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167 BANS BAPTÊME DANS LA SAINTE ÉCRITURE 168


fi), la publication à l’église cathédrale ; de plus, d’après le IVe concile de Milan, part. II, lit. Quse adsacr. ordiuis spectant, dans le lieu d’origine ou dans le dernier domicile de l’ordinand, comme pour les mariages. Les bans seront publiés a l’église, c’est-à-dire, quoique le concile ne le spécifie pas, les dimanches ou jours de fête et pendant la messe, comme les bans de mariage. Le texte ne parle pas de plusieurs bans et, pour observer la loi, un seul suffit ; presque partout cependant, les statuts locaux prescrivent trois bans, et notamment à Rome, pour chacun des trois ordres majeurs. Aucune formule n’est prescrite de droit commun ; on prendra celle du diocèse. Elle devra contenir les indications suivantes : les nom, prénoms, famille, paroisse et diocèse de l’ordinand, l’ordre qu’il veut recevoir et, s’il y a lieu, le titre d’ordination ; l’invitation adressée aux fidèles de faire connaître ce qui pourrait être un obstacle à l’ordination ; enfin, l’obligation grave où ils sont de le faire. Il n’y a pas de peines portées de droit commun contre ceux qui négligent de dénoncer les irrégularités, ni contre ceux qui feraient une opposition par malice et de mauvaise foi. Le curé peut percevoir une oblation à l’occasion de la publication des bans d’ordination.

4° L’évêque peut certainement dispenser d’un ou deux bans, puisque le concile n’en exige qu’un. Peut-il dispenser de toute publication’.' D’une part, le concile ne lui en donne pas le droit ; d’autre part, il l’autorise à confier l’enquête à d’autres que le propre curé, s’il le juge à propos. Les motifs de dispense sont laissés à l’appréciation de l’évêque. On ne publie pas de bans pour les sujets qui appartiennent à des ordres réguliers ou même à des congrégations religieuses approuvées.

Honorante, Praxis secretariæ, tribunalis Emi card. urbis Vicarii, Rome, 1762, c. m ; Gaspard, Tract, can. des. ordinations, Paris, 1893, t. il, n. 693-7U3. Pour une bibliographie plus complète, voir Ordination.

A. BOUDINTION.



1. BAPTÊME.

L’ensemble des questions qui concernent le sacrement de baptême sera étudié en onze articles, distribués, autant que possible, suivant l’ordre chronologique. —

I. Baptême dans la sainte Écriture.

II. Baptême d’après les Pères grecs et latins.

III. Baptême des hérétiques. Controverse relative à ce baptême.

IV. Baptême d’après les monuments de l’antiquité chrétienne.

V. Baptême chez les Arméniens.

VI. Baptême chez les Coptes.

VII. Baptême chez les Syriens.

VIII. Baptême dans l’Église latine depuis le VIIIe siècle avant et après le concile de Trente.

IX. Baptême d’après le concile de Trente.

X. Baptême dans l’Église anglicane et dans les sectes protestantes après le concile de Trente.

XI. Baptême des infidèles d’après Benoît XIV.


I. BAPTÊME DANS LA SAINTE ÉCRITURE.

— Le mot « baptême » , qui vient du latin baptisma ou baptixmus, calqué lui-même sur le grec pâim<r[i, oi ou f5a7m<7u, ô< ;, a. dans le Nouveau Testament, plusieurs sens correspondant aux diverses significations du verbe grec fJairnÇio, d’où il dérive. Il désigne tantôt une « lotion » ou « purification » , Marc, vii, 8 ; Hebr., ix, 10 ; tantôt un « accablement de maux » , Matth., îx, 22, 23 ; Marc, x, 38, 39 ; Luc, xii, 50 ; tantôt « le rite baptismal » proprement dit, soit de saint.lean-liaptiste, Matth., III ; Marc, i, i ; soit de Jésus-Christ. Rom., vi, ï ; Eph., iv, 5 ; Col., ii, 12 ; I Pet., iii, 21. C’est cette dernière signification qui est attachée aux mois baptême et baptiser dans la langue chrétienne, spécialement en français. On entend par baptême, d’uni’façon générale, le sa, reniciil qui nous fait chrétiens et nous incorpore à l’Église, C’est l’idée sommaire qui se dégage à première vue de la sainte Ecriture, et que l’examen détaillé du texte nous permettra de préciser davantage. —

I. Figures et prophéties.
II. Institution.
III. Rites constitutifs.
IV. Nécessité et conditions.
V. Effets.
VI. Usage du baptême.

I. FIGURES ET prophéties. —

Figures.


On peut les diviser en deux catégories, suivant que leur caractère figuratif est indiqué par l’Écriture elle-même ou par la tradition. Nous ne nous occuperons ici que des premières. Il y en a six : 1° le déluge et l’arche, I Pet., ni, 20, 21, images du vieil homme dont les péchés sont anéantis par l’eau baptismale, et de l’homme nouveau qui est sauvé de la mort spirituelle en entrant dans l’Église ; 2° la nuée m iraculeuse qui conduisait les Hébreux au désert, I Cor., x, 2, les éclairant pendant la nuit et les garantissant du soleil pendant le jour, symbole du baptême qui illumine l’âme des croyants et amortit en eux les feux de la concupiscence ; 3° le passage de la mer Rouge, I Cor., x, 2, dont les deux circonstances principales, la délivrance des Hébreux et la submersion des Égyptiens, représentent l’âme délivrée de ses péchés par l’eau baptismale, et ses ennemis réduits à l’impuissance ; 4° le rocher d’où Moïse fit jaillir de l’eau au désert, image du Christ qui sauve les croyants par l’eau baptismale, I Cor., x, 4 ; 5° la sépulture du Sauveur, figure du baptême, d’après saint Paul, Bom., VI, 4, sans doute parce qu’il est la mort du vieil homme et la production du nouveau ; G enfin et surtout la circoncision, qui était dans l’Ancien Testament ce que le baptême est dans le Nouveau. De même en effet qu’elle était le signe de l’alliance de Jéhovah avec son peuple et l’acte par lequel les hommes étaient officiellement agrégés à la nation juive, de même le baptême nous incorpore à Jésus-Christ et à l’Église. Aussi les deux rites sont-ils rapprochés l’un de l’autre à plusieurs reprises, par l’apôtre saint Paul. Il enseigne que les chrétiens sont circoncis d’une façon spirituelle en Jésus-Christ, ayant été ensevelis avec lui par le baptême, et étant ressuscites avec lui par la foi. Col., il, 11, 12. Il ajoute que la vraie circoncision juive, celle qui était efficace devant Dieu, et par conséquent la figure vivante du baptême, n’est pas la circoncision purement extérieure et charnelle, séparée de l’observation des commandements, mais la circoncision qui suppose l’accomplissement de la loi. Rom., ii, 20, 29. A la différence du baptême, qui est en même temps signe et cause de la grâce, la circoncision n’était que le signe de la justification obtenue par la foi, signaculum justitix fidei. Rom., iv, 11. Pour plus de détails, voir Circoncision. Ces figures, dont la signification typique indiquée par les écrivains sacrés est indéniable, seront reprises et développées, avec d’autres, par les Pères. Voir Baptême chez les Pères.

Prophéties.


Certains commentateurs ont cru voir l’annonce du sacrement de baptême dans différents passages de l’Ancien Testament, dont les principaux sont : IV Reg., ii, 21 ; Ps. xxiii, 1-3 ; L, 7 ; exil, 3-5 ; Is., i, 16 ; xii, 3 ; i.v, 1 ; lii, 1-3, 15 ; Ezech., xvi, 5, 8-10 ; xxxvi, 25 ; xlvii, 1, 8, 12 ; Mich., vii, 19 ; Zach., xiii, I ; xiv, 8. Mais, suivant la très juste remarque de l’abbé Corblet, « parmi les prophéties qui paraissent se rapporter au baptême, il en est qu’on ne peut assurément considérée que comme d’ingénieux rapprochements imaginés par les Pères et les commentateurs. » Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 28. Le savant historien cite les textes que nous avons indiqués, avec quelques mots de commentaire, en ayant soin de dire qu’il laisse aux commentateurs la responsabilité de leurs interprétations » . Ihid. C’est qu’en effet celles-ci sont hasardées en général, et on ne saurait y attacher une sérieuse importance, sauf peut-être en ce qui concerne le passage d’Ézéchiel, XXXVI, 25, qui fait tenir à Jéhovah le langage suivant : Kjfundam super i’os aquam mundam, et mundabimini ab omnibus inquinamentis vestris. Ce texte fait partie d’une prophétie dont plusieurs traits paraissent messianiques. Aussi des commentateurs autorisés, entre autres le I’. Knabenbauer, lu Ezechielem, Paris, 1890, p. 372, n’hésitent pas y voir l’annonce prophétique du baptême.