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BULGARIE

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vraisemblablement la cause dos Églises autocéphales comme irrémédiablement perdue, et dès lors il s’entremit pour en hâter le dénouement. Le patriarcat serbe d’Ipeli avait été supprimé le Il septembre 4766 ; au patriarcat gréco-bulgare d’Ochrida ne pouvait échoir un sort meilleur. A la tête de ce parti, se trouvaient le protothrône de Castoria, Euthyme, et les principaux métropolites de cette Église. D’accord avec leur patriarche, qui joua le rôle de complice ou de dupe, ces prélats se rendirent à Constantinople et nouèrent des relations avec le patriarche œcuménique Samuel pour opérer la fusion de leur Église avec la chaire phanariote. Voir la pièce dans H. Gelzer, Der Patriarchat von Achrida, p. 125. Ils présentèrent ensuite au saintsynode une requête, qui le priait : « au nom du Christ né à Bethléhem, de daigner les recevoir dans le bercail de la sainte Église du Christ et d’avoir pour eux la même sollicitude que pour les autres. » Les raisons données ne témoignent pas d’une grande précision. Cette grave démarche est par eux attribuée « aux mutations fréquentes des archevêques, qui leur ont fait subir des préjudices intolérables, des désordres nombreux, des outrages de toute sorte, au point que la vie même leur deviendrait à charge s’ils continuaient à être en butte à des persécutions et à des dangers incessants » . L’abdication, écrite et signée de la main d’Arsène, accompagnait cette requête ; elle était, d’après l’aveu explicite de l’auteur, « volontaire, consentie librement et sans violence. » Enlin, une troisième et dernière pièce, provenant, elle, du saint-synode de Constantinople, déclare : « réuni et attaché au très saint-siège apostolique et œcuménique le très saint-siège épiscopal d’Ochrida, ainsi que les métropoles et les évêchés qui en relevaient, à savoir : Castoria, Pélagonia, Vodéna, Corytza, Belgrade, Stroumnitza, Grévéna, Sisanion, Mogléna, Prespa, Dibra, Gkora et Vélès » . Les considérants, quoique plus développés, ne diffèrent pas de ceux qui sont énurnérés dans la requête des évêques. En vertu de cette décision, « approuvée par Sa llautesse, notre très puissant empereur…, le nom du ci-devant archevêché d’Ochrida se trouve etfacé des tables royales et considéré comme non avenu ; la ci-devant circonscription d’Ochrida demeurant désormais sans protection, les contrées et les bourgs qui en relevaient autrefois, ceux de Dyrrachiuin, Cavaïa, Demir-hissar, Elbassan, Ochrida proprement dit, ont été réunis à l’effet de former une seule éparchie et métropole, celle de Dyrrachium. » Quelle ironie du sort ! Non seulement le patriarcat d’Ochrida est supprimé, mais la circonscription même ecclésiastique de ce nom cesse d’exister ; elle est incorporée au diocèse de Dyrrachium, alin que les oreilles des Byzantins n’entendent plus ce nom à jamais exécré. Quant au patriarche Arsène, après sa démission, il aurait été, d’après des traditions qu’a recueillies C..lireeek, Gese/iichte der Bulgaren, p. 470, interné au mont Athos, dans une dépendance du couvent bulgare de Zograph, où ses compatriotes l’auraient entouré d’une haute vénération. Le codex 91, p. 181, des archives du patriarcat œcuménique, qui contient les données biographiques d’Anthime de Bérat, un contemporain, le fait mourir, au contraire, à Constantinople, sous le patriarcat de Samuel, en 1767, l’année même de la suppression d’Ochrida.

Les pièces concernant la suppression pu patriarcal d’Ochrida ont été publiées d’après les originaux par Grégoire, npayn<mî «  it tp : tîJç xavovtx% âiycr.o&oTÎa ; t13 oÎMUtuvixoti t’/y.i’/s /*<>% 6pôvou txt tSv iv Bo :." - I <"’i'///r, T""v, in-8 Conslantiniiple, 1860, p. iii, -i’j’i. et’" traduction française par iv. Lenormant, Turcs ci l<, , it’-ite ! ii-i>ix, in-12, Paris, 1866, p. 846-350. Voir aussi des lami a de traduction dans La Bulgarie chrétienne [A.. d’Avril], in-t_, Paris, 1861, p. 60-64,

D’après les pièces réunies par Gelzer, Der Patriarchat yon Achrida, p. 28-34, la juridiction que possédèrent les titulaires d’Ochrida sous la domination turque ne différait guère de celle qui leur avait appartenu auparavant. Dans les premières années du XVIIe siècle, le patriarche Nectaire faisait cet aveu significatif à Aubert le Mire dans la ville d’Anvers : Hune sese titulum more majorant usurpare solituni : Nectarius, arclriepiscopm primse Justinianæ, Ac/uidæ et totitis Vulgarise, Servies, Albaniæ. et aliorum locorum. Addebat se. r esse métropolitas et decem episcopos nulli nisi achridano archU episcopo seu primati subjectos. Le Quien, Orient chnstianus, t. ii, col. 299. Les six métropoles étaient : Castoria, Pélagonia-Bitolia, Stroumnitza, Belgrade, Corytza-Sélasphoros, Vodéna ; les dix évêchés : Grévéna, Sisanion, Mogléna, Molischos, Dibra, Kitzava, "Vélès, Prespa, Avion et Kanina, Gkora et Mocra. Somme toute, cette liste des suliragants d’Ochrida au début du xviie siècle est identique à celle du XIVe, que nous avons donnée plus haut, sauf qu’il y manque le diocèse d’Ispateia-Mouzaneia. Vers le milieu du xviie siècle, Denys d’Ochrida s’en allait à Moscou recueillir des aumônes et se plaignait vivement au retour de la modicité des gratifications qu’il avait reçues, lui qui avait dix-sept évêques sous sa dépendance. En effet, depuis Nectaire, Ochrida s’était enrichie d’une septième métropole, Dyrrachium, dont le titulaire signe régulièrement aux synodes, bien que les Byzantins continuent à le ranger sous le patriarcat œcuménique. Un peu plus tard, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Ochrida ne comptait plus que quatorze diocèses suliragants, dont neuf métropoles et cinq évêchés. Aux sept métropoles déjà mentionnées, il convient de joindre celles de Grévéna et de Sisanion, qui étaient jusque-là de simples évêchés ; quant aux cinq évêchés, c’étaient Mogléna-Molischos, Dibra-Kitzava, Vélès, Prespa, Gkora-Mocra. Enfin, vers l’année 1715, lorsque le patriarche de Jérusalem, Dosithée, dressait le schematismus des Églises orthodoxes, la situation du patriarcat ochridéen avait encore subi des modifications. Il y avait sept métropoles : Castoria, Pélagonia ou Bitolia, Vodéna, Corytza, Belgrade, Stroumnitza et Grévéna ; deltas évêchés soumis à Castoria et trois évêchés qui relevaient directement de l’archevêché. Et cette situation paraît s’être maintenue jusqu’à la suppression même de cette Église, 16 janvier 1767.

VIII. Liste des patriarches d’Ochrida. —

Comme le patriarcat gréco-bulgare d’Ochrida a joué un grand rôle politique et religieux dans la péninsule balkanique, du Xe au xviiie siècle, et qu’il est appelé un jour ou l’autre à se reconstituer ; comme, d’autre part, il n’est guère bien connu que depuis la publication de ses actes officiels, faite récemment par M. Gelzer et fort peu répandue, même dans le monde savant, je vais dresser la liste des titulaires de ce siège, qu’on ne trouvera nulle part ailleurs aussi complète et aussi précise. Pour ce faire, je me suis aidé de Le Quien, Oriens christianus, t. ii, p. 287-300 ; de Goloubinski, Précis d’histoire des cglises orthodoxes, p. 34-45, 106-140 ; de Mouravief, ltapportsde la Russie avecV’Occident, Saint-Pétersbourg, 1858, et autres ouvrages russes, bulgares et grecs utilisés déjà par M. Gelzer, et surtout des deux ouvrages fondamentaux de ce savant, Der Patriarchat von. Achrida. Gesckich.te und Urkunden, in-8°, Leipzig, 1902, passim ; Der wiederaufgefundene Kodex des ht. Klemens und andereaufden Patriarchat Achrida bezûgliche Urkundensammlungen, extrait des Berichten der philol.-hislor. Niasse der kônigl. sàchs. Gesellschaft der Wissenschaften vu Leipzig, 1903, p. 41-110. J’ai encore mis à profit, en dehors des comptes rendus faits par divers savants de ces deux ou rages, les corrections et additions apportées à l’ouvrage de M. Gelzer par le. P. Louis l’elil dans les Échos d’Orient. 1902, t. v, p. 409-412, et les notes manuscrites qu’il a eu dernièrement l’occasion de recueillir’, en copiant, pour le même savant, aux archives du patriarcat œcuménique, toute une série d