Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/636

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1259
1260
BULLE


chanvre servait aux lettres dont la valeur était temporaire. Chaque classe avait un certain nombre de particularités, usitées pour rendre plus difficile la fabrication des faux titres. Cf. L. Delisle, Mémoire sur les actes d’Innocent III, dans la Bibliothèque de l’école des chartes, 19e année, Paris, 1858, 4e série, t. iv, p. 19-20, 26 ; E. Berger, Les registres d’Innocent IV, Paris, 1884, t. i, p. XXVII-XXXI.

A moins de très rares exceptions (nous en indiquerons quelques-unes plus loin) le sceau bullaire est en plomb. D’un côté, il représente, séparées par une grande croix, la tête de saint Pierre et celle de saint Paul ; de l’autre côté, se lit le nom du pape régnant, précédé, depuis le xiie siècle au plus tard, des deux lettres PP., abréviation du mot latin papa.

Telle tut sa forme ordinaire à travers les siècles, quoique cependant, de temps en temps, elle ait subi des

V. Espèces.

1° Les lettres pontificales étaient patentes ou closes. Les lettres patentes s’expédiaient tout ouvertes avec le sceau pendant au bas de l’acte. Les lettres closes (clausse) trailaient des affaires secrètes et confidentielles. Elles étaient pliées, les marges latérales étant ramenées l’une sur l’autre et percées de deux trous par lesquels on faisait passer les attaches en chanvre destinées à recevoir le sceau ou la bulle. Pour en prendre connaissance, le destinataire, dont l’adresse était ordinairement inscrite sur le revers du parchemin, fendait un des bords à la hauteur des trous de manière à laisser la bulle pendre à l’un des côtés de la pièce. Les bulles se fermaient quand le pape voulait que personne n’en fit lecture avant le destinataire, ou bien encore quand la lettre servait d’enveloppe à des pièces annexes. Cf. E. Berger, Les registres d’Innocent IV, Paris, 1884, t. i, p. xxxii-xlii.

Sceau d’une bulle de Léon IX pour l’abbaye de Brauveiler au diocèse de Cologne. 7 mai 1052. D’après l’original à la Bibliothèque nationale.

modifications. Ainsi, par exemple, sous le pape Deusdedit (614), il portait d’un côté, l’image du Bon Pasteur, au lieu de celle des apôtres. Celui de Victor II (1055) nous montre saint Pierre recevant les clefs du ciel. A partir de Pie II (1458), les lettres qui désignent en abrégé le nom des deux apôtres, au lieu d’être disposées sur des lignes horizontales, le sont en deux colonnes verticales. Ces lettres sont S.P.E. et S. P. A. qu’il faudrait lire, d’après les uns, Sanctus Petrus Episcopus et Sanclus Paulus Apostolus, ou simplement, d’après les autres, Sanctus Petrus et Sanctus Paulus.

Le revers du sceau bullaire où est inscrit le nom du pape régnant n’a pas toujours été non plus identique. Jusqu’au viiie siècle le nom est assez souvent gravé en grec. Léon IX († 1051) le premier y fit mettre les chiffres romains, pour distinguer entre eux les papes de même nom (fig. 3). Sous ses successeurs, on y voit quelquefois la ville de Borne avec l’exergue Aurea Roma, ou Aima Roma. Clément VI (1342) l’orna de cinq roses qui étaient dans les armes de sa famille. Cet exemple fut imité, surtout par Jules II, Léon X, Clément VII. Au XVe siècle, Paul III (1464) s’y fit dessiner assis sur un trône. Cf. ilabillon, De re diplomatica, suppl., 46 ; Nouveau traité de diplomatique, t. IV, p. 303 ; Quantin, Dictionnaire raisonné de diplomatique chrétienne, p. 121 sq.

DICT. DE TI1ÉOL. CA.THOL.

2° Les lettres pontificales étaient données sub forma communi, lorsqu’elles étaient adressées à des clercs pauvres, qui n’étaient pourvus d’aucun bénéfice. Les lettres simples ou de droit commun étaient ordinairement délivrées par les notaires et le chancelier de leur propre autorité. Les lettres à lire (cum lectione) ne se donnaient jamais sans que le pape en eût pris connaissance. L. Delisle, Mémoire sur les actes d’Innocent III, dans la Bibliothèque de l’école des chartes, 19e année, Paris, 1858, 4e série, t. iv, p. 20-22 ; card. Pitra, Études sur les lettres des papes, dans Analecta novissima, Frascati, 1885, t. i, p. 161-167.

-3° Demi-bidles. — Quand un pape, nouvellement élu, publiait une bulle avant son couronnement, le sceau bullaire n’était gravé que du côté où se place l’image des apôtres. Le revers restait en blanc, et ne portait pas le nom du pontife. C’est ce qu’on appelle des demibulles, bullse dimidiæ, bullse defectivæ. Autrefois on ne reconnaissait leur valeur que si le pape, après son couronnement, les avait ratifiées ; mais Innocent 111 (3 avril 1198) et Nicolas IV les déclarèrent valables comme les autres. Cf. Biganti, Commentaria in régulas, constitutions et ordinationes cancellarise apostolicse, In régula xvti, n. 16, 4 in-fol., Borne, 1744-1747 (la meilleure édition est celle de Cologne, 1751, aussi

IL - 40