Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/637

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1261

I3ULLE

1262

en 4 in-fol.) : Fagnan. Commèntaria in quinque libros decretalium, 1. 1, lit. vi, De élection., c. vi, n. 9, 5 infol. , Home, 1661 ; Venise, 1697, 1742.

4° Les bulles d’or, ainsi nommées de la matière dont se composait leur sceau, n’étaient concédées que dans des circonstances exceplionnelles, et presque uniquement lorsque les papes s’adressaient aux rois. Ainsi c’est par une bulle d’or que les souverains pontifes confirmaient le choix de l’empereur fait par les électeurs du saint empire romain. C’est aussi par une bulle d’or que Léon X conféra au roi d’Angleterre, Henri VIII, le titre de Défenseur de la foi, en récompense de sa réfutalion des erreurs de Luther.

VI. Réponse a une objection des protestants

    1. CONTRE LA PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE##


CONTRE LA PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE. — 1° Objection.

— De la forme du sceau bullaire, ou plutôt d’un de ses ornements, les protestants ont tiré une objection contre la primauté de saint Pierre. Très souvent, en eflet, à partir de Benoît X (1058-1060), la tête de saint Pierre y e.^t placée à gauche, et celle de saint Paul à droite

4. — Sceau d’une bulle d’Innocent III Cou droit). 20 février 1215. D’après l’original à la Bibliothèque nationale.

(fig. i). Ils en ont conclu que saint Paul passait alors avant saint Pierre.

Réponse.

Il y a diverses manières d’expliquer

cette anomalie dans la position respective des têtes des deux apôtres.

On a dit, d’abord, qu’il ne fallait pas s’arrêter à l’empreinte du sceau lui-même, mais considérer plutôt la matrice originale. Par la frappe, la tête de saint Pierre, qui était placée à droite, s’est trouvée reproduite à gauche. — Cette raison n’a aucune valeur, car, pour obvier à cet inconvénient, il aurait suffi de modilier la matrice en sens contraire, comme on le fait pour les monnaies, les médailles et les caractères d’imprimerie. En outre, elle ne résout pas la difficulté pour d’autres monuments, où saint Pierre est représenté’à gauche.

Il sérail plus exact de dire que l’artiste a voulu mettre saint Pierre à la droite du spectateur, ce qu’il ne pouvait réaliser sans le dessiner, sur le sceau, à la gauche de saint Paul. C’était se conformer à une vieille coutume. Dans beaucoup d’égUses l’image de saint Pierre élail peinte du côté’de l’épi tre, et celle de saint Paul du côté de l’évangile. I.e peuple, en regardant l’autel, aait ainsi saint Pierre à sa droite et saint Paul à si

gauche. On doit se rappeler aussi que les anciens considéraient souvent la gauche comme la place d’honneur, et cela répond, en quelque façon, à notre manière de concevoir les choses. Si, en effet, trois personnages de rang différent ont à se placer d’après leur dignité respective, le premier se met au milieu, le second à droite, et le troisième à gauche. Mais si le troisième ne vient pas, ou s’il s’éloigne après avoir occupé sa place, le plus digne reste nécessairement à la gauche du second qu’il avait à sa droite.

Les diplomatistes donnent une explication qui paraît encore plus plausible. A l’origine, les têtes des deux apôtres étaient représentées de profil et non de face, comme en lait foi le sceau de Paul I er que l’on possède encore. Dans ces conditions, la tête de saint Paul n’était pas plus à droite de celle de saint Pierre, que celle-ci à la droite de celle de saint Paul, puisque les deux têtes se regardaient mutuellement, aucune n’étant ni à la droite nia la gauche de l’autre ; mais à cause de la primauté du prince des apôtres, celle de saint Pierre était toujours à la droite du spectateur. Dans la suite, les tètes des apôtres, représentées d’abord de profil, le furent peu à peu de trois quarts, et enfin de face. Comme on avait l’habitude de donner à saint Pierre le côté qui répond à la droite du spectateur, on continua à le placer de la même façon, sans tenir compte de la nouvelle position respective des apôtres, et, par suite de cette évolution artistique, saint Pierre se trouva à la gauche de saint Paul. Cf. Toustain et Tassin, Nouveau traité de diplomatique, 6 in-4°, Paris, 1750-1765, t. IV, p. 303 ; Marucchi, Guide des catacombes romaines, . II, c. ii, 2e édit. franc., in-8°, Paris, p. 121.

Quoi qu’il en soit de ces diverses explications et du symbolisme du sceau bullaire, une preuve évidente que de cette singularité on ne saurait tirer aucun argument sérieux contre la primauté de saint Pierre, c’est que, dans le texte des bulles, saint Pierre est toujours nommé avant saint Paul. En outre, dans beaucoup de monuments, antérieurs certainement au Ve siècle, et trouvés dans les catacombes : fragments de verres, tables sépulcrales, tombeaux, peintures, etc., et représentant les deux apôtres, saint Paul est ordinairement placé à gauche de saint Pierre. Cf. Toustain et Tassin, loc. cit. ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., ’Paris, 1877, p. 616-652.

VIL Critique des bulles. — Au moyen âge parurent une foule de bulles supposées, ou falsifiées en partie du moins. La critique diplomatique étant à peu près nulle à cette époque, de hardis faussaires en profitèrent pour donner à des droits ou à des privilèges prétendus des apparences de réalité, en les présentant comme concédés ou ratifiés par l’autorité pontificale. Pendant plusieurs siècles, il y eut de ces officines clandestines où l’on fabriquait de faux documents, comme ailleurs l’on fabriquait de la fausse monnaie.

Pour mettre fin à un mal si répandu et si préjudiciable, les papes poursuivirent avec une extrême rigueur ces faussaires et leurs produits frelatés. Innocent III, qui décrit longuement comment on s’y prenait, de son temps, pour tromper à ce point le public, Décrétai., 1. V, tit. xx, De crimine falsi, c. 5, ordonna, sous peine d’excommunication réservée speciali modo, do détruire, dans un délai de vingt jours, toutes les fausses bulles que l’on découvrirait. Décrétai., loc. cit., c. 4, § 1. Cf. P. L., t. CCX1V, col. 202, 322 ;  !.. Delisle, Mémoire amies actes d’Innocent 111, dans la Bibliothèque de l’école des chartes, l’J" année, Paris, 1858, 4° série, t. iv, p. 47-49.

Encouragés par les souverains pontifes, les savants, depuis lors, s attachèrent à préciser avec la plus grande exactitude et avec toute la netteté possible, les caractères dont la présence permet de distinguer (les bulles authentiques celles qui ne le sont pas. Ils tracèrent des