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BULL (BULLUS) - BULLAIRE


croit Richard Simon, le dessoin de Bull était moins de justifier les Pères de Nicée que de battre en brèche le dogme de la transsubstantiation. « Quand on oppose aux catholiques, écrit R. Simon, que le concile de Latran, sous le pape Innocent III, n’a pas eu des preuves suffisantes pour établir ce dogme, les catholiques répondent que la consubstantialité du Verbe, qui a été définie dans le concile de Nicée, n’a pas des preuves plus claires dans l’antiquité, que cependant les protestants, qui iont cette objection, reconnaissent pour orthodoxe la loi du concile de Nicée. Bullus, qui avait senti la force de ce raisonnement, jugea que, pour y répondre, il était absolument nécessaire de réfuter le P. Petau, et c’est à quoi n’ont pas pris garde la plupart des catholiques, qui, ne > connaissant point le dessein de Bullus, donnent à cet auteur des louanges excessives. » Voir les Mémoires de Niceron, Paris, 1737, t. xxxvii, p. 156. Be fait, Bossuet, à qui R. Simon semble laire ici allusion, s’est plu à relever l’érudition et la candeur de Georges Bull. Voir d er et 6e avertiss. sur les lettres de M. Jurieu.

En 1694, Bull publia, sous le titre de Judicium Ecclesise calholicse, une sorte de supplément à sa Defensio fidei Nicsense. Il y renverse une thèse d’Épiscopius, et lait voir que le dogme de la consubstantialité du Verbe et de la divinité de Jésus-Christ a toujours été, jusque dans la période anténicéenne, un des articles fondamen r taux de la foi catholique. Vint ensuite un troisième ouvrage, Primitiva et apostolica traditio, à l’encontre de la théorie de Baniel Zwickler qui rangeait la divinité du Verbe et son incarnation parmi les truits de l’imagination des hérétiques des premiers temps. Bull a donc laissé sur la question trinitaire une espèce de trilogie. De cette trilogie est sorti très incidemment un quatrième ouvrage, qui, sur un sujet tout à fait à part, caractérise les théologiens anglicans, en reflétant leur haine de Rome et de l’Église romaine. Bossuet, charmé de la lecture de la Defensio et du Judicium, en avait félicité chaudement l’auteur et s’était étonné que Bull ne fût pas rentré dans le giron de l’Église. Aux avances de Bossuet, Bull répondit par son livre Des corruptions de l’Eglise de Rome, livre dont le titre seul dit assez l’esprit et explique la popularité chez les Anglais du xviie siècle.

Ernest Grabe a donné une édition complète des œuvres latines de Bull, in-fol., Londres, 1703. Mais la meilleure édition est celle de Burton, 7 in-8°, Oxtord, 1827. La Defensio fidei Nicœnæ a été publiée de nouveau par les soins du professeur Zola, Pavie, 1784. Nombre de sermons de Bull ont aussi paru en anglais, 3 in-8°.

Nelson, Life of bishop Bull ; Encyclopzedia britannica, t. iv, p. 517 ; W. Hunt, dans le Dictionary of national Biography de Lestie Stepben, Londres, 1886, t. vii, col. 236 sq.

P. Godet.

    1. BULLAIRE##


BULLAIRE. Recueil de bulles pontificales. — I. Bullaires généraux. II. Bullaires particuliers. III. Autres ouvrages contenant des bulles pontificales. IV. Sources. V. Autorité des bullaires.

I. Bullaires généraux.

Premiers essais.


Parmi les incunables du XVe siècle, on signale un petit recueil de neuf bulles qui eut six ou sept éditions. D’autres collections de lettres pontificales furent faites par Wandelstein et Cochlée. Wandelstein publia d’abord les lettres authentiques de la collection de Denys le Petit sous le titre : Canones apostolorum, veterum concilioruni décréta pontificum antiquiora de primatu romanse Ecclesise ex tribus vetustissimis exemplaribus, Mayence, 1525 ; puis Epistolse décrétâtes veterum pontificum longe ante concilium Nicsenum promulgatse a SS. marlxjribus Christi, sseviente adhuc persecutione, s. 1. n. d., mais l’épître dédicatoire est de 1526 ; ces lettres diffèrent de celles du pseudo-Isidore. Cochlée a édité : Epistolse anliquissimse ac sacris instilutionibus plense démentis, Anacleti et Evaristi Romanorum pontificum, item Dionysii Areopagilx et Ignatii marlyrum Christi, Co logne, 1526. Des bullaires plus ou moins complets parurent à Rome : un de Jean XXII à Paul III, 1542 ; un autre intitulé : Bullse diversorum pontificum a JoanneXXII ad Julium 1Il ex bibliotlteca Ludovici Gomes, in-4°, Rome, 1550, comprenant (50 documents seulement ; une autre collection, guse incipit a Bonifacio VIII et desinit in Pauluni IV, Rome, 1559, contient 160 bulles ; le bullaire de Grégoire VII à Grégoire XIII a été publié à Rome, en 1579, par César Mazzutellus et renferme 723 documents. Les cinq livres des Décrétales de Clément VIII avaient paru à Rome en 1592 ; 431 lettres de Pie II avaient été éditées à Nuremberg en 1481 ; celles d’Adrien VI à Cologne, 1535 ; celles de Pie IV, Pie V et Grégoire XIII à Florence, 1583 ; les constitutions de Grégoire XIII à Lyon, 1582.

Bullaire du cardinal Antoine Carafa.

C’est le

premier bullaire complet qui ait été entrepris, sous l’inspiration de Sixte V ; mais il est resté inachevé. Il devait reproduire avec les bulles des papes tous les documents qui s’y rapportent : les questions des évoques, les lettres des empereurs, les synodales des conciles, les diverses relations et consultations auxquelles répondait le saint-siège. La partie publiée contient toutes les bulles des onze premiers siècles de l’Église, depuis saint Clément I er jusqu’à saint Grégoire VII (fl085) : Epistolse décrétâtes summorum pontificum, ’à in-fol., Rome, 1591. Carafa mourut avant que l’impression ne fût terminée. Antoine d’Aquin, qui avait été le collaborateur du cardinal, poursuivit l’œuvre commencée. Les exemplaires de ce premier bullaire sont très rares. Carafa avait préparé des suppléments et les matériaux de la continuation. De cet auctarium rien ne parut, rien même n’a été conservé.

Recueil de dom Constant.

Dom Pierre Coustant,

bénédictin français (1654-1721), commença une nouvelle édition des lettres des papes, avec la collaboration de lom Simon Mopinot ; il se proposait d’aller jusqu’à Innocent III (-{-1216). Le premier volume de cette nouvelle édition, dédiée à Innocent XIII par la congrégation de Saint-Maur, parut seul à Paris, en 1721, in-fol., sous ce titre : Epistolse romanorum pontificum, et ese quse ad eos scriptse sunt, a sancto Clémente 1 usque ad lnnocentium Ill, quotquot reperiri potuerunt, spuriis segregatis, tomus primus, ab anno 67 ad antium440. Il s’arrêtait donc au début du pontificat de saint Léon le Grand. Dans une longue et savante préface, l’auteur prouve avec une très abondante érudition la primauté de l’Eglise romaine par l’étude de nombreux documents de la plus haute antiquité ; puis, il parle des anciennes collections de canons et de décrétales qu’il soumet à l’examen de la plus sévère et de la plus lumineuse critique. Il accompagne de notes les bulles reconnues authentiques, expose à quelle occasion elles furent écrites et en explique le sujet. Il cherche ensuite à déterminer les bulles qui sont perdues. Quant à celles qui sont faussement attribuées aux papes, il les renvoie en appendice à la fin du volume. Sur cette édition si importante, consulter les Mémoires de Trévoux, 1722, a. 92, p. 1541-1563 ; a. 103, g. 1679-1700 ; Journal des savayits, t. lxxi, p. 21-30, 166176 ; Acta eruditorum Li/>s., supplément, t. ix, p. 337.

Il est bien regrettable qu’un ouvrage d’un tel mérite et d’une si incontestable utilité n’ait pas été achevé. Dom Coustant avait terminé la préparation d’un deuxième volume sur les lettres de saint Léon, et beaucoup d’autres documents étaient réunis quand il mourut, le 18 octobre 1721, sans avoir eu le temps d’y mettre la dernière main. Ce premier volume fut réimprimé avec quelques omissions et additions par Schônemann, Epistol. roman, pontifie… ex recensione P. Coustantii, in8°, Gœttingue, 1796, t. i. Cette seconde édition est plus rare encore que la première. Les lettres de saint Léon ont été insérées dans l’édition des œuvres de ce pape par les frères Ballerini. Voir col. 131, et P. L., t. lvi.