p. 1-25. C’est un réquisitoire contre la hiérarchie latine de Chypre, et l’union des Églises. Hackett, op. cit., p. 142-149.

7° KeçâXata È7rxâxi ; Itcxoc. Opéra, t. iii, p. 48-1026. Cet écrit, composé à Crète, est un recueil d’extraits de sermons sur divers sujets. Bryennios y traite des questions philosophiques, morales et théologiques. Il y a inséré des méditations sur la nature de Dieu, sur ses attributs, sur la grâce, sur la très sainte Trinité, sur les facultés de l’âme, sur le vice et la vertu, etc. Il y expose des questions oiseuses, telles que celles-ci : le monde a une certaine ressemblance avec le paradis terrestre, Opéra, t. iii, p. 60-61 ; l’homme est un être à part dans la création et néanmoins il ressemble à toutes les créatures, au navire et à la maison, au tribunal et à la ville, à la plante, à la terre et au ciel, etc. Opéra, t. i, p. 17 ; t. iii, p. 62-63.

Fabricius, Bibliothcca grseca, édit. Harles, t. v, p. 59 ; t. viir, p. 96 ; t. xi, p. 65’J-GGO ; Gave, Script, ecclesias. hist. liucraria,