Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/658

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1303
1304
CAGOTS — CAILLAU


de la Bretagne, les agotes de l’Espagne : on les trouve encore appelés gafos, galiets, collazos, colliberts. Cf. V. de Rochas, Les parias de France et d’Espagne, chrestians, cagots, gahets et cacous, Paris, 1876. L. Cadier a publié un bon résumé de la question dans Grande encyclopédie, Paris, t. viii, p. 760-762.

Cf. Ul. Chevalier, Répertoire. l’opo-bibliographie, col. 543 ; dom Anger, Les proscrits, 1904.

F. Vernet.

    1. CAHIER Charles##


CAHIER Charles, né à Paris, le 26 février 1807, élève brillant du collège de Saint-Acheul, avec déjà une pointe d’originalité, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus le 7 septembre 1824 ; après son temps d’épreuve, il professa à Saint-Acheul et, après la suppression des jésuites en France, à Brieg dans le Valais et à Turin en Italie ; en 1853, il fut encore pour peu de temps préfet au collège de Brugelette en Belgique ; mais sa vie fut surtout consacrée aux travaux d’érudition, et spécialement à l’archéologie chrétienne. Il tint une place honorable et eut une réelle inlluence dans le grand mouvement, qui se produisit vers le milieu du xixe siècle, pour l’étude et l’appréciation plus juste du moyen âge. Sans parler d’un bon nombre d’articles de revues et de brochures, aussi intéressants par l’érudition que piquants par le ton humoristique, le P. Cahier a laissé des ouvrages considérables et honorés des suffrages des meilleurs juges, concernant l’art et l’archéologie médiévale. C’est d’abord la Monographie de la cathédrale de Bourges. Première partie. Vitraux du xuie siècle, in-fol., Paris, 1841-1844. Le P. Cahier nous a lui-même appris que c’est en acceptant, sur la fin de 1840, la collaboration avec le P. Martin, qu’il avait décidément orienté sa vie vers les études d’archéologie et d’art chrétien, alors que ses « véritables penchants » l’inclinaient « de longue date, vers l’histoire ecclésiastique pure » . Son association avec l’éminent artiste qu’était le P. Arthur Martin dura jusqu’en 1856, date de la mort du second, et fut très féconde, malgré une profonde différence de caractères entre les deux associés. Le crayon élégant et extraordinairement facile du P. Martin allait recueillir de toutes parts, en visitant les monuments originaux, la vaste matière artistique que le P. Cahier devait ensuite classer, compléter par les rapprochements avec les documents déjà connus, interpréter et commenter. La première partie des Vitraux de Bourges a été seule publiée par les deux auteurs ; un « sommaire des matières les plus remarquables renfermées dans le texte et les planches » de cet ouvrage est inséré dans le Dictionnaire d’iconographie de Migne, col. 921-938. La collaboration se continua dans les Mélanges d’archéologie, d’histoire et de littérature, rédigés ou recueillis par les auteurs de la Monographie de la cathédrale de Bourges. Collection de mémoires sur l’orfèvrerie et les émaux des trésors d’Aix-la-Chapelle, de Cologne, etc. ; sur les anciens ivoires sculptés de Bamberg, Batisbonne, Munich, Paris, Londres, etc. ; sur des étoffes byzantines, arabes, etc. ; sur des peintures, bas-reliefs mystérieux de l’époque carlovingienne, romane, etc., 4 in-4°, Paris, 1848-1856. Le P. Cahier publia seul, mais en utilisant encore des dessins de son confrère, les Caractéristiques des saints dans fart populaire énum crées et expliquées, 2 in-fol., Paris, 1867. Plus tard parurent les Nouveaux mélanges d’archéologie, d’histoire et de littérature sur le moyen âge par les auteurs de la Monographie des vitraux de Bourges. Curiosités mystérieuses. Ivoires, miniatures, émaux. Décorations d’églises. Bibliothèques, 4 in-4°, Paris, 18741877. En tête du i" volume de ces Nouveaux mélanges, le P. Cahier a placé une curieuse notice sur son collaborateur défunt. Le ive volume se termine par un appendice sur les Bibliothèques espagnoles, qui est du P. Jules Tailhan. Pour le P. Cahier, l’ancien art chrétien était comme une partie de la théologie, et c’est ce

qui l’attachait à ses recherches spéciales. Il écrit, à propos de la décoration des églises du moyen âge : « Fera qui voudra de l’archéologie, de {’histoire de l’art, etc. ; pour moi, j’y vois de la patristique populaire, de la théologie des gens du monde, de la catéchèse traditionnelle ; et ce point de vue eflace tout autre à mes yeux. Je suis enchanté quand le beau vient s’y joindre comme splendor veri, mais c’est un simple accident qui n’est rien auprès de la substance ; et cette substance on l’a trop négligée. Aussi, qui sait bien aujourd’hui son catéchisme ? » Nouveaux mélanges, 1875, t. iii, p. 284. Il nous a également appris que, s’il avait « accordé sans délai » sa collaboration au P. A. Martin, en 1840, son but était « d’écarter ces interprètes plus que laïques du moyen âge » , qu’il y voyait « fourrager abusivement » avec la prétention d’expliquer « à l’Eglise son symbolisme, au prêtre sa cathédrale » (Victor Hugo), lbid., p. 224. Et il caractérise ce qu’il a fait avec vérité et modestie, en disant encore : « Le sens des œuvres (surtout religieuses) produites par nos ancêtres est le vrai terrain où je puis manœuvrer presque de pied terme. Mes devanciers s’occupaient de la forme architecturale, sculpturale ou autre ; et leurs explications, quand ils en donnaient, étaient communément faites de verve toute pure : vraies de temps en temps, par bonheur ; mais presque toujours douteuses ou extrêmement récusables pour les esprits qui ne se grisent pas de phrases et de formules affirmatives. Quant à moi, si je vaux quelque chose en ces matières, c’est pour y avoir écarté résolument la fantaisie et la poésie (ou prose poétique) descriptive, en même temps que les solutions tranchantes. » lbid., Avant-propos, p. vir. Le style du P. Cahier n’a rien de morose ; il y règne une bonhomie gauloise, que relèvent des mots incisifs, aiguisés par la franchise et l’amour du vrai, jamais par un sentiment bas ou méchant. Les littérateurs délicats le trouvent parfois trop négligé, trop abandonné, comme une causerie où foisonnent digressions et parenthèses. Il sait cependant aussi exprimer des considérations belles et hautes, avec le ton approprié, et, toujours sérieux et grave dans le fond, il n’ennuie jamais.

De Backer et Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. I, col. 515-518 ; Ch. Daniel, S. J., L’art et l’archéologie datis l’iconographie chrétienne, à propos des Caractéristiques des saints, dans les Études religieuses, septembre et novembre 1868, p. 353-377, 729-750..

Jos. Brucker.

    1. CAILLAU Armand-Benjamin##


CAILLAU Armand-Benjamin, né à Paris le 22 octobre 1794, mort dans la même ville le 4 juillet 1850. Ordonné prêtre à Noël de l’année 1818, il se plaça aussitôt sous la direction de l’abbé Bauzan et se livra activement à l’œuvre des Missions de France. En 1825, il fut attaché au service de l’église Sainte-Geneviève à Paris, et en 1826 il en fut nommé directeur. La Bévolution de 1830 le chassa de ce poste. Il alla passer deux années à Rome et en 1831 il refusa l’archevêché de Smyrne que la S. C. de la Propagande lui avait offert. Au commencement de 1832, il revint à Paris et fit le service religieux de la chapelle de l’Infirmerie Marie-Thérèse. Lorsque la Société des missionnaires de France fut devenue une congrégation religieuse sous le vocable de la Société de la Miséricorde, l’abbé Caillau se réunit en 1834 à ses anciens confrères et fut nommé assistant du supérieur général. En 1835, il inaugura à Notre-Dame de Roc-Arnadour une neuvaine de prédications et travailla à remettre en honneur ce célèbre pèlerinage. Jusqu’en 1840, il demeura à Paris, occupé à l’étude, à la prédication et à un exercice régulier du dimanche à Notre-Dame de l’Abbaye-aux-Bois. On lui proposa alors une chaire à la faculté de théologie de Paris. Il préféra le ministère actif des missions à l’enseignement, et pour échapper aux instances qui lui étaient faites, il devint supérieur de la maison Saint-Euverte à Orléans. Épuisé