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CABALE — CABASILAS

mise de génération en génération, et dont naît souillé tout descendant d’Adam. La rédemption, au sens chrétien, n’a pas de place logique dans un système où l’homme se relève lui-même, s’il tombe, et sert à ramener toute chose vers Dieu. Il y a plus : que d’enseignements, dans la cabale, qui sont en opposition radicale avec la doctrine de l’Église ! Citons seulement la préexistence des âmes, la métempsycose, la négation de l’éternité des peines, le salut universel, la restauration finale. Assurément, ce défaut de traits de ressemblances, d’une part, et, d’autre part, ces différences si essentielles condamnent la manière de voir de ceux qui jugeaient si favorablement la cabale. Mieux instruits, ils auraient jugé comme nous.

Outre les travaux indiqués au commencement de l’article, et dont les principaux sont ceux de Franck, La kabbale, 1re édit., Paris, 1843 ; 2e édit., 1889, et de Karppe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, Paris, 1901, voir : Buddée, Introductio ad historiam philosophiæ judæorum, Halle, 1702, 1721 ; Basnage, Histoire des juifs, Rotterdam, 1707, t. II, p. 771-1080 ; Kleuker, Ueber die Nattir und den Ursprung des Emanationslehre bei den Kabbalisten, Riga, 1786 ; Beer, Geschichte und Meinungen aller bestandenen und noch bestehender Sekten… oder Kabbalah, Brunn, 1823, t. II ; Molitor, Philosophie der Geschichte oder uber die Tradition, Munster, 1827-1853 ; 2e édit., 1857 ; Hamberger, Die hohe Bedeutung der altjudischen Tradition oder der sogenannten Kabbalah, Sulzbach, 1844 ; Luzzato, ויכוח על חכמת הקבלה, Dialogues sur la cabale, publiés dans le Kérem Hêsned en 1832 et réimprimés avec additions, Goritz, 1852 ; Jellinek, Beiträge zur Geschichte der Kabbala, Leipzig, 1852 ; Auswahl kabbalisticher Mystik, Leipzig, 1853 ; Philosophie und Kabbala, Leipzig, 1854 ; Drach, La cabale des Hébreux, Rome, 1864 ; Moses ben Schemtob de Leon und sein Verhältniss zum Sohar, Leipzig, 1851 ; S. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 519-524 ; Ginsburg, The Kabbalah, its doctrines, development and literature, Londres, 1865 ; L. Wogue, Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique jusqu’à nos jours, Paris, 1881, p. 271-280 ; Rosner, Dissertation sur la philosophie de la cabale, texte hébreu et court résumé en allemand, Vienne, 1882 ; J. S. Spiegler, Geschichte der Philosophie des Judenthums, Leipzig, 1890, p. 88 sq. ; Busson, L’origine égyptienne de la kabbale, dans le Compte rendu des congrès scientifiques internationaux des catholiques, Paris, 1891, 2e section, Sciences religieuses, p. 30 sq. ; Lambert, Commentaire sur le Sefer Yesira, Paris, 1891 ; Bloch, Geschichte der Entwickelung der Kabbala, Trieste, 1894 ; Ruben, Heidenthum und Kabbala, Vienne, 1893 ; K. Kiesewetter, Der Occultismus des Altertums, Leipzig, 1896 ; J. Bloch et É. Lévy, Histoire de la littérature juive d’après G. Karpeles, Paris, 1901, p. 367-379, 420-422, 463-466, 506-516 ; E. Bischoff, Die Kabbalah. Einführung in die jüdische Mystik und Geheimwissenchaft, Leipzig, 1903 ; Encyklopädisch-philosophisches Lexikon, Leipzig, 1827, art. de Krug ; Philosophie-geschichtlichen Lexikon, Leipzig, 1879, art. de Noach ; Kirchen-lexikon, de Wetzer et Welte, 1re édit., art. de Schluter ; 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, art. de Kaulen ; Dictionary of Christian Biography, de Smith, Londres, 1877, art. de Ginsburg ; Realencyclopädie, 3e édit., Leipzig, 1901, t. IX, p. 670-689, art. de Wünsche ; Dictionnaire des sciences philosophiques, de Franck, Paris, 1885 ; Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux, Paris, t. III, col.  1881-1884 ; The jewish encyclopedia, in-4o, New-York et Londres, 1902, t. III, art. Cabala ; U. Chevalier, Répertoire. Topo-bibliographie, Montbéliard, 1894-1899, p. 537.

G. Bareille.

CABALLERO Raymond Diosdado, jésuite espagnol, né à Palma, le 19 juin 1740, admis dans la Compagnie de Jésus le 15 novembre 1752. Il enseigna d’abord les humanités à Madrid, puis la rhétorique en 1767. Déporté en Italie lors de l’expulsion des jésuites d’Espagne, il prononça ses vœux de profès à Forli le 15 août 1773 et se fixa à Rome, où il mourut le 16 janvier 1830, ou, suivant d’autres témoignages, le 28 avril 1829. Érudit de première marque, il a laissé d’importants travaux sur les sujets les plus divers. Nous avons à citer ici : Commentariola critica, I. De disciplina arcani ; II. De lingua evangelica…, in-8o, s. l. n. d. (Rome, 1798), où il réfute Schelstrate et Hardouin et prouve sans trop de peine, contrairement à Diodati, que la langue maternelle du Christ et des apôtres était non point le grec, mais le syriaque ; Gloria posthuma societatis Jesu. Pars prima, in-8o, Rome, 1814 ; Bibliotheca scriptorum societatis Jesu supplementa, in-4o, Rome, 1816. Ces deux derniers ouvrages constituent pour l’histoire religieuse de véritables monuments, toujours précieux.

Torres Amat, Memorias para ayudar a formar un diccionario critico de los escritores Catalanes…, Barcelone, 1836, art. Caballero ; Bover, Biblioteca de escritores Baleares, Palma, 1868, p. 245 sq. ; de Backer et Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. II, col. 481-483 ; Hurter, Nomenclator, t. III, col. 874 sq.

P. Bernard.

1. CABASILAS Nicolas, neveu de Nil Cabasilas (voir l’article suivant), né vers 1290. Laïque, il fut mêlé aux incidents qui marquèrent la lutte pour l’empire entre Jean Cantacuzène et Jean Paléologue. Il devint archevêque de Thessalonique en 1361 et mourut vers 1363, sans avoir, semble-t-il, pris possession de son siège. Cf. L. Petit, dans les Échos d’Orient, Paris, 1901, t. V, p. 94. Nicolas Cabasilas fut un homme instruit et habile, une des lumières de l’Église grecque au xive siècle, un de ses meilleurs écrivains ; son style se distingue par une simplicité de bon aloi, une clarté parfaite. Au point de vue théologique, trois points méritent l’attention.

1o Dans l’affaire des hésychastes (voir ce mot), Nicolas se rangea du côté de Grégoire Palamas et des moines du mont Athos. Jean Cantacuzène, alors empereur, l’envoya auprès de Nicéphore Grégoras pour amener celui-ci aux idées de Palamas. Nicolas ne réussit point dans sa mission. Pour ébranler Grégoras, il le menaça de la colère impériale en des termes qui lui valurent cette vive et juste réponse : « Ces paroles conviendraient aux temps de Dioclétien. » Nicéphore Grégoras, Byzantinæ historiæ, l. XXIV, c. II, n. 3, P. G., t. CXLVIII, col. 1435-1436. Sur le fond même du débat, Cabasilas déclara les écrits de Palamas absolument irréprochables. Ibid., l. XXII, c. iv, n. 4, col. col. 1331-1334 ; cf. n. 10, col. 1353-1354. Grégoras ayant écrit contre Palamas et ses doctrines, Cabasilas répondit par un opuscule « contre les radotages de Grégoras » .

2o Nicolas Cabasilas attaqua également l’Église latine. Oudin, Commentarius de scriptoribus Ecclesiæ antiquis, Leipzig, 1722, t. III, col. 984-987, n’a pas eu de peine à établir que Nicolas n’eut pas les sentiments d’un catholique romain. Il semble, pourtant, qu’on lui attribue à tort un traité sur la procession du Saint-Esprit contre saint Thomas d’Aquin ; c’est ce que font, par exemple, Harles, dans la 2e édit. de Fabricius, Bibliotheca græca, Hambourg, 1807, t. x, p. 25, P. G., t. CL, col. 357 ; Demetracopoulo, Græcia orthodoxa, Leipzig, 1872, p. 84. Un traité de ce genre a été composé par Nil Cabasilas (voir l’article suivant), et c’est probablement parce qu’on a confondu les deux Cabasilas qu’on le prête à Nicolas. En revanche, il est incontestable que Nicolas combattit les latins à propos de la forme du sacrement de l’eucharistie. Pour les grecs, expose-t-il, Sacras liturgise interpretatio, c. XXVII, P. G., t. cl, col. 426, il ne suffit pas que le prêtre rappelle l’institution de l’eucharistie et prononce les paroles de l’institution, mais, cum ea ipsa verba dixit, deinde procidit, et orat, et supplicat, divinas illas voces ipsias unigeniti Servatoris nostri etiam in donis propositis applicans, ut, suscepto ejus sanctissimo et omnipotente Spiritu, convertatur quidem panis in ipsum corpus et vinum in pretiosum et sanctum ejus sanguinem. Hæc cum oravit et dixit, universum sacrificium peractum et perfection est et… panis non amplius figura dominici corporis… sed… ipsum sanctissimum corpus Domini. La consécration eucharistique requiert donc, avec les paroles de l’institution de l’eucharistie, les prières qui suivent, dans lesquelles le Saint-Esprit est invoqué et qu’on a désignées sous le nom d’épiclèse. Cf. X.-M. Le Bachelet, Consécration et épiclèse, dans