de la Bretagne, les agotes de l’Espagne : on les trouve encore appelés gafos, galiets, collazos, colliberts. Cf. V. de Rochas, Les parias de France et d’Espagne, chrestians, cagots, gahets et cacous, Paris, 1876. L. Cadier a publié un bon résumé de la question dans Grande encyclopédie, Paris, t. viii, p. 760-762.
Cf. Ul. Chevalier, Répertoire. l’opo-bibliographie, col. 543 ; dom Anger, Les proscrits, 1904.
F. Vernet.
- CAHIER Charles##
CAHIER Charles, né à Paris, le 26 février 1807, élève
brillant du collège de Saint-Acheul, avec déjà une pointe
d’originalité, il entra au noviciat de la Compagnie de
Jésus le 7 septembre 1824 ; après son temps d’épreuve,
il professa à Saint-Acheul et, après la suppression des
jésuites en France, à Brieg dans le Valais et à Turin en
Italie ; en 1853, il fut encore pour peu de temps préfet
au collège de Brugelette en Belgique ; mais sa vie fut
surtout consacrée aux travaux d’érudition, et spécialement
à l’archéologie chrétienne. Il tint une place honorable
et eut une réelle inlluence dans le grand mouvement,
qui se produisit vers le milieu du xixe siècle,
pour l’étude et l’appréciation plus juste du moyen âge.
Sans parler d’un bon nombre d’articles de revues et de
brochures, aussi intéressants par l’érudition que piquants
par le ton humoristique, le P. Cahier a laissé
des ouvrages considérables et honorés des suffrages des
meilleurs juges, concernant l’art et l’archéologie médiévale.
C’est d’abord la Monographie de la cathédrale de
Bourges. Première partie. Vitraux du xuie siècle,
in-fol., Paris, 1841-1844. Le P. Cahier nous a lui-même
appris que c’est en acceptant, sur la fin de 1840, la
collaboration avec le P. Martin, qu’il avait décidément
orienté sa vie vers les études d’archéologie et d’art
chrétien, alors que ses « véritables penchants » l’inclinaient « de longue date, vers l’histoire ecclésiastique
pure » . Son association avec l’éminent artiste qu’était
le P. Arthur Martin dura jusqu’en 1856, date de la mort
du second, et fut très féconde, malgré une profonde
différence de caractères entre les deux associés. Le
crayon élégant et extraordinairement facile du P. Martin
allait recueillir de toutes parts, en visitant les monuments
originaux, la vaste matière artistique que le P. Cahier
devait ensuite classer, compléter par les rapprochements
avec les documents déjà connus, interpréter et commenter.
La première partie des Vitraux de Bourges a été
seule publiée par les deux auteurs ; un « sommaire des
matières les plus remarquables renfermées dans le texte
et les planches » de cet ouvrage est inséré dans le
Dictionnaire d’iconographie de Migne, col. 921-938. La
collaboration se continua dans les Mélanges d’archéologie,
d’histoire et de littérature, rédigés ou recueillis
par les auteurs de la Monographie de la cathédrale de
Bourges. Collection de mémoires sur l’orfèvrerie et les
émaux des trésors d’Aix-la-Chapelle, de Cologne, etc. ;
sur les anciens ivoires sculptés de Bamberg, Batisbonne,
Munich, Paris, Londres, etc. ; sur des étoffes
byzantines, arabes, etc. ; sur des peintures, bas-reliefs
mystérieux de l’époque carlovingienne, romane, etc.,
4 in-4°, Paris, 1848-1856. Le P. Cahier publia seul, mais
en utilisant encore des dessins de son confrère, les
Caractéristiques des saints dans fart populaire énum
crées et expliquées, 2 in-fol., Paris, 1867. Plus tard
parurent les Nouveaux mélanges d’archéologie, d’histoire
et de littérature sur le moyen âge par les auteurs
de la Monographie des vitraux de Bourges. Curiosités
mystérieuses. Ivoires, miniatures, émaux. Décorations
d’églises. Bibliothèques, 4 in-4°, Paris, 18741877. En tête du i" volume de ces Nouveaux mélanges,
le P. Cahier a placé une curieuse notice sur son collaborateur
défunt. Le ive volume se termine par un appendice
sur les Bibliothèques espagnoles, qui est du
P. Jules Tailhan. Pour le P. Cahier, l’ancien art chrétien
était comme une partie de la théologie, et c’est ce
qui l’attachait à ses recherches spéciales. Il écrit, à propos de la décoration des églises du moyen âge : « Fera qui voudra de l’archéologie, de {’histoire de l’art, etc. ; pour moi, j’y vois de la patristique populaire, de la théologie des gens du monde, de la catéchèse traditionnelle ; et ce point de vue eflace tout autre à mes yeux. Je suis enchanté quand le beau vient s’y joindre comme splendor veri, mais c’est un simple accident qui n’est rien auprès de la substance ; et cette substance on l’a trop négligée. Aussi, qui sait bien aujourd’hui son catéchisme ? » Nouveaux mélanges, 1875, t. iii, p. 284. Il nous a également appris que, s’il avait « accordé sans délai » sa collaboration au P. A. Martin, en 1840, son but était « d’écarter ces interprètes plus que laïques du moyen âge » , qu’il y voyait « fourrager abusivement » avec la prétention d’expliquer « à l’Eglise son symbolisme, au prêtre sa cathédrale » (Victor Hugo), lbid., p. 224. Et il caractérise ce qu’il a fait avec vérité et modestie, en disant encore : « Le sens des œuvres (surtout religieuses) produites par nos ancêtres est le vrai terrain où je puis manœuvrer presque de pied terme. Mes devanciers s’occupaient de la forme architecturale, sculpturale ou autre ; et leurs explications, quand ils en donnaient, étaient communément faites de verve toute pure : vraies de temps en temps, par bonheur ; mais presque toujours douteuses ou extrêmement récusables pour les esprits qui ne se grisent pas de phrases et de formules affirmatives. Quant à moi, si je vaux quelque chose en ces matières, c’est pour y avoir écarté résolument la fantaisie et la poésie (ou prose poétique) descriptive, en même temps que les solutions tranchantes. » lbid., Avant-propos, p. vir. Le style du P. Cahier n’a rien de morose ; il y règne une bonhomie gauloise, que relèvent des mots incisifs, aiguisés par la franchise et l’amour du vrai, jamais par un sentiment bas ou méchant. Les littérateurs délicats le trouvent parfois trop négligé, trop abandonné, comme une causerie où foisonnent digressions et parenthèses. Il sait cependant aussi exprimer des considérations belles et hautes, avec le ton approprié, et, toujours sérieux et grave dans le fond, il n’ennuie jamais.
De Backer et Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. I, col. 515-518 ; Ch. Daniel, S. J., L’art et l’archéologie datis l’iconographie chrétienne, à propos des Caractéristiques des saints, dans les Études religieuses, septembre et novembre 1868, p. 353-377, 729-750..
Jos. Brucker.
- CAILLAU Armand-Benjamin##
CAILLAU Armand-Benjamin, né à Paris le 22 octobre
1794, mort dans la même ville le 4 juillet 1850.
Ordonné prêtre à Noël de l’année 1818, il se plaça aussitôt
sous la direction de l’abbé Bauzan et se livra activement
à l’œuvre des Missions de France. En 1825, il fut
attaché au service de l’église Sainte-Geneviève à Paris,
et en 1826 il en fut nommé directeur. La Bévolution de
1830 le chassa de ce poste. Il alla passer deux années
à Rome et en 1831 il refusa l’archevêché de Smyrne que
la S. C. de la Propagande lui avait offert. Au commencement
de 1832, il revint à Paris et fit le service religieux
de la chapelle de l’Infirmerie Marie-Thérèse.
Lorsque la Société des missionnaires de France fut devenue
une congrégation religieuse sous le vocable de la
Société de la Miséricorde, l’abbé Caillau se réunit en
1834 à ses anciens confrères et fut nommé assistant du
supérieur général. En 1835, il inaugura à Notre-Dame
de Roc-Arnadour une neuvaine de prédications et travailla
à remettre en honneur ce célèbre pèlerinage.
Jusqu’en 1840, il demeura à Paris, occupé à l’étude, à la
prédication et à un exercice régulier du dimanche à
Notre-Dame de l’Abbaye-aux-Bois. On lui proposa alors
une chaire à la faculté de théologie de Paris. Il préféra
le ministère actif des missions à l’enseignement, et pour
échapper aux instances qui lui étaient faites, il devint
supérieur de la maison Saint-Euverte à Orléans. Épuisé