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CABASILAS


les Études publiées par des Pères de la Compagnie de Jésus, Paris, 1898, t. lxxv, p. 46(5- MM. Nicolas s’attache à réfuter les Latins qui placent toute la consécration dans les paroles de l’institution. Il s’efforce, en particulier, de démontrer que les latins ont tort d’objecter aux grecs le passage où saint Jean Chrysostome attribue aux mots : « Ceci est mon corps » le même mode d’opération qu’aux mots de la Genèse : « Croissez et multipliez-vous, » et que, loin de favoriser la manière de voir des latins, ce passage la contredit, c. xxix, col. 429-430. Puis il essaie d’établir que la prière suivante de la liturgie latine : Supplices te rogamus, omnipotens Deus, jubé hœc perferri per manus sancti angeli tui in sublime altare tuum, in conspectu divinæ majestatis tuæ, parfait équivalent de la prière de la liturgie grecque, suppose que le corps du Christ n’est pas présent sur l’autel et a pour but d’obtenir de Dieu la consécration du pain et du vin : Hœc oralio nihil aliud confert donis quam mutationem in corpus et sanguinem Domini, c. xxx, col. 435. Et ainsi, conclut-il, col. 437-438, le désaccord n’est pas entre l’Église grecque et l’Église latine, mais entre l’Église grecque et quelques latins récents qui n’ont que le souci de dire ou d’entendre des choses nouvelles. Cf. Renz, Die Gescliichte des Messopfer-Begriffs, Freising, 1901, t. i, p. 651-656. La thèse de Nicolas fut reprise, au concile de Florence, par Marc d’Éphèse. Cf. J. Turmel, Histoire di’la théologie positive, Paris, 1904, t. I, p. 450-452. Bessarion a réfuté Marc d’Éphèse et Cabasilas, dans son De sacramento eucharistie et quibus verbis Christi corpus conficiatur, P. G., t. clxi, col. 493-526, spécialement 507-508. Sur l’histoire ultérieure de cette thèse cf. X.-M. Le Bachelet, loc. cit., p. 466-470.

3° En dehors de ses polémiques avec les Latins et avec les Grecs hostiles aux rêveries de Palamas, Nicolas Cabasilas a écrit des pages pieuses et vraiment remarquables. Si l’on excepte les c. xxvii-xxx, où il développe sa théorie sur l’épiclèse, la Sacræ liturgiæ interpretatio, ou explication des prières de la messe dans la liturgie grecque, est non seulement irréprochable, mais encore édifiante et instructive ; « il y a peu de traités de ce genre où l’on découvre plus de lumières sur les mystères et plus de science ecclésiastique, » disent les auteurs de La perpétuité de la foy de l’Église catholique touchant l’eucharistie, 2e édit., Paris, 1713, p. 242. Ces mêmes auteurs démontrent surabondamment, contre Claude, que Nicolas Cabasilas enseigne la présence réelle et la transsubstantiation, et dans la Sacrée liturgix interpretatio et dans le De vita in Christo. Ce dernier ouvrage est l’œuvre principale de Nicolas. On le classe généralement parmi les traités de théologie mystique. On le peut, à la condition de prendre ce mot « mystique » dans un sens large, car Nicolas Cabasilas ne s’occupe point des états mystiques au sens strict du mot, mais tout simplement de la vie de la grâce dans le chrétien ordinaire. C’est à tort que, dans le Journal des savants, Paris, 1849, p. 634, Hase a signalé le De vita in Christo comme contenant des « erreurs qui, malgré la différence de la langue, de la société et des mœurs, sont analogues à celles que Fénelon partagea pendant quelques années, que l’Eglise condamna dans les écrits de M me Guyon, mais qui, depuis le IIe siècle de notre ère jusqu’à plusieurs écoles théologiques modernes et quelques philosophes contemporains, ont toujours été l’apanage des esprits sensibles et poétiques » . Après avoir établi, en général, dans le I er livre, que « la vie cachée dans le Christ » , la vie de la grâce, est constituée par les sacrements de baptême, de confirmation et d’eucharistie, il traite, dans les I. Il-IV, de chacun de ces sacrements en particulier. Le 1. V, consacré à l’autel et à son symbolisme, est une sorte d’appendice aux livres précédents, surtout au 1. IV sur l’eucharistie. Le 1. VI traite des devoirs du la vie chrétienne en général j

le 1. VII et dernier du péché qui attriste le chrétien et de la vertu qui le réjouit. Cabasilas dit qu’avant là venue du Christ justes et pécheurs étaient prisonniers du démon et qu’ils différaient en ceci que les pécheurs supportaient sans révolte leur captivité, tandis que les justes étaient des prisonniers frémissants et qui soupiraient après le jour où le Christ payerait leur dette et les rendrait libres. P. G., t. cl, col. 507-510 ; cf. col. 519-520, 527528, 531-532, 537-538. Il est utile à consulter sur les cérémonies du baptême (par immersion) et leur symbolisme, col. 527-532, sur la forme de ce sacrement, col. 531-534, et sur les effets du péché originel, col. 535-538. Il dit, col. 553-554, que les apôtres, bien que vivant avec Jésus, le Soleil des âmes, ne voyaient pas le rayon divin, et que le baptême et la descente du Saint-Esprit dans leurs âmes firent d’eux des hommes nouveaux aimant le Christ et capables de le faire aimer : pareillement, ajoute-t-il, le baptême a fait subitement des saints d’hommes qui le reçurent par jeu, et il cite, col. 555-558, les cas, analogues à celui que présente la légende de saint Genès, des saints grecs Porphyre, Gélase et Ardalion. Le sacrement de confirmation est nécessaire, col. 573-574 ; on doit le recevoir avant celui de l’eucharistie, col. 523-524, 581582. C’est la confirmation qui conféra les charismes pendant les premiers siècles de l’Église, alors que celle-ci en avait besoin, et etiam talia quibusdam inde collata sunt et nostro et paulo superiore sœculo, col. 574. Quand un chrétien a renié le Christ et, repentant, revient à l’Eglise, sacerdos auctoritate legis ecclesiasticae sacro tantum oleo corpora inunctos, citra ritum alium, ordini /idelium restituit, col. 546, et cf. ce qui suit. Traitant de l’eucharistie, Cabasilas enseigne, avec insistance, qu’elle est le moyen, pour le pécheur, de revenir à la vie de la grâce, d’obtenir la rémission de ses fautes, col. 585-592, 595-596, 609-610 ; il semble que, pour bien comprendre ces passages, il faut les rapprocher de ceux où Cabasilas demande la contrition avant la réception de l’eucharistie, col. 603-604, déclare qu’on doit se purifier, xaQatpsaôai, col. 605, s’ouvrir de ses péchés au prêtre, col. 591-592, et surtout de celui où il s’exprime de la sorte : super peccalis confitendis accedendi sacerdotes, et bibendus sanguis in quo purgandi vis est, col. 683. Un passage de la Sacræ liturgiæ interpretatio, c. xxix, col. 430, est plus explicite sur reflet du sacrement de pénitence ; il y est dit que, même après la mort du Christ, fide et pœnilentia et confessionc opus est, et sacerdotum oratione, nec potest homo solvi a peccatis nisi hœc præcesserint. Nous ne relevons qu’un détail du 1. V, col. 634, sur l’autel : primis sacerdotibus altare erant manus.

Nicolas Cabasilas a encore composé un discours Contra feneratores, qui est une condamnation absolue du prêt à intérêt, un éloge de saint Démétrius de Thessalonique et un autre de sainte Théodora de Thessalonique, des homélies, des lettres, un opuscule contre le pyrrhonisme, sansparlerde divers écrits de philosophie, de rhétorique, de poésie, etc.

I. Œuvres. — Nous avons dans P. G., t. cl, col. 367-492 : Sacræ liturgix interpretatio (intitulé encore, col. 363, De divino altaris sacri/lcio, et col. 369, Liturgix e.rposiliu) ; col. 493-726 : De vita in Christo ; col. 727-750 : Sernw contra feneratores ; col. 753-772 : LaudaHo sanctx matris nostrm et myroblytiihe Theodorx ; t. cxlviii, col. 61-62, des fragments de l’écrit contre Nicéphore Grégoras. W. Gass, Die Myslik des Nikolaus Cabasilas vom Leben in Christo, Greilswald, 1849, a la suite du De vita in Christo, p. 1-209, 2* pagination, a publié, p. 210-216, quelques pages sur le libre arbitre qui sont peut-être de Nicolas. A. G. Demetracopuulo, Grsecia orthodoxa sive de Or.vcis qui contra Latinos ecripserunt et île eorum SCTiptiS, Leipzig, 1872, p. 76, a publié l’épitaphe de Nil Cabasilas, et, p. 78-80, une introduction aux écrits de Nil Cabasilas sur la procession du Saint-Esprit, déjà publiée par L. Allatius, De Xilm et eoruni script i s diatriba, c. xtv, dans Fabricius, Bibliotheca gneca, Hambourg, 1712, t. V, 2° pagination, p. 67-68, /’. c, t. CXX1X, col. 677-680. L’éloge de saint Démétrlusa été publié pur