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CONSTANTINOPLE (IV CONCILE DE)


lieu. De même en certaines circonstances, des princes séculiers ou des laïques de marque ont été invités à des conciles provinciaux ou nationaux ; niais c’était là une exception, non une règle, exception qui était faite surtout pour les conciles mixtes, où se traitaient des affaires intéressant à la fois l’Église et l’État. Cf. Hefele, Histoire (1rs conciles, trad. Leclercq, t. i, p. 23-41. 3° Canon -21* (13e grec). Mansi, t. xvi, col. 174, 406.

Dominicumsermonem, quem Chr’stussanctisapostoliset discipulis suis dixit, quia : Qui vus recipit, me recipit ; et qui vos spernit, me spcrnit, ad omnes etiam qui post eos secundum ipsos facti surit summi pontifices et pastorum principes in Ecclesia catholica dictum esse eredentes, definimus neminem prorsus mundi potentem quemquam eorum, qui patriarchalibus sedibus praîsunt, inbonorare aut movere a proprio throno tentare, sed omni reverentia et honore dignosjudicare ; præcipue quidem sanctissimum papara senioris Romæ [deinceps autem Constantinopoleos patriarcham, ] deinde vero Alcxandriæ ac Antiochiœatque Ilierosolymorum ; sed nec alium quemcumque conscriptiones contra sanctissimum papam senioris Romæ ac verba complicare et componere sub occasione quasi dilîamatorum quorumdam criminum ; quod et nuper Photius fecit et multo ante Dioscorus.Quisquis autem tanta jactantia et audacia usus fuerit, ut secundum Photium vel Discorum in scriptis vel sine scriptis injurias quasdam contra sedem Pétri, apostolorum principis, moveat, œqualem et eamdem quam i Il i condemnationem recipiat. Si vero quis sœculi potestate frucns vel potens pellere tentavcrit prœfatum apostolica ? cathedra ? papam aut aliorum patriarcharum quemquam, anathema sit. Porro si synodus universalis fuerit congregata, et iacta fuerit etiam de sancta Romanorum Ecclesia qurcvis ambiguitas et controversia, oportet venerabiliter et cum convenienti reverentia de proposita qua2slione sciscitari et solutionem accipere et aut proficere, aut profectum facere, non tamen audactcr sententiam dicere contra <nramos senioris Romae pontii’ices.

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Les paroles que le Christ Nôtre-Seigneur dit à ses saints apôtres et disciples : Qui vous reçoit me reçoit, et qui vous méprise me méprise, s’adressent aussi à tous ceux qui, après eux, sont devenus à leur exemple pontifes suprêmes et chefs de pasteurs dans l’Église catholique. Persuadés de cette vérité, nous déclarons qu’absolument aucun des puissants du monde ne doit tenter de déshonorer ou de chasser de son siège l’un de ceux qui occupent les sièges patriarcaux. On doit au contraire les estimer dignes de tout respect et de tout honneur, et principalement le très saint pape de l’ancienne Rome, [puis le patriarche de Constantinople, ] ensuite les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. Il ne faut pas non plus qu’un autre individu, quel qu’il soit, rédige des écrits ou tienne des propos contre le très saint pape de l’ancienne Rome, sous prétexte que certains crimes déshonorants auraient été commis. C’est là ce qu’a fait récemment Photius, et ce que fit bien avant lui Dioscore. Si quelqu’un, à l’exemple de Photius et de Dioscore, poussait l’insolence et l’audace jusqu’à lancer des injures soit par écrit, soit de vive voix contre la chaire de Pierre, le prince des apôtres, qu’il encoure la même condamnation qu’eux. Et si quelque prince, revêtu de la puissance séculière, cherche à détrôner le pape susdit assis sur la chaire apostolique, ou l’un des autres patriarches, qu’il soit anathème. De plus, si, au sein d’un concile œcuménique, il s’élève quelque litige où l’Église romaine est en cause, il faut demander des éclaircissements sur la question avec la déférence et le respect qui conviennent, et recevoir la solution qui sera donnée. C’est ainsi qu’on pourra trouver son profit ou procurer celui des autres ; mais il ne faut pas prononcer avec insolence contre lespontifesde l’ancienne Rome.

Si quelqu’un, à l’exemple de Photius et de Dioscore, pous 4><j'>Tiov y.ai A160"xopov ifypâyioç r (XYpâ ?<n ; TOXpoivÉa ? Tcvàç xarà tî, ; xa6É8pX( néTpo’j, T&-j xopvçaiov T’.iV

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sait l’audace jusqu’à lancer des injures, soit par écrit, soit de vivo voix, contre la chaire de Pierre, le prince des apôtres, qu’il encoure la même condamnation qu’eux. Et si, au sein d’un concile œcuménique, il s’élève quelque litige où l’Église romaine est en cause, il est permis de demander des éclaircissements avec la déférence et le respect qui conviennent ; il faut ensuite recevoir la solution donrée. C’est le moyen de se faire du bien à soi-même ou de procurer celui des autres ; mais il ne faut pas attaquer avec insolence les pontifes de l’ancienne Rome.

Ce canon compte parmi les plus importants du VIII » concile. Comme le fait remarquer Œnzinger, Enchiridion, p. 115, il suffit de comparer le texte grec avec le texte latin, pour constater que l’abréviateur grec est sans parti pris contre l’Église romaine, puisqu’il a conservé tout ce qui est favorable à la primauté du pape, tandis qu’il a omis le passage où le patriarche de Constantinople est nommé au second rang, avant le patriarche d’Alexandrie et celui d’Antioche. On peut distinguer deux parties dans ce canon. La première fait ressortir la dignité des cinq patriarches et donne leur rang respectif. La seconde met en lumière la primauté du pape de Rome.

1. Dignité des patriarches. La théorie de la pentarchie. — Les patriarches sont appelés pontifes suprêmes et chefs des pasteurs. En cette qualité, ils sont les vrais successeurs des apôtres : post eos secundum ipsos facti sunt pastorum principes ; ils sont dignes de tout honneur et de tout respect, et les paroles dites par le Seigneur aux apôtres : Qui vos recipit, me recipit, Matth., x, 40 ; et qui vos spernit, me spernit, Luc, X, 16, s’appliquent aussi à eux d’une façon spéciale.

Le concile ne se contente pas d’affirmer l’éminente dignité des patriarches ; par ses anathèmes, il la met à l’abri de l’injure et de la violence : « Aucun des puissants ne doit tenter de déshonorer ou de chasser de son siège l’un des patriarches, et si un prince cherche à détrôner le pape ou l’un des autres patriarches, qu’il soit anathème. » Cet anathème retombe sur Bardas et Michel III, qui non seulement avaient déshonoré, mais aussi dépossédé violemment de son siège le patriarche légitime, Ignace. Le même Michel avait aussi tenté de déposer le pape Nicolas I er, en prenant part au conciliabule de 867, qui avait chargé l’empereur d’Occident, Louis II, d’expulser Nicolas de Rome. Mais en réalité le pape n’avait eu à soutl’rir aucune violence ; les injures seules avaient été son partage et c’est Photius surtout qui les lui avait prodiguées. C’est pourquoi le concile condamne ceux qui insultent de vive voix ou par écrit la chaire de Pierre, le prince des apôtres, et imitent Dioscore et Photius. Dioscore, patriarche d’Alexandrie, avait lancé l’anathème contre saint Léon 1 er, après que celui-ci eut condamné le brigandage d’Éphèse l’Vi’.ti. Mansi, t. VI, col. 1009. Photius avait de même prononcé la déposition de Nicolas I er au conciliabule de 8(57. De plus, il avait attaqué violemment et calomnié l’Église romaine dans sa lettre encyclique aux patriarches orientaux et dans sa lettre aux Bulgares. On doit aussi lui attribuer le pamphlet envoyé au pape en 865 sous le nom de Michel III. Hergenrôther, Photius, t. i, p. 552. Le mot Trapoiv-ac du texte grec, littéralement : injures d’ivrogne, semble être une allusion mordante à cet écrit plein de grossièretés.